Défense : l’ACADEM, rayonnement de la pensée stratégique française

L’Académie de défense de l’École militaire (ACADEM) regroupe, sur le même site, 21 organismes d’études et de recherche, rattachés au ministère des Armées, au ministère de l’Intérieur ou à vocation interministérielle, afin de nourrir le débat européen et atlantique et accroître la capacité d’influence de la France vers les pays partenaires et alliés.

L’ACADEM a été inaugurée le 26 octobre 2023 à Paris par le ministre de Armées, Sébastien Lecornu, qui a annoncé une subvention de 77 M€ pour le rayonnement de la pensée stratégique dans le cadre de la loi de programmations militaire 2024-2030, soit une augmentation de 40 % par rapport à la période précédente. Le président de l’ACADEM, le général de corps d’armée Benoît Durieux, l’avait présentée à la presse le 19 octobre à Paris.

Bouleversements stratégiques. Le contexte géopolitique est aujourd’hui déstabilisé : conflits en Afghanistan, en Libye, au Sahel et au Levant ; attaque de la Russie contre l’Ukraine ; reprise de la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le Haut Karabagh ; agression de l’organisation terroriste Hamas de la bande de Gaza contre Israël, suivie de la riposte israélienne à Gaza. De nouveaux concepts émergent : guerre hybride ; conflit de haute intensité ; débats sur la frontière entre guerre militaire, terrorisme, cyberdéfense, cybersécurité et guerre économique. S’y ajoute la fragilisation des cadres internationaux du multilatéralisme. La conception de stratégies et la réflexion sur la défense nationale deviennent vitales, souligne le général Durieux. Elles concernent la défense militaire, mais aussi toutes les menaces contre les libertés et les intérêts de la France, comme la souveraineté industrielle, la défense des zones (maritimes) économiques exclusives et les luttes contre la désinformation, les cyberattaques et les ingérences.

Forum et interface. L’ACADEM rassemble des chercheurs de diverses disciplines, notamment en droit, sciences politiques, histoire, sociologie et économie. Elle inclut des experts dans leurs domaines, des décideurs, des acteurs opérationnels et des ingénieurs qui travaillent à la mise au point de l’avion de chasse futur, mais aussi des militaires ayant combattu en Afghanistan, au Sahel et au Levant, d’autres qui ont pisté les sous-marins russes en Méditerranée orientale ou qui ont survolé des territoires hostiles au Levant et enfin des commissaires qui adaptent l’administration à chaque opération militaire. Au sein de la « confédération » ACADEM, chacun de ses 21 organismes (voir encadré ci-dessous) conserve sa pleine indépendance ou, au moins, reste au service de son autorité d’emploi. Tous ont validé une charte sur le travail en commun. Enfin, l’ACADEM souhaite constituer une interface avec des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, français et étrangers.

Loïc Salmon

L’ACADEM regroupe déjà vingt et un organismes à l’École militaire à Paris : Académie du renseignement ; Bibliothèque de l’École militaire ; Centre de doctrine et d’enseignement du commandement ; Centre d’enseignement militaire supérieur air ; Centre d’enseignement supérieur terre ; Centre d’études stratégiques de la marine ; Centre de formation des dirigeants de la gendarmerie ; Centre de formation au management de la défense ; Centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie nationale ; Centre des hautes études militaires ; Centre interarmées de concepts, de doctrine et d’expérimentation ; Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) ; Chaire de cyberdéfense et souveraineté numérique de l’IHEDN ; Chaire d’économie de défense de l’IHEDN ; Chaire « Défense et sécurité du territoire national » de l’État-major interarmées du territoire national métropolitain ; Centre d’études stratégiques aérospatiales (CESA) ; Chaire « stratégies aérienne et spatiale » appliquées intégrée au CESA ; Conseil général de l’armement ; École de guerre ; Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur ; Institut de recherche stratégique de l’École militaire.

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Défense : le CNSD, pôle d’excellence militaire et sportive

Outre ses missions de cohésion, de préparation opérationnelle et de réinsertion des blessés, le Centre national des sports de la défense (CNSD) relance la performance française à travers la compétence et la disponibilité des armées.

Son commandant, le général Paul Sanzey, commissaire aux sports militaires, l’a présenté à la presse, le 5 octobre 2023 à Fontainebleau, dans le cadre de la préparation des sportifs de haut niveau de de la Défense aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024.

Les missions. Pendant la première guerre mondiale, les pratiques sportives dans les armées ont permis l’essor du sport en France. Hériter des bataillons d‘Antibes (formation des spécialistes militaires de sport) et du bataillon de Joinville (entraînement des sportifs de haut niveau) fondés en 1967, le CNSD regroupe l’École interarmées des sports (EIS) et l’École militaire d’équitation en 2006. En effet, le pentathlon militaire moderne compte cinq disciplines : la course à pied, la natation, l’escrime, le tir au pistolet et…l’équitation (saut d’obstacles). Outil de cohésion au sein des forces, les CNSD organise 20 championnats de France militaires et des actions entre les armées, les fédérations sportives et les collectivités territoriales, dont plusieurs au profit de 1.380 jeunes. Socle de la préparation opérationnelle individuelle et collective des armées, il organise chaque année 102 stages qui accueillent plus de 1.000 personnels. Le durcissement de opérations entraînant une augmentation du nombre des militaires blessés physiques et psychiques, le CNSD contribue à leur réinsertion sociale et professionnelle par l’offre de 1.168 places dans le cadre de 82 actions en 2022.

