Défense : stratégie des armées sur l’intelligence artificielle

La future Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (AMIAD) sera implantée au siège de l’École polytechnique à Palaiseau (région parisienne) pour le volet recherche et à Bruz (Bretagne) pour celui de la production technique.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, l’a annoncé à l’École polytechnique le 8 mars 2024 et le directeur de l’AMIAD, Bertrand Rondepierre (photo) en a précisé les missions à la presse, le 14 mars à Paris.

L’IA de défense

Très utilisée dans la guerre russo-ukrainienne déclenchée en 2022, l’intelligence artificielle (IA) a fait l’objet d’une feuille de route au ministère des Armées dès 2018 pour en définir le développement. En 2024, elle change d’échelle pour se répandre dans les tâches administratives et les missions opérationnelles. Il s’agit d’orienter, anticiper et accélérer l’utilisation d’une IA de défense crédible et performante, grâce à la centralisation de moyens dédiés. « Les armées doivent rendre le virage de l’intelligence artificielle. C’est pourquoi j’annonce la création d’une nouvelle Agence ministérielle pour l’IA de défense, a déclaré Sébastien Lecornu, elle aura pour mission de permettre à la France de maîtriser souverainement ces technologies pour ne pas dépendre des autres puissances. Le saut technologique que représente l’intelligence artificielle est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre ou même, plus important encore, de l’éviter comme l’atome en son temps. » Parmi les projets en cours de développement, figure la solution d’analyse automatisée de l’acoustique sous-marine pour la détection d’éventuelles menaces. Dès 2025, le ministère des Armées devrait disposer de son propre supercalculateur dédié à l’IA. Ce dernier, installé à Suresnes (banlieue parisienne), pourra traiter des données « secret défense » et d’autres « non protégées ». Les entreprises de la base industrielle et technologique de défense pourront l’utiliser. Le budget de l’IA de défense, fixé à 130 M€ par la loi de finances 2024, atteindra 2 Mds€ sur l’ensemble de la loi de programmation militaire 2024-2030. En 2026, le ministère des Armées devrait employer 800 personnes sur l’IA.

L’AMIAD

La technologie de l’IA ne constitue plus une innovation, mais relève des applications opérationnelles dans le monde civil à grande échelle, indique Bertrand Rondepierre. La mission de l’AMIAD consiste à contribuer à la transformation des armées, directions et services en accélérant l’intégration de l’IA au profit des opérations et des processus organiques. En outre, elle devra produire des synthèses au profit du commandement, mais de façon différente de l’IA générative (algorithmes capables de produire des contenus nouveaux à partir de ceux existant dans une base de données). Il s’agit d’obtenir des réalisations très concrètes à court terme en amplifiant et accélérant le processus de production. Cela concerne l’armement, la façon française de faire la guerre et l’organisation de la vie quotidienne des agents du ministère des Armées. L’AMIAD va travailler sur des données sensibles avec des classifications spécifiques. Transformer une idée en un succès opérationnel nécessite de mener une démarche de la conception à la livraison d’un produit. S’y ajoutent les complexités liées à l’humain, la culture, l’organisation et aux processus d’intégration de l’IA au sein du ministère. Les données très sensibles ne doivent pas sortir du ministère, mais celles qui le sont moins pourraient être partagées avec des industriels selon des modes de collaboration en cours d’élaboration. L’AMIAD pourra réaliser des projets seule ou en collaboration étroite avec la Direction générale de l’armement. L’IA, bien qu’ « artificielle », est avant tout une question d’intelligence « humaine » et nécessite de l’expertise pour accomplir ses missions. L’AMIAD a vocation à accueillir des partenaires académiques et des compétences uniques en ingénierie.

Loïc Salmon

Défense : l’IA dans le champ de bataille, confiance et contrôle

Armée de Terre : l’IA dans la conduite des opérations

Armement : l’IA dans l’emploi des drones aériens et sous-marins




Armée de Terre : l’IA dans l’analyse après l’action

L’intelligence artificielle (IA), présente à tous les niveaux de la chaîne de commandement, facilite la gestion des systèmes robotiques sur le champ de bataille. Sa contribution à l’analyse d’une opération permettra d’anticiper les réactions de l’ennemi et les dysfonctionnements des matériels.

L’impact de l’IA sur le commandement militaire a fait l’objet d’une journée d’études organisée, le 28 septembre 2023 à Paris, par la chaire IA du Centre de recherche Saint-Cyr Coëtquidan (CReC) et le groupe Nexter (architecte et systémier intégrateur pour les forces terrestres) avec la participation de Naval Group (construction navale de défense). Y sont notamment intervenus : Éloïse Berthier, chargée de recherche à l’École nationale supérieure des techniques avancées de Paris ; Ariane Bitoun, recherche et innovation au MASA Group (IA et robotique de défense) ; le capitaine de corvette Pierre Appéré, État-major de la marine ; Nicolas Ciaravola, recherche et développement chez Naval Group.

Modéliser l’ennemi. Une meilleure connaissance de l’ennemi permettra de définir son mode d’action selon une situation donnée et d’améliorer la qualité de la réflexion tactique, indique Éloïse Berthier. La première approche porte sur sa doctrine, à savoir l’ensemble de règles qu’il va suivre a priori. Par exemple, face à une rébellion armée, la riposte peut revêtir un caractère coercitif imposant un rapport de force local supérieur à 3 contre 1. En outre, le rapport d’influence à assurer pour lancer ce type d’action s’établit à 20 loyalistes pour 1 rebelle. Toutefois, la doctrine ne se partage pas librement, évolue, s’adapte à l’adversaire et cherche l’effet de surprise. La seconde approche concerne les données de l’expérience. Par exemple, au cours des vingt dernières années et dans des situations similaires, l’ennemi a attaqué 9 fois sur 10 sur le flanc opposé à un cours d’eau. Cet apprentissage automatique évite de formaliser explicitement des règles de doctrine mais dépend de la représentativité limitée des données du passé. Celles-ci proviennent des comptes rendus de batailles reconstitués par des historiens, du renseignement ou de sources ouvertes (images satellites et réseaux sociaux) et de la numérisation du champ de bataille (données enregistrées en temps réel pour chaque véhicule, soldat ou équipement). Elles peuvent servir pour l’entraînement ou la simulation. Les algorithmes du « wargame » (jeu de guerre) enregistrent les parties jouées, notamment sur le simulateur tactique « Soult », exploitent ces données pour générer un adversaire optimal, face aux joueurs humains, et permettent, par itération (répétition du processus), de découvrir des solutions originales. Dans le combat collaboratif, l’IA aide aux très fréquentes décisions à prendre simultanément sur de nombreux agents et peut automatiser le contrôle d’un essaim de drones aériens, maritimes ou terrestres. Enfin, elle permet de découvrir des solutions efficaces pour un problème nouveau (simulation) et de dépasser la saturation des capacités cognitives humaines en combat de haute intensité.

