Défense : la « mémoire combattante » incluse dans la préparation de la prochaine LPM

Un groupe de travail sur la mémoire combattante participe à l’élaboration de la loi de programmation militaire 2026-2031, afin de renforcer le lien Armée-Nation et le travail de reconnaissance, sur lequel des accords existent avec d’autres pays.

Présidé par le contrôleur général des armées Eric Lucas, il s’est réuni les 7 et 15 décembre 2022. Il comprend des représentants d’associations d’anciens combattants et de fondations mémorielles, des enseignants, des parlementaires, des maires, des militaires et des personnels des directions et services du ministère de Armées. Ses réflexions visent à rendre plus attractive, pour la jeunesse, une politique publique des commémorations et des cérémonies patriotiques en mobilisant les musées et les services d’archives.

La politique de mémoire. Trois axes déterminent les actions mémorielles de l’État. Le premier concerne la conservation et la mise en valeur du patrimoine de pierre. Une loi de 1915 rend obligatoire et à perpétuité l’entretien des tombes des soldats morts pour la France et dont les corps n’ont pas été restitués aux familles. Cela inclut l’entretien des sépultures de soldats décédés en service et depuis les guerres napoléoniennes puis les guerres de Crimée (1853-1856) et contre la Prusse (1870), quand la mention « mort pour la France » n’existait pas encore. A l’étranger, la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives (DMPA) assure l’entretien d’un millier de lieux de sépultures, où 230.000 soldats sont inhumés, dans environ 80 pays. En liaison avec les associations d’anciens combattants, le deuxième axe porte sur les commémorations lors des 11 journées nationales et des dates identifiées dans le cadre de cycles mémoriels évoluant chaque année. Le troisième axe concerne les actions de sensibilisation auprès des jeunes générations. En partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, le ministère des Armées apporte un soutien à l’enseignement sur la défense, à la mise en place de ressources pédagogiques et au renforcement de la participation des élèves aux commémorations. Ce partenariat s’tend au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, pour l’enseignement agricole, et à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger.

La « mémoire partagée ». Depuis 2002, des accords de « mémoire partagée » valorisent les relations avec les pays, alliés ou adversaires, dont l’histoire militaire a croisé celle de la France au cours des conflits depuis 1870. Ils développent un « tourisme de mémoire » sur les lieux de combat et les cimetières militaires. La France a déjà signé de tels accords avec l’Australie, le Canada, la Corée du Sud, la Grande-Bretagne, Madagascar, le Maroc, la Nouvelle-Zélande et la Tunisie. Le 10 novembre 2008, les « rencontres européennes de la mémoire » ont posé les bases d’une politique mémorielle élargie. Les représentants des pays de l’Union européenne ont décidé la mise en place d’une présentation et d’une mise en valeur du patrimoine mémoriel de la Grande Guerre en mettant en commun des archives de guerre, via un portail mémoriel européen. Depuis, les commémorations des deux guerres mondiales ont donné lieu à de nombreuses cérémonies internationales avec la mise en ligne d’archives et le développement de projets pédagogiques.

Les hauts lieux de la mémoire nationale. L’Office national des anciens combattants et victimes de guerre valorise et gère les hauts lieux de la mémoire nationale, désignés par la DMPA : le site du Struthof (Natzwiller, Bas-Rhin) ; le site du Mont-Valérien (Suresnes, Hauts-de-Seine) ; le mémorial des martyrs de la Déportation, dans l’Ile de la Cité (Paris) ; le mémorial de la prison de Montluc (Lyon, Rhône) ; le mémorial du débarquement de Provence, au Mont-Faron (Toulon, Var) ; le mémorial des guerres d’Indochine (Fréjus, Var) ; le mémorial de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie (Paris).

Loïc Salmon

Défense : découvrir le passé pour réfléchir sur l’avenir

Exposition « Le nouveau visage de la guerre » à Verdun

Exposition « Napoléon stratège » aux Invalides

 




Défense : reconversion professionnelle dans le civil

Confrontée à l’impératif de jeunesse, l’institution militaire doit conserver son attractivité et fidéliser les personnels ayant acquis une expertise grâce à une formation onéreuse. Toutefois, la très grande majorité des militaires doit aussi se préparer à retrouver un emploi dans le monde civil.

