L’âge d’or de la cavalerie

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L’épopée de la cavalerie commence avec la mosaïque de Pompéi magnifiant Alexandre le Grand à la bataille d’Issos (333 avant J.C.). A Rome, la statue équestre de l’Empereur Marc-Aurèle (161-180) inspirera longtemps les représentations des souverains chefs de guerre, pour associer symboliquement le cheval au pouvoir.

Au début du Moyen-Age, l’essor de la cavalerie, comme facteur décisif de la bataille, promeut, dans l’entourage royal, ceux chargés de son fonctionnement. Ainsi, le seigneur chargé des écuries (« comes stabuli ») deviendra « connétable », principal chef militaire, auquel sont subordonnés les « maréchaux » (« marhschalk » ou valet des chevaux). Le terme de « chevalier », apparu au XIème siècle, signifie « combattant monté ». La littérature épique le présente comme un guerrier professionnel paré de toutes les qualités martiales : force, vaillance, esprit de sacrifice et fidélité. Cet idéal « chevaleresque », au service de la foi chrétienne, de la justice et de la paix, renforce le caractère élitiste de la cavalerie. S’y ajoute le coût élevé de son entretien (chevaux, équipements et personnels), qui réserve ce mode de combat à la noblesse. Avec les défaites de Crécy (1346), de Poitiers (1356) et d’Azincourt (1415), la guerre de Cent Ans sonne le glas de la chevalerie française, face aux archers anglais. Pourtant, la cavalerie s’adapte aux progrès des armes à feu et des tactiques de l’infanterie, nouvelle « reine des batailles ». Les guerres d’Italie (1498-1559) favorisent l’émergence de deux corps aux missions complémentaires. La cavalerie « lourde » se compose de « gens d’armes » en armure avec une lance, soit une masse individuelle de 830 kg projetée à 25 km/h, pour enfoncer le dispositif adverse en une ou plusieurs charges au galop. La cavalerie « légère » se développe aux frontières de l’Europe pour livrer la « petite guerre » d’escarmouches, de coups de mains et de harcèlement, où la rapidité prime. L’armement de ces « chevau-légers » passe du javelot à l’arquebuse et au pistolet. L’extension européenne des conflits, la complexité des changements tactiques et stratégiques, l’allongement des distances et les difficultés de communication soulèvent plusieurs défis pour la cavalerie : le besoin croissant de chevaux, l’unification de la discipline du combat et … la « révolution militaire » ! Celle-ci implique la spécialisation : la charge qui porte l’offensive, le renseignement, la protection, l’observation et la défense. Le métier des armes se démocratise et l’instruction collective devient essentielle pour l’unité et la cohésion, nécessaires aux nouvelles manœuvres et tactiques. La délicate association du feu (infanterie) et du choc (cavalerie) débouche au  XVIème siècle sur la formation des « escadrons », dont certains atteignent 2.000 hommes sur 16 rangs. Les cavaliers se différencient avec des appellations qui perdurent : « cuirassiers » en armure  qui se réduira à la cuirasse ; « dragons », mousquetaires montés ; « hussards », lanciers polonais à l’origine. La charge de cavalerie cherche à briser le moral de l’armée adverse, ébranlée par l’infanterie et l’artillerie. La plus spectaculaire reste celle de Murat à la tête de 10.000 cavaliers à Eylau (1807). Aujourd’hui, l’arme blindée a remplacé la cavalerie. Pendant la Grande Guerre, plutôt que de devoir se battre dans les tranchées, de nombreux cavaliers choisissent l’aviation naissante et créent la légende des « chevaliers du ciel » !

Loïc Salmon

D’Azincourt à Marignan, Chevaliers & Bombardes

Les cavaleries de l’Histoire

De la cavalerie aux forces spéciales, l’histoire du 13ème Régiment de dragons parachutistes

« L’âge d’or de la cavalerie », ouvrage collectif. Éditions Gallimard/Ministère de la Défense, 288 pages, 280 illustrations, 35 €

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