Le porte-avions nucléaire de nouvelle génération (PA-Ng), en service de 2038 à 2080, devra opérer dans un contexte stratégique considérablement « durci ».
Son programme a été présenté à la presse, le 8 avril 2021 à Paris, par ses deux principaux responsables, à savoir un capitaine de frégate sur le plan opérationnel et un ingénieur en chef de de l’armement pour la partie technique.
La propulsion nucléaire, annoncée par le président de la République en décembre 2020, garantit l’autonomie stratégique et la pérennité de la filière nucléaire embarquée. Le porte-avions caractérise les puissances maritimes de premier rang. Déjà, la Marine chinoise, qui disposera bientôt de trois porte-avions, dépasse en tonnage celle des Etats-Unis, qui se dote d’un nouveau porte-avions tous les sept ans.
Besoins militaires. La perte de la suprématie occidentale implique de remettre le combat aéromaritime au centre des capacités du groupe aéronaval, afin d’acquérir la liberté d’action nécessaire aux opérations d’entrée en premier, souligne le capitaine de frégate. Outre une partie de la composante aérienne de la dissuasion nucléaire, le PA-Ng garantira une mobilité stratégique de 1.000 km/jour et une agilité tactique avec 60 sorties aériennes/jour dans toutes les conditions. Ses missions incluent la projection de puissance, l’appui aux opérations à terre ou en mer, le recueil et l’analyse de renseignements ainsi que le commandement d’une composante maritime d’une opération de l’OTAN ou d’une coalition ad-hoc. Déjà, à la demande des Etats-Unis, en décembre 2015 et depuis le 31 mars 2021 pendant son transit dans la région du golfe Arabo-Persique, le porte-avions Charles-de-Gaulle a pris le commandement de la force opérationnelle 50 au sein de la coalition internationale « Inherent Resolve » de lutte contre Daech. Le PA-Ng, au tonnage double de celui du Charles-de-Gaulle, embarquera le même effectif, soit 2.000 marins (600 pour le groupe aérien). La constitution de cet équipage de haut niveau demande du temps pour la formation et l’acquisition d’expérience (15 ans en moyenne). Le recrutement de 300 experts a commencé à Indret et se poursuivra à Saint-Nazaire et Toulon d’ici à 2034. Les futurs commandants (capitaines de vaisseau) auront auparavant exercé cette fonction deux fois à la mer.
Caractéristiques techniques. Le PA-Ng aura un tonnage 75.000 t, une vitesse de 27 nœuds (50 km/h), une longueur de 300 m et une largeur de 80 m au niveau du pont d’envol. Ses dimensions seront cohérentes avec les infrastructures du port base ou d’entretien. Selon l’ingénieur en chef, la longueur de son pont d’envol détermine ses principales performances. Son aviation, qui comptera 30 chasseurs de nouvelle génération, 3 avions de guet aérien et de commandement et 5 à 6 hélicoptères, mettra en œuvre le SCAF (système de combat aérien du futur). Comme ses homologues américains, le PA-Ng sera équipé de brins d’arrêt de nouvelle génération et de 2 catapultes électromagnétiques avec la possibilité d’en ajouter une 3ème. Navire tout électrique, il sera équipé de 2 chaufferies nucléaires K22, plus grosses que les K15 du Charles-de-Gaulle et des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Il emportera le futur missile air-sol N4g, porteur de l’arme nucléaire, et assez de munitions pour tenir une semaine en combat de haute intensité. Le développement et la réalisation du PA-Ng coûteront 1 Md€. Les travaux de construction commenceront en 2025 et les essais à la mer en 2036.
Loïc Salmon
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