Ce thème a fait l’objet d’une conférence-débat organisée, le 28 novembre 2022 à Paris, par l’Institut de relations internationales et stratégiques. Y sont intervenus : Bénédicte Le Deley, directrice générale de Défense Mobilité (agence de reconversion du ministère de Armées) ; Dominique Lecerf, chercheur à l’Université de Montpellier ; Bruno de Lalande, comité de liaison Défense/Medef.

Privilégier le temps long. Selon le Haut comité d’évaluation de la condition militaire, parmi les 30.000 personnels qui quittent l’institution chaque année, 22.000 sont concernés par une reconversion (voir encadré ci-dessous). L’agence Défense Mobilité compte 700 agents répartis sur 80 antennes en métropole et dans les outremers, explique Bénédicte Le Deley. Elle accompagne les militaires en reconversion, leur conjoint en recherche d’emploi lors des affectations et les blessés. Elle n’oriente pas, mais aide à acquérir la capacité de faire des choix sur un projet individuel futur. Un militaire peut, selon les cas, passer 20 % de son temps en formation, soit plus que la moyenne de la population française. Un engagement long (6 ans au moins) développe l’employabilité. Le suivi des carrières et de l’augmentation des compétences, par la Direction des ressources humaines, permet d’accroître les capacités à remplir certaines missions. Aujourd’hui, les recruteurs recherchent des expertises et non plus des officiers ou des sous-officiers. Défense Mobilité donne, à chaque candidat, des outils pour devenir acteur de sa transition professionnelle, à savoir comprendre le marché du travail, sa valeur personnelle et les techniques de recherche. Il s’agit d’acquérir la capacité à expliquer son projet personnel et ses perspectives de carrière et savoir utiliser les réseaux des fédérations professionnelles et des associations.

Le processus de personnalisation. Selon Dominique Lecerf, la gestion des ressources humaines des armées implique un recrutement à la hauteur des ambitions du pays, avec la garantie d’une reconversion pour les militaires après une carrière d’une durée courte ou moyenne. Dans tous les corps de métiers, l’identité du groupe imprègne l’individu, mais ne doit pas être excessive. L’acquisition de compétences va de pair avec la volonté de progresser. Le passage de la vie militaire à une activité professionnelle civile doit se faire, autant que possible, en harmonie avec un nouveau projet de vie. Ainsi, le taux de satisfaction des personnels en reconversion passe de 62 % au début à 40 % au bout de 18 mois. De plus, un tiers d’entre eux rencontre des difficultés à se maintenir dans un emploi civil trois ans après avoir quitté les armées.

Reconversion et acculturation. Dans le monde civil, les gens qui changent d’emploi éprouvent les mêmes difficulités mais pour 70 % d’entre eux ça se passe bien, indique Bruno de Lalande. Certaines entreprises partagent les mêmes valeurs de savoir être, de loyauté et de confiance. Depuis la professionnalisation des armées (2002), il est devenu plus facile pour les militaires de passer d’un monde à l’autre. Le Medef et l’État-major des armées ont constitué des groupes de travail sur la reconversion des militaires en fonction des besoins des entreprises, la réserve de défense et l’intégration des blessés à la vie civile.

Loïc Salmon

Selon un document de Défense Mobilité datant de 2015, les militaires se reconvertissent ainsi : 29 %, transport et logistique ; 14 %, services à la personne et à la collectivité, dont la sécurité ; 14 %, installation et maintenance ; 9 %, construction et bâtiments et travaux publics ; 9 %, industrie ; 6 %, support à l’entreprise ; 6 %, commerce, vente et grande distribution ; 12 %, autres secteurs, dont la fonction publique.