Raconter et confronter. Les outils informatiques visent à faciliter le « debriefing » collaboratif des sessions d’entraînement et l’analyse de situations réelles, explique Ariane Bitoun. Ils structurent et filtrent les comptes rendus opérationnels souvent touffus, identifient les réactions complexes et explorent celles qui paraissent possibles. L’outil 3A (analyse après action) du système de simulation opérationnelle Soult permet d’accéder à la situation tactique globale et détaillée, à la chronologie des événements et aux indicateurs de terrain. Ainsi son graphe narratif permet de comprendre l’évolution dynamique de la situation à partir de simplifications et d’extraits des comptes rendus. Il met en relation causale des évènements (missions, déplacements, dégâts et détections) issus de la simulation. Par exemple, des dégâts sont causés par des tirs ou des zones minées, un déplacement résulte d’une mission et provoque une détection. Simples ou très complexes, les graphes narratifs permettent trois choses : expliquer le vécu d’une unité ; comprendre le rôle de toutes les unités impliquées dans une phase ou un échange de tirs ainsi que leur contexte ; visualiser le rôle de toutes les unités dans la manœuvre ; évaluer leur importance dans le dispositif, car une mission peut entraîner ou non des conséquences. Par ailleurs, Soult inclut des calques de synthèse pour observer le contexte tactique global. Ses calques de projection servent à l’analyse « contrefactuelle » (qui contredit les faits) à chaud. Un exemple de scénario de simulation présente les manœuvres de la partie entraînée « Bleue » et de la partie ennemie « Rouge » dans l’Est de la France. La manœuvre de la partie « Bleue » consiste à conquérir une zone comprise entre les lignes L1 et L2 définies géographiquement, en neutralisant tout ennemi, et à livrer une ligne de débouché sur la L2. La partie « Rouge » a installé deux bataillons sur sa ligne de défense et des réseaux d’obstacles minés entre la Meuse et sa ligne de défense. En position défensive, elle veut interdire les accès Ouest de Metz, tout en essayant de défendre la base aérienne d’Étain. La patrouille d’éclairage « Bleue » 224 se déplace et rencontre l’unité « Rouge » 509 deux minutes plus tard. Les deux unités se détectent mutuellement, échangent des tirs et se créent des dégâts réciproques. Il apparaît que la patrouille « Bleue » 224 sera détruite une heure plus tard dans un échange de tirs n’impliquant pas l’unité « Rouge » 509. Un hélicoptère « Bleu » repère 22 unités « Rouges ». Une unité « Rouge » d’artillerie sol-air le détecte, lui tire dessus et le détruit. Donc, il a manqué de renseignement de terrain, car il n’aurait pas dû pénétrer dans cette zone.

Tirer profit de la donnée. Dans la Marine nationale, l’IA permet de capter la donnée, de la valoriser et de la mettre en ligne, explique le capitaine de corvette Appéré. Il a cité l’exemple de l’opération « Agapanthe 10 » (octobre 2010-février 2011), quand le groupe aéronaval (GAN) a été déployé en Méditerranée orientale, en mer Rouge et dans le golfe Arabo-Persique. Outre les exercices « White Shark » avec l’Arabie saoudite, « Varuna » avec l’Inde et « Big Fox » avec les Émirats arabe unis, le GAN a apporté un appui aux opérations de la Force internationale d’assistance et de sécurité en Afghanistan (coopération avec le GAN américain sur zone) et aux opérations de lutte contre la piraterie dans le détroit de Bab el-Mandeb. Outre le porte-avions, le GAN se compose de 3 frégates (2 anti-sous-marine et 1 de défense aérienne), 1 avion de guet aérien Hawkeye, 1 sous-marin nucléaire d’attaque et 1 pétrolier ravitailleur. Le programme « Artemis.ia » analyse les données sur les effets recherchés par le déploiement du GAN aux niveaux stratégique, opératif et tactique. Sur le plan stratégique, cela permet d’effectuer des démonstrations de matériels à l’étranger, qui faciliteront leur exportation. Sur le plan opératif, cela permet de concrétiser les partenariats, produire l’effet recherché et mettre en œuvre des armes sur un théâtre d’opérations. Sur le plan tactique, le GAN évolue en totale liberté sans être gêné par des pays compétiteurs ou des mercenaires perturbateurs… mais en tenant compte des conditions météorologiques (le vent). L’IA permet de récupérer tous les textes relatifs aux opérations et aux entraînements précédents. Sur chaque navire, un système de management de projet permet de connaître son état de santé et surtout la validité de son système de combat.

Conception des systèmes. L’arrivée de l’IA influence la conception des systèmes, estime Nicolas Ciaravola. Sur le plan opérationnel, l’IA portera sur l’optimisation économique d’une force navale pour obtenir le meilleur effet militaire. Sur le plan fonctionnel, l’homme reste dans la boucle C2 (commandement et contrôle). Sur le plan logique, l’IA devra inspirer confiance et pourra participer à la prise de décision collective (centralisation ou répartition).

Loïc Salmon

Armée de Terre : l’IA dans la préparation de la mission

Armée de Terre : l’IA dans la conduite des opérations

Armement : l’IA dans l’emploi des drones aériens et sous-marins

 




Armée de Terre : l’IA dans la conduite des opérations

Les algorithmes d’intelligence artificielle (IA) portant sur des analyses multi-sources vont aider le chef militaire à prendre des décisions. Mais celui-ci devra conserver sa capacité de discernement, malgré les contraintes d’immédiateté et de pression.

L’impact de l’IA sur le commandement militaire a fait l’objet d’une journée d’études organisée, le 28 septembre 2023 à Paris, par la chaire IA du Centre de recherche Saint-Cyr Coëtquidan (CReC) et le groupe Nexter (architecte et systémier intégrateur pour les forces terrestres) avec la participation de Naval Group (construction navale de défense). Y sont notamment intervenus : Olivier Rocci, directeur du département des forces terrestres au groupe ATOS (services informatiques) ; le général Hervé Pierre, commandant la 9ème Brigade d’infanterie de marine ; Béatrice Cointot, chef de projet MASD2, Centre d’analyse technico-opérationnelle de défense.

Décision rapide. Dans la boucle « observer, orienter, décider et agir », l’IA apporte une plus-value dans l’orientation et la décision, estime Olivier Rocci. Le chef militaire doit pouvoir décider vite, car les mises en œuvre des moyens et de l’action de ses subordonnés découlent de sa décision. La supériorité opérationnelle repose sur la synergie de principes et de moyens : concentration des efforts grâce à la masse, la compréhension, la performance du commandement et la crédibilité ; économie des moyens par l’endurance, la force morale et l’influence ; liberté d’action par l’agilité et la fulgurance. Au cours de l’approche vers l’adversaire, les contraintes du terrain vont réduire l’autonomie du chef, qui se mesure en ses capacités cognitives. Sa liberté d’action dépend de sa surcharge intellectuelle et de la fulgurance de son action au niveau considéré. Son autonomie d’action dépend des contraintes de l’espace, de l’adversaire et du temps. Le chef dispose d’aides à la décision et d’IA de confiance pour apprécier la situation. Les outils doivent attirer son attention par le biais d’une visualisation adaptée à son besoin. La collaboration ente l’homme et la machine repose sur la confiance. La machine traite les données pour expliquer et interpréter. Pendant le combat, le chef prend en compte sa responsabilité et les enjeux de souveraineté de son pays.

