D’Artagnan et les mousquetaires du roi à Vincennes

Le vrai D’Artagnan, le plus célèbre mousquetaire du roi, reste toujours méconnu 350 ans après sa mort, alors que son mythe perdure dans monde. Une exposition, organisée par le Service historique de la défense à Vincennes, permet d’en savoir plus.

La compagnie des mousquetaires, instituée par Louis XIII en 1622, a pour mission première la protection du roi, après les deux régicides consécutifs contre Henri III (2 août 1589) et Henri IV (14 mai 1610). Dans les années 1620, le roi l’emploie aussi sur les champs de bataille, car ces cent mousquetaires, fantassins montés, constituent une nouveauté au début du XVIIème siècle. Ils combattent à pied ou à cheval en utilisant le mousquet à mèche ou l’épée. Leur renommée commence avec leur participation aux opérations du siège de La Rochelle (1627-1628) et au combat du Pas-de-Suse (1629). Pour soutenir les huguenots français qui se sentent menacés, l’Angleterre, protestante, envoie une troupe conquérir l’Île de Ré. Pour mater La Rochelle perçue comme un « État dans l’État », Louis XIII et le cardinal de Richelieu chassent les Anglais de l’Île de Ré et assiègent La Rochelle. Pendant la guerre de Trente ans (1618-1648) qui oppose des États catholiques et protestants d’Europe centrale, la France tente d’avancer des pions face à l’Espagne, très influente parmi les États italiens. L’armée française affronte les Savoyards, alliés des Espagnols, dans les Alpes dans un défilé en amont de la ville de Suse. Louis XIII charge en première ligne sur le champ de bataille et impose le déploiement des mousquetaires à pied. Très loin de l’image du roi faible et de la légende noire du cardinal que donne Alexandre Dumas dans « Les Trois mousquetaires », Louis XIII, dernier roi guerrier de France, et Richelieu mettent en place la monarchie absolue de droit divin…dont profitera Louis XIV quelques décennies plus tard !

Charles de Batz de Castelmore, comte D’Artagnan (vers 1610/1615-1673) figure parmi ces cadets de Gascogne, qui comptent sur leur bravoure au combat et leurs appuis à la Cour pour progresser dans la carrière des armes. Il n’a en effet guère d’autre choix que de s’engager au service du roi, car issu d’une famille de petite noblesse peu fortunée. Sa famille maternelle, les Montesquiou D’Artagnan, dont il prendra le nom, l’introduisent à la Cour dans les années 1630. Recensé lors d’une revue comme mousquetaire du roi en 1633, il poursuit sa carrière dans le Régiment des gardes françaises, où servent de nombreux Gascons sous les ordres du maréchal de Grammont. En 1646, il entre au service du cardinal Mazarin…en tant que messager ! Pendant la Fronde (1648-1653), D’Artagnan exerce ses fonctions entre le cardinal en exil et la Cour itinérante de la reine régente Anne d’Autriche et du jeune Louis XIV. Officier des Gardes françaises, il participe aux dernières campagnes de la guerre franco-espagnole, où il est blessé au siège de Stenay (1654). Nommé sous-lieutenant de la Compagnie des mousquetaires en 1658, il épouse, l’année suivante, Charlotte-Anne de Chalency, riche veuve issue d’une famille de la noblesse de Bourgogne. Son contrat de mariage, présenté à l’exposition, mentionne les signatures de Louis XIV et de Mazarin. A la mort de ce dernier (1661), Louis XIV ordonne à D’Artagnan d’arrêter le surintendant Nicolas Fouquet (condamné après trois ans de procès) et de l’escorter de prison en prison jusqu’à Pignerol (plaine du Pô) en 1665. Nommé gouverneur de Lille en 1672, il participe au siège de Maastricht, où il est tué l’année suivante…d’une balle de mousquet.

Loïc Salmon

L’exposition « Mousquetaires » (14 septembre 2023-13 janvier 2024) se tient au château de Vincennes, pavillon du Roi. Elle rassemble uniformes, livres, documents, tableaux et gravures. L’entrée est gratuite. Visites guidées possibles. Un catalogue, édité par le Service historique de la défense, est disponible au prix de 25 €. Renseignements : https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr

Exposition « Mousquetaires » au musée de l’Armée

Mousquetaires !




Les sentinelles oubliées

Les missions militaires française, britannique et américaine de liaison à Berlin ont effectué des missions de renseignement opérationnel de 1947 à 1991 pour évaluer la menace des armées du Pacte de Varsovie et déceler toute tentative d’attaque surprise contre l’Ouest.