Monde combattant : écoute, concertation, protection et modernisation

Défense : le « plan mixité » pour la performance opérationnelle

Défense : le Plan Famille, soutien du moral des troupes




Forces spéciales

Autonomie, faible empreinte, réactivité et démarche innovante caractérisent les forces spéciales, qui disposent d’un vivier de réservistes opérationnels.

Pendant la guerre du Golfe après l’invasion du Koweït par l’armée irakienne (1990-1991), la France a mis en œuvre des forces spéciales dans l’urgence et sans les moyens adéquats. Pour combler son retard par rapport à celles des États-Unis et de la Grande-Bretagne, elle constitue alors une structure interarmées dédiée, le Commandement des opérations spéciales (COS). Durant la décennie 1990, les forces spéciales (FS) françaises et alliées interviennent pendant la guerre interethnique et religieuse en Bosnie pour des missions de recherche et sauvetage de pilotes d’aéronefs abattus. Ensuite, faute de moyens satellitaires, elles privilégient le renseignement humain dans la recherche de criminels de guerre, grâce à une collaboration internationale étroite, puis procèdent à leur capture par des opérations complexes mobilisant des moyens aériens. Au Kosovo, elles effectuent des missions de renseignement et de sécurisation des sites industriels sensibles avec, parfois, des mesures de coercition et de neutralisation. Selon l’actualité géopolitique, les forces spéciales sont envoyées dans les zones de crises majeures (Somalie, Comores, Sierra Leone, Guinée Bissau, Centrafrique, Rwanda et République du Congo) pour empêcher des massacres ou exfiltrer des ressortissants français. Pendant les années 2000, le COS organise des opérations de neutralisation de djihadistes et de démantèlement de cellules de l’organisation terroriste Al-Qaïda en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique. En Afghanistan, la France obtient la certification OTAN de nation-cadre pour la conduite d’opérations spéciales. Par ailleurs, des FS sont associées à la lutte contre la piraterie en Somalie ou contre les narcotrafics (cocaïne et amphétamines), actifs entre l’Amérique latine et l’Europe via les ports africains. Le contrôle des navires de commerce nécessite des gendarmes et des FS, en liaison avec les services régionaux de lutte contre la drogue (États-Unis et États des petites Antilles). Dans la décennie 2010, les FS réduisent en intensité leurs actions militaires en Afghanistan et sont redéployées au Levant et au Sahel. Dès 2013, elles sont envoyées au Mali pour des missions de contre-terrorisme et de neutralisation d’individus « à haute valeur ». Les opérations, effectuées à 90 % de nuit, incluent combats, indentifications, retours à la base d’appui et de soutien puis réengagements sur le terrain après de brève périodes de repos. Les opérations de libération d’otages connaissent des succès, mais aussi des échecs avec des morts et des blessés parmi les FS. En mars 2020, la « Task Force Takuba », composée uniquement de FS européennes (dix pays) mais majoritairement françaises, appuie et soutient l’armée malienne et l’aide à constituer des FS…jusqu’au départ des forces françaises le 30 juin 2022. A l’avenir, les détachements de FS seront amenés à agir dans des « zones grises » militarisées, où l’adversaire cherchera à contester la présence française tout en restant sous le seuil de l’affrontement par des actions « hybrides ». Ils devront apprendre à descendre au niveau tactique des moyens de types cyberattaque, guerre électronique et, éventuellement, d’influence ou d’actions sur l’environnement. Il ‘agira de comprendre les intentions de l’adversaire pour les dévoiler, grâce à une plus grande fusion de tous les types de renseignements et une approche multi-capteurs, tournée vers l’appui à l’action. Selon le Service de santé des armées, la « télémédecine » devrait prendre plus d’ampleur sur fond d’attaque cyber. Compte tenu des retours d’expérience et de la crise sanitaire du Covid-19, l’adversaire pourrait tenter de rendre peu crédible le soutien médical aux FS et ainsi semer le doute parmi elles.