Combat de haute intensité. Une brigade légère blindée compte 10.000 personnels, dont 2.000 réservistes, avec trois régiments d’infanterie, un régiment du génie et un régiment d’artillerie à combiner pour produire des effets, rappelle le général Pierre. Mais pour l’opération « Scorpion XII », expérimentation du combat collaboratif Scorpion, seulement 6.000 miliaires de la 9ème Brigade d’infanterie de marine se sont entraînés pendant six semaines avec le système Soult (simulation pour les opérations des unités interarmes et de la logistique terrestre) et un état-major, qui réfléchissait et émettait des ordres. Le programme Scorpion monte en puissance de façon « incrémentale », c’est-à-dire par paliers, afin d’être certain que chaque valeur ajoutée apporte une amélioration sans créer de dysfonctionnement. Il fait avancer simultanément des aspects techniques pour la réception de matériels, notamment l’engin blindé de reconnaissance et de combat Jaguar. « Scorpion XII » a inspiré deux notions au général Pierre : l’horizontalité ou la capacité à déléguer ; la verticalité qui se limite à la décision. « Scorpion XII » a simulé un combat face à un ennemi symétrique. Un premier enseignement porte sur l’agilité, combinaison de la mobilité et des capacités de réaction, à savoir le renseignement, la décision, la diffusion des ordres et leur exécution. La mobilité consiste à concentrer des forces et des effets ou à les déconcentrer très vite, car les véhicules se transmettent des données pour savoir où se trouve l’ennemi. Le deuxième enseignement porte sur la résilience. Si un PC a été détruit par l’ennemi, un second doit continuer à fonctionner. En effet, les systèmes d’information, décalés par rapport à la position physique du PC, permettent de continuer à se parler, échanger des données plus rapidement et ainsi raisonner plus vite. Le général Pierre propose trois critères de succès. D’abord, il faut la compétence pour savoir utiliser les systèmes de plus en plus complexes, car les connaissances se perdent après quelques années. Ensuite, la cohésion dans le combat permet de surmonter la peur des combattants fatigués, qui n’ont peut-être pas mangé ni dormi mais qui connaissent leurs chefs et leurs réactions, différentes selon leurs responsabilités. Enfin, la cohérence dans les choix pour remplir la mission, même si les personnels ou les systèmes ne sont pas les meilleurs. Une manœuvre-type se décompose en trois phases. La première consiste à prendre l’ascendant. L’échelon de découverte de la brigade se déploie dans la profondeur en s’infiltrant avec ses éléments terrestres et aériens (drones). Puis il contourne l’ennemi et cerne les points de résistance périphériques à neutraliser le plus tôt possible par les effecteurs (armements divers). Il recherche et désigne les points décisifs de l’ennemi. La deuxième phase produit l’effort. Guidé par les capteurs de l’échelon de découverte, les sous-groupements tactiques interarmes de l’échelon d’assaut dépassent les points de résistance résiduels et attaquent directement les points d’articulation de l’ennemi pour provoquer sa désorganisation. La troisième phase porte sur l’exploitation. Une fois le système nerveux de l’ennemi neutralisé, l’échelon d’assaut achève la réduction des résistances résiduelles appuyé par l’ensemble des capacités des groupements tactiques interarmes. Toutefois, si un système ne convient pas pendant l’opération, le chef l’abandonne, coupe les communications électroniques, utilise des estafettes à vélo ou moto et va mixer ce qu’il y a de plus performant dans un champ particulier et ce qu’il y a de plus déroutant et rustique dans un autre domaine pour surprendre l’ennemi. La victoire résultera de l’action la plus aberrante parmi tous les calculs, hypothèses et probabilités possibles, estime le général Pierre.

Collaboration homme/machine. Une étude technico-opérationnelle, entreprise entre 2019 et 2021, porte sur les perspectives d’automatisation d’un groupe de plateformes terrestres à l’horizon 2035, indique Béatrice Cointot. Pour les membres de l’équipage, elle évalue la charge de l’opérateur, propose des répartitions de tâches entre l’homme et les plateformes automatisées et présente des modèles d’équipages compatibles avec l’emploi opérationnel du système et des niveaux d’autonomie atteignables en 2035. Elle concerne 1 plateforme de commandement avec 6 opérateurs, 2 plateformes automatisées et des drones d’accompagnement. Au cours de séances de mises en situation, les fonctions sont réparties : 1 chef ; 1 responsable de la mobilité ; 1 responsable du feu ; 3 observateurs de plateforme. Deux logiques se présentent : l’une par plateforme, quand un ou plusieurs opérateurs remplissent plusieurs fonctions (observation, feu et suivi des drones) sur la même plateforme ; l’autre par fonction, quand un ou plusieurs opérateurs remplissent la même fonction sur plusieurs plateformes. Les séances se sont déroulées en zone ouverte et en zone urbaine, dans les conditions d’autonomisation sans incident et de survenue d’aléas. L’approche par plateforme semble plus robuste pour la gestion des imprévus, permet d’optimiser les actions en se préparant à l’étape suivante et garantit la cohérence des actions d’une même plateforme. L’approche par fonction présente un risque de saturation, due à la multiplicité des plateformes confiée à chaque opérateur, et de déséquilibre de répartition de l’effort au sein de l’équipage entre les différentes phases d’une mission, mais aussi une grande polyvalence des opérateurs et un niveau élevé de communication au sein de l’équipage. Finalement, le compromis porte sur le partage des tâches en vue de tenter une convergence homme/machine.

Loïc Salmon

Armée de Terre : l’IA dans la préparation de la mission

Armement : l’IA dans l’emploi des drones aériens et sous-marins

Armée de Terre : « Scorpion », le combat collaboratif infovalorisé

 




Renseignement et espionnage pendant la première guerre mondiale

Les moyens techniques du renseignement connaissent des progrès considérables. La cryptologie et les interceptions des communications donnent naissance au renseignement électromagnétique. Les opérations clandestines portent surtout sur le sabotage et la subversion.

