Le groupe aéronaval (GAN) effectue à l’automne 2016 une mission en Méditerranée orientale dans le cadre de l’opération « Chammal » au Levant, contribution à l’engagement de la coalition internationale contre Daech.
Le GAN et sa mission, dénommée « Arromanches 3 », ont été présentés à la presse le 22 septembre 2016 à Paris.
Le contexte « Chammal ». Lancée le 19 septembre 2014, l’opération « Chammal » constitue le volet français de l’opération « Inherent Resolve » d’une coalition d’une soixantaine de pays, consécutive à la résolution 2170 du Conseil de sécurité de l’ONU du 15 août 2014. Dirigée par les États-Unis, la coalition poursuit trois objectifs : arrêter la progression de Daech (État islamique) en Syrie et en Irak ; l’affaiblir en détruisant ses capacités militaires et en désorganisant ses flux logistiques ; appuyer la reconquête des territoires et rétablir la sécurité dans la région. Commandée par le chef d’État-major des armées à partir du Centre de planification et de conduite des opérations à Paris, « Chammal » est réalisée sous le contrôle opérationnel de l’amiral commandant la zone océan Indien. Cette opération s’intègre dans la stratégie militaire globale de lutte contre les groupes armés terroristes, qui menacent la France et le flanc Sud de l’Europe. Elle inclut un volet « formation et conseil » pour les unités irakiennes. Ainsi, de mars 2015 à juin 2016, des instructeurs français de la « Task Force Narvik » ont formé 3.600 militaires irakiens, affectés à la lutte contre le terrorisme, au cours de 30 stages de 1 à 8 semaines : sauvetage au combat, lutte contre les engins explosifs improvisés, combat en zone urbaine, tir de combat et formation de futurs instructeurs. En outre, pendant la même période, les militaires français de la « Task Force Montsabert » ont formé plus de 700 instructeurs irakiens au cours de 90 stages portant sur les opérations, le renseignement, la logistique, les transmissions, la santé et le combat d’infanterie. Leur mission consiste à améliorer les capacités existantes de commandement de l’état-major de la 6ème Division d’infanterie irakienne, chargée de la protection de la capitale Bagdad. En tout, plus de 1.000 militaires français sont répartis entre la Méditerranée orientale, les bases aériennes de Jordanie et des Émirats arabes unis, les différents états-majors de la coalition internationale (États-Unis, Koweït, Bahreïn, Qatar et Irak) et Bagdad. Environ 100 instructeurs de la composante « formation et conseil », dont la relève a eu lieu en mars 2016, résident à Bagdad. En outre, « Chammal » fournit aux troupes irakiennes, engagées au combat au sol contre Daech, un appui aérien consistant en des missions de renseignement et des frappes, planifiées à l’avance ou non. Ce volet aérien du dispositif français compte en permanence 14 avions de chasse de l’armée de l’Air, dont 6 Rafale basés aux Émirats arabes unis (renforcés ponctuellement par des appareils venus de France) et 8 Mirage 2000D et 2000N opérant depuis une base aérienne projetée en Jordanie. En cas de besoin, ce dispositif peut être renforcé par : 1 avion de patrouille maritime Atlantique 2, basé en Jordanie et destiné à la surveillance du milieu désertique ; 1 avion ravitailleur KC-135, projeté de France ; 1 avion de contrôle aérien AWACS E3F. Le 13 juillet 2016, le président de la République et chef des armées, François Hollande, décide un nouveau déploiement du GAN au sein de l’opération « Chammal », dont la zone d’intervention a été étendue à la Syrie dès le 8 septembre 2015.
La montée en puissance du GAN. La mobilité du Charles-De-Gaulle (CDG), jusqu’à 1.000 km/jour, et sa flexibilité d’emploi facilitent son engagement sur un théâtre et son désengagement. Les catapultes de ses deux pistes de décollage à l’avant propulsent des avions d’environ 25 t de 0 à 300 km/h en 1,5 seconde sur une piste longue de 75 m seulement. Avec une capacité de catapultage d’un avion toutes les 30 secondes et jusqu’à 20 avions en 12 minutes, le CDG peut assurer 100 vols/jour pendant une semaine. Pour l’opération « Arromanches 3 », il embarque, pour la première fois, uniquement des avions Rafale Marine, qui emportent quatre fois plus de bombes que les Super-Étendard. Au cours du catapultage, le pilotage automatique du Rafale Marine permet de contrôler totalement l’avion. Le pilote reprend progressivement la main à partir d’une altitude d’environ 100 m. La présence de deux moteurs permet au pilote de revenir se poser sur le CDG en cas de panne d’un moteur au décollage. Lors de l’appontage, le pilotage automatique permet de maintenir l’incidence d’approche de l’avion. Le pilote se concentre sur sa trajectoire. Déployé dès 2010 dans l’opération « Agapanthe » de lutte contre la piraterie en océan Indien puis, en 2011, lors de l’opération « Harmattan » au large de la Libye, le Rafale Marine peut franchir 1.850 km et effectuer une patrouille de 2 heures sans ravitaillement en vol. Il peut apponter avec une quantité importante de munitions non tirées ou de carburant. Cette réserve de kérosène permet aussi son « dégagement » vers un terrain de secours très éloigné, en cas de difficultés techniques à l’appontage ou de conditions météorologiques extrêmes. En outre, le CDG embarque 2 avions-radar E2C-Hawkeye pour le contrôle aérien avancé. D’une autonomie de 6 heures et capable de franchir 2.850 km, cet avion détecte, identifie et piste toutes les cibles aériennes dans un rayon d’environ 550 km. Il assure notamment le contrôle et le guidage des avions d’interception, le soutien des missions d’assaut contre des objectifs navals et terrestres, le relais d’informations et de données au sein du GAN et participe aux missions de recherche et de sauvetage. Pour la première fois également, le CDG embarque l’hélicoptère Caïman Marine, qui peut être mis en œuvre par mer forte (roulis de 10 degrés) et un vent de 90 km/h. Equipé d’une mitrailleuse de portière et d’un support pour fusil de tireur d’élite, il peut effectuer des missions de contre-terrorisme maritime, de sauvetage en mer et d’évacuation sanitaire. Enfin, pendant « Arromanches 3 », la présence éventuelle d’un porte-avions russe en Méditerranée orientale donnerait lieu à un partage des zones d’action pour des raisons de sécurité.
Loïc Salmon
CEMA : durcissement et aggravation des conflits, évolution des missions
Marine nationale : opération « Arromanches » en Méditerranée et océan Indien
Marine nationale : le porte-avions et la mer dans les relations internationales
Le groupe aéronaval est centré sur le porte-avions Charles-De-Gaulle, qui embarque 24 avions de chasse Rafale Marine équipés d’une crosse d’appontage, 2 avions de guet aérien E2C-Hawkeye et 4 hélicoptères (2 Dauphin, 1 Alouette III et 1 Caïman). Il inclut la frégate antiaérienne Cassard avec son hélicoptère Panther, la frégate anti-sous-marine Jean-de-Vienne avec 2 hélicoptères Lynx, un sous-marin nucléaire d’attaque et le bâtiment de commandement et de ravitaillement Marne, renforcés par la frégate anti-sous-marine allemande Augsburg avec 1 Lynx et le destroyer américain lance-missiles USS-Ross. La frégate de défense aérienne Chevalier-Paul en fait partie ponctuellement, avant d’entamer une nouvelle mission. Pour l’opération « Arromanches 3 » d’automne 2016 en Méditerranée orientale, le GAN compte environ 3.300 marins, dont 2.900 Français et 400 Américains et Allemands.