Sécurité : la menace informationnelle visant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024

L’audience considérable des retransmissions des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris a offert des opportunités de manœuvres malveillantes par des acteurs étrangers, amplifiées sur les réseaux sociaux et portant notamment sur l’immigration, l’insécurité, l’insalubrité, l’inclusion des minorités et le genre.

En septembre 2024, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale a rendu publique une synthèse réalisée par « Viginum », son service technique et opérationnel de vigilance et de protection contre les ingérences étrangères.

Manœuvres informationnelles. La cérémonie d’ouverture des Jeux le 26 juillet a été vue par 41,5 millions de téléspectateurs de la chaîne américaine NBC, soit presque le double de celle des Jeux de Tokyo (23 juillet 2021), et par 24 millions de téléspectateurs de France Télévisions, deuxième meilleur score de son histoire. Les manœuvres étrangères, détectées en amont et durant les Jeux, ont instrumentalisé, de façon planifiée ou opportuniste, tout événement d’actualité en lien avec eux, en vue de quatre finalités. La première portait sur l’image et la réputation de la France en dénigrant sa capacité à accueillir, organiser et sécuriser les compétitions. La deuxième visait à produire de effets économiques en attaquant les parties prenantes des Jeux, les sponsors ou tout autre acteur économique français. La troisième voulait remettre en cause les valeurs universelles et démocratiques. La quatrième cherchait à provoquer ou amplifier des troubles à l’ordre public, afin de perturber le déroulement des événements.

Modes opératoires. Entre avril 2023 et le 8 septembre 2024, Viginium a identifié 43 manœuvres internationales ayant ciblé les Jeux. Parmi elles, la fausse bannière consiste à utiliser les marques de reconnaissance d’un adversaire pour semer la confusion. Ainsi, sur X, Facebook et Telegram (pro-russe), une vidéo a montré un membre du Hamas menaçant les Jeux, accusant la France de soutenir Israël et dénonçant la participation d’athlètes israéliens. L’amplification d’actions dans le champ physique utilise des affichages ou des tags dans des lieux publics pour générer des publications sur des plateformes en ligne en faveur d’une cause. Ainsi, la photo d’une publicité sur un abribus à Paris, ciblant la délégation israélienne, a été massivement reprise sur X, en majorité par des comptes propalestiniens. Sur Telegram, Facebook et X, des photos de graffiti ont représenté deux mains se transmettant une arme au-dessus des logos des Jeux Olympiques de Munich (1972), où onze athlètes israéliens ont été assassinés par l’organisation terroriste palestinienne « Septembre Noir ». Un « doxxing » a divulgué en ligne des données personnelles sur des athlètes israéliens en les accusant de crimes de guerre. Des comptes pro-iraniens ont diffusé des visuels, réalisés avec l’intelligence artificielle (IA) en utilisant le logo d’Amnesty International, lesquels montrent des athlètes israéliens agressant des civils palestiniens et appellent au boycott de la délégation israélienne. L’écosystème numérique pro-iranien a créé un environnement hostile aux athlètes israéliens et accusé le Comité international olympique de « double standard » entre eux et les athlètes russes et biélorusses, obligés de concourir sous une bannière neutre. Des contenus audiovisuels originaux, mais inexacts et trompeurs, ont été produits et diffusés. Une vidéo réalisée avec l’IA, affirmant que la Seine est aussi polluée que le Gange en Inde et que l’air de Paris serait trop nauséabond pour les athlètes, a été diffusée sur des plateformes chinoises. La vidéo d’une influenceuse étrangère sinophone critiquant les Jeux a été vue plus de deux millions de fois sur diverses plateformes. Le dispositif pro-russe Matriochka a utilisé la charte graphique de la DGSI ou de la CIA pour affirmer que le niveau de risque terroriste était trop élevé pour assurer la sécurité.

Loïc Salmo

Défense : les contributions des armées aux Jeux Olympiques 2024

Défense : contributions des armées à la sécurisation des Jeux Olympiques 2024

Défense : le CNSD, pôle d’excellence militaire et sportive

 




Armée de l’Air et de l’Espace : retour d’expérience de « Pégase 2024 » en Indopacifique

La mission « Pégase 2024 » dans la zone Indopacifique (27 juin-15 août) souligne la capacité de la France à déployer très loin une force aérienne, selon le triptyque Rafale, MRTT et A400 M. Le dispositif a mobilisé 480 aviateurs pendant 50 jours sur plus de 90.000 km et dans 13 pays.

Le général de division aérienne Guillaume Thomas, qui en a assuré le commandement tactique, a présenté un retour d’expérience à la presse, le 12 septembre 2024 à Paris. Pendant « Pégase 2024 », l’armée de l’Air et de l’Espace a maintenu ses engagements opérationnels et de sécurisation des Jeux Olympiques (26 juillet-11 août) et Paralympiques (28 août-8 septembre).