La reconnaissance aérienne renseigne le commandement en temps réel, grâce aux avions d’observations équipés de postes de radio. S’y ajoutent les prises de vues réalisées entre 50 m et 300 m d’altitude, pour les photos obliques, et entre 50 m et 4.200 m pour celles verticales. Pour les agents secrets, la microphotographie permet d’envoyer 21 pellicules contenant 38.000 dépêches, glissées dans un tube d’aluminium de 5 cm de long attaché à la patte d’un pigeon voyageur, moyen rustique mais considéré comme sûr. Le largage de pigeons derrière les lignes ennemies par voie aérienne reste d’actualité jusqu’à la fin de la guerre. Les écoutes et la radiogoniométrie permettent de situer les PC ennemis et reconstituer leur ordre de bataille, localiser les groupes d’artillerie et suivre les raids nocturnes des dirigeables allemands Zeppelin, lancés contre l’Angleterre et la France en 1916 et 1917. Dans le domaine naval, outre les informations des services de renseignement agissant en territoire neutre ou ennemi et celle des bureaux de renseignements maritimes dans les ports, la Marine française s’appuie sur le déchiffrement des interceptions radio et sur l’assistance britannique, qui va s’avérer déterminante pour la lutte contre les sous-marins ennemis, la protection du commerce maritime de la France avec ses colonies et le contrôle du blocus économique contre la coalition des Empires allemand, austro-hongrois et ottoman et du Royaume de Bulgarie. L‘Amirauté britannique crée un service de cryptologie dénommé « Room 40 », dont les experts parviennent à décrypter plus de 15.000 messages allemands et à détecter les actions navales planifiées, conduisant à la perte de la moitié de la flotte de surface impériale. Les stations d’écoute, installées le long des côtes britanniques, permettent, dès la fin de 1914, de pister un sous-marin allemand dès son appareillage jusqu’à sa plongée. En outre, depuis le début du XXème siècle, la Grande-Bretagne dispose d’un réseau de câbles sous-marins connectés jusqu’à l’Australie, la Nouvelle-Zélande et ses possessions du Pacifique. En 1917, les câbles sous-marins allemands ayant été coupés, un message secret du ministre allemand des Affaires étrangères destiné au gouvernement mexicain dut transiter par le réseau des États-Unis…que les Britanniques interceptaient à leur insu ! Le fameux télégramme Zimmerman, décrypté par Room 40 et rendu public par le gouvernement britannique, provoque l’entrée en guerre des États-Unis le 5 avril 1917. Pour protéger le canal de Suez face à l’Empire ottoman, les services de renseignements britanniques suscitent la révolte des tribus arabes en 1917. De son côté, l’Empire allemand utilise les mêmes moyens techniques de renseignement et recourt aussi aux opérations secrètes. Dès juillet 1914, l’ambassade d’Allemagne à Washington reçoit pour mission de porter la « guerre clandestine » sur le territoire des États-Unis désignés comme « l’ennemi invisible ». Entre janvier et juillet 1915, 17 navires ont été sabotés dans des ports américains. En 1916 et 1917, des attentats sont perpétrés dans un dépôt de munitions à Jersey-City (7 morts), dans un chantier naval près de San Francisco (8 morts) et dans le port canadien de Halifax (2.000 morts). Mais le plus grand succès des opérations clandestines allemandes reste le soutien logistique et financier au Parti bolchevique pour instaurer une république en Russie, alliée de la France et de la Grande-Bretagne. Cela entraînera la paix séparée de Brest-Litovsk (3 mars 1918).

Loïc Salmon

« Renseignement et espionnage pendant la première guerre mondiale », ouvrage collectif. Éditions Cf2R Ellipses, 576 p., 29,50 €.

Renseignement et espionnage pendant l’Antiquité et le Moyen-Âge

Renseignement et espionnage de la Renaissance à la Révolution (XVe-XVIIIe siècles)

Renseignement et espionnage du Premier Empire à l’affaire Dreyfus (XIXe siècle)

La nouvelle guerre secrète




Armement : l’IA dans l’emploi des drones aériens et sous-marins

L’intelligence artificielle (IA) va inverser la logique d’utilisation des drones aériens. Elle doit devenir un équipier de confiance de l’humain dans la coordination des véhicules sous-marins semi-autonomes.

Cette problématique a été abordée lors du colloque « Intelligence artificielle et commandement militaire » organisé, le 28 septembre 2023 à Paris, par le Centre de recherche Saint-Cyr Coëtquidan (CReC) et le groupe Nexter, spécialisé dans les systèmes pour les forces terrestres. Y sont notamment intervenus : Jean-Marc Moschetta, professeur à l’Isae-Supaéro (Institut supérieur d’aéronautique et de l’espace) ; Jean-Michel Tran, directeur du domaine technique IA chez Naval Group (construction navale de défense).

Les essaims de drones aériens. Alors que la mise en œuvre d’un drone de combat de grandes dimensions mobilise plusieurs personnels, celle d’un essaim de petits drones ne nécessite qu’un seul opérateur, explique Jean-Marc Moschetta. Le rapport de mars 2021 du groupe d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Libye indique que les forces armées et les convois logistiques de la faction du maréchal Khalifa Haftar ont été pourchassés et pris à partie à distance par des drones de combat ou des systèmes d’armes létaux autonomes et autres munitions rôdeuses, programmés pour attaquer des cibles en mode de guidage automatique. Cela a été possible grâce à la miniaturisation de drones peu onéreux et aux progrès réalisés dans l’informatique distribuée et dans l’information à fréquences millimétriques (60 GHz+ et très large bande). Les essaims de drones présentent des avantages : discrétion, facilitée par une faible signature visuelle ou radar ; saturation, qui désorganise la défense adverse par leur surnombre ; coût peu élevé, comme les drones en carton de 120 km de portée ; résilience par des réseaux « ad hoc » de relais d’information et des calculs en essaim. Toutefois, des faiblesses persistent : déploiement simultané à proximité de l’adversaire ; élongation et endurance réduites nécessitant des remplacements ou l’insertion de nouveaux drones ; sensibilité au vent limitant la vitesse d’évolution ; emport de charge utile réduite par la miniaturisation ; risque de piratage informatique. Déployés en masse par avion ou véhicule terrestre, les essaims de drones évoluent en patrouille avec une réduction des 30 % – 40 % de la traînée induite de chacun. Ils ne tirent pas leur efficacité de chacun d’eux mais de leurs relations et favorisent plus d’IA et d’intelligence collective, non traçable et capable d’initiatives. L’intelligence collective, indique Jean-Marc Moschetta, ne résulte pas du travail à plusieurs ni de la somme des intelligences individuelles. Elle existe dans la nature : dynamiques de groupes des oiseaux migrateurs, qui évitent la collision, conservent le cap par alignement et non-éloignement des individus ; saturation pratiquée par les gnous africains lors du passage d’un rivière infestée de crocodiles ; allocation dynamique des tâches parmi les « travailleurs à bec rouge », oiseaux sauvages d’Afrique. Selon Jean-Marc Moschetta, l’emploi de l’IA avec les essaims de drones présente certains risques. Le premier concerne la perte de contrôle sur l’exécution précise de l’action militaire, en raison de l’impossibilité de contrôler chaque drone et de la dispersion des sous-munitions avec des effets collatéraux. S’y ajoute l’effet d’emballement où plus rien ne fonctionne bien. Le deuxième risque porte sur l’infraction aux règles d’engagement en raison de l’absence de discrimination entre combattants et non-combattants et de l’obligation de nombreuses mises en situation.

