L’Agence numérique de défense (AND) exploite l’imagerie géospatiale pour mieux comprendre les environnements, en vue d’apporter une supériorité opérationnelle.
Sa directrice, la générale de division Anne-Cécile Ortemann, l’a expliqué lors d’un séminaire tenu au Campus Pierre et Marie Curie de Paris le 1er octobre 2024.
L’écosystème numérique. Créée en 2021 et relevant de la Direction générale de l’armement, l’AND conduit d’abord les projets numériques pour le ministère des Armées, notamment pour la préparation des forces, le maintien en condition opérationnelle, le commandement et la conduite interarmées, le renseignement militaire, l’appui aux systèmes d’information et de commandement, le soutien aux Services du commissariat et de santé, les systèmes numériques de l’armement, le renseignement de sécurité et de défense et les ressources humaines. En outre, elle conseille les états-majors, directions et services sur la définition des besoins numériques des systèmes d‘information et l’optimisation des ressources humaines et financières induites. L’AND emploie 450 personnes réparties sur les sites de Paris-Balard, du Kremlin-Bicêtre (banlieue parisienne) et de Bruz (Bretagne). Elle met en œuvre la politique industrielle du ministère des Armées dans les technologies numériques des systèmes d’information. A ce titre, elle a conclu des contrats avec une vingtaine d’entreprises, dont Thales, Naval Group et Airbus. Son écosystème inclut les sous-traitants des entreprises sous contrat et celles avec qui elle a établi des contacts.
Le renseignement géospatial. La transformation numérique facilite une analyse prédictive grâce à des scénarios d’intervention, afin de prendre des décisions plus rapides. L’analyse des données massives issues de sources multiples permet d’anticiper. L’intelligence artificielle (IA) interprète en temps réel des données géospatiales complexes. Ses modèles d’apprentissage automatique aident à détecter des comportements inhabituels. L’emploi de l’IA, couplée au renseignement géospatial, permet d’identifier des menaces en amont et donne un avantage stratégique déterminant. Ainsi, le programme Géode 4 D, composé de 21 systèmes, mobilise une dizaine de personnes, en plus des experts, pour traiter la géographie, l’hydrographie, l’océanographie, la météorologie et l’espace. Il analyse les données recueillies par des capteurs et fournit des reproductions qu’il diffuse. Géode 4 D facilite la planification et la conduite des opérations en alimentant les systèmes d’armes. Par exemple, il assure un suivi de terrain à un avion volant à basse altitude, afin d’éviter un impact au sol. Le système anticollision détecte un obstacle imminent et prévient le pilote. Si celui-ci ne réagit pas, le système prend alors temporairement le contrôle de l’avion pour le dévier de sa route dangereuse. Une fois l’altitude de sécurité atteinte, il rend le contrôle au pilote. Dans le cadre de l’OTAN, l’interopérabilité de Géode 4 D s’établit au niveau des données géographiques brutes et à celui des produits utilisables par les personnels opérationnels. Ainsi, la France apporte une contribution de 10 Mkm2 d’élévations de terrain.
Géographie militaire. En 2021, le ministère des Armées a renouvelé son partenariat avec l’Institut national de l’information géographique et forestière, notamment via Géode 4 D pour maîtriser la connaissance de l’environnement géophysique et en prévoir lses effets sur le déroulement des opérations. Géode 4 D facilite le positionnement et la navigation en trois dimensions, grâce aux cartes papier pour l’environnement tactique, aux levées topographiques pour le recalage de positions ou de centrales inertielles, aux modèles numériques de terrain et aux modèles d’infrastructures en trois dimensions. Actuellement, 90 % des systèmes d’armes utilisent une information géographique complète de l’environnement opérationnel.
Loïc Salmon
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