Le sport de haut niveau. Composées de militaires des armées de Terre et de l’Air et de l’Espace, de la Marine nationale et de la Gendarmerie ainsi que des personnels civils du Secrétariat général pour l’administration, les 39 équipes de France militaires en sport individuel, collectif et handisport ont remporté 82 médailles, dont 26 en or, aux jeux mondiaux militaires d’été à Wuhan (Chine) en 2019 et 104 médailles (49 en or) aux championnats du monde. Après sa mise en sommeil en 2002 lors de la suspension de la conscription, le bataillon de Joinville, réactivé en 2014 au sein de l’EIS, a déjà accueilli plus de 21.000 athlètes en 43 ans d’existence. Aujourd’hui, sélectionnés en raison de leur palmarès au sein des fédérations sportives locales, les jeunes athlètes civils se voient offrir un engagement dans les armées avec la possibilité de se perfectionner au bataillon de Joinville, dont ils portent l’écusson (photo) sur leur survêtement. Devenus membres de « l’Armée de champions », ils participent ensuite aux compétitions internationales et aux Jeux Olympiques et Paralympiques et renforcent les équipes de France militaires lors des compétitions internationales militaires. Depuis l’accord-cadre de 2003 entre le ministère de la Défense (dénomination à l‘époque) et celui des Sports portant sur le développement du sport de haut niveau et du sport de masse dans les armées, l’Armée de champions a déjà obtenu 117 médailles olympiques et paralympiques. Aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, la France a envoyé 378 participants qui ont remporté 33 médailles. Parmi eux, les 54 personnels du ministère de la Défense (14, 3 % de la délégation) en ont obtenu 13 (39,4 % du palmarès français), dont 5 d’or (50 %), 4 d’argent (33,3 %) et 4 de bronze (36,4 %). Aux Jeux Paralympiques, les 146 Français ont gagné 54 médailles. Les 20 participants du ministère de la Défense (13,7 % de la délégation) en ont rapporté 19 (35,2 % du palmarès français), dont 6 d’or (54,5 %), 4 d’argent (26,7%) et 9 de bronze (32,1 %). En 2021, l’Armée de champions comptait 138 athlètes. Pour les Jeux Olympiques de 2024 (26 juillet-11 août), elle en prépare 218, soit une augmentation de 60 %, souligne le général Sanzey. Parmi ces 218 sportifs de haut niveau dans 32 disciplines, 35 sont en situation de handicap dans 12 disciplines paralympiques.

Loïc Salmo

Défense : le sport, du haut niveau à la reconstruction

Plan d’accompagnement des blessés 2023-2027

Blessures et sports adaptés : reconstruction physique et psychique




Marine nationale : dissuasion, protection, intervention et partenariats extérieurs

La Marine française doit se préparer à des engagements plus durs dans une guerre imposée et probablement d’une marnière très brutale.

Son chef d’état-major, l’amiral Nicolas Vaujour, l’a expliqué lors d’une rencontre organisée, le 27 septembre 2023 à Paris, par l’Association des journalistes de défense.

L’environnement opérationnel. Le contexte mondial se caractérise d’abord par l’accélération du désordre. En cas de crise et selon l’évolution de la situation, des actions robustes et résilientes permettront de consolider une stratégie d’accès mondial. En outre, une tectonique des puissances se manifeste au large avec des débordements en mer Noire et en Asie, qu’il faut connaître, comprendre et contenir. S’y ajoutent les missions de protection des approches maritimes, comme le déminage des plages, le sauvetage en mer, la lutte contre les trafics de drogue et d’armes et la surpêche. La multiplication des usages de la mer, avec les énergies renouvelables et l’augmentation du trafic commercial, entraîne une sorte de territorialisation des mers. Les préfets maritimes assurent la coordination interministérielle sur ces usages, afin de garantir l’entraînement dans les zones d’exercices, les essais des armes, l’emploi du groupe aéronaval et les évolutions dans des endroits dangereux au large. Enfin, la guerre en cours en Ukraine s’accompagne du retour de la menace nucléaire russe, face à laquelle la Marine française doit maintenir une dissuasion crédible. La possibilité de débordement du combat en mer, réelle en mer Noire, peut survenir ailleurs. Dans cette guerre d’usure, l’Ukraine se défend en y contestant la capacité russe par des attaques de drones contre des frégates et des sous-marins à quai. Ce contournement de la bataille aéroterrestre par une puissance non navale ne constitue pas une menace immédiate. Toutefois, des organisations malveillantes pourraient déployer des essaims de drones, en vue de perturber la circulation en mer.

