Chef de guerre

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Les forces spéciales interviennent à l’étranger pour capturer des adversaires, neutraliser des terroristes ou libérer des otages, souvent en milieu désertique ou semi-désertique en Afrique ou au Moyen-Orient.

Elles réalisent entre 50 et 100 missions par an. En raison de l’importance des besoins, les unités commandos des armées de Terre et de l’Air et de la Marine possèdent un corpus commun, pour agir en dehors de leur domaine d’origine en vue de mener à bien la plupart des opérations, même si les plus pointues nécessitent des spécialistes. Elles restent de trois à six mois dans une zone opérationnelle ou un pays en guerre, car une opération complexe nécessite plusieurs semaines de recherche de renseignement avant l’action proprement dite. En accord avec les plus hautes autorités de l’Etat qui tranchent entre deux options possibles, l’officier général commandant les opérations spéciales décide du déroulement d’une mission et du choix de l’unité qui interviendra. Une mission simple sur le papier s’avère en effet compliquée à exécuter sur le terrain. Chaque membre du même groupe possède une ou plusieurs spécialités. Cette polyvalence garantit le remplacement immédiat de ceux qui, pour une raison ou une autre, ne pourraient plus être opérationnels en mission. Un groupe d’une dizaine d’hommes peut ainsi cumuler le savoir-faire de vingt ou trente. Les équipements, à la pointe de la technologie et de l’innovation, permettent plus de rapidité, de légèreté et de mobilité, tout en offrant une meilleure protection et de plus larges possibilités d’action. Ainsi, le tireur d’élite peut être équipé d’un fusil de tir longue distance à canon court et muni d’un « silencieux ». Calibré pour des cartouches de 7,62 mm comme une mitrailleuse, ce fusil permet, en toute discrétion, d’arrêter un véhicule ou de tirer à travers un petit mur sans que la balle soit déviée. Partenaire indispensable dans une intervention, l’hélicoptère d’attaque Tigre dispose d’une grande puissance de feu par son canon, qui tire 37 obus de 30 mm en 3 secondes avec précision. Si la situation devient critique en cours de mission, le chef de groupe doit effacer rapidement tous les éléments d’information de ses équipements électroniques, garder de l’argent liquide et conserver son arme… ultime recours et protection ! Lucidité pendant le combat, confiance mutuelle et cohésion du groupe s’acquièrent par un long et rigoureux entraînement. Chacun doit apprendre un nombre considérable d’informations pour ne pas commettre d’erreurs sur le terrain. Pour ne pas risquer sa vie et celle de ses camarades, il doit maîtriser les techniques d’utilisation de différents types d’armement, d’explosifs, de radios, de matériels d’escalade et d’effraction à coups de bélier, de pied de biche ou à l’explosif. Ainsi, en dehors des missions, l’entraînement des commandos Marine se poursuit sur leur base de Lorient : tirs trois à cinq fois par semaine ; manœuvres en hélicoptère ou en bateau ; séances d’investigation de locaux ; simulations, de jour comme de nuit, d’assaut sur un navire ou de prises d’otages. S’y ajoutent les formations en secourisme, armement et menaces radiologique et chimique. Une mission pouvant en déclencher une autre, le « capital sommeil » doit être renouvelé dès que l’opportunité se présente pour être toujours prêt. Dans la préparation d’une mission, l’adversaire semble une entité théorique mais, sur le terrain, il devient des individus…qui peuvent implorer de les épargner.

Loïc Salmon

 « Chef de guerre », Louis Saillans. Mareuil Éditions, 190 pages. 19,90 €

Forces spéciales : outil complémentaire des forces conventionnelles

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