Le combat sur terre et sur mer repose sur la tactique et la ruse. Cette dernière peut renverser la situation pour celui qui risquait, au début, d’être vaincu par un adversaire plus nombreux.
Souvent, la victoire résulte de l’effet de surprise, planifié ou improvisé. De l’Antiquité, avec le cheval de Troie, à la seconde guerre mondiale, avec le faux projet de débarquement des troupes alliées dans le Pas de Calais en 1944, les exemples abondent. Face à l’armée thrace, le stratège athénien Iphicrate (419-353 avant JC) abandonne son camp avec tous ses bagages et bêtes de somme et attire l’ennemi dans une embuscade. A Salamine (480 avant JC), le stratège athénien Thémistocle dispose de 380 trirèmes qui risquent l’encerclement par une flotte perse de plus de 600 navires. Il parvient à la désorganiser en l’obligeant à franchir un chenal étroit où les trirèmes grecques, plus rapides, la déciment. En 332 avant JC, Alexandre le Grand assiège la ville phénicienne de Tyr, située sur une île. Après sept mois de travaux et d’échecs, il envisage de lever le siège quand un énorme monstre marin s’échoue sur la jetée macédonienne. Les deux belligérants y voient un signe favorable. Mais alors que les Tyriens festoient toute la nuit, Alexandre déplace la plus grande partie de sa flotte sur un autre point et donne l’assaut final des murailles. Lors de la bataille des Champs Raudiens (30 juillet 101 avant JC), une armée romaine de 52.300 hommes affronte 160.000 Cimbres, venus du Danemark et guère habitués à l’été italien. Ces derniers, obligés de progresser face à l’Est avec leurs boucliers devant les yeux, portent des casques et cuirasses métalliques qui décuplent la chaleur. Les Romains remportent une victoire écrasante. Grâce à la chaleur, le roi de France Philippe IV le Bel remporte la victoire de Mont-en-Pévèle, le 18 août 1304, contre les troupes flamandes. A l’issue d’une journée caniculaire, sa cavalerie contourne l’armée adverse et s’empare de son camp, la privant de nourriture et de boisson. Le 5 novembre 1757, le roi de Prusse Frédéric II établit son camp à Rossbach sur une colline escarpée face à une armée française deux fois plus nombreuse. Feignant la retraite, il la prend à revers et la désorganise complètement. Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Paris assiégé survit grâce à deux ruses : les ballons pour acheminer le courrier (3 millions de lettres), évacuer des personnalités et relever les positions de l’ennemi ; les pigeons voyageurs transportés par ballons, pour ne pas être interceptés, et porteurs de microphotographies (2.000 messages par pigeon). Durant la première guerre mondiale, quand ils font surface dans les eaux territoriales, les sous-marins britanniques rejettent de grandes quantités de pain pour attirer les mouettes, qui repèrent vite ce type de navire. Les guetteurs surveillent les attroupements de mouettes et, si aucun submersible britannique n’est censé se trouver à cet endroit, il s’agit d’un sous-marin allemand. Pendant la guerre du désert (juin 1940-février 1943), le célèbre illusionniste britannique Jasper Maskelyne, mobilisé dans l’unité spéciale de dissimulation « A Force », trompe l’Afrikakorps allemand par le déploiement de chars camouflés en faux camions. Il fait construire un faux port d’Alexandrie et l’allumage d’incendies pour leurrer la Luftwaffe, qui attaque de nuit. Le faux port est reconstruit avant l’aube, afin de berner les avions de reconnaissance allemands.
Loïc Salmon
« Les 200 meilleures ruses et tactiques de guerre », Anne Pouget. Editions Pierre de Taillac, 192 pages, illustrations, 9,90 €.
L’Armée Française en Guerre en 100 objets et 100 mots