Les véhicules sous-marins autonomes. L’autonomie d’un drone sous-marin repose sur une interdépendance entre la décision de l’opérateur, la communication avec le drone et la position du drone, explique Jean-Michel Tran. L’organe de décision mène la mission opérationnelle. Celui de la communication transmet les informations relatives au besoin opérationnel, les intentions et un possible recouvrement des communications après une période d’interruption. L’organe de positionnement permet une garantie contre une erreur de position. L’emploi des drones sous-marins rencontre des difficultés spécifiques : absence de système de positionnement externe type GPS ; impossibilité d’équiper la zone d’intervention de moyens de repères fixes ; soumission des mesures inertielles à la dérive du drone ; présence de courants, variables dans le temps et l’espace ; impossibilité d’utiliser parfois certains senseurs par souci de discrétion ; coûts très élevés des senseurs performants ; portée limitée à quelques kilomètres ; débits très réduits de l’ordre de 50 bits/s utiles ; absence de communication simultanée ; interférences avec certains senseurs acoustiques ; impossibilité de maintenir une ouverture permanente du canal de communication ; délai de propagation de plusieurs secondes ; variabilité de la qualité du canal en raison de trajets multiples, de la bathycélérimétrie, de l’environnement biologique, du trafic maritime et des conditions météorologiques (pluie ou vent). Dans ces conditions, le suivi humain s’avère difficile pour les missions de longue durée, en raison des évolutions imprévisibles dans un environnement non structuré, dynamique et pas ou partiellement connu. Le déplacement d’un drone coûte cher et prend du temps. Il convient donc de bien planifier une mission de haut niveau selon des objectifs et des contraintes. En effet, le drone « comprend » ses objectifs et peut s’adapter à des situations changeantes et imprévisibles durant toute la durée de sa mission. Par ailleurs, la doctrine militaire doit être prise en compte. Par exemple, dans le golfe Arabo-Persique, un drone pourrait devoir intercepter un navire transportant des véhicules et effectuer une recherche dans une zone présentant des endroits interdits à la navigation et des navires à éviter. L’opérateur a accepté la planification initiale, puis le drone effectue sa mission en ré-évaluant régulièrement différentes options. Il n’existe pas nécessairement de solution optimale, afin de respecter la doctrine militaire qui doit être facilement reprogrammable. Il convient donc de conserver une certaine part d’audace et de proposer des solutions alternatives plus efficaces, mais qui ne respectent pas strictement la doctrine. En intelligence artificielle, l’apprentissage par renforcement permet à un robot ou un drone d’apprendre à prendre des décisions dans un environnement dynamique, en tenant compte du temps, de l’incertitude et des conséquences, non immédiates, de ses actions. Au niveau de l’apprentissage, le drone est entraîné à résoudre les problèmes que rencontrent les marins. Lorsqu’il définit la mission du drone, l’opérateur doit en préciser les contraintes (navigation, émissions électromagnétiques et acoustiques), les marges à respecter (énergie, position) et les traits de caractères (curiosité, discrétion). Il doit aussi délivrer des autorisations d’autonomie pour une replanification de la mission : altération des paramètres des objectifs de mission ; abandon total ou partiel de certaines parties ; réengagement de la mission ; éloignement plus ou moins temporel et spatial du contrat initial. Vu le coût onéreux des drones sous-marins, leur emploi en essaim nécessitera une hétérogénéité de drones performants et chers avec d’autres qui le sont moins, mais qui sont spécialisés dans une mission précise pour un temps donné. La complexité d’emploi de tels systèmes nécessitera des systèmes d’aide à la décision et l’utilisation de grosses unités porte-drones ou porte-armes pour remplir la mission. Le déploiement des drones plus petits et perdables sera probablement laissé à ces grosses unités et échappera complètement aux opérateurs, afin de limiter la complexité de la mission. Grâce à des séquences d’action de haut niveau pour chaque drone, l’essaim pourra atteindre son objectif via une coopération entre les drones, malgré des communications marines limitées. Naval Group y travaille.

Loïc Salmon

Défense : l’adaptation des SALA aux combats de demain

Défense : l’IA dans le champ de bataille, confiance et contrôle

Défense : l’IA pour décupler les performances des systèmes opérationnels des armées




OTAN : pouvoir conserver l’avantage opérationnel

Afin de conserver une longueur d’avance pour préserver sa liberté d’action dans un contexte militaire futur, l’OTAN devra disposer de structures et de forces capables de comprendre, de décider plus rapidement et d’agir ensemble.

Le général d’armée aérienne Philippe Lavigne, commandant Suprême Allié Transformation (Allied Command Transformation en anglais, ACT) de l’OTAN, l’a expliqué à la presse le 14 septembre 2023, à l’occasion de la tenue de la conférence des communicants OTAN à Paris. (11-14 septembre).

Menaces nombreuses et rapides. En 74 ans d’existence, l’OTAN a bénéficié d’une avance technologique sur ses adversaires potentiels et a connu 30 ans de dividendes de la paix et 20 ans d’opérations hors de sa zone, contre des adversaires qui n’avaient pas de puissance équivalente. En 2003, l’OTAN a créé l’ACT pour se transformer en vue des menaces futures. Or, les menaces sont déjà plus nombreuses en raison de la prolifération des technologies et des quantités gigantesques de données sur le champ de bataille. En outre, depuis février 2022, la guerre entre la Russie et l’Ukraine consomme d’énormes quantités de munitions, que les industries occidentales d’armement pourraient difficilement produire. S’y ajoutent : les contestations multiformes, multi-milieux (terre, mer, air, espace et cyberespace) et multi-champs (matériel et immatériel) avec une échelle géographique et une complexité d’interconnexion sans précédent ; les technologies de rupture comme l’intelligence artificielle (IA) et les systèmes autonomes, auxquels les acteurs étatiques et non-étatiques ont aujourd’hui accès. Ainsi en Ukraine, des entreprises privées ont contribué à la survie numérique de l’État. Dès le début de l’invasion, la Russie a coupé l’accès à internet dans les territoires occupés. De plus, elle a lancé une propagande ciblée et des campagnes de désinformation destinées à l’Ukraine, mais aussi à sa propre population et à ses ennemis à l’étranger. En Afrique, elle recourt à des acteurs non-étatiques (notamment la société militaire privée Wagner) et utilise la désinformation pour déstabiliser des populations et réduire la compréhension et la légitimité des actions des pays occidentaux (dont celles de la France). En outre, l’OTAN observe l’Arctique et le Grand Nord, le Sud, l’espace et le champ informationnel. La compétition technologique porte notamment sur l’IA et le quantique (réalisation d’objets physiques au niveau microscopique), où la Chine investit massivement et dont ses forces armées bénéficient des avancées dans le domaine civil. De plus, celle-ci a conceptualisé la « guerre cognitive », qui lui permettrait de vaincre sans combattre. Dans les dix prochaines années, la majorité de la population mondiale aura accès à d’énormes quantités d’informations et à un déluge de fausses nouvelles. Enfin, le développement des armes hypervéloces (par la Russie et la Chine) réduit la capacité de l’OTAN à détecter, décider et agir.