Des accords militaires, conclus après la seconde guerre mondiale, tolèrent une sorte d’espionnage réciproque par les missions militaires soviétique, américaine, britannique et française. Toutefois, alors que la mission soviétique opère à l’Ouest dans un pays démocratique, la République fédérale allemande, respectueuse du droit, les missions occidentales circulent à l’Est dans un pays totalitaire et hostile, la République démocratique allemande (RDA), où chaque citoyen a le devoir de surveiller l’autre. Le gouvernement est-allemand et la Stasi, sa police politique et service de contre-espionnage, veulent délibérément créer des incidents graves, considérant les missions occidentales comme des « nids d’espions » autorisés par « l’occupant soviétique » et susceptibles de « pervertir » la population est-allemande. Ainsi de 1975 à 1990, la mission britannique a répertorié 286 incidents graves, dont 13 tirs d’armes légères. Des équipes spécialisées mixtes soviétiques (spetsnaz) et est-allemandes (Stasi), constituées dans les années 1980, capturent des équipages et confisquent leurs matériels. En conséquence, les membres des missions militaires occidentales en RDA, dépourvus de toute immunité diplomatique, ont le sentiment d’avoir mené une guerre sans armes et assimilable à une opération extérieure, comme le prouvent la mort ou les blessures de nombre d’entre eux. Organisme interarmées placée sous l’autorité directe du général commandant en chef des forces françaises en Allemagne, la mission militaire française de liaison (MMFL) compte une quarantaine de personnels dans les années 1980, répartis en une section « air » et une section « terre ». Elle dispose de 18 « propousks », (carte d’accréditation soviétique leur permettant de circuler en RDA), la mission britannique 31 et son homologue américaine 14. Chaque semaine, la MMFL effectue notamment deux à trois reconnaissances aériennes et deux à trois sorties « terre » de 36 heures minimum, dont 24 heures d’observation, en RDA. En outre, en alternance avec ses homologues américaine et britannique, elle effectue deux ou trois missions de reconnaissance et d’alerte de 24 heures dans un rayon de 60 km autour de Berlin. Certaines missions « air » se font au sol sur des objectifs spécifiques, à savoir bases aériennes, sites radars, défense sol-air ou terrains d’exercices missiles et de bombardement. Cela implique des déplacements de nuit, discrets, rapides et en semant les « suiveurs » de la Stasi. Cette nécessité s’impose pour rejoindre en sécurité des postes d’observation et y rester dans l’attente d’activités aériennes à proximité des bases, tout en écoutant les communications en russe ou en allemand entre la tour de contrôle et les aéronefs. Les missions « terre » portent sur les nouveaux matériels, l’identification, l’équipement et les déplacements des unités, la surveillance et l’évolution de centaines d’objectifs, les indices dans les gares et les décomptes de convois. L’équipage de base (un observateur et un chauffeur), emporte deux appareils photos avec divers objectifs, deux magnétophones, des piles de rechange, des jumelles, de l’argent et des bons d’essence est-allemands. Il embarque sur un véhicule tout terrain, en partie blindé, avec des équipements particuliers. Les renseignements recueillis par la MMFL, fusionnés avec les écoutes électroniques, sont exploités dans les centres d’analyses des armées de Terre et de l’Air. La Direction du renseignement militaire, organisme interarmées, est créée en 1992 après la dissolution de l’URSS.

Loïc Salmon

« Les sentinelles oubliées », Roland Pietrini. Éditions Pierre de Taillac, 280 pages, nombreuses illustrations, 16,90 €. 

Exposition « Guerres secrètes » aux Invalides

La DST sur le front de la guerre froide

Renseignement : recomposition des services au début de la guerre froide (1945-1955)




Le livre noir de la CIA

Agence mondiale de collecte et d’évaluation du renseignement, la CIA renforce aussi l’influence des États-Unis dans le monde par l’action clandestine. Les liens entre les grandes entreprises multinationales et le pouvoir politique américain ont contribué à la dévoyer au cours de divers épisodes de son histoire.

Les archives de la CIA, les rapports d’enquêtes parlementaires ou les témoignages d’anciens agents donnent un solide aperçu de son envergure et de sa relation avec les décideurs politiques, destinataires de sa production mais aussi fournisseurs de ses ressources. Les archives dévoilent le lien entre l’élaboration de la politique extérieure des États-Unis et les services de renseignement, dont les outils incluent la traîtrise, la tromperie, la corruption et l’assassinat. Elles montrent les graves erreurs de jugement de la CIA concernant notamment le pont aérien de Berlin, l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Union soviétique, les guerres de Corée et du Viêt Nam, la crise des missiles de Cuba et le conflit israélo-arabe qui perdure. Ces événements et bien d’autres se sont déroulés au cours des mandats des présidents Truman et Eisenhower (1947-1962), Kennedy et Johnson (1960-1968), Nixon et Ford (1968-1976), Reagan et Bush père (1980-1992), Clinton et Bush fils (1992-2009), Obama (2009-2017) et Trump (2017-2021). Lors de l’inauguration du nouveau siège de la CIA à Langley, Kennedy conclut son discours aux personnels de l’agence par une phrase qui reste d’actualité : « Vos succès ne seront pas rendus publics. Vos échecs seront annoncés avec une sonnerie de trompette. » Après la guerre froide (1947-1991), la plus grande menace pour la sécurité des États-Unis est venue des attaques terroristes et du crime organisé, souvent étroitement liés. Les drogues de Colombie sont distribuées via les réseaux islamistes, qui revendent aussi les drogues synthétiques fabriquées dans les anciens laboratoires d’État de Pologne, de la République tchèque, de Lettonie, de Lituanie et d’Estonie. Les fautes de la CIA, en contradiction flagrante avec le modèle démocratique qu’elle est censée défendre, ont été mal acceptées par ses agents. Cela explique leurs révélations dans la presse, malgré les mesures strictes de cloisonnement. Au nom de la lutte contre le communisme, la CIA est intervenue dans le fonctionnement de la vie politique de nombreux pays en organisant des coups d’État contre des gouvernements démocratiquement élus, alors que bien peu de ces régimes étaient réellement communistes. Elle a déployé tous les moyens disponibles dans un but politique provisoire, sans en évaluer suffisamment les conséquences possibles, involontaires mais prévisibles, par rapport à leurs avantages immédiats. Aujourd’hui, la CIA a perdu le monopole des opérations clandestines à l’étranger. Selon un rapport publié en mai 2021, le ministère de la Défense dispose d’une « armée secrète » de plus de 60.000 agents, soit dix fois l’effectif clandestin de la CIA. Beaucoup agissent dans le monde entier sous une fausse identité avec une « légende » (passé vraisemblable fabriqué de toutes pièces). Certains accomplissent des tâches clandestines sous leur vrai nom, mais sans lien officiel avec l’État fédéral. Les bases de données des administrations publiques, comme les Services de la citoyenneté et de l’immigration ou l’Agence des douanes et de la protection des frontières, sont modifiées pour protéger ces fausses identités. Ces agents sont dotés d’équipements permettant d’échapper à la reconnaissance faciale et aux scanners d’empreintes digitales. Le programme de « réduction de la signature » des activités clandestines inclut la fourniture de « couvertures » contractuelles par des entreprises privées. Les agents peuvent ainsi travailler à l’étranger à titre civil sans lien officiel avec les ambassades ou les bases militaires américaines.