Loïc Salmon

« Force spéciales », ouvrage collectif. Éditions de La Martinière et Musée de l’Armée Invalides, 320 pages, nombreuses illustrations, 35 €

Exposition « Forces spéciales » aux Invalides

Corps et âme

Défense : le chef de l’EIGS tué et le grand contrat australien rompu

 




Défense : « Revue nationale stratégique 2022 »

Crise sanitaire et climatique et retour d’une guerre de haute intensité en Europe rappellent l’interdépendance internationale dans les domaines alimentaire, économique et énergétique. Quand la compétition et la confrontation stratégiques se confondent, souveraineté et résistance prennent un tour nouveau.

Cela ressort de la « Revue nationale stratégique 2022 » présentée, le 9 novembre 2022 à Toulon, par le président de la République Emmanuel Macron, à bord du porte-hélicoptères amphibie Dixmude, et détaillée par le Secrétariat de la défense et de la sécurité nationale.

Environnement stratégique. Postures d’intimidation ou stratégies agressives se manifestent, mêlant modes d’action militaires et non militaires, manipulation de l’information et menace nucléaire à des fins d’intimidation. La désinhibition des puissances globales et régionales, poursuivant des révisions de l’Histoire et des politiques militaires opportunistes, va de pair avec le renforcement de la tendance aux replis isolationnistes ou identitaires. Prolifération technologique et menace terroriste restent d’actualité. En outre, des déséquilibres risquent d’émerger, notamment sur l’accès à l’eau, l’insécurité alimentaire, les migrations, la démographie et les pandémies. Une réponse globale vise à favoriser l’émergence d’une conception commune et partagée de la défense de l’Europe et de son autonomie stratégique. Les menaces s’inscrivent dans un cadre marqué par la haute intensité de l’affrontement potentiel entre forces conventionnelles. Elles se concrétisent par les stratégies « hybrides » (attaques cyber, numériques et dans l’espace) ou de déni d’accès à une zone pour peser sur les intérêts de la France (exploitation des vulnérabilités des flux ou infrastructures logistiques et des espaces aéromaritimes).

Défense et action. Pour lutter contre les menaces hybrides, la France s’appuie sur l’OTAN et l’Union européenne afin de bénéficier d’effets de levier. Sa stratégie d’influence mobilise une diplomatie publique dans une approche globale et sur le temps long, pour valoriser ses engagements et riposter efficacement à des manœuvres ou à des attaques informationnelles, notamment en Afrique. La communication stratégique de la France, éventuellement coordonnée avec celles de ses alliés, vise à porter un message cohérent, crédible et efficace vers les compétiteurs, partenaires ou alliés et vers les opinions publiques nationale et internationale. La France lutte contre l’utilisation du droit et de la norme, comme outil stratégique (« lawfare »), par ses compétiteurs et appuie l’adoption d’outils européens concourant à la lutte contre l’extraterritorialité. Elle développe de outils de riposte contre les sociétés militaires privées, groupes armés ou milices utilisées comme intermédiaires (« proxies ») par des puissances hostiles, pour démultiplier leurs actions de contestation ou de compétition, tout en maintenant un déni plausible. Diffusion d’informations, sanctions françaises ou européennes, poursuites judiciaires ou même actions militaires pourront cibler ces groupes, s’ils mènent des activités préjudiciables aux intérêts de la France, portent atteinte aux droits humains ou commettent des crimes de guerre.

Ambition pour 2030. Afin de devenir une puissance d’équilibres dans le monde en 2030, la France entend contribuer à la stabilité en Méditerranée, grâce à des capacités d’engagement dans un conflit de haute intensité. Elle peut déjà assumer le rôle de nation-cadre au sein d’une coalition de l’OTAN, de l’Union européenne ou de circonstance. Dans le cadre de partenariats équilibrés, elle agit de l’Afrique subsaharienne au golfe Arabo-Persique, à partir de points d’appui adaptés, et contribue à la stabilité de la zone indopacifique. Avec ses partenaires, elle assure sa liberté d’action dans les espaces communs (cyber, spatial, fonds marins et espace aéromaritime) et la sûreté de ses voies d’approvisionnements.