Les partenariats. Selon l’amiral Vaujour, la puissance navale repose sur le nombre de navires, la technologie, le savoir-faire et les partenariats. Ces derniers apportent la cohérence de la réponse et la capacité de performance dans certaines zones. L’échange d’informations permet de s’organiser entre Marines alliées, notamment avec celle des États-Unis. Toutefois, les intérêts souverains imposent parfois le recours au « caveat », à savoir la limite de la participation à certaines missions à préciser au chef militaire de la coalition sur zone. La France et la Grande-Bretagne ont développé en commun des travaux sur la force de dissuasion, les porte-avions, les sous-marins et la guerre des mines. En Méditerranée, la Marine française travaille avec ses homologues italienne, grecque et espagnole pour éviter de s’épuiser seule sur une mission. En Asie, elle coopère avec d’autres Marines pour améliorer la persistance de sa présence et sa capacité de compréhension et d’analyse, en vue d’obtenir un effet militaire supérieur. Elle dispose d’une base navale aux Émirats arabes unis d’où partent les missions « Agénor », contributions à l’initiative européenne de liberté de navigation dans le golfe Arabo-Persique. Dans le Pacifique, elle dispose de points d’appui robustes et accessibles en tout temps. L’Australie reste son principal partenaire par sa situation dans la zone stratégique d’accès et sa grande capacité d’accueil portuaire. Des partenariats spécifiques se développent avec le Japon, la Corée du Sud, Singapour, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines.

Loïc Salmon

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OTAN : pouvoir conserver l’avantage opérationnel

Afin de conserver une longueur d’avance pour préserver sa liberté d’action dans un contexte militaire futur, l’OTAN devra disposer de structures et de forces capables de comprendre, de décider plus rapidement et d’agir ensemble.

Le général d’armée aérienne Philippe Lavigne, commandant Suprême Allié Transformation (Allied Command Transformation en anglais, ACT) de l’OTAN, l’a expliqué à la presse le 14 septembre 2023, à l’occasion de la tenue de la conférence des communicants OTAN à Paris. (11-14 septembre).

Menaces nombreuses et rapides. En 74 ans d’existence, l’OTAN a bénéficié d’une avance technologique sur ses adversaires potentiels et a connu 30 ans de dividendes de la paix et 20 ans d’opérations hors de sa zone, contre des adversaires qui n’avaient pas de puissance équivalente. En 2003, l’OTAN a créé l’ACT pour se transformer en vue des menaces futures. Or, les menaces sont déjà plus nombreuses en raison de la prolifération des technologies et des quantités gigantesques de données sur le champ de bataille. En outre, depuis février 2022, la guerre entre la Russie et l’Ukraine consomme d’énormes quantités de munitions, que les industries occidentales d’armement pourraient difficilement produire. S’y ajoutent : les contestations multiformes, multi-milieux (terre, mer, air, espace et cyberespace) et multi-champs (matériel et immatériel) avec une échelle géographique et une complexité d’interconnexion sans précédent ; les technologies de rupture comme l’intelligence artificielle (IA) et les systèmes autonomes, auxquels les acteurs étatiques et non-étatiques ont aujourd’hui accès. Ainsi en Ukraine, des entreprises privées ont contribué à la survie numérique de l’État. Dès le début de l’invasion, la Russie a coupé l’accès à internet dans les territoires occupés. De plus, elle a lancé une propagande ciblée et des campagnes de désinformation destinées à l’Ukraine, mais aussi à sa propre population et à ses ennemis à l’étranger. En Afrique, elle recourt à des acteurs non-étatiques (notamment la société militaire privée Wagner) et utilise la désinformation pour déstabiliser des populations et réduire la compréhension et la légitimité des actions des pays occidentaux (dont celles de la France). En outre, l’OTAN observe l’Arctique et le Grand Nord, le Sud, l’espace et le champ informationnel. La compétition technologique porte notamment sur l’IA et le quantique (réalisation d’objets physiques au niveau microscopique), où la Chine investit massivement et dont ses forces armées bénéficient des avancées dans le domaine civil. De plus, celle-ci a conceptualisé la « guerre cognitive », qui lui permettrait de vaincre sans combattre. Dans les dix prochaines années, la majorité de la population mondiale aura accès à d’énormes quantités d’informations et à un déluge de fausses nouvelles. Enfin, le développement des armes hypervéloces (par la Russie et la Chine) réduit la capacité de l’OTAN à détecter, décider et agir.

Conceptualiser la défense future. Avant tout développement technologique, l’OTAN s’interroge, en toute transparence avec 31 nations partenaires, sur les limites éthiques et morales qu’elle se fixe. Cela s’applique aussi au champ informationnel, pour contrer les actions des compétiteurs et adversaires. En 2014, des actions de la Russie dans le champ informationnel, non détectées, ont précédé son attaque en Crimée. Actuellement, les experts de la communication de l’OTAN développent un outil d’IA, avec des partenariats extérieurs, pour comprendre la situation, mieux et plus vite. Il s’agit de la résumer quotidiennement et de présenter ce qui présente un intérêt militaire, notamment la détection d’une démarche hostile. L’ACT a aussi pour mission de renforcer au maximum l’interopérabilité des forces de l’OTAN et de structurer une planification de défense et de développement capacitaire, en s’appuyant sur l’innovation pour exploiter idées, procédures et technologies et expérimenter des solutions.

