13 ème Régiment de dragons parachutistes, de la cavalerie aux forces spéciales

image_print

Ouvrir le feu signifie l’échec de la mission au 13ème Régiment de dragons parachutistes (RDP), où la discrétion est un impératif absolu ! Décoré de la croix de la Valeur militaire avec trois palmes,  il est en effet chargé du renseignement pour les grands chefs militaires et les décideurs politiques.

Ce livre, abondamment illustré et rempli de témoignages d’anciens qui y ont servi, présente les particularités de ce régiment blindé, breveté parachutiste en 1952. Héritier des « dragons de l’Impératrice » (Eugénie), il a, depuis 1959, pour marraine Alix, princesse Napoléon, qui en sera faite « 1ère classe d’honneur »…40 ans plus tard. Compte tenu des expériences des patrouilles américaines de reconnaissance dans la profondeur, du Groupement de commandos mixtes aéroportés pendant la guerre d’Indochine et du 11ème Régiment de parachutistes de choc pendant celle d’Algérie en matière de renseignement sur les arrières de l’adversaire, le 13ème RDP est transformé en « régiment de recherches à participation interarmes » en 1963. A l’époque, l’affrontement total avec l’URSS paraissant inéluctable, il a pour mission d’acquérir le renseignement sur l’avancée des chars soviétiques et tchèques. Malgré la construction du mur de Berlin en 1961, les accords internationaux stipulent que les forces d’occupation françaises, britanniques, américaines et soviétiques ont accès à toute la ville, à l’Ouest comme à l’Est. Les hommes du 13ème RDP profitent alors de l’implantation de la Mission militaire de liaison à Postdam au milieu du Groupe des forces soviétiques en Allemagne. Les escadrons de recherche reçoivent très tôt des postes de radio utilisant des ondes ionosphériques à 500 km de distance. Rattaché à la 1ère Armée, le 13ème RDP relie les fonctions « recueil », « traitement » et « diffusion » du renseignement par les techniques de transmission les plus nouvelles, afin de répondre aux évolutions du contexte d’emploi. Les procédures et dispositifs opérationnels sont mis au point lors d’exercices OTAN. Ainsi, de nombreuses équipes autonomes, composées d’une cellule d’observation (1 officier et 1 observateur) et d’une cellule radio (1 sous-officier-radio et 2 soldats), sont mises en place par héliportage ou parachutage jusqu’à plusieurs centaines de km en territoire adverse. Elles s’enterrent profondément dans des caches et y vivent plusieurs semaines. Leurs messages chiffrés permettent de déduire le volume, la direction et l’identification des unités adverses. La récupération des équipes, dans un laps de temps variable selon les conditions tactiques, se fait par hélicoptère ou même par une « exfiltration » qui peut durer deux à trois semaines. Cela implique un entraînement à la survie dans les conditions les plus extrêmes. Cette expérience sera mise à profit en Afrique et au Moyen-Orient. Dans les années 1980, sont mis en œuvre un système d’aide au traitement des informations, à la gestion et au commandement des équipes de recherche ainsi que l’automatisation de la diffusion du renseignement, du capteur à l’employeur. Après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le 13ème RDP est rattaché au Commandement des opérations spéciales et s’entraîne avec le 1er Régiment de parachutistes d’infanterie de marine et le 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales. Tous sont déployés en Opex.

Loic Salmon

Renseignement militaire : clé de l’autonomie stratégique et de l’efficacité opérationnelle

Forces spéciales : création du commando Ponchardier de la Marine nationale

« De la cavalerie aux forces spéciales » par Jean-Dominique Merchet. Éditions Pierre de Taillac, 208 pages, 35 €.

image_print
Article précédentForces spéciales : création du commando Ponchardier de la Marine nationale
Article suivantUnité FÉLIN, assaut final