D’Artagnan et les mousquetaires du roi à Vincennes

image_print

Le vrai D’Artagnan, le plus célèbre mousquetaire du roi, reste toujours méconnu 350 ans après sa mort, alors que son mythe perdure dans monde. Une exposition, organisée par le Service historique de la défense à Vincennes, permet d’en savoir plus.

La compagnie des mousquetaires, instituée par Louis XIII en 1622, a pour mission première la protection du roi, après les deux régicides consécutifs contre Henri III (2 août 1589) et Henri IV (14 mai 1610). Dans les années 1620, le roi l’emploie aussi sur les champs de bataille, car ces cent mousquetaires, fantassins montés, constituent une nouveauté au début du XVIIème siècle. Ils combattent à pied ou à cheval en utilisant le mousquet à mèche ou l’épée. Leur renommée commence avec leur participation aux opérations du siège de La Rochelle (1627-1628) et au combat du Pas-de-Suse (1629). Pour soutenir les huguenots français qui se sentent menacés, l’Angleterre, protestante, envoie une troupe conquérir l’Île de Ré. Pour mater La Rochelle perçue comme un « État dans l’État », Louis XIII et le cardinal de Richelieu chassent les Anglais de l’Île de Ré et assiègent La Rochelle. Pendant la guerre de Trente ans (1618-1648) qui oppose des États catholiques et protestants d’Europe centrale, la France tente d’avancer des pions face à l’Espagne, très influente parmi les États italiens. L’armée française affronte les Savoyards, alliés des Espagnols, dans les Alpes dans un défilé en amont de la ville de Suse. Louis XIII charge en première ligne sur le champ de bataille et impose le déploiement des mousquetaires à pied. Très loin de l’image du roi faible et de la légende noire du cardinal que donne Alexandre Dumas dans « Les Trois mousquetaires », Louis XIII, dernier roi guerrier de France, et Richelieu mettent en place la monarchie absolue de droit divin…dont profitera Louis XIV quelques décennies plus tard !

Charles de Batz de Castelmore, comte D’Artagnan (vers 1610/1615-1673) figure parmi ces cadets de Gascogne, qui comptent sur leur bravoure au combat et leurs appuis à la Cour pour progresser dans la carrière des armes. Il n’a en effet guère d’autre choix que de s’engager au service du roi, car issu d’une famille de petite noblesse peu fortunée. Sa famille maternelle, les Montesquiou D’Artagnan, dont il prendra le nom, l’introduisent à la Cour dans les années 1630. Recensé lors d’une revue comme mousquetaire du roi en 1633, il poursuit sa carrière dans le Régiment des gardes françaises, où servent de nombreux Gascons sous les ordres du maréchal de Grammont. En 1646, il entre au service du cardinal Mazarin…en tant que messager ! Pendant la Fronde (1648-1653), D’Artagnan exerce ses fonctions entre le cardinal en exil et la Cour itinérante de la reine régente Anne d’Autriche et du jeune Louis XIV. Officier des Gardes françaises, il participe aux dernières campagnes de la guerre franco-espagnole, où il est blessé au siège de Stenay (1654). Nommé sous-lieutenant de la Compagnie des mousquetaires en 1658, il épouse, l’année suivante, Charlotte-Anne de Chalency, riche veuve issue d’une famille de la noblesse de Bourgogne. Son contrat de mariage, présenté à l’exposition, mentionne les signatures de Louis XIV et de Mazarin. A la mort de ce dernier (1661), Louis XIV ordonne à D’Artagnan d’arrêter le surintendant Nicolas Fouquet (condamné après trois ans de procès) et de l’escorter de prison en prison jusqu’à Pignerol (plaine du Pô) en 1665. Nommé gouverneur de Lille en 1672, il participe au siège de Maastricht, où il est tué l’année suivante…d’une balle de mousquet.

Loïc Salmon

L’exposition « Mousquetaires » (14 septembre 2023-13 janvier 2024) se tient au château de Vincennes, pavillon du Roi. Elle rassemble uniformes, livres, documents, tableaux et gravures. L’entrée est gratuite. Visites guidées possibles. Un catalogue, édité par le Service historique de la défense, est disponible au prix de 25 €. Renseignements : https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr

Exposition « Mousquetaires » au musée de l’Armée

Mousquetaires !

image_print
Article précédentDéfense : l’ACADEM, rayonnement de la pensée stratégique française
Article suivantArmement : l’IA dans l’emploi des drones aériens et sous-marins