Marine : MCO, de la conception du navire à sa déconstruction

image_print

Le maintien en condition opérationnelle (MCO) des navires permet de garantir la composante maritime de la dissuasion nucléaire, la liberté d’action sur et sous la mer, la lutte contre les trafics illicites, la préservation de la zone économique exclusive et la police des pêches.

L’ingénieur général de l’armement Guillaume de Garidel-Thoron, directeur central du Service de soutien de la flotte (SSF) l’a expliqué lors d’un point de presse le 5 mai 2022 à Paris.

Les missions. La disponibilité technique d’un navire, à savoir le nombre de jours où il est capable de naviguer, se monte à 75 %-80 % pour les frégates, plus de 80 % pour les porte-hélicoptères amphibies (PHA) et environ 50 % pour les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA). Pour toute la flotte, l’obsolescence des matériels s’ajoute à la fatigue des structures et à la corrosion. Outre les périodes programmées d’indisponibilité de longue durée du porte-avions et des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, le SSF accueille les nouveaux bâtiments et entretient les plus anciens (remotorisation des usines électriques des frégates de surveillance basées outre-mer). Il assure des réparations exceptionnelles comme l’échange du radôme de la frégate Forbin, frappé par la foudre, ou la soudure, entre décembre 2020 et juin 2021, de l’avant du SNA Saphir (désarmé en 2019) à l’arrière du SNA Perle, endommagé par un incendie. Enfin, il déconstruit les unités retirées du service actif, notamment les sous-marins à propulsion diesel électrique de type Agosta (photo). Les frais d’entretien d’un navire représentent 60 % de son coût de possession (achat et maintenance). Le SSF dispose d’un budget annuel de 1,4 Md€, en moyenne, et d’infrastructures à Brest, Toulon, Cherbourg, en Polynésie française et Nouvelle-Calédonie et à la Martinique, La Réunion et Mayotte. Il gère 12 millions d’articles de rechange embarqués à bord des bâtiments et à terre. Créé en 2000, le SSF compte 250 experts, issus de la Marine nationale ou de la Direction générale de l’armement (DGA) et dont le passage par le SSF valorise la carrière. En contact direct avec les équipages et les chantiers lors des indisponibilités de longue durée, ses ingénieurs bénéficient de l’expertise technique de la DGA et du Commissariat à l’énergie atomique. Le SSF conclut des contrats (paiements à 30 jours) avec des petites et moyennes entreprises portant sur des familles de navires (frégates de tous types, patrouilleurs, chasseurs de mines, bâtiments de commandement et de ravitaillement et PAH), des équipements embarqués ou des capacités spécifiques (chaufferie nucléaire). Le contrat de MCO conclu pour le SNA Suffren, entré en service en 2021, court jusqu’en 2025.

L’innovation. Dès la conception d’un nouveau navire, l’Etat-major de la marine et la DGA prennent le MCO en compte en ce qui concerne la logistique, la documentation technique et la liste des articles de rechange. Outil de gestion des stocks des pièces, le système numérique en service fait déjà l’objet d’une réflexion sur son remplacement dans quatre ou cinq ans. L’installation de capteurs de données sur les moteurs diesel des nouveaux bâtiments permettra d’optimiser la maintenance et de l’assurer à titre préventif. Le MCO initial nécessite un travail de la DGA en amont, pendant les essais à la mer du navire avant son entrée en service. Avec l’aide des ateliers à terre et de drones aériens ou sous-marins, les projets innovants portent sur l’expérimentation, les expertises, les cartographies, la transformation numérique et la télémaintenance avec l’équipage en mer pour démultiplier les capacités.

Loïc Salmon

Marine nationale : SNA Suffren, campagne d’essais à la mer

DGA : l’hydrodynamique, de la faisabilité au suivi du navire

Marines : l’industrie navale, concurrence et innovations

image_print
Article précédentChine : la logistique militaire dans la lutte contre le Covid-19
Article suivantL’ANCGVM présente à la cérémonie du 8 mai 2022 à l’Arc de Triomphe à Paris