Conceptualiser la défense future. Avant tout développement technologique, l’OTAN s’interroge, en toute transparence avec 31 nations partenaires, sur les limites éthiques et morales qu’elle se fixe. Cela s’applique aussi au champ informationnel, pour contrer les actions des compétiteurs et adversaires. En 2014, des actions de la Russie dans le champ informationnel, non détectées, ont précédé son attaque en Crimée. Actuellement, les experts de la communication de l’OTAN développent un outil d’IA, avec des partenariats extérieurs, pour comprendre la situation, mieux et plus vite. Il s’agit de la résumer quotidiennement et de présenter ce qui présente un intérêt militaire, notamment la détection d’une démarche hostile. L’ACT a aussi pour mission de renforcer au maximum l’interopérabilité des forces de l’OTAN et de structurer une planification de défense et de développement capacitaire, en s’appuyant sur l’innovation pour exploiter idées, procédures et technologies et expérimenter des solutions.

Loïc Salmon

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Histoire mondiale des porte-avions

Symbole de compétences techniques, le porte-avions est devenu un outil de projection de puissance, conventionnelle ou nucléaire, depuis la mer vers la terre, grâce à sa capacité de frappe sur les franges littorales où se concentre l’essentiel de l’activité humaine.

La dimension aérienne commence à jouer un rôle dans un affrontement naval pendant la guerre de Sécession américaine (1860-1865), quand les deux belligérants mettent en œuvre des ballons captifs depuis un navire à vapeur ou une barge pour observer les positions adverses. Pendant la guerre russo-japonaise (1904-1905), l’armée de Terre japonaise déploie des ballons pour diriger les tirs des batteries, débarquées par la Marine, contre des navires russes bloqués dans la rade de Port-Arthur. Durant la première guerre mondiale, l’hydravion puis l’avion remplacent l’aérostation pour éclairer une flotte et améliorer la précision des tirs des croiseurs et cuirassés. Plus puissant, plus rapide, l’avion repousse l’horizon, chasse les moyens aériens ennemis et bombarde les infrastructures côtières. Pour l’employer en mer, un bâtiment dédié est mis au point avec une plateforme pour l’appontage et le décollage. Destiné au début à accompagner une flotte, ce « porte-avions » devient, en 1919, un bâtiment d’escadre qui peut l’emporter sur un cuirassé dans une bataille décisive. Son groupe aérien découvre l’ennemi, règle le tir de l’artillerie navale, endommage la flotte adverse et repère les sous-marins. La Grande-Bretagne partage alors l’expérience acquise avec ses alliés de l’époque, les États-Unis, la France et le Japon. Ce dernier construit la première flotte de petits porte-avions rapides de moins de 10.000 t. Les États-Unis optent pour des unités de 15.000-20.000 t. Pour la France, l’Italie, l’Espagne et l’Australie, les porte-avions ou transports d’hydravions constituent des auxiliaires d’escadre, dont les performances des appareils restent insuffisantes face aux chasseurs ennemis. En novembre 1940 à Tarente, des bombardiers britanniques embarqués coulent deux cuirassés italiens à la torpille et en endommagent un troisième. La Marine japonaise s’en inspire ainsi que des grands exercices navals américains à Hawaï pour lancer, en décembre 1941, des vagues aériennes d’assaut qui réalisent le même score à Pearl Harbor et anéantit l’aviation américaine à terre. Grâce à ses porte-avions, au radar, au renseignement et à la chance, les États-Unis passent à l’offensive en 1942. Dans le Pacifique, les groupes de porte-avions soutiennent les opérations amphibies, frappent des objectifs navals ou terrestres et soumettent le Japon à des raids dévastateurs. En Atlantique, ils défendent les convois contre les sous-marins et les bombardiers terrestres allemands. Après 1945, les inventions de la piste oblique, de la catapulte à vapeur et du miroir d’appontage permettent le déploiement d’appareils à réaction, pour augmenter l’allonge, et d’avions de guet aérien pour accroître la visibilité au large. Entre 2005 et 2022, douze Marines lancent ou mettent en service 29 plateformes : 2 porte-avions à catapultes et brins d’arrêt (États-Unis et Chine) ; 3 porte-aéronefs à tremplin et brins d’arrêt (Inde et Chine) ; 9 porte-aéronefs pour décollage et atterrissage court et vertical (États-Unis, Grande-Bretagne, Italie et Espagne) ; 15 porte-hélicoptères (France, Japon, Corée du Sud, Égypte, Australie, Chine et Brésil). Depuis, la Chine a annoncé la construction de deux porte-avions à catapultes électromagnétiques, la Russie celle de deux porte-hélicoptères amphibies et d’un porte-avions à catapultes électromagnétiques et la France l’étude d’un porte-avions de 75.000 t à catapultes électromagnétiques et doté du système combat aérien futur avec drones. La Turquie va aligner deux plateformes d’emport d’hélicoptères et de drones.

Loïc Salmon

« Histoire mondiale des porte-avions » par Alexandre Sheldon-Duplaix. Éditions E-T-A-I, 240 p., nombreuses photos, 49 €.

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Aviation militaire : la DMAé pour le soutien et l’expertise technique

La maintenance préventive allonge la disponibilité opérationnelle des avions, hélicoptères, drones et planeurs des ministères des Armées, de l’Intérieur et de l’Économie et des Finances.

L’ingénieur général hors classe de l’armement Marc Howyan, directeur de la DMAé (Direction de la maintenance aéronautique, créée en 2018), en a présenté les missions lors d’un point de presse tenu le 20 avril 2023 à Paris.

Une performance accrue. La maintenance opérationnelle permet de garantir la disponibilité des forces en maîtrisant la performance du soutien en termes de qualité, de coûts et de délais. Ainsi entre 2018 et 2022 et malgré la crise du Covid-19, le taux de disponibilité de l’avion de chasse Rafale est passé de 53 % à 60 %, celui de l’avion de patrouille maritime ATL2 de 24 % à 31 %, celui de l’avion de transport militaire polyvalent A400M Atlas de 27 % à 36 %, celui de l’avion de transport militaire C130 Hercules de 19 % à 23 %, celui de l’hélicoptère d’attaque Tigre de 29 % à 40 %, celui de l’hélicoptère polyvalent Dauphin/Panther de 40 % à 47 %, celui de l’hélicoptère d’observation radar et d’intervention sur zone Cougar de 24 % à 35 %, celui de l’hélicoptère de manœuvre et d’assaut NH90 Caïman de 32 % à 34 % et celui de l’hélicoptère léger polyvalent Fennec Terre de 2.500 heures de vol à 4.742 heures. La DMAé intervient sur toute la vie des matériels, de l’utilisation dans un milieu dégradé aux rétrofit (remplacement des pièces obsolètes en maintenant la configuration de l’appareil), démantèlement et recyclage.