Loïc Salmon

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Missiles : amélioration de la technologie de la Corée du Nord

Les essais du missile intercontinental Hwasong-15 visent à renforcer la capacité de frappe nucléaire de la Corée du Nord, dont le missile de portée intermédiaire Hwasong-12 pourrait déjà atteindre l’île américaine de Guam.

Ce thème a fait l’objet de deux notes publiées à Paris, l’une en février et l’autre en mars 2023, par la Fondation pour la recherche stratégique et rédigées par Antoine Bondaz, directeur du Programme Corée sur la sécurité et la diplomatie, Stéphane Delory, maître de recherche, et Christian Maire, chercheur associé.

Avancées réalisées. Le 18 février 2023, un missile Hwasong-15, tiré vraisemblablement depuis l’aéroport international de Pyongyang, a effectué une trajectoire « plongeante » pour vérifier tous les paramètres de propulsion. Selon l’agence de presse officielle KCNA, ce missile aurait atteint un apogée (point le plus éloigné de la terre) de 5. 768 km et une portée de 989 km pour un temps de vol de 67 minutes avec un retour précis dans une zone prédéterminée en mer. Ce troisième essai fait suite à celui du 3 novembre 2022, pour un apogée de 1.920 km, une portée de 760 km et une vitesse de 5km/s. L’essai du 29 novembre 2017 a réalisé un apogée de 4.475 km, une portée de 950 km et un vol de 53 minutes. A l’époque, Pyongyang avait déclaré que ce missile pouvait cibler tout le territoire américain, soit une portée minimale de 11.000 km…confirmée ultérieurement par les Forces américaines en Corée du Sud ! Tous les missiles nord-coréens de portées intermédiaires et intercontinentales utilisent la propulsion liquide des lanceurs spatiaux Taepodong et Unha, testés en 1999, 2006, 2009, 2012 et 2016. Ces engins dépendent d’infrastructures routières de bonne qualité pour des transits sur des distances limitées (photo). La propulsion liquide s’appuie sur la combustion de deux ergols, à savoir un comburant (peroxyde d’azote) et un carburant (kérosène), stockés dans deux réservoirs distincts et mélangés dans la chambre de combustion. La transformation structurelle de réservoirs à fonds séparés en réservoirs à fonds communs permet d’emporter jusqu’à 2.600 kg d’ergols supplémentaires, d’allonger la durée de combustion de 8 à 9 secondes et d’améliorer les performances en vol de façon sensible. L’acquisition de la technologie du moteur soviétique RD-250, qui utilise ces ergols stockables et très énergétiques, permet à la Corée du Nord de concevoir des missiles autour d’un système de propulsion de très forte poussée, indispensable pour s’affranchir de la pesanteur terrestre. Cette évolution a été démontrée avec succès lors des essais en vol des missiles à longue portée effectués à partir de 2017. Un autre enjeu technologique porte sur la forme du corps de rentrée dans l’atmosphère, soumis aux fortes contraintes des flux thermiques résultant de vitesses supérieures à 7 km/s. Le corps de rentrée du Hwasong-15 ressemble à celui du missile intercontinental américain Titan II (portée de 15.000 km) des années 1950-1960, dont la forme a évolué depuis. Mais cela a nécessité de nouveaux matériaux, dont la Corée du Nord ne maîtrise pas encore la technologie. Le corps de rentrée du Hwasong-15 lancé le 29 novembre 2017 emportait surtout des systèmes de mesures et d’instrumentation. Celui lancé le 18 février 2023 pourrait avoir emporté un lest, réplique d’une charge militaire.

Origines soviétiques puis chinoises. Client traditionnel de l’URSS, la Corée du Nord a bénéficié de son aide pour la conception de certains missiles à courte portée et à propulsion solide. Mais par la suite, les dimensions et la structure du Hwasong-15 présentent des analogies avec le missile chinois DF-4 à propulsion liquide, d’une portée de 5.000 km et emportant une charge utile de 2.200 kg. Le lanceur spatial chinois CZ-I dérive du DF4. La complexité des éléments d’un missile nécessite des outils industriels très spécialisés. La Corée du Nord semble en avoir acquis ainsi que les données techniques du CZ-I.

Loïc Salmon

Indo-Pacifique : éviter l’escalade nucléaire malgré la compétition stratégique accrue

Japon : protection et évacuation des ressortissants en cas de crise en Corée et à Taïwan

Corée du Nord : « royaume ermite » et facteur de crise en Asie du Nord-Est




Sécurité : la participation militaire terrestre à la gestion des crises

Face aux risques de grande ampleur, des personnels, des hélicoptères et des véhicules militaires appuient les forces de sécurité intérieures à la demande du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer.