Loïc Salmon

Défense : actualisation de la LPM 2014-2019

OTAN : actualisation du concept stratégique et complémentarité navale franco-américaine

Prospective 2030 : tendances lourdes consolidées et ruptures technologiques prévisibles




Défense : l’innovation, pour la supériorité opérationnelle et l’autonomie stratégique

Espace, Robotique, hypervélocité et stratégie capacitaire pour la maîtrise des fonds marins sont pris en compte par le ministère des Armées dans l’hypothèse d’un engagement majeur d’ici à 2030.

Selon le « Document de référence de l’orientation de l’innovation de défense » publié le 21 juillet 2022, le ministère bénéficiera de financements dans le cadre du Plan d’investissements France de 34 Mds€ sur 5 ans, lancé en octobre 2021, et du Fonds européen de défense. Le document de référence intègre les ajustements de la loi de programmation militaire 2019-2025 en matière de cyberdéfense, défense NRBC (nucléaire, biologique, radiologique et chimique) et lutte anti-drones. Par ailleurs, le réseau de 9 « clusters » (regroupements d’entreprises) d’innovation technique de la Direction générale de l’armement démultiplie l’action de l’Agence de l’innovation de défense.

Frappe dans la profondeur. A l’horizon 2030, la principale menace porte sur la contestation d’espaces et d’accès par des moyens de défense aérienne, à savoir des radars et des systèmes surface-air intégrés en réseaux maillés, éventuellement utilisés en coordination avec une aviation de combat. Des barrières de défense navales de plusieurs centaines de kilomètres de large ou de profondeur peuvent gêner certains modes d’action offensifs et défensifs. La capacité de frapper des cibles à haute valeur ajoutée dans la profondeur du dispositif adverse, en mer ou à terre en limitant les risques, nécessite de pouvoir agir depuis le territoire national, à partir de bases aériennes projetées, d’emprises terrestres avancées ou depuis la mer. Cela implique diverses préparations : développement du futur missile antinavire et du futur missile de croisière mis en œuvre à partir de plateformes aériennes ou navales ; rénovation à mi-vie du missile de croisière naval ; mise au point de futurs matériaux énergétiques de défense ; montée à maturité des technologies des planeurs hypersoniques pour faire face à l’évolution des défenses et aux stratégies de déni d’accès de l’espace aérien ; évaluation des technologies de missiles pour répondre à la frappe sol-sol longue portée ; maintien de la capacité d’innovation dans le domaine des missiles ; développement de technologies pour l’artillerie électrique.

Systèmes spatiaux. Face aux menaces de déni d’accès (enjeu de souveraineté) et de leurrage (enjeu industriel), la navigation par satellite doit disposer de récepteurs intégrables dans les systèmes d’armes. La « Navwar », qui correspond à la maîtrise du spectre sur les bandes de fréquences de GNSS (système de positionnement par satellite d’un élément en temps réel partout dans le monde), inclut les activités suivantes : la protection pour se prémunir d’une attaque adverse et maintenir ses propres capacités de navigation ; la surveillance pour détecter, localiser et caractériser les attaques adverses ; l’action offensive pour empêcher l’utilisation des informations de GNSS par l’adversaire sur une zone donnée. Il s’agit aussi de préparer les évolutions du programme « Oméga » (opération de modernisation des équipements de radionavigation par satellite des armées) selon la menace, en améliorant les antennes et les traitements de données. Vers 2030, l’approche défensive d’Oméga sera complétée par des capacités de détection, caractérisation et localisation de la menace. Le développement d’une résilience système et un volet offensif permettront ainsi d’adapter la manœuvre opérationnelle.

Loïc Salmon

Guerre future : menaces balistiques et spatiales accrues

Stratégie : maîtrise des fonds marins, ambition et opérations

Défense : l’AID, interlocutrice des porteurs d’innovation

 




« Les galons de la BD », un hommage à l’engagement militaire

Le ministère des Armées s’intéresse à la bande dessinée via l’initiative « Les
galons de la BD », destinée à rendre hommage aux militaires engagés en opérations.