Montée en puissance. Pour la première fois, la mission « Pégase » a fait escale à Saint-Pierre-et-Miquelon (un seul A 400 M) à l’aller et à l’île de La Réunion au retour. Pour la première fois, elle a rejoint directement l’Australie avec une escale préalable au Japon. L’évolution d’avions de chasse dans le Pacifique-Nord s’avère difficile, en raison des grandes distances en mer et des conditions météorologiques. Les contingents allemand, espagnol et français sur avions tactiques A400 M ont participé à un exercice de sauvetage pour porter assistance à un équipage confronté à une éjection. Les aviateurs des trois pays membres du programme SCAF (système de combat aérien du futur) ont participé à la planification et à la conduite de « Pégase 24 », dans des pays jamais visités au préalable ou des zones différentes de celles où ils évoluent habituellement. Entre le Canada et l’Australie, le dispositif chasseurs et ravitailleurs a été « mixé », l’unité multinationale MRTT alimentant les Typhoon espagnols et les Rafale français. La maintenance des A 400 M a été « croisée » avec des mécaniciens allemands et français. Les missions aériennes en Indopacifique montent en puissance. La 1ère édition « Pégase 2018 » a mobilisé 3 Rafale, 1 MRTT et 1 A400 M pendant trois semaines avec des escales en in Inde, Malaisie, Indonésie et Australie, à Singapour et au Viêt Nam. La 2ème édition « Heifara 2021 » (3 Rafale, 2 MRTT et 2 A400 M), pendant trois semaines, a porté sur la rapidité jusqu’en Polynésie française en 40 heures et des escales aux États-Unis. La 3ème édition « Pégase 2022 » (3 Rafale, 2 MRTT et 2 A 400 M) a porté sur la rapidité et les opérations multi-domaines (terre, air, mer et espace) pendant trois semaines avec des escales en Inde, Indonésie et Australie et à Singapour. La 4ème édition « Pégase 2023 » a porté sur la masse du déploiement (10 Rafale, 5 MRTT et 4 A 400 M) pendant six semaines avec des escales en Inde, Indonésie, Australie et Corée du Sud et au Japon. La 5ème édition « Pégase 2024 » (7 Rafale, 5 MRTT et 5 A 400 M) a inclus une projection de la Force expéditionnaire conjointe franco-britannique avec 6 Typhoon britanniques, 3 Rafale, 3 MRTT et 4 A400 M depuis la France jusqu’en Australie avec deux étapes aux Émirats arabes unis et à Singapour.

Exercices interalliés. Pendant « Pégase 2024 », trois grands exercices ont permis l’entraînement en vue d’un conflit de haute intensité (détails dans l’article lié ci-dessous). « Arctic Defender » (6-18 juillet) s’est déroulé en Alaska dans une vaste zone permettant d’évoluer sans contrainte dans des modes supersoniques et à très basse altitude pour les Rafale (expérimentations de la dernière version F 4.1) et les Typhoon et avec des atterrissages sur des terrains sommaires pour les A400 M. « Pitch Black » (12 juillet-3 août) s’est déroulé en Australie sur une zone (60 % la superficie de la France) permettant l’engagement de 80 aéronefs en même temps. Des maintenances croisées entre techniciens australiens et français ont eu lieu sur les MTRTT. « Tarang Shakti », premier exercice aérien multinational en Inde avec les participations de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et de la Grande-Bretagne, a permis des maintenances croisées indiennes et françaises sur Rafale. Pour la première fois, les Philippines ont été incluses dans une mission « Pégase ».

Loïc Salmon

Armée de l’Air et de l’Espace : « Pégase 24 » en Indopacifique

Armée de l’Air et de l’Espace : missions « Heifara » et « Wakea » dans le Pacifique

Aéronautique militaire : technologie, stratégie et concurrence accrue




Défense : les contributions des armées aux Jeux Olympiques 2024

Les armées ont déployé 18.000 militaires en appui des forces de sécurité intérieure lors des Jeux Olympiques de Paris (26juillet-11 août). Sur les 64 médailles obtenues par l’équipe de France, 21 ont été remportées par des personnels du ministère des Armées.

Le général Lionel Catar, commandant la 27ème Brigade d’infanterie de montagne et de la « brigade olympique », a présenté un bilan à la presse le 27 août 2024 à Paris. L’armée de l’Air et de l’Espace a déployé une « bulle de protection » pendant la cérémonie d’ouverture et la Marine nationale a contribué à la sécurisation de la rade de Marseille et des épreuves de surf à Tahiti. Outre les 10.000 militaires de l’opération « Sentinelle » contre le terrorisme, le gouverneur militaire de Paris a bénéficié, pour la première fois, du renfort d’une brigade interarmes de l‘armée de Terre, qui a pris l’appellation de « brigade olympique ». Le dispositif est adapté pendant les Jeux Paralympiques du 28 août au 8 septembre.

Sécurisation terrestre. Le déploiement de dispositifs visibles a dissuadé les éventuels perturbateurs des Jeux, qui se sont déroulés sans incident, souligne le général Catar. Plus de 45 régiments ont fourni 5.600 soldats pour renforcer les diverses unités de protection, en collaboration étroite avec les services du préfet de Police de Paris et les autorités civiles des départements de la Grande Couronne. Un détachement d’hélicoptères légers (Gazelle) et de manœuvre (Caïman) a été stationné en région parisienne. Des moyens spécifiques de contrôle de zone ont été mis en œuvre, dont la Seine sur quatre kilomètres. Le dispositif de lutte anti-drones inclut des radars et des brouilleurs. Les patrouilles fluviales avec un détachement spécialisé de l’armée de Terre ont sécurisé le port de Paris et escorté les convois de péniches, notamment de céréales, pendant la période des Jeux. Plus de 60 drones ont effectué 1.500 vols, depuis juillet, pour assurer l’étanchéité du dispositif de protection avec des sonars sous-marins et des barrières fluviales. Un maillage très dense de patrouilles terrestres a permis d’éviter toute intrusion sur les quais aux approches du site, tout en maintenant une grande discrétion pour laisser les 300.000 spectateurs découvrir la cérémonie d’ouverture. Les patrouilles ont été intensifiées au large du château de Versailles et à Eurodisney, en passant par les plateformes de correspondance de transport, dont les gares, surtout après les sabotages du réseau TGV de la SNCF en juillet. Tout cela a été précédé par une longue préparation dès le printemps 2023. Débutée en novembre par l’exercice « Coubertin 23 » à Saint-Germain-en-Laye, la montée en puissance s’est poursuivie avec un séminaire de planification au printemps 2024, un exercice « Drone » en mai, l’installation du PC à l’École militaire et la prise de commandement tactique de la « brigade olympique » sur le dispositif « Sentinelle » en juin.