Le colonel Stanislas Rouquayrol, commandant les formations militaires de la sécurité civile, en a présenté les spécificités à la presse le 20 juillet 2023 à Paris.

Force d’action rapide. Les formations militaires de la sécurité civile (Formisc), issues de l’arme du génie de l’armée de Terre, sont sollicitées lors des grands événements et fournissent des conseils aux autorités. Leurs champs d’interventions couvrent toutes les crises : tremblements de terre ; feux de forêts ; inondations ; cyclones ; tempêtes ; épidémies ; accidents ou sabotages industriels ; menaces nucléaire, radiologique, biologique et chimique. Polyvalentes, les Formisc portent une assistance aux réfugiés, populations déplacées ou rapatriées et fournissent une logistique opérationnelle. Dans la lutte contre les feux de forêt dans le Sud de la France, l’opération dite « Héphaïstos », qui dure du 1er juillet au 30 septembre, déploie 160 militaires, 3 hélicoptères et 50 véhicules. Elle met notamment en œuvre le Détachement d’intervention retardant, dont les véhicules dispersent des produits qui ralentissent la propagation de l’incendie, des moyens lourds du génie et des sections d’intervention feux de forêt. En 2023, « Héphaïstos » a élargi son engagement avec une compétence nationale et une capacité de mobilisation de moyens humains spécifiques en cas de crise avec des détachements Air, basés à Orange et Mont-de-Marsan, et un module adapté de surveillance sous la direction de l’État-major des armées. Au sein du dispositif national du ministère de l’Intérieur, la Force d’action rapide de la sécurité civile, pluridisciplinaire et en astreinte permanente, peut intervenir partout en France ou à l’étranger. Elle mobilise 262 personnes en 3 heures et jusqu’à 600 personnels en moins de 72 heures pendant un mois sans relève

Bilan « Héphaïstos » 2022. La campagne des feux de forêts 2022 s’est caractérisée par une grande virulence, souligne le colonel Rouquayrol. Les Formisc sont intervenues à 92 reprises sur des incendies ravageant 70.000 ha, soit 6 fois plus qu’en 2021. Rien qu’en juillet, elles ont engagé près de 55 % de leurs effectifs. Le Détachement d’intervention héliporté national a été déployé sur 4 feux majeurs pendant 13 jours. En Gironde, la lutte contre le feu a mobilisé 6 Sections militaires intégrées de 150 hommes chacune, formées, équipées et encadrées sur le terrain par les Formisc, soit l’équivalent du dispositif opérationnel permanent « Sentinelle ». En outre, les moyen aériens (avions, hélicoptères et drone Reaper) ont effectué plus de 100 heures de vol de reconnaissance. Ils complètent ceux de la Direction générale de l’aviation civile : Canadair, avion amphibie, qui s’approvisionne jusqu’à 6 t d’eau en mer ou sur un plan d’eau douce ; avion Dash qui se ravitaille à terre ; hélicoptère Dragon pour les missions de secours ; location d’hélicoptères pour des largages d’eau à des endroits précis.

Engagements hors métropole. La période 2022-2023 constitue un engagement hors normes pour les Formisc, estime le colonel Rouquayrol. En 2022, après le passage du cyclone Batsiral à Madagascar, 59 personnels ont assuré le traitement de l’eau et la coordination avec les moyens de l’Union européenne. En Ukraine, 153 personnels et 3 experts européens ont effectué 3 convois de fret. En Grèce, au Pakistan, en Guadeloupe et au Tchad, des personnels ont participé au traitement de l‘eau. Au premier semestre 2023, les Formisc sont intervenues à la suite des tremblements de terre en Turquie (7 février-10 mars), des feux de forêts au Chili (13 février-6 mars), des inondations en Italie (23-30 mai), de la sècheresse à Mayotte (15-23 avril puis 17 juillet) et des feux de forêt au Canada (depuis le 8 juin).

Loïc Salmon

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Sécurité : « Orphé », plongée au cœur des cellules de crise

Aviation militaire : le BEA-É pour la sécurité aérienne

 




Défense : le SCA, assurer l’approvisionnement au plus près

Dans le cadre de l’économie de guerre, le Service du commissariat des armées (SCA) constitue des stocks de sécurité, conformément aux contrats opérationnels, et prépare des réponses aux scénarios élaborés par l’État-major des armées.

La commissaire générale de 1ère classe Isabelle Ehrhart-Duffo, officier général directeur des métiers au sein du SCA, l’a expliqué à la presse le 25 mai 2023 à Paris.

Le SCA est très impliqué dans le maillage de la base industrielle et technologique de défense avec 23.000 personnels, moitié civils, moitié militaires, répartis dans 89 organismes sur le territoire national et en opérations. Ils ont pour missions de soutenir les forces en tout temps, en tous lieux et en toutes circonstances.