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Service historique de la défense

En lien depuis plusieurs années avec le Service historique de la défense (SHD), Michel Bugeaud, président de la section, s’est investi dans la collecte des témoignages d’anciens combattants de la guerre d’Algérie en associant les plus jeunes générations. Il a souhaité nous en faire connaitre les archives privées et les témoignages oraux.

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S’engager ! De l’Antiquité au XXIème siècle

Au cours de l’Histoire, les armées professionnelles n’ont jamais suffi pour défendre un pays en cas de menace directe. Les circonstances ont imposé le recours aux réserves fournies par la conscription, pas toujours universelle.

Dans la Grèce antique, remplir ses obligations militaires à 18 ans donne au jeune homme accès aux droits civiques. Les conquêtes et le développement du commerce favorisent le recours aux mercenaires. Sous la République romaine, tout citoyen est mobilisable dès 17 ans. Au IIIème siècle, la défense de l’Empire ne repose plus que sur une armée de métier et surtout les tribus barbares alliées…qui finiront par provoquer sa chute en 476. En Gaule, en contrepartie de terres, la dynastie mérovingienne institue le « ban », forme embryonnaire du service militaire pour les nobles. Pendant la féodalité, celui-ci devient « l’ost », où la garantie de l’Etat en Grèce et à Rome est remplacée par une relation d’assistance mutuelle entre le vassal et son seigneur. Charlemagne impose à ces derniers l’obligation de fournir le dixième de leurs serfs pour assurer la logistique de l’ost. La guerre ne se pratique qu’au printemps. En 1303, Philippe le Bel convoque exceptionnellement le ban pour quatre mois au lieu de trois. Dès le Xème siècle, certaines villes constituent des milices pour se défendre. Par ailleurs, les nobles subissent la concurrence des bourgeois au sein du ban, qui se dévalorise avec l’apparition d’une armée royale de soldats de métier soldés par la « taille », impôt permanent. Cette armée, bien organisée, mieux entraînée et immédiatement disponible, se diversifie en infanterie, cavalerie et artillerie au cours de la guerre dite de Cent Ans (1337-1453). A partir du XVIIème siècle, la fonction militaire devient une profession à part entière, où l’éducation initiale et le perfectionnement des connaissances supplantent le respect des traditions ancestrales. L’entrée de la France dans la guerre de Trente Ans (1618-1648) et la disparition du mercenariat conduisent à un recrutement des troupes, pendant l’hiver, par les sous-officiers et les « bas-officiers » qui assurent la continuité de l’encadrement et du commandement. Les nobles, colonels ou capitaines propriétaires de leur unité, ne sont militaires que pendant les périodes de combat puis se retirent dans leurs terres. Les ordonnances royales améliorent la condition du soldat, notamment par la constitution d’un cops d’inspecteurs des troupes et de leur matériel (1667) et la construction de l’Hôtel royal des Invalides (1675). Pour compléter les effectifs, Louis XIV institue, au sein des paroisses, la milice royale, fondement du devoir militaire des sujets du roi par tirage au sort mais avec des exemptions possibles. La désertion, passible de la peine de mort depuis l’ordonnance de 1635, se trouve, dans les faits, commuée en condamnation aux galères de la Marine royale. Devant la menace d’invasion de la France par les armées européennes l’Assemblée nationale déclare la patrie en danger en 1793 et décrète la levée en masse des volontaires. La conscription, officialisée par la loi Jourdan-Delbrel de 1798, perdure, avec le retour des exemptions et du tirage au sort, pendant les guerres napoléoniennes et après. Les deux conflits mondiaux nécessitent la mobilisation générale. Pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), 80 % des soldats déployés sont des « appelés ». Depuis 2002, la conscription, suspendue mais pas supprimée, concerne aussi les filles.

Loïc Salmon

« S’engager ! De l’Antiquité au XXIème siècle », Matthieu Chillaud. Editions Pierre de Taillac, 200 pages, illustrations, 29,90 €.

Soldats de Napoléon

Défense : durer et vaincre dans un conflit de haute

intensité

Faut-il recréer un service national ?




