La Mission circumnavigatrice Jeanne-d’Arc vise à faire acquérir aux futurs officiers de la Marine Nationale les compétences de chef militaire et d’homme de mer et de leur faire découvrir l’importance de l’engagement maritime de la France dans le monde.
Conduite par le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude et la frégate anti-sous-marine Georges-Leygues, la « Mission Jeanne d’Arc » (5 mars-fin juillet 2012) est déployée dans un contexte interarmées et interalliés en océan Indien et en Atlantique Sud. Les officiers en formation suivent un rythme de navigation soutenu et enchaînent rapidement des exercices interarmées et interalliés au sein du groupe amphibie du Dixmude. Ce dernier dispose d’une flottille de deux chalands de débarquement et du nouvel engin de débarquement rapide (EDA-R). Il embarque aussi un groupe tactique de l’armée de Terre, composé de quatre hélicoptères et d’une unité de manœuvre blindée avec ses appuis, soit en tout 210 militaires. Le BPC est en effet configuré pour assurer cinq fonctions : amphibie avec chalands de débarquement ; porte-hélicoptères ; hôpital ; plateforme de commandement ; instruction. Les exercices de coopération bilatérale, avec les Marines des pays riverains de la zone de déploiement, et les escales, avec une prise de conscience des enjeux géostratégiques locaux, font partie de la diplomatie de défense (voir « Marine et diplomatie » dans la rubrique « Archives » 6-7-2011). A l’issue de la Mission Jeanne d’Arc, les enseignes de vaisseau connaîtront une présélection aux différentes spécialités et/ou effectueront des stages en fonction de leurs futures affectations. Toutefois, avant de rejoindre leur école de spécialité, les pilotes d’aéronautique navale, commandos et responsables de la maintenance aéronautique seront affectés dans des forces navales de surface, pour ne pas perdre de vue qu’ils resteront d’abord des officiers… de Marine !
Longue mission pour deux navires
Traditionnellement, les officiers-élèves de la Marine effectuaient un voyage autour du monde à bord d’un bâtiment dénommé Jeanne-d’Arc, dont le dernier à porter le nom fut un porte-hélicoptères (1964-2010). Une frégate l’a toujours accompagné. Le nom est désormais attribué au groupe de deux bâtiments qui effectuent cette longue mission d’entraînement à la mer. Le BPC Dixmude, qui accueille les élèves cette année pour cinq mois, est entré en service le 3 janvier dernier. Il servira également de vitrine de la technologie navale française, en prévision du salon Euronaval qui se tiendra à Paris-Le Bourget en octobre (voir revue téléchargeable N°302 décembre 2010 p.7-14). Aujourd’hui, la Marine doit affronter tous les types de menaces sur toutes les mers du monde, dans un contexte international incertain. Le BPC a donc été conçu pour agir loin des bases navales, dans des situations politiques et militaires complexes et dans un cadre national et international. Interopérable avec d’autres forces armées alliées, le Dixmude a pris en compte les retours d’expériences des BPC Mistral et Tonnerre, déployés notamment au large de la Libye (opération Harmattan 2011), et les évolutions de la réglementation environnementale, des matériels et des logiciels. De son côté, la frégate de lutte anti-sous-marine Georges-Leygues, en service depuis plus de trente ans, participe à la formation des officiers-élèves depuis 1999 et dispose de locaux dédiés pour en recevoir 36.
Loïc Salmon
L’Ecole d’application des élèves de l’Ecole navale prévoit un tour du monde qui inclut, alternativement et une fois sur deux, l’Extrême-Orient ou l’Amérique du Sud. Cette année, la promotion de la Mission Jeanne-d’Arc compte 144 élèves, dont 21 femmes, issus de plusieurs corps d’officiers : 94 enseignes de vaisseau de l’Ecole navale ou recrutés sur titre ; 8 commissaires-élèves ; 6 administrateurs des Affaires maritimes ; 9 médecins des armées. S’y ajoutent 16 officiers-élèves et 1 commissaire-élève en provenance des pays suivants : Allemagne (2) ; Belgique (1) ; Bénin (1) ; Brésil (1) ; Cameroun (1) ; Espagne (1) ; Gabon (1) ; Indonésie (1) ; Koweït (2) ; Madagascar (1) ; Malaisie (1) ; Maroc (1) ; Royaume-Uni (1) ; Togo (1) ; Tunisie (1). Enfin, esprit interarmées oblige, dix sous-lieutenants des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan sont du voyage !