Alors que la Grande Guerre a connu sept armistices entre le 5 décembre 1917 et le 13 novembre 1918, seul celui du 11 novembre est resté dans les mémoires.
Une exposition (24 juillet-30 septembre 2018), labellisée par la Mission Centenaire 14-18 et organisée par le musée de l’Armée et Arquus (ex-Renault Truck Defense), en retrace les péripéties en une vingtaine de panneaux. Arquus a notamment financé la restauration d’un char Renault FT, à nouveau exposé dans la cour d’honneur des Invalides à Paris. La période, entre l’avant et l’après 11 novembre 1918, marque en particulier l’étonnement du passage de l’état de guerre à une situation normale, la communion entre le front et l’arrière, la démobilisation et les conséquences politiques dans plusieurs pays.
Les tentatives de paix. La fin du premier conflit mondial est envisagée dès 1916 au cours de plusieurs tractations, plus ou moins secrètes, par différents camps. Elles échouent, car chacun campe sur ses positions. Le 1er février 1917, l’Allemagne déclenche la guerre sous-marine à outrance, qui entraîne la rupture de ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis le 3 février et leur entrée en guerre le 6 avril aux côtés des Alliés (France, Empire russe et Grande-Bretagne). Le 17 juillet, le Reichtag (Parlement allemand) vote à une très forte majorité une résolution de paix. Des négociations similaires ont lieu de la part de l’Empire austro-hongrois. Mais elles achoppent en avril 1918 sur la question de la restitution de l’Alsace-Lorraine à la France, car l’Allemagne a lancé de grandes offensives en mars. Parvenir à la paix nécessite l’établissement d’une convention, entre deux ou plusieurs parties, qui se déroule en plusieurs phases : négociations par des plénipotentiaires représentant les Etats ; adoption d’un texte ; son authentification par les Etats ; sa signature par un ministre ; sa ratification par le Parlement, qui confirme les engagements pris par le chef de l’Etat, le chef du gouvernement ou une personne officielle dûment autorisée et après accord du Parlement.
Les armistices. La suspension des combats se matérialise par un cessez-le-feu communiqué aux combattants par la sonnerie d’un clairon. L’armistice, signé par des plénipotentiaires (militaires et civils), correspond à une période donnée et renouvelable, pour engager des négociations en vue de la paix. Le premier armistice de la Grande Guerre, qui débouchera sur le traité de paix de Brest-Litovsk, est signé le 5 décembre 1917 entre la Russie soviétique et les Puissances centrales (Royaume de Bulgarie et Empires allemand, austro-hongrois et ottoman). Le 2ème armistice, conclu le 9 décembre 1917 entre la Roumanie et les Puissances centrales, aboutit au traité de Bucarest, non ratifié. Le 3ème est signé le 29 septembre 1918 à Salonique (Grèce), par le général français Louis Franchet d’Espérey, entre les Alliés et la Bulgarie. La capitulation de cette dernière entraîne la chute de l’Empire ottoman, qui signe le 4ème armistice le 31 octobre à bord d’un cuirassé britannique. Cela aboutit aux traités de Sèvres et de Lausanne. Le 3 novembre, le 5ème armistice, entre l’Empire austro-hongrois et les Alliés rejoints par l’Italie en 1915, est signé uniquement par des généraux à Villa-Giusti (Italie). Le 6ème armistice, entre la France et l’Allemagne, est conclu le 11 novembre 1918 à Compiègne, dans un wagon de la clairière de Rethondes, et débouche sur le traité de Versailles. Le 7ème est signé le 13 novembre, à Belgrade et à nouveau par le général Franchet d’Esperey, entre les Alliés et la Hongrie, qui devient une République trois jours plus tard.
Loïc Salmon