Loïc Salmon

« Le livre noir de la CIA », Yvonnick Denoël. nouveau monde éditions, 466 p, 10,90 €.

Etats-Unis : stratégie d’influence et politique étrangère

DGSE : le renseignement à l’étranger par des moyens clandestins

Renseignement : pouvoir et ambiguïté des « SR » des pays arabes




L’Antiquité en six batailles

Jusqu’à la chute de Rome en 476, les combats entre États se composent du choc et du mouvement, en combinant les capacités physiques de l’homme et du cheval. L’issue d’une bataille résulte surtout de l’organisation supérieure d’une armée et du génie militaire de son chef.

Introduit en Égypte au XVIIIème siècle avant J.-C., le char, qui emporte jusqu’à quatre combattants, constitue un redoutable engin de guerre pour le choc. A partir du VIIème siècle avant J.-C., les cités grecques remplacent la lourde cuirasse de bronze du soldat, héritée des héros de la guerre de Troie, par le linothorax, tunique faite de couches de lin superposées et renforcée d’écailles de bronze. Le gain en ergonomie et en manœuvrabilité leur permet de vaincre les armées perses, pourtant plus nombreuses, au cours des guerres médiques (- 490 puis – 480/479). En outre, leur efficacité repose sur la phalange, organisation tactique des fantassins armés de lances de 5,5 m de long et de petits boucliers ronds, une discipline rigoureuse et une forte cohésion sociale entre citoyens d’une même cité. Puis la légion romaine l’emporte sur la phalange, grâce une organisation plus souple, un armement permettant de se battre dans toutes les configurations et un bouclier offrant une protection individuelle complète. Par la suite, les légions, composées surtout de fantassins, ne parviennent plus à protéger les 10.000 km de frontière de l’Empire des incursions des cavaleries des peuples barbares. Par ailleurs, jusqu’au Vème siècle avant J.-C., la défense d’une ville dépend de la qualité de ses fortifications, de la durée du siège, du nombre et de la patience des assiégeants. Au siècle suivant, les moyens techniques, hérités des Assyriens (IIème millénaire – 609 avant J.-C.), réapparaissent chez les Grecs, qui en inventent de nouveaux : tour, catapulte, arbalète géante à grande cadence de tir, bélier protégé d’une structure et foreuse contre les murailles. Enfin, les Romains montent la catapulte sur des roues pour la rendre plus mobile. A Leuctres (- 371), l’armée thébaine, quoique inférieure en nombre à celle de Sparte considérée comme invincible, transforme une défaite annoncée en une brillante victoire. Son chef, Épaminondas, a créé la surprise par une attaque frontale au centre du long dispositif spartiate, dont elle ébranle la cohérence. A Gaugamèles (- 331), l’armée macédonienne (40.000 fantassins et 7.000 cavaliers) l’emporte sur les troupes perses (250.000 fantassins 20.000 cavaliers et 200 chars), grâce à l’audace tactique d’Alexandre qui compte sur l’effet de choc de ses phalanges et le manque de réactivité des troupes perses. Cette victoire permet la conquête de l’Empire perse. A Cannes (- 216), l’armée carthaginoise (50.000 hommes) fait face aux légions romaines (82.000 hommes). Par une manœuvre enveloppante de sa cavalerie, Hannibal parvient à disloquer les formations d’infanterie romaines. A Carrhes (- 53), l’armée romaine (34.000 fantassins et 4.000 cavaliers), épuisée par des marches forcées dans le désert sous une chaleur accablante, est massacrée par la cavalerie parthe (10.000 cavaliers), qui a choisi le lieu de la bataille. Le triumvir Crassus comptait égaler César et Pompée sur le plan militaire par une expédition facile. Mais il a sous-estimé son adversaire, très mobile, bien renseigné et supérieur par la portée de ses armes. A Teutoburg (9 après J.-C.), des tribus germaniques anéantissent trois légions romaines dans une embuscade en forêt. Leur chef, Hermann, avait auparavant servi dans l’armée romaine et en connaissait les faiblesses. Le Rhin marque ensuite la limite de l’Empire. A Massada (79), l’armée romaine construit des machines de siège et une rampe artificielle pour accéder à une forteresse juive, surplombant la mer Morte de 450 m. Après sept mois d’un siège éprouvant, elle donne l’assaut…pour ne trouver que des cadavres.