Union européenne : présidence française, acquis de la défense

L’engagement écrit de nouveaux financements pour l’acquisition de capacités de défense, obtenu lors de la présidence de la France au premier semestre 2022, manifeste le réveil stratégique de l’Union européenne (UE).

Ce dernier et la « boussole stratégique », actualisée en cohérence avec le nouveau concept stratégique de l’OTAN, ont été présentés à la presse, le 7 juillet 2022 à Paris, par Alice Guitton, directrice générale des relations internationales et de la stratégie du ministère des Armées.

L’Europe puissance. Véritable Livre blanc de la défense de l’UE à l’horizon 2030, la boussole stratégique a été adoptée par les 27 Etats membres. L’invasion de l’Ukraine, le 22 février, a rendu nécessaires la crédibilité de l’OTAN et sa coordination avec l’UE pour dissuader la Russie d’attaquer l’un des membres de l’Alliance atlantique. La boussole stratégique sera mise en œuvre et déclinée en liaison étroite avec la République tchèque puis la Suède, qui succèdent à la France à la tête du Conseil européen jusqu’au 30 juin 2023. Elle porte d’abord sur une capacité de déploiement rapide, adossée à des processus de décision plus flexibles, plus réactifs et plus adaptés aux besoins des pays partenaires. Les missions PSDC (politique de sécurité et de défense commune) seront rénovées pour permettre des coopérations structurelles, plus en soutien des besoins de souveraineté des partenaires de l’UE et des modalités d’actions. Un investissement de l’ensemble des Etats membres doit garantir un accès sûr à l’espace, au cyber et à la haute mer, domaines contestés, avec les lancements d’une présence maritime coordonnée dans l’océan Indien et d’une stratégie spatiale avec l’exercice Aster X, tenu à Toulouse le 4 mars. Outre la zone indopacifique, l’accent a été mis sur les Balkans et l’Afrique. Le dialogue entre l’UE et les Etats-Unis a repris en matière de sécurité et de défense. Conçue pour la gestion de crise dans les Balkans ou en Afrique, la « Facilité européenne pour la paix », instrument extrabudgétaire créé en 2021, visait d’abord à financer les équipements et armements des troupes des EUTM (missions de formation de l’armée d’un pays tiers). Depuis, elle a été mobilisée pour fournir des armes à l’Ukraine pour un montant de 2 Mds€.

La BITD européenne. Des réponses urgentes ont été apportées pour combler les lacunes capacitaires. Lors de sa réunion des 24 et 25 mars et avant même l’adoption de la boussole stratégique, le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement a demandé à la Commission européenne et à l’Agence européenne de défense de proposer des solutions de court et moyen termes pour soutenir et renforcer la base industrielle et technologique de défense (BITD) européenne. En outre, il a décidé de créer un « hub » (plateforme) en charge de l’innovation au sein de l’Agence européenne de défense. Par ailleurs et sur sa demande, la Commission européenne a proposé la création de deux nouveaux instruments d’incitation à l’acquisition conjointe d’équipements militaires. Le premier est un plan d’urgence pour réapprovisionner les stocks de matériels pour un montant de 500 M€ sur 2022-2024, soutenu par le budget de l’UE. Le second consiste en un programme européen d’investissements de défense pour faciliter l’achat conjoint, via des exemptions de taxe à la valeur ajoutée et des flexibilités réglementaires. Il offre la possibilité de mobiliser des financements du budget de l’UE pour renforcer la BITD. Même après la guerre en Ukraine, les dépenses de défense devraient continuer à augmenter de façon significative, estime Alice Guitton.

Loïc Salmon

OTAN : actualisation du concept stratégique et complémentarité navale franco-américaine

Océan Indien : espace de coopération internationale

Armée de l’Air et de l’Espace : imaginer et mettre en œuvre une défense spatiale




14 juillet 2022, un défilé sur fond de guerre en Ukraine

Outre ses spécificités interarmées et de cohésion et de résilience nationales, le défilé militaire du 14 juillet 2022 à Paris prend en compte l’engagement de l’OTAN et de l’Union européenne (UE) dans la défense du flanc Est de l’Europe.