Achats, finances et logistique. L’économie de guerre figure dans la feuille de route du SCA jusqu’à 2030. Le tissu industriel, qu’il accompagne, doit pouvoir soutenir un effort de guerre dans la durée en cas de nécessité pour les forces armées françaises ou au profit d’un pays partenaire. Ce tissu industriel, constitué à 95 % d’entreprises françaises (80 % de tailles moyennes et petites), compte 22.500 fournisseurs, dont certains qualifiés de stratégiques. Il réalise un chiffre annuel moyen de 3,3 Mds€. Le SCA décerne 100 labels « utilisés par les armées françaises ». L’économie de guerre nécessite de produire plus, plus vite et avec un coût maîtrisé, en calculant le besoins des armées, déclinés selon les scénarios de l’État-major des armées. Le SCA doit pouvoir répondre à ces besoins de façon la plus adéquate en interne ou en externe. Cela implique une mise en cohérence avec les crédits budgétaires, des directives pour les achats et une chaîne logistique pour le ravitaillement à proximité des troupes. Le SCA assure onze fonctions pour livrer des produits finis ou délivrer des prestations clés en main : habillement et équipements relevant du commissariat ; alimentation et restauration ; hébergement et hôtellerie ; gestion de site et soutien multiservices ; soutien aux conditions de vie du personnel et aux loisirs ; transport routier, individuel et collectif ; administration du personnel et de la solde ; soutien à la mobilité professionnelle ; acquisitions de biens et services courants des forces armées ; paiements nécessaires aux forces armées ; conseil juridique et contentieux.

Actions à mener. La Délégation générale de l’armement (DGA) accompagne le SCA conformément à une convention cadre. Toutefois, la DGA élabore des programmes à 15 ans, alors que le SCA, qui traite des biens et des services courants, établit des programmes sur 3 à 5 ans. La montée en puissance, qui élargit le cercle des marchés actuels à de nouvelles entreprises, s’organise selon cinq axes. Le premier consiste à identifier et cartographier les industriels stratégiques fabriquant des équipements de première nécessité et à localiser leurs centres de décision et de production. Le deuxième axe porte sur l’identification des sources d’approvisionnement, notamment les matières premières des produits nécessaires, et l’identification des capacités d’accélération de leur production. L’approvisionnement de ce qui est produit sur le territoire national ou dans l’espace européen est considéré comme sécurisé. La troisième action vise à réduire le niveau d’exigence pour optimiser la production en conservant la qualité du produit final, grâce aux innovations dans le domaine technique et dans les processus de production, notamment pour les composants électroniques. Quatrièmement, la politique de stocks de sécurité porte sur plusieurs années (équipements, matières premières et composants sensibles) et sur le dimensionnement des entrepôts, en vue d’une réactivité plus importante. Enfin, la programmation militaire donne une visibilité à sept ans aux industriels pour investir dans la relocalisation de filières de production et de recyclage, sur le territoire national ou européen, et dans la mise en œuvre de formations dans les métiers actuellement en tension.

Loïc Salmon

Armement : produire plus et plus vite en temps de guerre

Armement : gestion des stocks dans un conflit de haute intensité

Stratégie : les métaux « critiques », enjeux de sécurité pour les États-Unis et de puissance pour la Chine




14 juillet 2023, un défilé sur l’engagement international

Outre la défense et la résilience nationales, le défilé militaire du 14 juillet 2023 à Paris met à l’honneur l’engagement de la France envers ses partenaires étrangers.

Le général de corps d’armée Christophe Abad, gouverneur militaire de Paris, l’a présenté à la presse le 5 juin 2023.

Partenariats internationaux. Nation invitée à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son partenariat stratégique avec la France, l’Inde participe au défilé avec des troupes à pied, 2 Rafale C (origine française) et 2 avons de chasse F-16 américains. Le défilé aérien inclut également 2 chasseurs Typhoon britanniques et 1 hélicoptère d’assaut Caïman italien. La Place de la Concorde accueille 80 musiciens venus d’Allemagne, de Belgique, du Canada, du Danemark, d’Espagne, des États-Unis, de France, de Grande-Bretagne, de Grèce, de Hongrie, d’Italie, du Luxembourg, du Portugal, de la République tchèque et de Roumanie.

Opérations. Les 9 Alphajet de la Patrouille de France ouvre le défilé des forces aériennes nationales, suivis de 2 Rafale C et de 2 Mirage 2000 D accompagnés par les 2 Rafale C indiens. La protection de l’espace aérien est représentée par 1 avion E-3F Awacs (système de détection et de commandement aéroporté), 2 Mirage 2000-5, 1 Rafale B et 1 Rafale C. La défense du territoire européen l’est par 1 Rafale B, 1 Rafale C et 1 Mirage 2000-5, accompagnés des 2 Typhoons britanniques et des 2 F-16 indiens. Les forces aériennes stratégiques, chargées de la défense des intérêts vitaux par l’emport de l’arme nucléaire, participent avec 1 avion ravitailleur multi-rôles A-330 Phénix et 3 Rafale B. La projection de force est montrée par 1 avion de transport stratégique A330-200, 1 avion de transport polyvalent A400 M Atlas, 1 avion de transport tactique et d’assaut C-130J Hercules et 2 avions de transport tactique CN-235 Casa. La force d’intervention est représentée par 1 avion ravitailleur C-135 et 4 Mirage 2000 D. Le groupe aérien embarqué du porte-avions Charles-de-Gaulle présente 1 avion de guet aérien E-2C Hawkeye, 8 Rafale Marine et 1 avion DA10. La patrouille maritime est représentée par 1 avion Falcon 50 M, pour la lutte contre les trafics illicites et la recherche et le sauvetage en mer, et par 2 Atlantique 2 utilisés également en opération extérieure. Le renseignement aérien est représenté par 1 drone de combat Reaper et 1 avion léger de surveillance et de reconnaissance.