Loïc Salmon

« L’Antiquité en six batailles », Gilles Haberey & Hughes Pérot. Éditions Pierre de Taillac, 84 pages, nombreuses illustrations, 29,90 €. 

Le Moyen-Age en sept batailles

Conduite de la bataille, planification et initiative

Défaites militaires, ce qu’il faut éviter

 




Histoire mondiale des porte-avions

Symbole de compétences techniques, le porte-avions est devenu un outil de projection de puissance, conventionnelle ou nucléaire, depuis la mer vers la terre, grâce à sa capacité de frappe sur les franges littorales où se concentre l’essentiel de l’activité humaine.

La dimension aérienne commence à jouer un rôle dans un affrontement naval pendant la guerre de Sécession américaine (1860-1865), quand les deux belligérants mettent en œuvre des ballons captifs depuis un navire à vapeur ou une barge pour observer les positions adverses. Pendant la guerre russo-japonaise (1904-1905), l’armée de Terre japonaise déploie des ballons pour diriger les tirs des batteries, débarquées par la Marine, contre des navires russes bloqués dans la rade de Port-Arthur. Durant la première guerre mondiale, l’hydravion puis l’avion remplacent l’aérostation pour éclairer une flotte et améliorer la précision des tirs des croiseurs et cuirassés. Plus puissant, plus rapide, l’avion repousse l’horizon, chasse les moyens aériens ennemis et bombarde les infrastructures côtières. Pour l’employer en mer, un bâtiment dédié est mis au point avec une plateforme pour l’appontage et le décollage. Destiné au début à accompagner une flotte, ce « porte-avions » devient, en 1919, un bâtiment d’escadre qui peut l’emporter sur un cuirassé dans une bataille décisive. Son groupe aérien découvre l’ennemi, règle le tir de l’artillerie navale, endommage la flotte adverse et repère les sous-marins. La Grande-Bretagne partage alors l’expérience acquise avec ses alliés de l’époque, les États-Unis, la France et le Japon. Ce dernier construit la première flotte de petits porte-avions rapides de moins de 10.000 t. Les États-Unis optent pour des unités de 15.000-20.000 t. Pour la France, l’Italie, l’Espagne et l’Australie, les porte-avions ou transports d’hydravions constituent des auxiliaires d’escadre, dont les performances des appareils restent insuffisantes face aux chasseurs ennemis. En novembre 1940 à Tarente, des bombardiers britanniques embarqués coulent deux cuirassés italiens à la torpille et en endommagent un troisième. La Marine japonaise s’en inspire ainsi que des grands exercices navals américains à Hawaï pour lancer, en décembre 1941, des vagues aériennes d’assaut qui réalisent le même score à Pearl Harbor et anéantit l’aviation américaine à terre. Grâce à ses porte-avions, au radar, au renseignement et à la chance, les États-Unis passent à l’offensive en 1942. Dans le Pacifique, les groupes de porte-avions soutiennent les opérations amphibies, frappent des objectifs navals ou terrestres et soumettent le Japon à des raids dévastateurs. En Atlantique, ils défendent les convois contre les sous-marins et les bombardiers terrestres allemands. Après 1945, les inventions de la piste oblique, de la catapulte à vapeur et du miroir d’appontage permettent le déploiement d’appareils à réaction, pour augmenter l’allonge, et d’avions de guet aérien pour accroître la visibilité au large. Entre 2005 et 2022, douze Marines lancent ou mettent en service 29 plateformes : 2 porte-avions à catapultes et brins d’arrêt (États-Unis et Chine) ; 3 porte-aéronefs à tremplin et brins d’arrêt (Inde et Chine) ; 9 porte-aéronefs pour décollage et atterrissage court et vertical (États-Unis, Grande-Bretagne, Italie et Espagne) ; 15 porte-hélicoptères (France, Japon, Corée du Sud, Égypte, Australie, Chine et Brésil). Depuis, la Chine a annoncé la construction de deux porte-avions à catapultes électromagnétiques, la Russie celle de deux porte-hélicoptères amphibies et d’un porte-avions à catapultes électromagnétiques et la France l’étude d’un porte-avions de 75.000 t à catapultes électromagnétiques et doté du système combat aérien futur avec drones. La Turquie va aligner deux plateformes d’emport d’hélicoptères et de drones.

Loïc Salmon

« Histoire mondiale des porte-avions » par Alexandre Sheldon-Duplaix. Éditions E-T-A-I, 240 p., nombreuses photos, 49 €.

Marines : le porte-avions, outil militaire et diplomatique pour agir loin

Défense : démonstrateur SCAF, missile ANL et futur site du Commandement de l’espace

Marine nationale : le porte-avions et la mer dans les relations internationales

 




Ramsès II de retour à Paris

Avec un règne de 67 ans, le plus long de l’Égypte ancienne, Ramsès II reste aussi le seul pharaon dont la momie a reçu, à Paris en 1976, les honneurs militaires… de la Garde républicaine française !