Médaillés olympiques. Les personnels des armées ont obtenu 4 médailles d’or sur les 16 de l’équipe de France, 6 d’argent (26) et 11 de bronze (22). Voici les militaires : second maître Shirine Boukli, médaille de bronze en judo -48 kg ; soldat de 1ère classe Luka Mkheidze, argent, en judo -60 kg ; maréchal des logis Manon Apithy-Brunet, or, en sabre individuel ; aviateur Nicolas Gestin, or, en canoë slalom ; sergent Thomas Chirault, argent, en tir à l’arc par équipe ; matelot Joan-Benjamin Gaba, argent, en judo -73kg ; adjudant Clarisse Agbegnénou, bronze, en judo -63kg ; sergent Léo Bergère, bronze, en triathlon ; sergent Anthony Jeanjean, bronze, en BMX Freestyle ; maître Charline Picon, bronze, en voile, série 49er FX; sergent Sylvain André, argent, en BMX Racing ; sergent Romain Mahieu, bronze, en BMX Racing ; matelot Johanne Defay, bronze, en surf ; soldat de 1ère classe Cyrian Ravet, bronze, en taekwondo -58 kg ; maréchal des logis Althéa Laurin, or, en taekwondo +67kg ; capitaine Élodie Clouvel, argent, en pentathlon moderne.

Loïc Salmon

Défense : contributions des armées à la sécurisation des Jeux Olympiques 2024

Défense : le CNSD, pôle d’excellence militaire et sportive

Influence du monde militaire sur les Jeux Olympiques




OTAN : 75ème anniversaire, soutien accru à l’Ukraine et partenariats extérieurs

Lors du sommet de l’OTAN tenu à Washington du 9 au 11 juillet 2024, 75 ans après de sa création, les pays membres ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine jusqu’à la victoire contre la Russie. En outre, l’OTAN approfondit des partenariats extérieurs.

Conseil OTAN-Ukraine. Les 32 chefs d’État et de gouvernement ont souligné « l’entière responsabilité de la Russie dans cette guerre (contre l’Ukraine), « violation flagrante du droit international et notamment de la Charte des Nations Unies ». Ils ont déploré « les souffrances et la destruction causées par la guerre d’agression, illégale et injustifiable, que la Russie a déclenchée en l’absence de toute provocation ». Les Alliés ont lancé le programme « NSATU » de formation et d’assistance à la sécurité en faveur de l’Ukraine, destiné à coordonner les formations et les livraisons d’équipements militaires et aussi à fournir un soutien logistique. Ils ont aussi annoncé l’adoption d’un engagement durable à l’Ukraine pour assurer sa sécurité en incluant un financement de 40 Mds€ pour l’année à venir. Le 11 juillet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejoint la réunion du Conseil OTAN-Ukraine, dont les membres lui ont confirmé leur aide pour une adhésion à l’OTAN, lorsque les conditions seront réunies. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a indiqué que 20 États membres de l’OTAN ont signé des accords bilatéraux avec l’Ukraine et que ce nombre continue d’augmenter. Il a ajouté qu’un centre d’analyse, d’entraînement et de formation, dénommé JATEC et auquel participera l’Ukraine, sera établi en Pologne, afin d’exploiter les enseignements à tirer de la guerre russo-ukrainienne, notamment en matière de résilience.

Partenariats extérieurs. Le 11 juillet, les dirigeants de l’OTAN ont rencontré ceux d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Japon, de Corée du Sud et de l’Union européenne (UE) pour parler de la sécurité commune. Face à l’alignement croissant de la Russie, de la Chine, de l’Iran et de la Corée du Nord, l’OTAN coopère de plus en plus étroitement avec ses partenaires de la zone Indopacifique et avec l’UE pour préserver la paix et protéger l’ordre international fondé sur des règles. Son secrétaire général a expliqué le rôle déterminant de la Chine dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Le prochain sommet de l’OTAN se tiendra en 2025 à La Haye (Pays-Bas).

