Le musée de l’Armée raconte l’évolution des armes, de l’âge du bronze à l’ère atomique, au château de Blois (6 juillet-3 novembre 2013) et dans la cour d’honneur des Invalides à Paris (17 juillet-13 octobre 2013). L’exposition de Blois, très complète, compte une trentaine de pièces, modestes ou exceptionnelles, tandis que celle des Invalides en reprend les panneaux. La scénographie de Blois, enrichie de documents inédits, propose un regard insolite sur l’histoire des guerres. De tous temps, les armes ont exercé une fascination (collections, films et jeux vidéo) et une indignation (objets représentatifs de la violence). Projet pluridisciplinaire, cette exposition, qui va de 1500 avant notre ère à 1980, confronte l’objet ancien à l’image contemporaine. Ses organisateurs ont voulu montrer la place centrale des armes dans la société avec leurs aspects techniques, psychologiques et philosophiques. La réalité du combat du fantassin est indépendante de l’outil : les soldats se battent directement de la même façon, malgré les progrès techniques, et rarement au-delà de 300 m, car ils ne voient plus l’ennemi. La cavalerie (photo), à haute valeur symbolique (chevalerie), constitue un exemple unique dans l’histoire des armes. Longtemps considérée comme « auxiliaire », elle a connu son apogée entre le XIVème et le XVIIème siècle grâce à l’armure et la lance. Debout sur ses étriers, calé par le troussequin de sa selle, le cavalier fait corps avec sa monture. L’énergie cinétique, déployée par cette masse de 600 kg lancée à 20 km/h, se transmet jusqu’à la pointe de la lance, sans compter l’effet psychologique, et se trouve démultipliée par une charge de 2.000 cavaliers. Arme aristocratique par excellence (équipement coûteux), la cavalerie est d’abord mise à mal au XVIème siècle par la « piétaille » suisse, armée de longues piques (le « hérisson »), pour briser l’élan des chevaux, et de hallebardes pour désarçonner les cavaliers. L’arquebuse, moins chère à produire que l’arbalète, puis le mousquet et le fusil mettent progressivement un terme à sa suprématie. La cavalerie renaît avec le blindage des chars de la première guerre mondiale. Mais son pire ennemi apparaît pendant la seconde : l’arme anti-char portative de l’armée allemande, qui deviendra le RPG 7 russe d’aujourd’hui capable de percer un blindage de 26 cm à 300 m. Enfin, clou de l’exposition du château de Blois où figure son emblème (la salamandre) : l’épée d’apparat du « roi-chevalier », François 1er, a valeur de double trophée : prise lors de la défaite de Pavie (1525) contre Charles Quint, elle est conservée à Madrid jusqu’en 1808 puis rapportée en France par Napoléon.
Loïc Salmon