Aujourd’hui, les guerres se préparent en coalition et les opérations visent à gagner la paix. En raison de leur connaissance des capacités des forces alliées et de celles de leur pays, les attachés militaires assurent une meilleure compréhension des cultures de défense.
Le général de division (Air) suisse Jean-Philippe Gaudin a présenté à la presse, le 15 septembre 2016 à Paris, le rôle en France des attachés militaires étrangers.
Les étrangers en France. Les attachés de défense étrangers, désignés par leurs pays respectifs pour leurs expériences opérationnelle et internationale, entretiennent des contacts avec la Délégation générale de l’armement (DGA) et les entreprises françaises de défense. Ils sont ensuite accrédités en France auprès de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS, encadré). Normalement affectés pour une durée de trois ou quatre ans à Paris, les attachés spécifiques (Terre, Air, Marine, Armement et Gendarmerie) sont recrutés au grade de lieutenant-colonel et ceux de Défense à celui de colonel. Certaines nations, dont la Suisse préfèrent envoyer des généraux. Le général Gaudin, également accrédité pour la Belgique et le Luxembourg, est actuellement le doyen des attachés de Défense regroupés au sein de l’association CAMNA (photo). Celle-ci compte 171 membres, dont 88 en résidence en France, représentant 101 pays…dont les intérêts divergent ! Parmi ses collaborateurs, le doyen préside un comité composé d’un conseiller néerlandais, d’un trésorier allemand, d’un secrétaire américain, d’un adjoint Terre polonais assisté d’un Norvégien, d’un adjoint Marine suédois (assisté d’un Canadien) et d’un adjoint Air espagnol (assisté d’un Ivoirien).
Conseiller militaire du chef de la mission diplomatique, l’attaché de défense coordonne la sécurité de l’ambassade et la protection des ressortissants de son pays. Représentant les forces armées de son pays, il assure la liaison avec les autorités militaires françaises. Il effectue des voyages d’information au sein des armées pour les comprendre et évaluer la qualité de leur entraînement sur le terrain. Officier de renseignement, il s’informe « officiellement », notamment au cours des réceptions officielles annuelles, moments d’échanges informels : vœux et cocktail du ministre de la Défense ; dîner du chef d’État-major des armées (CEMA) pour le comité du CAMNA ; invitations du CEMA pour les épouses ; vœux et cocktails des chefs d’états-majors des différentes armées et de la DGA ; présentation et cocktail de l’École de guerre qui accueille quelque 80 officiers étrangers par promotion de 200 stagiaires. En outre, l’attaché de défense transmet les « messages » que les armées françaises veulent faire passer. Par exemple, la Suisse pourrait être sollicitée en matière de maintien de la paix en Syrie et en Irak à l’issue du conflit en cours.
Enfin, les attachés de défense étrangers participent à toutes les commémorations nationales : Victoire du 8 mai 1945 ; Fête nationale et des armées du 14 juillet ; Armistice du 11 novembre 1918.
Les Français à l’étranger. Selon le ministère de la Défense, l’attaché militaire français est placé sous l’autorité hiérarchique de la DGRIS, du CEMA, du délégué général pour l’armement et du secrétaire général pour l’administration et, sur place, sous celle de l’ambassadeur.
Sa mission comprend huit volets principaux dont l’importance relative évolue en fonction des pays considérés et des circonstances : conseiller l’ambassadeur pour les questions de défense ; conseiller le ministère pour les questions de défense relatives à son/ses pays d’accréditation ; animer la relation bilatérale de défense sous ses différents aspects ; assurer la promotion de la politique de défense française ; recueillir et analyser l’information concernant son/ses pays d’accréditation au profit du ministère de la Défense et contribuer aux études comparatives ; promouvoir l’industrie française d’armement et contribuer aux démarches de soutien et de contrôle des exportations d’armement ; remplir des missions à caractère opérationnel, notamment en cas de crise, de conflit ou d’évènement grave survenant dans son ou ses pays d’accréditation voire dans la région ; animer les réseaux d’influence du ministère de la Défense à l’étranger.
Dans certains pays, l’attaché de défense peut cumuler ses fonctions avec la Direction de la mission de coopération militaire et de défense, sous l’égide du ministère des Affaires étrangères et du Développement international (Direction de la coopération de sécurité et de défense).
Par ailleurs, le ministère de la Défense dispose de représentants auprès des principales organisations internationales intervenant dans le domaine de la défense : Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Union européenne (UE), Organisation des Nations Unies (ONU), Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Conférence du Désarmement, Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE). Pour le pilotage et l’animation du réseau diplomatique de défense, la DGRIS s’appuie sur le bureau de l’influence française à l’étranger ainsi que sur les services géographiques compétents pour chaque zone.
La mission militaire traite également, au profit des ressortissants français, de l’admission dans les lycées militaires et des engagements dans l’armée française. Les informations relatives au recensement et à la « Journée défense et citoyenneté », obligatoires pour tout jeune Français, relèvent du consulat français dans chaque pays et les pensions militaires de la Paierie générale du trésor.
Loïc Salmon
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La Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) contribue à la politique internationale coordonnée par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international et pilote l’action internationale du ministère de la Défense. La DGRIS pilote les travaux de prospective stratégique et coordonne, pour le ministère de la Défense, ceux nécessaires à la préparation du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et à son actualisation régulière. La DGRIS assure l’interface, à l’exception des activités opérationnelles, de la conduite des coopérations en matière d’armement et du soutien aux opérations d’exportation, avec les autres ministères pour les questions touchant à l’action internationale, et particulièrement avec le ministère des Affaires étrangères et du Développement international. Elle est en outre chargée de la stratégie d’influence internationale du ministère de la Défense et de piloter le réseau des missions de défense à l’étranger. Rattachée directement au ministre, la DGRIS pilote l’action internationale du ministère de la Défense en y associant l’État-major des armées, la Direction générale de l’armement et le Secrétariat général pour l’administration. Elle assure la tutelle du réseau bilatéral diplomatique de défense, qui compte 87 missions dans les ambassades de France à l’étranger. Ce réseau étend ses compétences sur un nombre équivalent de pays où le ministère n’assure pas de présence permanente, mais où un attaché de défense est accrédité.