Participation française à l’OTAN. En 2024, la France consacre 2 % de son produit intérieur brut à la défense, objectif fixé par l’OTAN. En outre, sa crédibilité se manifeste par l’interopérabilité dans les exercices interalliés. Ainsi, l’exercice « Steadfast Defender », le plus important de l’OTAN, a mis en cohérence des manœuvres multi-milieux (terre, air, mer et espace) et multi-champs (cyber et informationnel) de la guerre hybride à celle de la haute intensité. Il a englobé les exercices : « Joint Warrior », défense navale en mer de Norvège (25 février-5 mars) ; « Dragon », combats de blindés de haute intensité en Pologne (29 février-14 mars) ; « Nordic Response », combats polaires en Norvège et en Finlande (5-14 mars) ; « Springstorm », défense du territoire en Estonie (22 avril-30 mai) ; « Swift Response », opération parachutiste en Roumanie (5-24 mai) ; « Gran Quadriga », défense du territoire en Lituanie (12-31 mai) ; « Dacian Spring », déploiement d’un poste de commandement de niveau brigade en Roumanie (18-26 mai) ; « Neptune Strike » avec les groupes aéronavals français, américain, espagnol, italien et turc en Méditerranée (26 avril-16 mai). S’y ajoutent notamment : la mission « Aigle » avec un bataillon multinational de 1.000 soldats en Roumanie, où la France est nation-cadre (depuis le 28 février 2022) ; la contribution régulière à la police du ciel dans les pays baltes à partir de la Lituanie (4 Rafale de novembre 2022 à mars 2023 puis 4 Mirage 2000-5 de novembre 2023 à mars 2024) ; le système de défense sol-air Mamba déployé en Roumanie (depuis le 16 mai 2022).

Loïc Salmon

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14 juillet 2024, un défilé avenue Foch et sans véhicules modernes

Le défilé militaire du 14 juillet 2024 quitte l’avenue des Champs-Élysées à Paris et se déroule avenue Foch. Outre l’absence de véhicules militaires en service, l’effectif des troupes à pied diminue.

Le général de corps d’armée Christophe Abad, gouverneur militaire de Paris, l’a présenté à la presse le 10 juin 2024. Le défilé compte 4.500 participants, dont 4.000 à pied, 45 avions, 22 hélicoptères et 200 chevaux de la Garde républicaine.

Commémorations. L’animation initiale du défilé porte sur le 80ème anniversaire de la libération de la France. Des véhicules de la seconde guerre mondiale participent au défilé avec les emblèmes des 31 pays y ayant contribué : États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Slovaquie, République tchèque, Grèce, Pays-Bas, Norvège, Danemark, Belgique, Pologne, Luxembourg, Australie, Nouvelle-Zélande, Algérie, Maroc, Tunisie, Bénin, Cameroun, Comores, Congo, Guinée, Gabon, Côte d’Ivoire, Madagascar, Djibouti, Mauritanie, Sénégal, République centrafricaine, Tchad et Togo. Parmi les troupes à pied, figurent les unités « Compagnons de la Libération », à savoir : le Régiment de marche du Tchad pour l’armée de Terre ; le Commando Kieffer et le Bataillon de fusiliers marins Amyot d’Inville pour la Marine nationale ; l’Escadron de chasse 3/30 « Lorraine » et l’Escadrille française de chasse N°1 pour l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE). Le débarquement de Provence (15 août) est rappelé par 1 avion ravitailleur MRTT Phénix et 4 Mirage 2000D et celui de Normandie (6 juin) par 1 avion E-3F AWACS, 1 Rafale C, 1 Mirage 2000-5F, 3 chasseurs américains, 1 bombardier Avro Lancaster de la seconde guerre mondiale et 1 chasseur Typhoon britanniques.

Défilé aérien. La projection de forces est représentée par 1 avion long-courrier A330, 1 A400M Atlas et 2 Rafale et le Groupe aérien embarqué par 5 Rafale M et 1 E2C Hawkeye. Les Forces aériennes stratégiques déploient 1 ravitailleur KC-135 et 4 Rafale B puis 1 MRTT Phénix et 2 Rafale B. La fonction stratégique « Reconnaissance/Anticipation » est représentée par 1 avion biréacteurs court courrier Fokker 100 de la Direction générale de l’armement (DGA), 2 ATL2 de la Patrouille maritime et 1 avion léger de surveillance et de reconnaissance de l’AAE. A l’occasion de ses 70 ans, l’Aviation légère de l’armée de terre présente 13 aéronefs : 3 hélicoptères d’attaque Tigre, 3 hélicoptères de manœuvre et d’assaut Caïman, 1 hélicoptère de manœuvre et d’assaut Cougar, 2 hélicoptères légers EC120 ; 1 hélicoptère léger polyvalent Fennec ; 2 avions Pilatus PC-6 pour le transport de passagers, le convoyage, le largage de parachutistes et la livraison de fret léger. Suivent : pour l’AAE, 2 hélicoptères Caracal utilisés par les Forces spéciales ; pour la Marine nationale, 1 hélicoptère Caïman, 1 hélicoptère d’alerte secours maritime H160 et 1 hélicoptère moyen polyvalent Dauphin ; pour la Gendarmerie nationale, 2 hélicoptères polyvalents EC145, 1 hélicoptère léger polyvalent EC135 et 1 hélicoptère léger polyvalent AS350 Écureuil ; pour la Sécurité civile, 1 hélicoptère polyvalent H145 ; pour les Douanes, 1 hélicoptère EC135.