La Grande Halle de la Villette accueille l’exposition « Ramsès II & L’or des pharaons » (7 avril-6 septembre 2023), la deuxième à Paris dédiée au souverain égyptien le plus connu dans le monde après Toutankhamon. La première, intitulée « Ramsès II le Grand » et visitée par des centaines de milliers de personnes, s’était tenue au Grand Palais en 1976. Elle avait été organisée lors du traitement de la momie de Ramsès II, pendant huit mois au musée de l’Homme, laquelle commençait à se dégrader dans le musée des Antiquités du Caire. La Garde républicaine, casquée et sabre au clair, lui avait rendu hommage le 26 septembre à l’aéroport du Bourget. Le cortège était ensuite passé devant l’obélisque de la Place de la Concorde.

Le guerrier. Dès le début de son règne, Ramsès II (né en 1304 avant J.-C et décédé en 1213 avant J.-C.) doit repousser les invasions nubiennes au Sud, les attaques des forces libyennes à l’Ouest et les assauts des Hittites en Syrie. Il met aussi fin aux pillages du littoral méditerranéen par les pirates shardanes, qui donneront leur nom à l’île de la Sardaigne. Nommé capitaine à un très jeune âge, Ramsès accompagne son père Séthi 1er sur les champs de bataille. Adolescent, il commande en second et combat avec son père en Libye et en Palestine. Pharaon à 25 ans, il conduit des opérations en Nubie (Soudan actuel), accompagné de ses jeunes fils. Au cours de son rège, il dispose d’une armée estimée à 20.000 hommes, armés principalement d’arcs et de flèches. En équilibre debout sur les chars ou en formation à pied, les archers déciment les ennemis sous des pluies de flèches. Très rapides, les chars tirés par de chevaux constituent les plus mortelles machines de guerre. Ils auraient été introduits en Égypte environ 1.600 ans avant J.-C. par les Hyksôs, présentés comme des envahisseurs venus du Nord-Est. La bataille de Qadesh, l’une des plus célèbres de l’Antiquité, se déroule probablement vers 1274 avant J.-C. au Sud-Ouest de la Syrie actuelle. L’armée de Ramsès qui compte 20.000 hommes, dont 16.000 fantassins et 2.000 chars, affronte les forces hittites composées d’environ 50.000 hommes, dont 40.000 fantassins et 3.700 chars. Elle a intégré des guerriers nubiens, libyens et shardanes enrôlés lors des précédentes conquêtes. L’issue étant indécise, le roi hittite Muwatalli II demande une trêve. Pour dénombrer les morts, les Égyptiens coupent une main de chaque Hittite tué au combat. Un traité, le premier à être mentionné dans l’Histoire, instaure la paix dans la région pour près d’un siècle.

Le bâtisseur. Pendant le règne de Ramsès II, l’Égypte jouit d’une supériorité militaire régionale. Ses monuments et ses temples en racontent les batailles et le présentent toujours comme vainqueur, même s’il a perdu ou a battu en retraite. Les prisonniers de guerre participent de force à leur construction. Après l’achèvement des temples de son père Séthi, Ramsès bâtit, usurpe et modifie de nombreux temples, monuments et statues. Il établit la ville royale de Pi-Ramsès sur une branche du Nil à proximité d’Avaris, ancienne capitale des Hyksôs, et érige notamment les temples de Karnak, de Louxor, d’Abydos et d’Abou Simbel. Pour les sauver de l’inondation consécutive à la construction du futur barrage d’Assouan, les temples d’Abou Simbel ont été déplacés de 180 m et surélevés de 64 m, grâce à une campagne internationale lancée par l’UNESCO en 1960. Les travaux ont duré quatre ans et demi, sous la direction de l’égyptologue française Christiane Desroches Noblecourt.

Loïc Salmon

L’exposition « Ramsès II & L’or des pharaons » présente statues, sarcophages, masques royaux, bijoux, armes et momies d’animaux. Une « réalité virtuelle immersive » permet de visiter les temples d’Abou Simbel, dédiés à Ramsès II, et la tombe de la reine Néfertari, son épouse préférée. Visites guidées possibles. Renseignements : www.expo-ramses.com

Exposition « Le voyage de l’obélisque » au musée de la Marine

Exposition « L’épopée du canal de Suez » à l’Institut du monde arabe à Paris




Les guerres de religion, 1559-1610, la haine des clans

La « guerre des esprits » par la propagande imprimée et la diffusion de fausses nouvelles fait partie des guerres entre catholiques et protestants en France. Ce premier et intense conflit médiatique conduit à des massacres et à l’assassinat de deux rois. Pourtant, l’État fonctionne grâce à l’administration.

