Les hélicoptères se trouvent au cœur des opérations de sécurité intérieure, qui met en synergie les moyens matériels et humains des armées de Terre et de l’Air et des Marine, Gendarmerie et Police nationales.
Ce thème a été traité lors d’un colloque organisé, le 18 juin 2015 au Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget (région parisienne), par le Commandement de l’aviation légère de l’armée de terre. Y sont notamment intervenus : le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre ; le lieutenant-colonel Pierre-Yves Bourboulon, Groupe interarmées d’hélicoptères ; le colonel Bernard Tardy, Commandement des forces aériennes ; le capitaine de frégate Frédéric Bordier, Force de l’aéronautique navale.
Le GIH, une unité particulière. Le Groupe interarmées d’hélicoptères (GIH) a été constitué le 1er juillet 2006, en application du principe de précaution et résulte de la coopération, plus ou moins simple, entre les ministères de la Défense et de l’Intérieur, explique le lieutenant-colonel Bourboulon. Il s’agit de renforcer la sécurité intérieure, disposer d’une capacité sécuritaire à l’échelle nationale et de rentabiliser les moyens par une approche interarmées. Le GIH doit pouvoir s’engager à tout moment et pour tout type de mission au profit du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) et du RAID (Recherche, assistance, intervention et dissuasion) de la Police nationale. En conséquence, deux hélicoptères Puma sont en mesure de décoller en moins d’une heure, 24 heures sur 24, pour assurer en priorité la sécurité des sites nucléaires. Le GIGN intervient sur les 20 centrales de production d’électricité et le RAID sur les 14 sites nucléaires civils d’AREVA et du Commissariat à l’énergie atomique. En outre, le GIH participe au contre-terrorisme maritime à deux niveaux : français, sous la direction de la Marine nationale et du Commandement des opérations spéciales (COS) ; européen, dans le cadre du groupe « Atlas », qui rassemble les unités de contre-terrorisme des polices des États membres de l’Union européenne. Ses personnels acquièrent et entretiennent les qualifications « Marine » et maintiennent quotidiennement la préparation opérationnelle du GIGN, du RAID et des unités du COS concernées. Ses équipages s’entraînent au sein du 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales. Installé à la base aérienne 107 de Villacoublay, le GIH dispose d’un effectif de 50 personnels (37 issus de l’armée de Terre et 13 de celle de l’Air) et de 7 Puma en moyenne (5 de l’armée de Terre et 2 de celle de l’Air). Il assure aussi des missions de police judiciaire, de transport d’autorités gouvernementales et de secours aux populations.
L’armée de l’Air. Les hélicoptères de l’armée de l’Air passent d’une opération extérieure à un engagement sur le territoire national, sans délai et dans la continuité de leurs missions quotidiennes, souligne le colonel Tardy. Il s’agit de Puma, Super Puma, Fennec et Caracal, très utilisés pour la recherche et le sauvetage (SAR) au profit de l’aviation civile, de la population et des armées. Ils sont regroupés dans quatre infrastructures en métropole ainsi qu’en Guyane et en Nouvelle-Calédonie. La mission SAR, prioritaire, se caractérise par une posture permanente et un grand rayon d’action. Ainsi, autonome pendant 4 h 30, un Super Puma peut aller jusqu’à 420 km en mer. Les appareils peuvent rester automatiquement en position stationnaire et récupérer des naufragés en pleine mer de nuit. Leurs équipages incluent des mécaniciens treuillistes et des plongeurs sauveteurs, qui s’entraînent avec la Marine nationale pour acquérir une expertise spécifique « d’aérocordage » (treuillage et descente en rappel). Dans le prolongement de la défense aérienne sur le segment basse vitesse, les hélicoptères sont intégrés dans des dispositifs permanents ou temporaires sur des événements ponctuels imprévus (attentat ou crash d’avion). Les mesures actives de sûreté aérienne prévoient une gradation dans la réponse : identification de l’aéronef hostile, contrainte d’atterrissage puis destruction par un tireur d’élite embarqué (photo) ou au canon de 20 mm. En Guyane, les hélicoptères contribuent à la lutte contre l’orpaillage clandestin, à la protection du centre spatial de Kourou, au renseignement, à l’appui-feu de troupes au sol et aux évacuations sanitaires. Ils agissent quotidiennement avec le 3ème Régiment étranger d’infanterie et le 9ème Régiment d’infanterie de marine, le groupe d’intervention de la Gendarmerie, la Marine nationale, les avions de l’Escadron de transport 68 et des hélicoptères civils.
La Marine nationale. Du plus loin au plus près des côtes, la Marine doit garantir la souveraineté de la France, protéger ses intérêts nationaux et assurer la sûreté maritime, rappelle le capitaine de frégate Bordier. Sont concernées : les eaux territoriales et les zones économiques exclusives, qui s’étendent sur 11 Mkm2, soit 20 fois l’hexagone. Cela implique de suivre l’évolution de la situation internationale et d’avoir une connaissance précise des zones maritimes, même lointaines, pour anticiper les crises dans les détroits de Bab-el Mandeb, d’Ormuz, de Gibraltar et du Pas de Calais. Frégates et hélicoptères embarqués font partie des dispositifs de surveillance, d’interception et surtout de police en mer, à savoir lutte contre la pollution marine, immigration clandestine et pêche illicite autour des Terres australes et antarctiques françaises. La lutte contre le narcotrafic en Méditerranée et dans les Caraïbes est assurée par le triptyque frégate, hélicoptère et commandos embarqués : patrouille, pistage, observation, poursuite de « go fast » (embarcations rapides des trafiquants) et interception (6 t de cannabis et de cocaïne saisis depuis le début 2015). Frégates et hélicoptères assurent la sûreté des approches maritimes par leur présence et la lutte anti-sous-marine (ASM), programmée ou inopinée. Cette posture est coordonnée avec les moyens du GIH, des armées de l’Air et de Terre et de la Gendarmerie. Les hélicoptères légers Dauphin interviennent à proximité des côtes. De jour comme de nuit, les Caïman, plus grands, vont jusqu’à 330 km au large de leur bâtiment mère, pour les missions SAR et de surveillance, protection et lutte ASM. Dans le cadre du contre-terrorisme maritime et en coordination avec le GIH et l’armée de l’Air, un dispositif peut être mis en place à bord d’un bâtiment de projection et de commandement.
Loïc Salmon
Opex : retour d’expérience des hélicoptères de combat
Théâtre d’opérations aériennes en métropole
Théâtre d’opérations maritimes en métropole
Les hélicoptères, engagés en opérations extérieures ou sur le territoire national, nécessitent une maintenance fréquente en raison de leur technologie pointue. Une réflexion est en cours sur la révision au niveau industriel et la maintenance opérationnelle sur place. L’armée de l’Air organise l’entretien de tous les aéronefs militaires, mais les autres armées doivent pouvoir déployer des pilotes et des mécaniciens sur des théâtres très différents. La disponibilité des hélicoptères constitue un souci majeur en termes de coût de soutien, d’âge des aéronefs et d’approvisionnement en pièces de rechange. Selon le général Jean-Pierre Bosser, un groupement d’appui aéronautique ou d’appui aux hélicoptères reste à imaginer.