Troupes à pied. Les16 écoles militaires défilent devant 2 Régiments de la Garde républicaine, 4 Régiments de l’armée de Terre, les Formations militaires de la sécurité civile, la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, le Bâtiment ravitailleur de forces Jacques Chevalier, la frégate Alsace, le sous-marin nucléaire lanceur d’engins Le-Triomphant, les flottilles 4F, 11Fet 28F, 5 unités de l’AAE, 1 unité de la DGA, 1 unité de Direction interarmées des réseaux d’infrastructures et des systèmes d’information, 1 unité du Service de santé des armées, 5 unités du ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer, 1 unité du ministère de la Justice, 1 unité du ministère de l’Économie et 3 unités de la Légion étrangère. L’animation finale inclut notamment le Cadre noir de Saumur, le relais de la Flamme olympique et le survol de la Patrouille de France.

Loïc Salmon

14 juillet 2023, un défilé sur l’engagement international

14 juillet 2022, un défilé sur fond de guerre en Ukraine

14 juillet 2021 : engagements de haute intensité, technologies de pointe et anniversaires




Armée de l’Air et de l’Espace : « Pégase 24 » en Indopacifique

La mission aérienne « Pégase 24 », qui se déroule dans la zone Indopacifique du 27 juin au 15 août 2024, réalise trois premières : participation de l’Allemagne, de l’Espagne et de la Grande-Bretagne ; déploiement des nations du projet SCAF ; projection de la Force expéditionnaire conjointe franco-britannique (CJEF).

Le volet opérationnel. « Pégase 24 » vise à entraîner la composante aérienne de la CJEF dans un contexte opérationnel de haute intensité, à renforcer l’interopérabilité de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) avec ses partenaires étrangers et à affirmer la liberté de navigation. La stratégie de la France en Indopacifique porte sur la protection de ses espaces souverains, la promotion du droit international et l’instauration de partenariats avec les pays riverains pour renforcer la stabilité régionale. Elle prend en compte les conséquences de la pandémie du Covid-19, l’accélération de la compétition entre les États-Unis et la Chine, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la reconfiguration au Sahel, les crises au Moyen-Orient et le changement climatique. Les territoires ultra-marins de la France constituent 9 Mkm2 de sa zone économique exclusive : Mayotte ; La Réunion ; Nouvelle-Calédonie ; Polynésie française ; Terres australes et antarctiques françaises ; Clipperton ; Saint-Pierre-et-Miquelon. En Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à La Réunion, 2 chasseurs Rafale, 1 avion de transport A400 M Atlas et 1 avion multi-trôles A330 MRTT Phénix participent à des interactions nationales. L’opération « Pacific Skies » déploie des avions (Rafale, Eurofighter Typhoon, A330 MRTT et A400 M) des pays membres du projet SCAF (Allemagne, Espagne et France), qui participent notamment à l’exercice « Arctic Defender » (6-17 juillet) en Alaska avec le Canada et les États-Unis. Cet exercice met en œuvre plus de 80 aéronefs, dont 4 Rafale au standard F 4.1, 3 A330 MRTT et 3 A 400 M, pour une préparation opérationnelle incluant vols supersoniques à très basse altitude, brouillage électromagnétique et menaces sol-air réelles et simulées. Par ailleurs, du 6 au 10 juillet, l’opération « Griffin Strike » met en œuvre la composante aérienne de la CJEF sous le contrôle du Centre air de planification et de conduite des opérations à Lyon-Mont Verdun. L’AAE y déploie 3 Rafale, 2 A 400 M et 2 A330 MRTT. Via les Émirats arabes unis et Singapour, tous les avions rallient l’Australie pour un entraînement d’entrée en premier sur un théâtre. Ils participent ensuite à l’exercice « Pitch Black » (12 juillet-3 août), qui accueille 2.500 participants et plus de 100 aéronefs de 17 pays (Allemagne, Australie, Canada, Espagne, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Malaisie, Papouasie Nouvelle-Guinée, Philippines, Corée du Sud, Grande-Bretagne, Singapour et Thaïlande). Du 6 au 13 août, 3 Rafale et 1 A330 MRTT participent à « Tarang Shakti », premier exercice aérien multinational en Inde, où plus de dix nations sont invitées, avec des chasseurs, des avions de transport, des avions ravitailleurs, des avions de détection et de contrôle aéroporté (AWACS) et des drones.

Le volet diplomatique. L’escale au Canada permet de réaliser des interactions sur MRTT, en cours d’achat par Ottawa. Le haut niveau d’interopérabilité avec les États-Unis pour les doctrines, les procédures d’emploi et les moyens permet d’intervenir conjointement. L’implantation de Forces françaises aux Émirats arabes unis permet de mener des missions opérationnelles et logistiques. Outre l’achat d’A330 MRTT, d’hélicoptères Caracal et de missiles Aster 30, Singapour a participé à la lutte contre Daech au Levant (Rafale français ravitaillés par KC-135 singapouriens) et forme une partie de ses pilotes en France. L’Australie dispose de l’A330 MRTT et entraîne ses chasseurs F-35 avec les Rafale. L’Indonésie a acheté des Rafale, des A 400M et des sous-marins français. La France et la Nouvelle-Zélande participent à des actions humanitaires communes.

Loïc Salmon

Armée de l’Air et de l’Espace : mission « Pégase 2022 », projection vers l’Asie-Pacifique

Armée de l’Air et de l’Espace : « Skyros 2021 », mission en interalliés en Eurasie




Armée de Terre : la zone urbaine, théâtre d’affrontement dur

Le combat dans les villes, villages et leurs abords impose procédés décentralisés, subsidiarité et initiative au plus bas échelon. Sa préparation s’effectue au Centre d’entraînement aux actions urbaines-94ème Régiment d’infanterie (Cenzub-94e RI) de Sissonne (Aisne).