Une nouvelle relation avec l’industrie. La DMAé a établi une nouvelle approche avec les services partenaires et les industriels. La « verticalisation » des contrats consiste à regrouper plusieurs marchés et prestations sous la responsabilité d’un industriel unique, couvrant un périmètre global sur une longue durée pour une flotte donnée. En 2022, 260 marchés étaient en cours et 22 contrats « verticalisés ». Une coordination plus étroite entre l’État et l’industrie, au plus près des forces, permet de conduire le soutien au quotidien. L’industriel engage sa responsabilité sur la satisfaction des besoins logistiques, notamment par le déploiement des guichets. Le retour d’expérience sur cinq ans (2018-2022) et la loi de programmation militaire 2024-2030 donnent une vision stratégique pour prolonger la transformation de la DMAé. Une hausse de 40 % du budget permettra la mise en œuvre de contrats et améliorera la performance du maintien en condition opérationnelle (navigabilité des aéronefs). Le soutien va s’adapter au contexte de l’économie de guerre par l’amélioration de la résilience en interne du ministère des Armées et dans l’industrie. Enfin, il faudra anticiper de nouveaux métiers, notamment ceux relatifs à l’intelligence artificielle, pour développer les compétences futures au sein des 500 entreprises de défense.

Loïc Salmon

Implantée dans 17 sites en France métropolitaine, la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé) a employé 1.150 personnes en 2022, dont 60 % de militaires et 40 % de civils : personnels des armées de Terre et de l’Air, de la Marine nationale et de la Gendarmerie ; ingénieurs militaires et civils de la Direction générale de l’armement ; commissaires des armées ; personnels civils de la Défense ; personnels de la Sécurité civile et des douanes. Elle a traité les matériels de surveillance aérienne, les équipements aéronautiques et 1.240 aéronefs de 40 types différents sur plus de 50 plateformes aéronautiques militaires (7 en Outre-mer). En 2022, elle a disposé d’un budget de 3,8 Mds et d’un patrimoine de 64 millions d’articles d’une valeur de 59 Mds€. Elle a établi 5.823 faits techniques et émis 3.413 directives techniques. Elle entretient des relations surtout avec les partenaires et industriels suivants : Airbus, Babcock, Dassault Aviation, HeliDax (Groupe Défense Conseil International), Héli Union (centre d’entraînement), le Service industriel de l’aéronautique, Safran, Sabena, Sopra Steria, Jet Aviation, NHindustrie et Thales.

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Espace : composante clé dans un conflit de haute intensité

En élevant le niveau de compréhension de la situation complexe d’un théâtre, l’outil spatial prend une part déterminante dans la prise d’initiative et la conservation de la liberté d’action, grâce à l’intégration, l’interopérabilité et la coopération.

La troisième édition de l’exercice spatial Aster(X) s’est articulée, pour la première fois, avec l’exercice interarmées Orion simulant un engagement de haute intensité. Elle s’est déroulée du 21 février au 10 mars 2023 sur le site du Centre national d’études spatiales (CNES) à Toulouse. Le général de division aérienne Philippe Adam, commandant de l’Espace, les a présentés le 16 mars à Paris.

Aster(X). La guerre en Ukraine a commencé par une attaque massive de ses moyens spatiaux par la Russie. Unique en Europe, l’exercice spatial militaire français Aster (X) a été créé en 2021. L’édition 2023 a mobilisé 200 participants civils et militaires et 30 observateurs étrangers. Aster (X) vise d’abord à entraîner les unités du Commandement de l’espace à la surveillance de l’espace et la protection des satellites français par la simulation de 5.000 objets spatiaux, dont 20 capteurs dédiés à l’appui spatial aux opérations pour faire face à 10 types de menaces différentes. En outre, il teste la structure et la connectivité du futur C2 (commandement et conduite) des opérations spatiales militaires dans un contexte multi-milieux (terre, air, mer et cyber) et multi-champs (électromagnétique et informationnel) au moyen de 23 événements, dont 17 coordonnés avec Orion (voir plus loin). De plus, Aster (X) valide les concepts d’emploi et la coordination entre le CNES et neuf partenaires industriels, dont Airbus, ArianeGroup (lanceurs spatiaux), MBDA (missiles) et l’Office national des études et recherches aérospatiales. Enfin, il développe et renforce les coopérations opérationnelles avec l’OTAN, les États-Unis, l’Allemagne, la Belgique et l’Italie. Selon le scénario d’une situation géopolitique inspirée de menaces spatiales réelles et avérées, Aster(X) a déployé des réseaux de communications classifiés en coordination avec la Direction du renseignement militaire et la Direction interarmées des réseaux d’infrastructures et des systèmes d’information. Le temps d’exercice d’Aster(X) correspond à celui d’Orion.

Orion. Le scénario de l’exercice de grande ampleur Orion part d’une situation comparable à la guerre en Ukraine, déclenchée par la Russie le 24 février 2022. Inspiré des exercices OTAN mais avec 9 pays sous commandement français, Orion se déroule en 4 phases sur le territoire national (20 départements) et en Méditerranée occidentale du 21 février au 5 mai 2023, après une planification opérationnelle de mai 2022 au 20 février 2023 (phase 1). Outre 13 directions, services et organismes interarmées, il met en œuvre : 1 division à 3 brigades (2 simulées), 2.300 véhicules (400 de combat), 40 hélicoptères et 100 drones pour l’armée de Terre ; 30 navires, dont 1 porte-avions et 2 porte-hélicoptères amphibies, et 50 aéronefs pour la Marine ; 10 bases, 80 aéronefs, 2 drones moyenne altitude longue endurance, 6 systèmes de défense sol-air et 20 capteurs spatiaux pour l’armée de l’Air et de l’Espace. Afin d’éviter une dégradation de la situation (phase 2), la France déploie en premier son échelon national d’urgence interarmées du 21 février au 11 mars avec 7.000 militaires (terre, air, mer, forces spéciales, cyber, spatial et logistique) pour une opération aéromaritime dans un contexte de déni d’accès. Il s’ensuit une gestion de crise politico-militaire (phase 3) par 5 groupes de travail et de réflexion (Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, états-majors et acteurs ministériels), qui présentent leurs propositions aux hautes autorités civiles et militaires fin mars. Puis une coalition, sous mandat ONU et OTAN, mène une vaste opération aéroterrestre du 22 avril au 5 mai avec 12.000 militaires (phase 4). Évaluation et retour d’expérience suivront.

Loïc Salmon

Espace : résurgence de la menace antisatellites

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Armée de l’Air et de l’Espace : enjeux de la très haute altitude




Armée de l’Air et de l’Espace : enjeux de la très haute altitude

Des technologies, arrivées à maturité en 2035, permettront de conserver la liberté d’appréciation, d’accès et d’action par des opérations militaires dans l’espace aérien compris entre 20 km et 100 km d’altitude.

Ce thème a fait l’objet d’un colloque organisé, le 9 janvier 2023 à Paris, par le Centre d’études stratégiques aérospatiales. Y sont notamment intervenus : le général de corps aérien Frédéric Parisot, major général de l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) ; Hervé Derrey, Thales Alenia Space ; Marc Vales, Dassault Aviation ; Stéphane Vesval, Airbus Defense and Space ; Nicolas Multan, société Hemeria ; l’ingénieur en chef Jean-Baptiste Paing, Direction générale de l’armement ; le général de corps aérien Philippe Morales, commandant la défense aérienne et les opérations aériennes ; Frank Lefevre, Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA) ; Bertrand Le Meur, Direction générale des relations internationales et de la stratégie.

