L’armée de Terre forme une brigade ukrainienne d’infanterie (2.300 soldats) dans le Grand-Est de la France en octobre et novembre 2024, sur les plans technique et tactique avec le soutien, l’appui et le poste de commandement.
Le général de division Damien Wallaert, sous-chef opérations aéroterrestres, l’a expliqué à la presse le 10 octobre 2024 à Paris. Depuis le début de l’agression de la Russie le 24 février 2022, la France apporte à l’Ukraine un soutien dans les domaines humanitaire, diplomatique et militaire. Les formations s’effectuent dans le cadre de la Mission d’assistance militaire de l’Union européenne en soutien à l’Ukraine.
Approche intégrée. Il s’agit de constituer les situations les plus concrètes possibles comme celles du champ de la bataille en cours. Les Ukrainiens s’entraînent sur des matériels qu’ils utiliseront au combat. Le stage de la « Brigade de régénération » nécessite 150 véhicules blindés. Les capacités de manœuvre mobilisent des VAB (véhicules de l’avant blindés) et des AMX-10 RC (véhicules blindés de reconnaissance-feu) équipés d’un canon de 105mm. Les capacités d’appui comprennent des radars de surveillance de zone, des canons Caesar de 155mm, des missiles antichars et des systèmes antiaériens à courte portée. Le 9 octobre, le président de la République, Emmanuel Macron, et les ministres des armées français et ukrainien ont pu assister à des tirs de tous calibres et visiter les villages de combat et les pôles de maniement d’explosifs, utilisés pour la préparation opérationnelle de l’armée française. Les capacités de soutien comptent des VAB Santé pour l’évacuation de blessés, des camions de transport et des camions-citernes. Le stage mobilise 1.500 militaires français de toutes les spécialités de l’armée de Terre. Un général de brigade français se trouve aux côtés de son homologue ukrainien pour l’appuyer dans la démarche de montée en puissance de cette brigade, que les Ukrainiens désignent sous le nom d’Anne de Kiev, épouse du roi de France Henri 1er de 1051 à 1060. Durant le stage, des unités françaises du génie ont effectué des travaux de réseaux de tranchées et des points d’appui de compagnies, selon les spécifications des Ukrainiens. La première phase porte sur les formations séparées de fantassins, de sapeurs et d’artilleurs, spécialités regroupées lors de la deuxième phase « interarmes ». En outre, les instructeurs transmettent les doctrine et savoir-faire français en termes d’interaction et de synergie de tous les systèmes d’armes, en vue d’obtenir un effet décisif sur l’adversaire sur le terrain. Ils essaient de coller au plus près au retour d’expérience en temps réel des combats qui se déroulent en Ukraine. Des instructeurs ukrainiens, anciens combattants, les aident à donner plus de précision et d’aspects concrets à la formation et à l’entraînement de la Brigade de régénération. Celle-ci, qui sera équipée des matériels cédés par la France, devrait atteindre une cohésion suffisante pour un engagement sur le champ de bataille. Avec l’aide de l’École d’état-major, les instructeurs français et ukrainiens montent des exercices jusqu’au niveau de la compagnie (140 militaires). Certaines formations sont délocalisées dans des centres dont l’infrastructure s’y prête mieux. En décembre 2024, la formation et l’équipement de trois bataillons permettront l’entraînement interarmes de la Brigade de régénération.
Autres formations en France. Depuis le début de la guerre contre la Russie, la France a formé plus de 14.000 militaires ukrainiens dans ses écoles de spécialités : formation initiale ; formation au combat ; déminage ; sauvetage au combat ; artillerie ; maintenance des matériels ; logistique opérationnelle ; défense sol-air ; génie ; combat blindé ; combat en zone urbaine ; pilote de chasse ; appui feu air-sol. En Pologne, des instructeurs français forment déjà des bataillons ukrainiens, suffisamment cohérents pour être engagés immédiatement au combat.
Loïc Salmon
Ukraine : le volet français de la défense du flanc Est de l’Europe