Son commandant, le colonel Bertrand Blanquefort, en a présenté les spécificités à la presse le 23 mai 2024 à Paris.

Un environnement égalisateur. Enjeu de conflits, la ville a donné son nom à plusieurs batailles, notamment celles de Stalingrad (URSS, 11 juillet 1942-2 février 1943), Grozny (Tchétchénie, 31 décembre 1994-8 février 1995), Sarajevo (6 avril 1992-14 décembre 1995), Mossoul (Irak, 16 octobre 2016-20 juillet 2017) et Marioupol (Ukraine, 24 février-20 mai 2022). Cœur politique, économique, industriel, culturel ou sanitaire d’une société, elle est devenue une caisse de résonance médiatique, une source de risques technologiques et aussi un milieu favorable à la désinformation. L’urbanisation, actuellement de 50 %, de la population mondiale, devrait passer à 70 % en 2050. Les zones urbaines se caractérisent par une grande diversité en termes de tailles et de quartiers, à savoir habitat précaire, espace pavillonnaire, zone industrielle ou centre historique aux rues étroites. Chaque quartier représente un environnement différent avec des conséquences sur la manœuvre et l’emploi des armes et des munitions. En raison des réseaux souterrains, des habitations en surface ou à plusieurs étages, la menace peut venir de partout et complique la situation tactique, faute de connaître avec précision la localisation des unités amies ou ennemies. Les destructions transforment les bâtiments en amas de béton et de ferrailles rendant difficile la circulation en véhicule ou à pied. La présence résiduelle de la population contraint à rester prêt à combattre. En conséquence, un adversaire léger et irrégulier peut résister à une force régulière pourtant mieux équipée. Selon les analyses du Cenzub-94e RI, une opération offensive nécessite huit soldats pour déloger un seul adversaire bien installé en défense en ville. Le milieu urbain use les équipements et devient très vite éprouvant physiquement et psychologiquement pour les soldats car les distances d’engagement au contact des foules sont très courtes.

L’expertise du Cenzub. Créé le 1er juillet 2004, le Centre d’entraînement aux actions urbaines vise à entraîner des unités de l’armée de Terre au combat interarmes dans cet environnement difficile, consistant à manœuvrer et à tirer pour les aguerrir, en vue de remporter la bataille en limitant les pertes. Entre 2008 et 2012, sont construits le site de Jeoffrécourt, représentant une ville de 5.000 habitants, et une zone spécifique de tir dans un espace urbain permettant l’entraînement à balles réelles. Le 1er juillet 2013, le Cenzub est affilié au 94ème Régiment d’artillerie. A partir de 2017, il développe le programme « Cerbère » pour simuler les effets des armes, animer le champ de bataille et analyser les actions au combat. Cerbère offre notamment une capacité de géolocalisation et de suivi en temps réel, y compris à l’intérieur d’un bâtiment. En 2021, il y ajoute un complexe d’entraînement souterrain sous la forme d’un réseau de 400 m de galeries enterrées sur deux niveaux. La même année, il crée la section exploratoire robotique à la suite des observations des conflits actuels, où sont employés l’artillerie, les drones, le minage et le brouillage. Cette section s’intègre au projet « Vulcain » de l’armée de Terre portant sur le développement de l’emploi des drones et des robots au combat. Elle réalise des expérimentations en coordination et sous le pilotage de la section tactique de l’armée de Terre au sein du Commandement du combat futur. Le Cenzub-94e RI compte 500 personnes, militaires et civiles, pour accueillir, chaque année et par rotation, environ 15.000 soldats de l’armée de Terre ainsi que ceux de nombreuses unités étrangères.

Loïc Salmon

Combat en zone urbaine : au cœur des engagements actuels

Armée de Terre : les blindés dans les combats futurs

Armée de Terre : le combat dans les conflits de haute intensité




Marine nationale : l’application de l’IA à l’acoustique sous-marine

L’acoustique sous-marine bénéficie de l’assistance de l’intelligence artificielle (IA), dont l’analyse des modèles permet d’en connaître les limites et d’en évaluer le niveau de confiance à leur accorder.

Le capitaine de frégate Vincent Magnan, commandant le Centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique (CIRA), l’a expliqué à la presse, le 16 mai 2024 à Paris.

Besoins opérationnels. Pendant une opération aéromaritime, la détection des bruits émis par un sous-marin ou une frégate permet de déduire des éléments tactiques. Par exemple, le bruit du mode de propulsion renseigne sur la vitesse du navire et donne une idée des manœuvres possibles. La détection s’effectue en toute discrétion sans élever le niveau de crise, puisque l’adversaire ne s’en aperçoit pas. Les frégates et les aéronefs embarquent de plus en plus de capteurs passifs qui, dans un avenir proche, équiperont aussi les drones et les planeurs sous-marins. Ces capteurs vont augmenter en nombre et améliorer leurs performances, c’est-à dire les portées de détection et les gains en traitements de données. Ce flux massif de données est envoyé au CIRA. Pour les analyser et surtout isoler parmi elles les informations utiles et décisives pour la conduite des opérations au combat, il faut recourir aux innovations technologiques, dont l’IA. A titre indicatif, dans les années 1990-2000, le ciblage d’une menace particulière nécessitait des enregistrements acoustiques de cinq minutes. Aujourd’hui, la masse de données captées s’étend sur une quarantaine de jours, impliquant beaucoup de capacités humaines pour les traiter. A terme, le recours à l’IA vise à isoler, pendant une longue période, les signaux acoustiques d’intérêt tactique sur lesquels l’homme pourra conduire une analyse avec une forte valeur ajoutée. La technologie permet d’écarter ou de filtrer la partie presqu’inutile du signal pour que l’homme exploite la partie utile à la mer. Les futurs sonars, qui équiperont les sous-marins, notamment les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, auront des capacités encore plus étendues.

