Depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine le 24 février 2022, la France contribue à la posture défensive de l’OTAN, de la Norvège à la Bulgarie.
Les colonels Pascal Ianni (Etat-major des armées) et Stéphane Spet (armée de l’Air et de l’Espace) l’ont expliqué à la presse, le 10 mars 2022 à Paris.
Le théâtre ukrainien. La Russie prévoyait une offensive courte et rapide, souligne le colonel Ianni. Faire manœuvrer 150.000 hommes demande du temps et nécessite une logistique énorme, en essence et munitions, calculée pour la première partie de la guerre. Une progression rapide sur une longue distance consomme beaucoup de carburant. Or en Ukraine, la logistique russe, basée traditionnellement sur le chemin de fer, a dû utiliser des camions. Les troupes russes, massées à la frontière ukrainienne, l’ont franchie en totalité et doivent y acheminer leurs propres ressources. En revanche, les forces ukrainiennes se battent chez elles et continuent de leur causer des pertes sévères, estimées déjà à 4.000 morts selon les services de renseignement américains. Les chiffres diffusés par les belligérants manquent de crédibilité, car manipulés dans le cadre de la guerre de l’information. En général, l’attaquant au sol doit disposer de trois fois plus de combattants que la défense adverse pour pouvoir l’emporter. Après deux semaines de combats, la « pause opérationnelle » des troupes russes, mais pas des bombardements, doit logiquement durer jusqu’à l’arrivée des réserves sur les différents fronts.
Le dispositif français. La France apporte un soutien militaire à l’Ukraine, rappelle le colonel Ianni. Les entretiens téléphoniques du président de la République, du chef d’Etat-major des armées et de l’amiral commandant en chef pour la Méditerranée se poursuivent avec leurs homologues russes pour la « déconfliction », actions de coordination pour réduire les risques d’accidents susceptibles de conduire à une escalade militaire. Au Sud où la France dispose de sa capacité autonome d’appréciation de la situation pour affirmer sa liberté d’action, les groupes aéronavals français et américain se coordonnent en Méditerranée orientale. Conformément au dispositif de vigilance renforcée de l’OTAN, un avion d’alerte avancée E-3F Awacs, parti de la base d’Avord, effectue des missions de défense aérienne et de renseignement à la frontière bulgare. En Roumanie, la mission « Aigle » de réassurance terrestre est menée par 500 militaires issus des 27ème Bataillon de chasseurs alpins, 126ème Régiment d’infanterie, 4ème Régiment de chasseurs et 4ème Régiment d’artillerie de montagne. A la frontière polonaise, 2 avions de chasse Rafale (partis de Mont-de-Marsan) et 1 avion-ravitailleur Phénix (parti d’Istres) renforcent la défense aérienne. En Norvège, des éléments français des trois armées participent aux exercices OTAN « Brilliant Jump 22 » et « Cold Response 22 » de dissuasion et de posture défensive, prévus de longue date. En outre, la frégate multi-missions Languedoc poursuit sa patrouille en mer de Norvège. Pour protéger et contrôler l’espace aérien des Etats baltes, indique le colonel Spet, 100 militaires et 4 Mirage 2000-5 participent à police du ciel de l’OTAN. Ce dispositif alterne les semaines de permanence opérationnelle avec celles d’entraînement en Lituanie. Toutes ces missions sont pilotées par le Centre air de planification et de conduite des opérations de Lyon-Mont Verdun. Enfin, le Centre national des opérations aériennes (même base) interdit le survol de la France à tous les aéronefs civils des compagnies aériennes russes ou affrétés par des ressortissants russes.
Loïc Salmon
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