Pamphlets, placards (affiches) et divers opuscules servent la monarchie et les clans opposés. Certains traités politiques remettent en cause l’autorité royale. Placards exposés dans le domaine public, illustrations de livres et images volantes évoquent scènes de violence, caricatures et allégories codées pour célébrer ou condamner et souvent ridiculiser l’adversaire. Pour les auteurs occasionnels, il s’agit de servir un chef de clan ou une cause par la persuasion, issue de l’art de la rhétorique. A l’époque, celle-ci constitue la base de l’éducation humaniste des élites. L’orateur doit adapter son discours aux circonstances, à son public et au but recherché. Il compte sur sa mémoire pour disposer d’arguments, pour ou contre une thèse proposée, de lieux communs et de citations. Les images permettent de les stocker. Progressivement, les factions ne se définissent plus par la religion de leurs membres, mais par leur tolérance, plus ou moins grande, envers les « Réformés » (protestants) et leur loyauté à la Couronne. Ainsi en 1574, les « Malcontents » (catholiques) conduits par François d’Alençon, frère du roi Henri III (1574-1589), s’allient militairement à des protestants pour contrer l’influence du clan des Guise…catholiques ! En 1576, les catholiques créent la Ligue, soutenue par l’Espagne, qui se fait de plus en plus menaçante quand le protestant Henri de Navarre, cousin de Henri III, est désigné par lui comme seul héritier du trône en 1584. Accusé de complaisance envers les « hérétiques », Henri III perd toute légitimité auprès des catholiques après l’assassinat de leurs chefs, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine en 1588. Chassé de Paris, il est assassiné à son tour l’année suivante. Henri IV doit alors reconquérir une à une les villes contrôlées par la Ligue. Paris ne se rend qu’après le retour du roi à la foi catholique en 1593. Malgré l’aide de l’Espagne, les derniers chefs catholiques finissent par se soumettre en 1598, date de l’édit de tolérance de Nantes. Henri IV est lui aussi assassiné en 1610. Ce double régicide, par des catholiques fanatiques, est considéré comme un parricide, car le roi a acquis un statut exceptionnel par son sacre. Pendant cette longue période de guerres civiles entrecoupée de trêves, le renforcement du pouvoir royal apparaît comme seul à même de juguler les troubles. Après le massacre des protestants déclenché le jour de la Saint Barthélémy (24 août 1572), la crise religieuse se transforme en une profonde crise politique. L’idée de l’État, gardien du bien commun ou « Res publica », fait son chemin. Le roi a alors pour mission d’apaiser les violences et de créer les conditions d’une obéissance pérenne. Cette théorisation du pouvoir absolu pose les fondements de la « raison d’État », qui sera défendue au XVIIème siècle. Parallèlement, dans le domaine religieux, elle prône le « gallicanisme », qui rejette les ingérences de la papauté dans les affaires intérieures du royaume de France. En 1685, Louis XIV révoquera l’édit de Nantes au nom du principe « Un roi, une foi, une loi », entraînant un exil massif des « huguenots » vers les pays européens protestants.

Loïc Salmon

« Les guerres de religion, 1559-1610, la haine des clans », ouvrage collectif. Éditions In Fine et Musée de l’Armée, 360 pages, 200 illustrations, 39 €

Exposition « La haine des clans, guerres de religion 1559-1610 » aux Invalides

Cyber : champ de lutte informatique et d’influence

Géopolitique : poids de l’élément religieux dans les relations internationales




La DST sur le front de la guerre froide

La Direction de la surveillance du territoire (DST, 1944-2008) a eu recours au flagrant délit pour justifier l’arrestation d’espions du bloc de l’Est. Pour les étrangers, l’expulsion a suivi mais, pour les Français, les suites judiciaires ont parfois été contrecarrées pour des raisons politiques.

De 1960 à 1990, 83 diplomates soviétiques ont dû rentrer chez eux, dont 47 en 1983, ainsi que des agents des services de renseignement (SR) polonais, tchécoslovaques, est-allemands et roumains. Pendant cette période, les autorités politiques, quelle que soit leur couleur, ont exceptionnellement soutenu la DST, préférant ignorer ses actions, les bloquer ou même les critiquer publiquement. Selon l’URSS, la révolution prolétarienne doit se réaliser par la subversion avec l’aide des partis communistes locaux, légaux, et des réseaux clandestins dirigés par Moscou. Pendant la guerre d’Indochine (1945-1954), la DST signale les « fuites » de documents secrets qui parviennent au Vietminh, via l’ambassade d’URSS…et des responsables et des sympathisants communistes français. Pendant celle d’Algérie (1954-1962), elle démantèle des réseaux du Front de libération nationale et empêche des attentats. Puis, son activité de contre-espionnage remonte en puissance, notamment grâce aux relais des organisations d’émigrés russophones. A l’époque, le KGB déploie cinq pôles thématiques : les « illégaux » sans couverture diplomatique ; le contre-espionnage et les SR adverses, dont la DST et le SDECE puis la DGSE à partir de1982 ; l’émigration des dissidents ; les sciences et techniques pour rattraper le retard dans ces domaines ; la politique, milieu ouvert propice à l’influence. Le KGB fixe les objectifs à la désinformation des opinions publiques : dénigrer les États-Unis ; saper la confiance des pays occidentaux entre eux ; donner une impression trompeuse des intentions de l’URSS ; neutraliser les oppositions extérieures. La DST exerce alors un contrôle serré des diplomates soviétiques et assimilés à partir de leur ambassade ou de tout autre établissement officiel. Tout Français en rapport avec un Soviétique est systématiquement identifié et fait l’objet d’une enquête, suivie d’une convocation. L’aide du FBI et de la CIA se révèle essentielle, car les États-Unis sont espionnés par l’intermédiaire d’autres pays et à partir de bases qui leur sont extérieures. Ces SR ciblent surtout l’OTAN, le nucléaire et l’aéronautique. L’invocation de l’immunité diplomatique, celle de l’universalité de la science ou la renommée dans la presse nationale assurent une certaine « protection », en cas de découverte d’activités d’espionnage. Comme les SR occidentaux, le KGB et le GRU (renseignement militaire) connaissent des désertions…surtout vers les États-Unis, plus attractifs sur les plans idéologique et financier. Les transfuges de chaque camp facilitent l’identification des « taupes » adverses. Les arrestations débouchent sur l’exécution à l’Est et de lourdes peines de prison à l’Ouest…mais moindres ou annulées en France. La « chasse aux taupes » entraîne une psychose au sein des SR anglo-saxons, dont profite le KGB. En France, celui-ci cible notamment le ministère des Affaires étrangères…qui supporte mal que la DST puisse légitimement suspecter un diplomate et lui refuser un visa. Certains ambassadeurs représentent moins les intérêts de la France que ceux du pays de leur affectation. Via un niveau subalterne, les SR soviétiques et chinois ont eu accès aux télégrammes diplomatiques. De 1964 à 1974, les autorités chinoises ont obtenu, de façon discontinue, la correspondance de l’ambassade de France à Pékin et celle du pool de Hong Kong (échanges entre Américains, Britanniques et Français). Les télex de l’ambassade de France à Moscou ont été « piégés » de 1976 à 1983.