Gestion des données. Le projet d’emploi de l’IA dans l’acoustique sous-marine remonte à 2021, quand le capitaine de frégate Magnan rencontre des dirigeants de la société privée Preligens, spécialisée dans l’application de l’IA à l’imagerie satellitaire et qui compte la Direction du renseignement militaire parmi ses clients. En 2022, plusieurs ateliers interactifs ont été conduits avec le Centre d’études et des programmes navals et le Centre de service de la donnée marine, en vue de l’élaboration d’un cadre contractuel. Il s’agissait d’associer la compétence métier de l’analyse acoustique, à savoir les techniciens dits « Oreilles d’or » à bord des sous-marins et frégates, à la capacité technique de la gestion de la donnée par l’IA. En 2023, Preligens a livré au CIRA un démonstrateur qui a obtenu des résultats encourageants sur l’extraction de signaux acoustiques, présentant un intérêt avec un premier type de classification, et sur de grandes plages de temps. Par exemple, l’algorithme distingue un navire de commerce d’un petit bateau de plaisance, son appareil propulsif et même le nombre de pales de l’hélice. En cas de passage d’un navire présentant un intérêt tactique, il s’agit de fiabiliser l’alerte par une fusion des renseignements d’origines satellitaire, visuelle, humaine et électromagnétique en augmentant la puissance de calcul du CIRA et en mer. En outre, le CIRA compte accroître sa capacité de stockage, passée d’un téraoctet en 2020 à dix téraoctets en 2024, pour dépasser cent téraoctets en 2030. En 2024, l’Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (AMIAD) doit livrer un démonstrateur et le CIRA mettre en œuvre une « Task Force-annotation », destinée à améliorer le fonctionnement de tous les algorithmes. Enfin, en 2025, l’AMIAD doit fournir des renseignements en temps réel et passer à l’industrialisation des matériels, en vue d’un usage opérationnel.

Loïc Salmon

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Missile : l’ICBM Hwasongpho-18 (HS-18) de la Corée du Nord

Grâce à trois essais réussis, le missile balistique intercontinental HS-18 (portée théorique 15.000 km) résulte d’une rupture technologique majeure et deviendra l’élément central de la dissuasion nucléaire de la Corée du Nord.

Cela ressort d’une analyse publiée, le 2 février 2024 à Levallois-Perret (banlieue parisienne), par la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Elle a été réalisée par Stéphane Delory, maître de recherche à la FRS où il dirige l’Observatoire de la défense antimissile, et Christian Maire, chercheur à la FRS après un passage dans l’industrie aérospatiale, notamment chez ArianeGroup.

Caractéristiques. Au cours du premier essai du 13 avril 2023, le HS-18 aurait atteint un apogée (point le plus éloigné de la Terre) inférieur à 3.000 km et volé 58 minutes. Les deux premiers étages sont tombés en mer, l’un à 10 km de la péninsule de Hodo et l’autre à 335 km de la côte du comté d’Orang. Ont été ainsi confirmées les performances du missile à propulsion solide (propergol), la technologie de séparation d’étages et la fiabilité de divers systèmes de pilotage. Lors du tir du 12 juillet, le missile a atteint une apogée de 6.648,4 km et parcouru la distance de 1001,2 km en 74 minutes et 51 secondes. Ce deuxième essai a confirmé la crédibilité technique et la fiabilité opérationnelle du système. Lors du tir du 18 décembre, le HS-18 a attient une apogée de 6.518,2 km et parcouru 1002,3 km en 73 minutes et 35 secondes. Ce troisième essai a permis d’estimer les capacités des opérateurs militaires et leur réactivité en termes de mise en œuvre ainsi que la fiabilité du système d’arme. Les ingénieurs nord-coréens maîtrisent la technologie des ICBM modernes, à savoir le développement de trois étages propulsifs à poudre d’un missile de 23,5 m de long et de 1,9 m diamètre, la séparation d’étages et la réalisation d’une trajectoire en deux phases. En général, la Corée du Nord teste ses missiles de très longue portée selon des trajectoires plongeantes pour éviter une récupération étrangère des débris à des fins d’analyses. En outre, un apogée élevé permet de reproduire une portée longue. Le HS-18 a donc été lancé sur une trajectoire à énergie minimale assurant la portée la plus longue. Après l’allumage du deuxième et/ou du troisième étage, il a suivi une trajectoire plongeante.