L’espace aérien supérieur. Entre 20 km et 100 km d’altitude, l’atmosphère est raréfiée. Dans cette couche, les ballons stratosphériques et planeurs hypersoniques stationnent ou se déplacent mais ne gravitent pas. Cet espace aérien supérieur constitue le lieu de passage des missiles balistiques et de certains moyens pour les opérations spéciales, rappelle le général Frédéric Parisot. L’accès des plateformes, civiles ou militaires, qui y circuleront, sera moins onéreux que celui à l’espace. Certaines nations et organisations pourraient donc se doter de ballons stratosphériques (photo) géostationnaires pendant plusieurs mois au-dessus du territoire national et y compromettre certaines activités. Sur les plans défensif et offensif, l’AAE doit affirmer sa présence dans les milieux aérien, stratosphérique et spatial avec un équilibre entre les trois. L’aérien étant déjà régi par la Convention de Chicago de 1944 et l’espace par le traité de 1967, il reste à définir les règles pour les trajectoires, entrées et sorties dans le stratosphérique. Il s’agit de connaître ce milieu, de le surveiller et de l’exploiter au titre de la souveraineté nationale pour la protection du territoire et des populations et aussi pour les opérations militaires, en cas de perturbations des activités aériennes et spatiales. Pour la défense antimissile, des ballons pourraient, par exemple, surveiller les activités balistiques de la Corée du Nord ou assurer des détections vers le sol et l’espace. La défense aérienne dans la très haute altitude prend en compte la fugacité des objets, leur vitesse et leur persistance. Contrer la menace d’armes hypersoniques volant au-delà de Mach 5 (6.174 km/h) va nécessiter des capteurs d’une allonge suffisante pour conserver la capacité de préavis. A l’été 2023, l’AAE disposera d’une feuille de route pour définir les missions et les moyens dans la très haute altitude. Celle-ci est le domaine des vitesses supersonique et hypersonique avec des applications aux missiles de croisière ou à des planeurs, explique Frank Lefevre. Entre 1960 et 1970, l’ONERA a effectué 400 tirs de fusées-sondes dans la stratosphère pour réaliser le missile nucléaire aéroporté supersonique, auquel succédera un missile hypersonique. A cette vitesse, le mobile crée une onde de choc suivie d’une température de 1.000 °C. L’ONERA travaille en laboratoire sur les matériaux de protection « numériques » d’un véhicule et sur sa navigation, son guidage, sa précision et son aérodynamique dans des souffleries jusqu’à Mach 12 (14.817 km/h).

Les projets en cours. Les « avions spatiaux » peuvent atteindre la vitesse de 8 km/seconde avec des moteurs de fusées et doivent évoluer dans l’atmosphère sans se transformer en boule de feu, indique Marc Vales. Complémentaires des lanceurs et des satellites, ils apportent une réutilisation, une souplesse d’emploi et une fiabilité héritée de l’aéronautique. Dassault Aviation a réalisé le démonstrateur Space Rider qui a volé en 2015. En association avec des partenaires dont Thales Alenia Space, il développe une famille de véhicules hypersoniques (drones ou habités), destinée à l’Union européenne spatiale civile et, sur le plan militaire, pour la surveillance stratégique de son territoire, de l’Afrique et du Moyen-Orient. De son côté, Thalès Alenia Space propose le Stratobus, dirigeable gonflé à l’hélium, géostationnaire dans la stratosphère et sélectionné fin 2022 par le Fonds européen de défense. Selon Hervé Derrey, il sera placé à 19 km d’altitude pour couvrir une zone d’un diamètre de 1.000 km pendant un an. Équipé d’une propulsion électrique alimentée par l’énergie solaire, il pourra emporter des charges utiles de 250 kg et 5 kW de puissance, notamment des radars à longue portée et des moyens de télécommunications civiles ou militaires ou encore des antennes étendues pour la guerre électronique. Réalisé avec coopération avec l’Espagne, un démonstrateur du Stratobus devrait voler au-dessus des Canaries en 2025 avec des démonstrateurs allemand et italien. Airbus Defense and Space, qui a développé le projet Balman avec Hemeria (photo), a fait voler le drone stratosphérique Zéphyr 8 pendant 64 jours en 2022. Selon Stéphane Vesval, Balman et Zéphyr 8 ont vocation à servir en réseau entre eux et avec des systèmes spatiaux. Capable de pénétrer des espaces aériens interdits grâce à sa faible signature radar, Zéphyr 8 transmet, par laser optique, une observation imagerie et vidéo sur 1 km2 avec une résolution de 18 cm. Pour anticiper les investissements dans la stratosphère, la Direction générale de l’armement a procédé à des études technico-opérationnelles dès 2018. Selon Jean-Baptiste Paing, elle a choisi le ballon manœuvrant et le dirigeable pour disposer d’une observation radar pendant une longue durée et indépendante des conditions météorologiques et des effets jour et nuit. Il reste à relever les défis technologiques portant sur les capacités industrielles en termes de matériaux des structures et de qualité des capteurs.

Stratégie de défense. L’espace aérien supérieur, en plein développement, présente les mêmes caractéristiques que les grands fonds marins avec de nouvelles technologies, des enjeux de compétition et une lisibilité assez faible, estime Bertrand Le Meur. La surveillance des objets hypersoniques ou à déplacement lent va nécessiter une capacité globale, car ils pourront venir de n’importe où. Des partenariats internationaux permettraient de développer des moyens défensifs et éventuellement offensifs. De son côté, le général Philippe Morales anticipe une certaine forme d’« arsenalisation » de l’espace aérien supérieur, consécutive à la démocratisation de son accès et à la compétition stratégique accrue. Il faut d’abord développer les connaissances des objets qui y évoluent : caractéristiques ; autonomie ; performances ; d’où et comment ils partent ; nature militaire, civile ou duale. Il faut ensuite identifier, caractériser et attribuer une action suspecte, inamicale, illégale, dangereuse ou hostile. Ensuite, il faut disposer de moyens d’interdiction proportionnels aux actes suspects, à savoir contre-mesures, actions de rétorsion ou neutralisation des vecteurs eux-mêmes. Cet espace est utilisable pour les opérations de défense contre tout ennemi potentiel ou pour la projection de puissance. Drones et ballons stratosphériques permettront d’améliorer la surveillance d’un théâtre d’opérations plus vaste que celui de l’Ukraine, sachant qu’un ennemi potentiel fera de même. Déjà le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes et le Commandement de l’espace établissent des scénarios avec des questions et réponses pour un entraînement coordonné.

Loïc Salmon

Selon son directeur général Nicolas Multan, la société Hemeria produit une gamme de 10 ballons gonflés à l’hélium pour des missions scientifiques du Centre national d’études spatiales depuis 25 ans. Grâce à son expérience des opérations en vol, elle développe le programme « Balman », ballon stratosphérique manœuvrant en orbite (photo). Capable de rester stable sur zone pendant plusieurs mois, Balman pourrait remplir des missions civiles ou militaires à partir de 2026.

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