Loïc Salmon

« La DST sur le front de la guerre froide », par Jean-François Clair, Michel Guérin et Raymond Nart. Mareuil Éditions, 210 pages. 21 €

Renseignement : recomposition des services au début de la guerre froide (1945-1955)

Guerres secrètes

Histoire secrète du XXème siècle, mémoires d’espions




Attendez ici – Terminé

Rigueur de l’entraînement, dépassement de soi, opiniâtreté, volonté de vaincre et fraternité d’armes. Ces caractéristiques du combattant ont permis à des soldats japonais de survivre dans la jungle pendant des années et même des décennies.

En 1945, pour atteindre rapidement le Japon, la stratégie américaine consiste à contourner certaines îles du Pacifique en misant sur le fait que leurs garnisons japonaises, privées de ravitaillement, ne représentaient pas de danger. Des milliers de soldats japonais se sont retrouvés, seuls ou en petits groupes, isolés, abandonnés mais armés. Beaucoup n’ont pas été informés de la fin de la guerre. Ceux qui ont continué le combat ont été capturés ou tués jusque dans les années 1950. D’autres, souvent des appelés du contingent, se sont cachés par peur de la captivité ou du sort que leur aurait réservé la sévère hiérarchie militaire japonaise. Beaucoup sont morts de maladies ou victimes de la faune de la jungle. Les quatre militaires de ce roman intitulé « Attendez ici – Terminé » sont inspirés de personnages bien réels : Itô Masahi, capturé à Guam en 1960 ; Shoichi Yokoi, caché à Guam jusqu’en 1972 ; Téruo Nakamura, d’origine taïwanaise, capturé en Indonésie en 1974 ; Hiroô Onoda, combattant dans l’île philippine de Lubang jusqu’en 1972 avant sa reddition en 1974. Le titre reprend les messages radio, brefs et clairs pour ne pas encombrer les ondes : « Attendez ici » correspond à l’ordre à exécuter. « Terminé » met fin à la conversation avec le chef. Officier de renseignement, le sous-lieutenant Onoda (1922-2014) avait été entraîné pour résister des années sur les arrières de l’ennemi jusqu’à la reconquête des territoires abandonnés. Le roman rend compte des préoccupations quotidiennes et des sentiments de ces soldats, persuadés que la guerre continuait. Ils se méfiaient des autochtones, car les Américains avaient la réputation de les envoyer en première ligne et de tuer tous les prisonniers. Dans le îles, les Japonais creusaient des postes de combat tournés vers la mer pour affronter des fantassins américains, sans blindés ni logistique ni canons. Ils pensaient que la préparation et la motivation du défenseur compenseraient l’avantage du nombre de l’assaillant. La récupération d’un poste de radio et de piles permettait d’écouter les nouvelles de Bangkok, de Saïgon ou de Brunei. Mais après des années sans informations de l’extérieur, les soldats japonais interprétaient la guerre du Viêt Nam (1955-1975) de façon erronée. A l’unité secrète de Nakano (Japon), les instructeurs avaient ordonné aux officiers de ne pas se suicider, de ne jamais abandonner la mission ni d’envoyer des hommes à la mort de façon inconsidérée. Les cours portaient sur la survie, le sabotage, l’emploi d’explosifs, la résistance aux interrogatoires, l’usage des émetteurs-récepteurs, les codes, l’anglais, les arts martiaux et l’observation de l’ennemi. Outre ses missions de renseignement, un officier devait maintenir le moral et la volonté de son groupe par une discipline de fer, face à ce qu’il considérait comme de la propagande ou une manœuvre d’influence adverse. Le largage de tracts par hélicoptères, appelant à la reddition, ou la diffusion de messages par haut-parleurs, répétant que la guerre mondiale était finie, ne pouvaient qu’être que des ruses pour déstabiliser les soldats japonais, avant de les traquer et les tuer. Mais après 29 ans de résistance et de certitude, Onoda (le lieutenant Ikéda dans le roman) a commencé à douter. Pourquoi l’ennemi consacrait tant de temps et de moyens pour faire sortir de la jungle un seul soldat japonais, alors qu’ils devaient être des milliers insérés, comme lui, derrière les lignes de combat ? Dans la réalité, le journaliste japonais Norio Suzuki parvient à rencontrer Onoda dans la jungle le 20 février 1974. Les autorités japonaises et philippines organisent alors la venue du chef direct d’Onoda en 1945, devenu libraire, qui lui donne l’ordre de se rendre.