Conséquences. Le troisième essai, qualifié officiellement de « tir d’exercice », implique qu’il a été réalisé par une unité opérationnelle, en vue d’une prochaine mise en service. La Coré du Nord produit du propergol de qualité, grâce à des transferts industriels directs de la Russie et de la Chine, et en quantité suffisante (150 tonnes ou plus) pour effectuer trois essais. Les tirs de HS-18 par des véhicules lance-missiles, à partir de pistes non bétonnées, seront plus difficiles à détecter ainsi que la durée de la procédure de lancement, quand les missiles émergent de tunnels des pas de tirs potentiels, camouflés dans des zones de stationnement durcies. En mai 2023 lors d’une audition par le Congrès américain, le commandant du NORAD (Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord) a exprimé ses doutes sur la capacité de l’architecture actuelle de défense anti-missiles à prendre en compte les évolutions des systèmes de frappe nord-coréens. L’administration américaine avait signalé les tentatives de Pyongyang d’acquérir des gyroscopes à fibre optique, laser ou MEMS, dès 2020, et d’accéléromètres QA-2000, en 2021, les plus utilisés sur les centrales inertielles. Depuis, les États-Unis déploient, sur plusieurs années, une architecture spatiale très dense de détection et de trajectographie des menaces balistiques et hypersoniques. Par ailleurs, la Corée du Nord maîtrise le stockage de missiles balistiques, indispensable pour en protéger le propergol et l’électronique vis-à-vis des variations climatiques et en raccourcir le délai de préparation au tir. La technologie HS-18 sera appliquée à la Force océanique stratégique en cours de développement.

Loïc Salmon

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Marine nationale : la mission « Akila » du GAN en Méditerranée

Le Groupe aéronaval (GAN) est déployé en Méditerranée orientale pendant six semaines, depuis le 22 avril 2024, pour la mission « Akila » de sécurité collective pour la stabilité régionale dans le cadre de l’OTAN.

Son commandant, le contre-amiral Jacques Mallard, a présenté le GAN et « Akila » à la presse le 11 avril 2024 à Paris.

La mission « Akila ». Au cours des longues campagnes précédentes, le GAN restait sous commandement opérationnel national. Seuls, ses avions passaient sous le celui de l’OTAN pendant la durée de leurs missions. Pour la première fois, précise l’amiral Mallard, le GAN en entier, à savoir le porte-avions Charles-de-Gaulle et son escorte (voir plus loin), est placé sous commandement OTAN pendant la mission « Akila ». Celle-ci, qui montre la capacité de la force de frappe de l’Alliance Atlantique, souligne l’engagement résolu de la France au sein de l’OTAN pour soutenir l’Ukraine, en conflit ouvert contre la Russie depuis le 24 février 2022. Elle renforce la posture défensive et dissuasive de l’Alliance Atlantique sur le flanc Est de l’Europe. Les Rafale Marine doivent participer à des actions communes avec l’armée de l’Air et de l’Espace et l’armée de Terre dans le cadre des opérations « Air Shielding » en Pologne et « Aigle » en Roumanie. Les missions portent sur la surveillance et la défense aérienne avec la participation du système de défense sol-air moyenne portée Mamba, déployé en Roumanie. Engagés à partir des bases de Mont-de-Marsan et d’Istres, les Rafale et les avions ravitailleurs de l’Armée de l’Air et de l’Espace conduisent des missions quotidiennes de défense aérienne sous commandement OTAN.

L’interopérabilité. Avant la mission « Akila » proprement dite, le GAN effectue des activités nationales de mobilité stratégique, de capacité de maîtrise des espaces aéromaritimes et d’appréciation autonome de situation, en vue de conserver la liberté d’action. Avec les forces armées italiennes, le GAN doit participer à l’exercice « Mare Aperto-Polaris », selon un scénario réaliste de conflit de haute intensité et multi-domaines (terrestre, maritime, aérien, spatial, cyber, électromagnétique et informationnel). Il s’agit de renforcer la préparation au combat lors de la planification et la conduite d’une opération maritime ciblée. Outre le porte-avions, la force « Akila » compte : le bâtiment ravitailleur de forces Jacques-Chevalier avec son hélicoptère embarqué ; un sous-marin nucléaire d’attaque ; une frégate de défense aérienne avec son hélicoptère ; une frégate multi-missions avec son hélicoptère. Elle accueille aussi des unités alliées (frégate, sous-marin ou avion de surveillance maritime) américaine, espagnole, portugaise, italienne et grecque. Cette interopérabilité, souligne l’amiral Mallard, englobe les procédures techniques autour de la connectivité, les liaisons de communication, les opportunités de soutien logistique mutuel et des méthodes de commandement communes. Ce savoir-faire partagé a construit une confiance entre Alliés, que chaque déploiement du GAN contribue à entretenir en démontrant la capacité de la Marine française à commander des unités étrangères pour remplir les missions que lui sont confiées. Depuis une dizaine d’années, le GAN a ainsi intégré une trentaine de navires étrangers de douze nations différentes.

Une base aéromaritime projetée. Le GAN engagé dans l’opération « Akila » compte 3.000 marins français et étrangers, dont 1.200 pour l’équipage du porte-avions qui embarque aussi un état-major de 80 militaires et les 600 personnels du groupe aérien. Les 18 chasseurs Rafale Marine du Charles-de-Gaulle assurent la protection aérienne et effectuent des frappes vers la mer et la terre. Ses deux avions de guet aérien E-2C Hawkeye assurent le commandement aéroporté d’un raid et la détection des navires et aéronefs. Un avion de patrouille maritime, basé à terre, peut effectuer des missions de lutte antinavire et anti-sous-marine au profit du GAN.

Loïc Salmon

Stratégie : l’importance pérenne du groupe aéronaval

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Marine nationale : groupe aérien aux Etats-Unis, modernisation du porte-avions