Armée de l’Air et de l’Espace : complémentarité des moyens d’action et modernisation

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L’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) doit pouvoir remplir ses missions, du combat de haute intensité et de la projection lointaine à la surveillance de la très haute altitude et de l’espace, tout en poursuivant sa modernisation.

Son chef d’état-major, le général d’armée aérienne Stéphane Mille, l’a expliqué lors d’une rencontre organisée, le 6 février 2023 à Paris, par l’Association des journalistes de défense.

Combat et projection de puissance. L’absence de contrôle de l’espace aérien de l’Ukraine, par l’aviation russe, et de toute tentative de neutralisation de sa défense sol-air, a surpris, constate le général Mille. Le conflit en Ukraine se réduit à une campagne d’artillerie. La vente ou la cession de Mirage 2000 français à l’Ukraine ou à un autre pays dépend de trois conditions préalables : besoins exprimés ; non escalade de conflit ; ne pas affecter les capacités de l’AAE. Les Mirage 2000 C de défense aérienne ne volent plus depuis juin 2022, mais certains pays sont intéressés par leurs pièces détachées. Pour les déplacements sur une longue distance, l’OTAN demande des capacités à 4 jours, 4 semaines ou 4 mois avec l’empreinte logistique la plus faible possible. L’AAE a démontré les siennes lors des missions « Pégase 2018 » et « Pégase 2022 » en zone Indo-Pacifique avec la participation à l’exercice « Pitch Black » en Australie. De tels raids ne sont guère réalisables depuis la Polynésie française ou la Nouvelle-Calédonie, faute d’infrastructures d’accueil suffisantes.

Nouveaux champs. Le survol des Etats-Unis à très haute altitude, par un ballon chinois qui a été détruit par un avion de chasse américain au-dessus de l’Atlantique (4 février 2023), entre dans la logique de cette « zone grise », estime le général Mille. Les innovations technologiques offrent des perspectives commerciales et militaires dans cet espace, compris entre 20 km et 100 km d’altitude mais non régulé par un traité ou une convention. En vue d’établir une doctrine d’action, le chef d’Etat-major des armées a donné mandat à l‘AAE pour réfléchir aux aspects juridiques et technologiques de la très haute altitude, avec remise des conclusions à l’été 2023. Il faudra aussi en évaluer la surveillance depuis le sol ou depuis l’espace. Quant aux menaces de vecteurs hypersoniques, la protection du territoire national reste assurée par la dissuasion nucléaire, souligne le général Mille. Les drones armés Reaper de l’AAE pourraient être déployés sur d’autres endroits stratégiques. Enfin, l’Eurodrone, futur drone européen MALE (moyenne altitude longue endurance), serait utilisable pour la surveillance d’un espace contesté ou comme relais en dehors d’un conflit de haute intensité.

Modernisation. Le général Mille a rappelé les enjeux de l’AAE : défense sol-air ; protection des troupes en opérations au sol ; dispositif particulier de sécurité aérienne lors d’un événement ; projection de bases aériennes avancées. Outre la mise en réseau de tous les simulateurs, la préparation des équipages à des missions de plus en plus complexes nécessite de mixer le virtuel et le réel…en vol ! Les partenariats seront recherchés avec des pays disposant d’une capacité aéronautique et spatiale, car la surveillance de l’espace concerne surtout les orbites basses. Pour les missions humanitaires dans les outre-mer, le successeur du Casa verra le jour en 2030. Quant à la défense et aux opérations aériennes, le passage au « tout Rafale » devrait être réalisé en 2035. Enfin, le nouveau missile ASN4G entrera en service dans la composante nucléaire aéroportée vers 2030.

Loïc Salmon

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