La présence de drones malveillants à proximité des centrales nucléaires et des aéroports a conduit à la promulgation d’une loi à leur sujet et à l’élaboration de moyens techniques de lutte.
Louis Gautier, secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, et Yves Fort, directeur des opérations scientifiques de l’Agence nationale de la recherche, ont exposé la situation et organisé une présentation dynamique de trois démonstrateurs, le 18 novembre 2016 à la base aérienne de Villacoublay. L’appel à projets « Protection des zones sensibles vis-à-vis des drones aériens » en a reçu 24, dont 3 ont été retenus en avril 2015 et financés. Dénommés ANGELAS, BOREADES et SPID, ces projets, portés par des groupements d’industriels, de laboratoires publics et privés et d’opérateurs, ont abouti 12 à 18 mois plus tard à des systèmes intégrés de détection de petits drones, de leur identification (amis ou ennemis) et de leur neutralisation, testés en environnement opérationnel.
Démonstration de matériels. Des drones, mis au point par la SNCF pour l’observation des voies ferrées, ont servi de plastron à la démonstration, accompagnée d’une exposition statique des matériels (photo). Quatre scénarios ont été mis en œuvre : survol d’un site nucléaire par un drone isolé ; attaque lors d’un événement sportif dans un environnement semi-urbain ; attaque lors d’une cérémonie importante dans un environnement urbain ; survols de plusieurs drones à proximité des départs et des trajectoires d’approche d’avions d’un aéroport. Le projet ANGELAS utilise pour la détection : un radar actif d’une portée de 3 km et associé à un algorithme de pistage multicibles ; la goniométrie qui localise la direction des émissions du drone ou de la station sol jusqu’à plusieurs km ; un radar passif (très longue portée) ; des moyens acoustiques (plusieurs centaines de mètres) ; un système laser qui scanne l’environnement et détecte les échos renvoyés. L’identification recourt à : des caméras haute résolution (portée supérieure à 3 km) ; des émissions infrarouges (jusqu’à 2 km) ; un radar passif qui sépare les objets à rotor de la scène ; l’imagerie qui identifie de jour et de nuit (jusqu’à 2 km). Enfin, la neutralisation du drone se fait par : brouillage par émission directive des liaisons de commande et vidéo ; éblouissement de la caméra vidéo par laser ; brouillage du système GPS. Le projet BOREADES consiste à brouiller et leurrer le système de navigation du drone pour en prendre le contrôle, choisir son point de récupération et estimer la position du télépilote. Le projet SPID présente des moyens similaires, sur véhicules spécialisés, pour la protection d’installations fixes, d’événements ou de théâtres d’opérations et de cibles mobiles (jusqu’à 500 m) avec interpellation du télépilote.
Encadrement juridique. Selon Louis Gautier, plus de 400.000 drones privés et 4.000 drones professionnels sont en service en 2016. La loi du 24 octobre 2016, relative au renforcement de la sécurité de l’usage des drones civils, concerne ceux d’une masse inférieure ou égale à 800 g. Ils sont soumis à un régime d’enregistrement par voie électronique et doivent être équipés de dispositifs de signalements lumineux et électronique ou numérique. Un télépilote « professionnel » (hors usage de loisir) doit avoir suivi une formation visant à permettre le contrôle de l’évolution du drone, selon les règles de sécurité et les conditions d’emploi relatives à la navigation aérienne.
Loïc Salmon
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