Loïc Salmon

« Attendez ici – Terminé », Noël-Noël Uchida. Éditions Pierre de Taillac, 116 pages, illustrations, 16,90 €.

La puissance au XXIème siècle : les « pôles » du Pacifique

Japon : protection et évacuation des ressortissants en cas de crise en Corée et à Taïwan

Exposition « Forces spéciales » aux Invalides




La Cité de l’Histoire

Concilier l’immersion dans l’Histoire de façon ludique pour les familles, par la réalité virtuelle, et l’approche intellectuelle pour les passionnés et les universitaires, par des conférences de haut niveau. La Cité de l’Histoire, située dans la Grande Arche de la Défense, tente de relever ce défi.

Son président, François Nicolas, également président d’Amaclio Productions, et l’écrivain et animateur Frank Ferrand, son directeur, ont invité la presse à la découvrir, le 17 janvier 2023, dans ce quartier d’affaires à l’Ouest de Paris. Leur projet, parti d’une idée commune en décembre 2021, a été réalisé en un an.

Des voyages dans le temps. La Cité de l’Histoire propose trois séquences complémentaires. En seize scènes à taille réelle, La Clef des siècles, parcours commenté par des voix en off ou animé par des acteurs, invite à revisiter le passé de la France…à reculons ! Cela commence en 1954, lorsque le général de Gaulle rédige ses Mémoires de guerre dans sa demeure de Colombey-les-deux-églises, et se termine avec les drakkars des Vikings remontant la Seine vers Paris en 861. Entretemps, les étapes rappellent, entre autres : la bataille de Verdun de 1916 avec les canons à tir rapide de 75 mm ; l’Ecole de la IIIème République et l’entretien du souvenir de la perte de l’Alsace et de la Lorraine au profit de la Prusse, devenue l’Empire allemand (1871-1919) ; la Commune de Paris de 1871 et les révolutions de 1848 et 1830 ; la bataille d’Eylau en 1807, gagnée par Napoléon contre la Russie et…la Prusse, déjà vaincue l’année précédente à Iéna et Auerstaedt ; la prise de la Bastille en 1789, vue de l’atelier d’un artisan ; le règne de Louis XV avec les pertes des colonies françaises en Inde et en Amérique du Nord ; le Grand Siècle de Louis XIV, illustré par un carrosse royal ; la Renaissance avec la construction de châteaux, qui ne sont plus des forteresses ; la guerre de Cent Ans avec Jeanne d’Arc ; l’édification des cathédrales aux XIème et XIème siècles. Le couloir du Temps, véritable frise chronologique, présente, en libre déambulation, 25 bornes tactiles permettant d’accéder à 400 dates majeures de l’histoire du monde, illustrées par une sculpture, une enluminure, une peinture, une gravure ou une photographie, de l’Antiquité au XXIème siècle. Enfin, une salle en ellipse accueille une projection croisée à 360° pendant une vingtaine de minutes. La première, intitulée Hugo l’homme Révolutions, dédiée à Victor Hugo (1802-1885), retrace sa carrière d’écrivain et d’homme politique avec ses propres commentaires.

Une histoire de spectacles. Amaclio Productions organise des spectacles son, lumière et vidéo, qui ont accueilli 1,6 million de personnes entre 2012 et 2022 : La Nuit aux Invalides à Paris depuis 2012 (650.000 spectateurs) ; Les Luminescences d’Avignon au Palais des Papes, de 2013 à 2017 (350.000 spectateurs) ; Les Ecuyers du Temps au Château de Saumur, 2013-2014 (35.000 spectateurs) puis Le Carrousel de Saumur en juillet 2022 à l’Ecole de l’arme blindée cavalerie ; La Conquête de l’Air, avril 2016 ; Les (Re)visiteurs de l’Histoire au Château comtal de Carcassonne, depuis 2018 (110.000 spectateurs) ; Les Chroniques du Mont au Mont-Saint-Michel, 2018-2021 (160.000 spectateurs) puis Les Nocturnes de l’Abbaye depuis 2022; Les Etoiles de Fontevraud à l’Abbaye royale de Fontevraud depuis 2021 (25.000 spectateurs) ; Moulins entre en scène à l’Agglomération de Moulins depuis 2019 (300.000 spectateurs) ; Eternelle Notre-Dame, rétrospective de la Cathédrale de Paris en réalité virtuelle à Paris-La Défense depuis janvier 2022 (60.000 spectateurs).

Loïc Salmon

La Cité de l’Histoire s’étend sur 12.000 m2, dont 6.000 m2 pour les lieux d’animation. Elle emploie une centaine de personnes et dispose d’un vivier d’une quarantaine d’acteurs professionnels. Elle accueille Les Lundis de la Cité, cycles de trois conférences dispensées par des historiens sur un thème de leur choix. Un service de web TV et web radio dédié à l’Histoire est prévu à terme. Renseignements : www.cite-histoire.com.

L’histoire des Invalides en 3 D

Cent ans de conquête de l’air au Grand Palais de Paris

« La Nuit aux Invalides », spectacle du centenaire de 1918