Le général de corps d’armée Christophe Abad, gouverneur militaire de Paris, l’a présenté à la presse le 7 juin 2022.

Opérations. Comme l’indique le logo officiel (voir illustration), l’OTAN de l’UE sont représentées par les détachements de neuf pays membres, qui défilent avec un porte-drapeau : Bulgarie ; Estonie ; Hongrie ; Lettonie, Lituanie ; Pologne ; Roumanie, Slovaquie ; Tchéquie. Toutefois, précise le général Avad, cela n’implique pas automatiquement la présence de leur chef d’Etat ou de gouvernement respectif. Des militaires des missions défensives et dissuasives de réassurance sur le flanc oriental de l’Europe sont aussi mis à l’honneur : 61 pour l’armée de Terre, dont 12 Belges de la mission « Aigle » en Roumanie ; 30 de l’armée de l’Air et de l’Espace ; 30 de la Marine nationale. Les opérations extérieures « Barkhane » (Afrique) et « Chammal » (Levant) sont représentées par l’armée de l’Air et de l’Espace, à savoir 1 avion ravitailleur C135 et 6 avions de chasse : 3 Mirage 2000 D ; 1 Mirage 2000 C ; 1 Rafale C ; 1 Rafale B. Les Forces aériennes stratégiques représentent la dissuasion, mission permanente de défense des intérêts vitaux de la France, avec 1 A330 MRTT (ravitailleur), 1 Rafale C et 3 Rafale B.

Anniversaires. L’édition 2022 célèbre certains anniversaires : pour l’armée de Terre, les 400 ans des Troupes de marine et les 80 ans des Transmissions ; pour la Marine nationale, les 50 ans de la première patrouille d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (instrument de la composante maritime de la dissuasion nucléaire), les 80 ans des fusiliers-commandos (fuscos), les 50 ans de la préparation militaire marine et les 70 ans du « Bagad » (orchestre breton) de Lann Bihoué, qui participe à l’animation initiale avec 35 musiciens ; pour l’armée de l’Air et de l’Espace, les 80 ans du Régiment de chasse de Normandie-Niemen, à l’origine unité des Forces françaises libres engagée aux côtes de l’armée de l’Air soviétique entre 1942 et 1945, puis en Indochine (1949-1951) et en Algérie (1954-1962), mise en sommeil en 2009, réactivée en 2012 et rattachée à la 30ème Escadre de chasse depuis 2015 ; pour la dimension interarmées, les 30 ans du Commandement des opérations spéciales, créé après la guerre du Golfe.

Parade militaire et civile. L’édition 2022 compte : 6.300 participants, dont 5.000 à pied ; 64 avions, 26 hélicoptères et, pour la première fois, 1 drone de combat Reaper ; 62 motos et 119 véhicules et engins dont, pour la première fois également, l’engin blindé de reconnaissance et de combat Jaguar ; 200 chevaux de la Garde républicaine ; 12 chiens des fuscos et de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP). Outre les écoles des cadres militaires, défilent des unités des trois armées, du Commissariat et du Service de santé des armées ainsi que, pour la Gendarmerie, l’infanterie de la Garde républicaine et le Commandement du cyberespace. Suivent des personnels de la Direction des affaires juridiques, des ministères de l’Intérieur, de la Justice et de l’Economie. Traditionnellement, la Légion étrangère ferme la marche de son pas lent. L’animation finale est assurée par la BSPP, le Chœur de l’armée française, des élèves des lycées de la Défense, des demoiselles des maisons d’éducation de la Légion d’honneur (crée en 1802) et des décorés civils et militaires des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo (été 2020) et de Pékin (hiver 2022).

Loïc Salmon

Ukraine : le volet français de la défense du flanc Est de l’Europe

14 juillet 2021 : engagements de haute intensité, technologies de pointe et anniversaires

La Légion étrangère : combats pendant, solidarité après