Anniversaires. L’édition 2023 célèbre quelques anniversaires : pour l’armée de Terre, les 30 ans du Commandement du renseignement, les 80 ans de la 2ème Brigade blindée et les 80 ans du Bataillon parachutiste de choc ; pour la Marine nationale, les 210 ans de la préfecture maritime de Brest ; pour l’armée de l’Air et de l’Espace, les 70 ans de la Patrouille de France ; pour la résilience, les 80 ans de la médaille de la Résistance française.

Parade militaire et civile. L’édition 2023 compte : 6.500 participants, dont 5.100 à pied ; 67 avions dont 1 drone, 28 hélicoptères dont le nouvel hélicoptère interarmées léger H160 Guépard ; 62 motos et 157 véhicules et engins dont le véhicule multi-rôles blindé léger Serval ; 200 chevaux de la Garde républicaine. Outre les écoles des cadres militaires, défilent des unités des trois armées, du Commissariat, du Service de santé des armées, de la Gendarmerie, de la Délégation générale de l’armement et de la Direction de la maintenance aéronautique. Suivent des personnels de ministères de l’Intérieur, de la Justice et de l’Économie. Traditionnellement, la Légion étrangère ferme la marche.

Loïc Salmon

14 juillet 2022, un défilé sur fond de guerre en Ukraine

14 juillet 2021 : engagements de haute intensité, technologies de pointe et anniversaires

14 juillet 2019 : coopération européenne et innovation

 




Armée de l’Air et de l’Espace : sûreté aérienne, la sécurisation du Salon aéronautique du Bourget

La sûreté aérienne met en œuvre des radars de surveillance et des centres de détection et de contrôle ainsi que des avions de chasse, des hélicoptères et d’autres moyens. Elle a été renforcée lors du Salon international de l’aéronautique et de l’espace, tenu du 19 au 25 juin 2023 au Bourget (région parisienne).

Le général Étienne Faury, commandant de la brigade aérienne de la posture permanente de sûreté-Air (PPS-Air, police du ciel), a présenté, le 15 juin 2023 à Paris, le dispositif de sécurisation aérienne.

Le dispositif particulier de sûreté. Lors de la visite d’un chef d’État ou d’un grand évènement, un dispositif particulier de sûreté aérienne est déployé. Il consiste à renforcer, de façon ponctuelle et localisée, les moyens de défense aérienne sans dégrader la PPS-Air, L’armée de l’Air et de l’Espace crée alors une zone interdite à tous les aéronefs à certains horaires pour éviter toute perturbation de l’événement. Ce dispositif particulier inclut des interactions interarmées et interministérielles avec la Direction générale de l’aviation civile, les différentes préfectures et la Direction générale de la sécurité intérieure plusieurs mois à l’avance. La sécurité commence dès le décollage d’un aéronef et implique une coordination entre différents aérodromes. Les moyens d’alerte en vol s’interposent, identifient et, si besoin, détournent ou arraisonnent tout appareil intrus. Puis, les forces de sécurité intérieures interviennent pour les suites judiciaires.

La protection du salon du Bourget. Le Salon du Bourget, qui accueille 2.400 exposants et plus de 300.000 visiteurs, inclut des démonstrations en vol. Le dispositif PPS-Air intègre alors les participations du groupe ADP (Aéroports de Paris) et des organisateurs. Le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes évalue les menaces : détournement d’un avion de ligne, très peu probable en raison des mesures de sécurité au sol et dans les aéroports ; avions légers égarés, protestant contre l’événement ou ayant l’intention de nuire ; drones envoyés par des gens curieux ou contestataires. Le nombre de survols des zones interdites est alors limité pour protéger les démonstrations en vol et éviter les accidents. Les moyens aériens en alerte varient selon les besoins : avion E-3F AWACS (système de détection et de commandement aéroporté) pour la surveillance de zone ; drone de combat Reaper ; Rafale ou Pilatus PC21 pour lever le doute, s’interposer et contraindre un appareil intrus à se poser ; hélicoptère Fennec. Au sol, la protection inclut des moyens complémentaires en fonction des conditions météorologiques et du nombre d’appareils pouvant arriver : missile ASMP-T de moyenne portée ; système de missile sol-air Crotale de courte portée ; lutte anti-drones ; guet à vue ; détachement de liaison sur chaque aéroport de Paris pour coordonner les démonstrations en vol du salon avec les décollages, sous certaines conditions, des avions usagers.

