Euronaval : préparation au retour du combat de haute intensité

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Matériels plus lourds, systèmes d’armes plus complexes, drones de surface et sous-marins ainsi que les luttes anti-drones et anti-mines caractérisent l’édition 2024 du salon international Euronaval.

Ce dernier a fait l’objet d’une visioconférence de presse le 24 octobre 2024, où sont notamment intervenus : l’ingénieur général de l’armement François Watteau, sur les programmes français ; le délégué général du Groupement des industries de construction et activités navales (GICAN) Philippe Missoffe, sur le marché naval dans le monde. Le salon, qui se déroule du 4 au 7 novembre à Villepinte (banlieue parisienne), accueille 480 exposants de 30 pays et environ 150 délégations françaises et étrangères.

Les grands programmes français. Premier investisseur de l’État avec 20 Mds€ par an, la Délégation générale de l’armement (DGA) garantit l’autonomie stratégique des armées en matière d’équipements. L’unité de « management combat naval », à laquelle appartient l’ingénieur général Watteau, pilote l’ensemble des opérations relatives au renouvellement ou à la modernisation des moyens de la Marine nationale, à savoir le porte-avions, les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), les drones jusqu’à 6 m de long et tous les équipements et armements associés. Elle doit garantir la cohérence des futurs systèmes avec ceux en service, conduire leurs travaux d’architecture et de conception pour répondre aux besoins, définir l’organisation industrielle, passer des contrats et en assurer la bonne exécution par la réception des matériels dans les centres d’essais de la DGA, répartis dans toute la France. Parmi les 100 programmes en cours, le principal concerne le remplacement du porte-avions Charles-de-Gaulle, qui arrivera en fin de vie en 2038. La DGA et le Commissariat à l’énergie atomique assureront la maîtrise d’ouvrage étatique du porte-avions de nouvelle génération, qui sera équipé de deux chaufferies nucléaires. Les études en projet ont été initiées dès 2019, les gros équipements de chaufferie ont été commandés en 2024 et le contrat de réalisation sera signé en 2025. Outre l’évolution du Rafale Marine, les innovations technologiques majeures seront prises en compte pendant toute la durée de vie du futur porte-avions, notamment les drones et le domaine quantique (comportements des atomes et des particules dans le rayonnement électromagnétique). Le programme des nouveaux SNA « Barracuda » se poursuit. Après les Suffren et Duguay-Trouin déjà en service, le Tourville le sera à la fin de 2024. Les De-Grasse, Casabianca et Rubis suivront d’ici à 2030. A cette date, trois des cinq frégates du programme franco-grec « FDI » (frégates de défense et d’intervention) seront livrées. La première, dénommée Amiral-Ronarc’h, a commencé ses essais à la mer le 7 octobre 2024. Les frégates anti-aériennes du programme franco-italien « Horizon » seront renouvelées. Enfin, un programme de drones sous-marins, capables d’opérer à 6.000 m de profondeur, sera lancé pour assurer la maîtrise des fonds marins.

Le marché naval mondial. Selon l’édition 2024 de l’étude « World Defence Shipbuilding» du GICAN, présentée par Philippe Missoffe, les données récupérées depuis 2016 montrent une évolution de la construction navale militaire. Les risques de tensions maritimes entraînent les constructions de frégates, corvettes, sous-marins à propulsion diesel-électrique, SNA et sous-marins nucléaires lanceurs d’engins fortement armés. La guerre d’attrition nécessite de nouvelles armes bon marché (lasers). Des armes plus rapides (torpilles) et lointaines (missiles hypersoniques) arrivent. Le marché naval mondial est estimé à 82,5 Mds€ pour les années 2022-2023, dont 20 Mds€ dépensés par les États-Unis et 16 Mds€ par la Chine. Celle-ci construit davantage de navires que les États-Unis mais n’en exporte pas, alors que la France vend 35 % de sa production navale à l’étranger.

Loïc Salmon

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