OTAN : la France a repris toute sa place sur le plan opérationnel

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La France participe à la posture dissuasive de défense de l’Alliance Atlantique sur les flancs Est et Sud. Devenue son 3ème contributeur financier avec 194,3 M€ en 2015, elle a mobilisé environ 9.000 militaires à son profit en 2014-2015, en plus de ceux déployés en opérations extérieures.

Le dispositif français. En septembre 2014, lors du sommet de l’OTAN à Newport, les 28 États membres ont notamment adopté un « Plan d’action réactivité » à deux volets : l’un de réassurance des pays alliés d’Europe orientale ; l’autre d’adaptation de la Force de réaction rapide. Dans le cadre du volet « réassurance », la France aura déployé 4.300 militaires en 2016, pour des opérations et exercices de qualification ou présentant une signification importante pour le ou les pays hôtes. D’abord, elle aura participé à 21 exercices, dont 10 sur le flanc Est : 12 maritimes, 4 terrestres, 3 aériens et 2 interarmées. Ensuite, 4 Mirage 2000-5 assurent la police de l’air de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie (60 militaires détachés en 2 périodes de 2 mois) de septembre à décembre. Dénommée « Baltic Air Policing », cette mission de permanence opérationnelle remonte à l’intégration dans l’OTAN, en mars 2004, des trois pays baltes qui ne disposent pas des moyens pour l’exercer. Depuis, 16 pays membres ont participé à cette mission de surveillance et de défense aérienne, dont la France en 2007, 2010, 2011 et 2013. En 2014, les pilotes français de Mirage 2000 ont profité de l’occasion pour s’entraîner avec leurs homologues polonais sur Mig 29 dans le cadre de l’exercice « Malbork ». Par ailleurs, un avion radar français AWACS assure, chaque mois, un vol de contrôle et de commandement aéroporté, du Nord de la Pologne au Nord de la Roumanie. Toujours dans le volet « réassurance », les forces françaises sont présentes au centre de communication stratégique à Riga (Lettonie) et à celui de la cyberdéfense à Tallin (Estonie). La Force de réaction rapide de l’OTAN (NRF en anglais) est elle-même complétée par une force de niveau brigade à très haut degré de réactivité (VJTF en anglais), capable de se déployer n’importe où sur le territoire de l’Alliance Atlantique en 5 jours avec des éléments mis en place en 48 h. La VJTF dispose aussi de composantes navale et aérienne. En 2016, la France y contribue  par : 1 frégate et 1 chasseur de mines en alerte permanente ; 6 avions de chasse déployables. Enfin, elle peut mettre à disposition de la NRF trois états-majors de réaction rapide certifiés OTAN : le CRR-FR de l’armée de Terre stationné à Lille ; le COM-FR-MARFOR de la Marine à Toulon ; le FR-JFACC de l’armée de l’Air à Lyon.

La défense éloignée du flanc Sud. Suite à la réflexion en cours au sein de l’OTAN sur la menace, la France garantit la protection du flanc Sud par son engagement sur deux théâtres extérieurs. Fin juin 2016, pour l’opération« Chammal » au Levant (Syrie et Irak). elle y déploie 1.000 militaires ainsi répartis : 1 frégate de défense aérienne ; 5 Mirage 2000 D, 3 Mirage 2000 N et 6 Rafale, renforcés de 2 avions pour la participation à des exercices régionaux ; des instructeurs pour la formation des forces irakiennes à Bagdad et Erbil. S’y ajoutent les renforts non-permanents : 1 AWACS ; 1 avion C135FR pour le ravitaillement en vol ; 1 Atlantique 2 pour  le renseignement. Du 1er janvier au 23 juin, les opérations aériennes françaises au Levant ont totalisé 1.411 sorties (renseignement, surveillance, reconnaissance, ravitaillement en vol et ciblage d’objectifs) avec 352 frappes et 570 objectifs neutralisés. Dans la bande sahélo-saharienne (Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger et Tchad), l’opération « Barkhane » mobilise 3.500 militaires, 17 hélicoptères, 200 véhicules blindés, 200 véhicules logistiques, 6 à 10 avions de transports tactique et stratégique, 4 avions de chasse et 5 drones.

Les objectifs sur deux ans. A l‘issue du sommet de l’OTAN, tenu à Varsovie les 8 et 9 juillet 2016, les 28 pays membres ont  décidé de réaffirmer la posture de dissuasion et de défense, renforcer la présence avancée et coopérer avec l’Union européenne. La déclaration commune  des chefs d’État et de gouvernement souligne le maintien du soutien à l’Ukraine. L’OTAN lui fournira conseil et appui en matière de défense et de sécurité, en vue de parvenir à l’interopérabilité pour assurer  la stabilité dans la zone euro-atlantique et au-delà. Le communiqué final note que la Russie continue de renforcer sa posture militaire, d’accroître ses activités militaires et de compromettre la sécurité dans les régions de la mer Baltique et de la mer Noire, dans l’Atlantique Nord et en Méditerranée. L’OTAN renforce son partenariat avec la Finlande et la Suède en mer Baltique et sa coopération avec les États riverains de la mer Noire, dont la Géorgie et l’Ukraine. Dans le cadre de sa posture globale, elle établit, à partir de 2017, une présence avancée renforcée en Estonie, Lituanie, Lettonie et Pologne en mettant à leur disposition, sur la base du volontariat, par rotation et de façon durable, des forces multinationales, à savoir quatre groupements tactiques du niveau bataillon capables d’opérer conjointement avec les forces nationales. Déjà, le Canada, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les États-Unis se sont proposés comme pays-cadres contributeurs. De son côté, la Pologne a offert une installation existante pour l’établissement d’un quartier général de division multinational. Avec l’Union africaine, l’OTAN renforce son partenariat, qui inclut des soutiens opérationnel, logistique et capacitaire, en vue de rendre opérationnelle la « Force africaine en attente », déployable en temps de crise pour maintenir la paix.

Loïc Salmon

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La France a déployé 4.000 militaires dans 6 exercices OTAN en 2015. « Puma » (11-29 mai, Pologne) a mobilisé un sous-groupement tactique interarmes avec 15 chars Leclerc, 4 véhicules blindés de combat d’infanterie et 300 soldats. « Northern Coast » (septembre, Baltique) a consisté à sécuriser une zone maritime, avec la participation d’un patrouilleur de haute mer et d’une frégate de lutte anti-sous-marine. « Joint Warrior » (5-15 octobre, mer d’Écosse) a mis en œuvre un entraînement opérationnel sur un scénario d’eaux territoriales menacées par des mouvements terroristes et sécessionnistes, une frégate multi-missions (FREMM), une frégate de lutte anti-sous-marine avec leur hélicoptère respectif ainsi qu’un avion de patrouille maritime Atlantique 2. Encore au large de l’Écosse, la même FREMM a participé à « At Sea Demonstration » (18-25 octobre) pour protéger une force navale, face à des menaces anti-navires et balistiques. A « Trident Juncture » (21 octobre-6 novembre, Espagne, Italie et Portugal), plus important exercice interarmées depuis 2002 et premier entraînement dans la perspective de la rénovation de la capacité d’action rapide de l’OTAN, la France a envoyé : 1 frégate légère furtive ; 1 pétrolier-ravitailleur ; 1 chasseur de mines tripartite ; 2 Atlantique 2 et 3 avions de chasse Mirage 2000-5. A « Citadel Bonus » (16-27 novembre, Pologne), 350 militaires du Corps de réaction rapide France ont été mobilisés pour sa certification, en vue d’une prise d’alerte d’état-major d’un groupe interarmées en 2017.

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