La lutte anti-drones. La brigade PPS-Air travaille avec la Gendarmerie des transports aériens et la Préfecture de police de Paris pour protéger le site, les spectateurs et les démonstrations aériennes de drones, dont la menace évolue avec la technologie. Les systèmes Bassalt (radars et caméras) fonctionnent jour et nuit. La Gendarmerie déploie des véhicules pour compléter la détection. Des systèmes « aéroscopes » voient 95 % des trafics. Les systèmes de brouillage Dedrone et ceux montés sur des fusils s’insèrent dans les bandes de fréquences et immobilisent les drones. Règlements et procédures les complètent. Une base aérienne a été projetée sur le site du Bourget pour loger 400 personnels pour la défense sol-air, la protection au sol des aéronefs, la lutte anti-drone, le poste de commandement dans la préfecture et celui pour la lutte anti-drones, le tout en liaison avec le Centre national des opérations aériennes à Lyon-Mont Verdun.

Loïc Salmon

Aviation militaire : le BEA-É pour la sécurité aérienne

Drones : menaces aériennes à très basses altitudes

Sécurité : détection, identification et neutralisation des drones malveillants

 




Plan d’accompagnement des blessés 2023-2027

Dans le cadre d’un conflit de haute intensité, le Plan d’accompagnement des blessés pour la période 2023-2027 vise à s’inscrire dans la culture des forces morales, indispensable aux armées.

Il a été présenté le 10 mai 2023 à Paris par Patricia Miralles, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées chargée des anciens combattants et de la mémoire.

« La capacité de notre ministère à ne laisser personne sur le borde de la route, dit-elle, à accompagner ses combattants d’hier et d’aujourd’hui, quelle que soit leur situation, est un gage pour leur engagement à long terme dans nos forces. Une armée qui ne prendrait pas soin de ses blessés ne saurait être une armée prête à répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain. » Ce Plan d’accompagnement des blessés 2023-2027 est mis en œuvre conjointement par l’État-major des armées, le Secrétariat général pour l’administration, les états-majors d’armée, les directions et services interarmées et les établissements publics concernés du ministère des Armées.

Droits et simplification administrative. La loi Brugnot, dite « jurisprudence Brugnot », permet aux militaires d’obtenir réparation pour les préjudices subis pendant l’exercice de leurs fonctions. Elle prend en charge les blessures et maladies que leur pension militaire d’invalidité (PMI) ne va pas couvrir. Grâce à elle, même les militaires qui ne bénéficient pas d’une PMI peuvent demander une indemnisation pour les préjudices subis. Le Plan d’accompagnement des blessés 2023-2027 prévoit six mesures spécifiques pour faciliter l’accès aux droits. La première concerne la demande unique pour une PMI-Brugnot avec possibilité de faire la démarche sur papier ou en ligne pour simplifier l’expertise, afin de la rapprocher d’une expertise unique à terme. La deuxième met en œuvre un « coffre-fort numérique » pour pouvoir déposer, stocker et retrouver les pièces justificatives. La troisième mesure consiste à instruire systématiquement le renouvellement d’une PMI arrivée à échéance, sans solliciter une démarche formelle. La quatrième met en œuvre un dispositif de réparation intégrale pour les militaires blessés du fait d’un évènement de guerre ou lors d’une mission opérationnelle. La cinquième mesure porte sur la mise en place du site internet « Maison numérique des blessés et de leur famille » pour centraliser l’information sur tout le parcours administratif et de reconstruction et de donner la possibilité, à terme, de réaliser l’ensemble des démarches en ligne. La sixième qualifie de « maladie professionnelle » certaines pathologies déclenchées à partir d’un volume ou d’une durée d’activités particulières comme les sauts en parachute ou les plongées sous-marines.

Reconstruction et accompagnement. Le Plan d’accompagnement des blessés 2023-2027 prévoit six autres mesures pour les militaires concernés et leur famille. La première met en œuvre le « village des blessés », pôle de réhabilitation de l’Institution nationale des Invalides, et ouvre dix « maisons Athos » pour les blessés psychiques, dont au moins une en Outre-mer, pour offrir un maillage territorial complet. La deuxième mesure vise à faciliter l’attribution de la « majoration tierce personne », dès que les infirmités pensionnées sont la cause déterminante du besoin d’assistance. La troisième renforce la sensibilisation de tous, surtout les commandants d’unités et les familles, sur le syndrome de stress post-traumatique. La quatrième mesure a pour ambition d’augmenter la part des blessés dans les emplois réservés des forces armées et de renforcer l’action de l’agence de reconversion professionnelle « Défense mobilité ». La cinquième enclenche le financement des prothèses de sport à but exclusivement sportif et autres équipements sportifs en faveur des titulaires de PMI. La sixième mesure vise à développer les dispositifs d’accueil des familles éprouvées, comme les « maisons des familles » au sein des hôpitaux d’instruction des armées.

Loïc Salmon

Service de santé : garantir au mieux la survie des blessés

Blessés psychiques : « ATHOS », la proximité contre la solitude

Service de santé : « Maison des blessés et des familles » à Percy