Armée de l’Air et de l’Espace : protection et lutte anti-drones

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Le maintien de la souveraineté sur l’espace aérien national exige une vigilance accrue, une capacité constante d’anticipation et une grande réactivité aux menaces.

Le général de brigade aérienne Olivier Poncet, chef d’état-major du Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), en a présenté le fonctionnement à la presse le 2 octobre 2025 à Paris.

Posture de sûreté aérienne. La défense aérienne de la France mobilise 450 aviateurs 24 heures sur 24, 365 jours par an. Elle s’appuie sur du renseignement en amont obtenu par un maillage de 70 radars répartis sur le territoire national et connectés aux centres de détection et de contrôle. S’y ajoutent les renseignements provenant de la Direction générale de l’aviation civile, de la Direction générale de douanes et droits indirects et de la Direction générale de la sécurité intérieure, afin d’évaluer la situation par rapport à un aéronef particulier. En cas de comportement anormal, 4 plots de chasseurs et 3 plots d’hélicoptères, en alerte permanente, peuvent intervenir en quelques minutes. Des avions ravitailleurs peuvent être déployés pour soutenir les chasseurs dans la durée et des avions E-3F AWACS (systèmes aéroportés de détection et de commandement aéroporté) permettent d’allonger la surveillance radar. Tout est coordonné à la base aérienne de Lyon-Mont Verdun, centre du CDAOA connecté aux radars de l’OTAN pour anticiper et orienter les actions. En temps de paix, celles-ci peuvent débuter en vol avec la poursuite de l’aéronef pour le contraindre à se poser, afin que le pilote soit appréhendé par la Gendarmerie. Le dispositif inclut la participation des radars des bâtiments de la Marine nationale et la défense sol-air de l’armée de Terre. Des protocoles d’accord bilatéraux avec les pays voisins de la France permettent d’échanger des données et d’engager des poursuites au-delà des frontières. La chaîne d’engagement permanente relève de la Haute autorité de défense aérienne et du Premier ministre. Lors d’événements majeurs comme le Salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget ou les Jeux Olympiques de Paris 2024, un « dispositif particulier de sûreté aérienne » est mis en place avec des zones de vol réglementées et d’interdiction temporaires.

Lutte anti-drones. Plusieurs milliers de drones, enregistrés dans des banques de données et mis en œuvre par des opérateurs privés ou étatiques (SNCF, pompiers, Douanes et prisons), survolent la France dans des couloirs spécifiques. La posture de sûreté aérienne s’applique aux drones selon le triptyque détection, classification et intervention, mais avec des particularités. Rarement métallique, un drone évolue souvent à basse altitude, de jour comme de nuit et souvent en milieu urbain. La détection associe radars, goniométrie, acoustique et caméras. Signalements électroniques et systèmes d’intelligence artificielle détectent les comportements erratiques. La classification « ami » ou « ennemi » permet de lever un doute. En cas d’engagement, les drones seront neutralisés par des moyens moins coûteux que les missiles. Cela va du brouillage, du sol ou d’un hélicoptère, à la capture électronique de la télécommande du drone, pour le renvoyer à son point de départ et appréhender le pilote, ou à la destruction par de l’artillerie ou un fusil de chasse. La Marine et les armées de Terre et de l’Air et de l’Espace développent leurs propres systèmes de protection et s’entraînent à la lutte anti-drones. Pendant les Jeux Olympiques, environ 400 drones contrevenants n’ont pas respecté la réglementation, entraînant brouillages, saisies et interpellations des télépilotes. L’arme à énergie dirigée (laser), capable de griller les composants électroniques d’un drone en quelques secondes, a été mise en œuvre. Ensuite, le CDAOA a monté l’exercice interarmées et interministériel XLAD (17-28 mars 2025) avec la société civile en mobilisant 230 participants et selon 40 scénarios de menaces multiples.

Loïc Salmon

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