Défense : les forces morales, histoire et culture

Le conflit déclenché le 24 février 2022 par la Russie contre l’Ukraine marque le retour de la guerre de haute intensité aux portes de l’Europe. La résilience d’une nation repose notamment sur ses forces morales, à savoir la cohésion nationale et la solidarité entre civils et militaires.

Les forces morales ont fait l’objet d’un colloque organisé, le 15 janvier 2024 à Paris, par le Centre de recherche de Saint-Cyr Coëtquidan (CReC). Y sont notamment intervenus : Axel Augé, directeur de l’Observatoire des forces morales à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan ; Davye Cesbron, École des hautes études en sciences sociales ; la capitaine Morgane Barey, chef du département Histoire au CReC .

Construire, transmettre et mobiliser. Les chercheurs doivent produire des savoirs et discuter avec la communauté militaire pour servir la préparation au combat futur des forces armées et de la population civile à l’arrière du front, indique Axel Augé. Les réflexions en cours préparent les armées à gagner la guerre avant la guerre, grâce à la solidarité entre les militaires et les civils face aux risques. Les efforts de la nation et des armées pour préparer l’appareil de défense à la guerre de haute intensité deviendraient inutiles, faute d’une information suffisante des enjeux de défense auprès de la population et de sa mobilisation dans les choix pour la défense du pays. Les forces morales se déploient lorsque le soldat ou le civil se sent appartenir à l’entité qu’il défend et pour laquelle il combat, à savoir la patrie. Celle-ci part de la famille et du groupe de combat pour atteindre la nation, la société et ses valeurs. Les forces morales tiennent du sentiment d’appartenance, d’attachement et d’enracinement qu’il convient de densifier dans la nation. Une nation ne se défend que si elle le veut et s’aime suffisamment pour se défendre. L’attachement émotionnel démultiplie les forces morales, qui reposent au départ sur la capacité individuelle pour agir et le sentiment collectif pour résister. Selon un sondage de l’IFOP de novembre 2023, 89 % des Français attribuent une considération positive aux armées, à ses valeurs et à son efficacité. L’engagement doit s’ajouter à ce soutien essentiel. Outre les armées, plusieurs acteurs publics participent à la défense. Ainsi, dans un contexte d’exception, un fonctionnaire peut être placé en disponibilité pour y servir. Un chef d’entreprise peut faciliter l’engagement de ses employés dans la réserve. Les collectivités territoriales peuvent encourager des temps de réserve pour leurs personnels. L’Éducation nationale sensibilise la jeunesse aux enjeux de défense par des dispositifs spécifiques, qui révèlent parfois des vocations militaires.

Les prisonniers de guerre de 1914-1918. Selon Davye Cesbron, les forces morales résultent de références communes permettant à différentes personnes de faire un front commun devant l’adversité. Dans une circonstance exceptionnelle, la survie individuelle et collective repose sur le dépassement de soi pour atteindre un objectif commun. Pendant la première guerre mondiale, les 2,5 millions de prisonniers alliés en Allemagne ont constitué des « petites patries » dans leurs camps. Ils se sont regroupés autour de références communes, issues d’un passé commun, et ont adopté de nouvelles références, afin de créer une nouvelle patrie et mettre à l’épreuve des forces morales pour continuer à combattre l’ennemi commun. Ainsi, les compétitions sportives dans les camps ont renforcé les cohésions nationales et diffusé une meilleure connaissance entre alliés. D’un corpus de nombreuses chansons, 35 récits publiés et 2.000 comptes rendus d’interrogatoires, il ressort que le choc de la déportation en Allemagne équivaut à un déracinement. En effet, pendant les premiers mois de captivité, les prisonniers de guerre sont mal logés sous des tentes et souffrent de la faim. Ils ont conscience que les combats dans les tranchées continuent, que leurs mères et épouses doivent subvenir elles-mêmes à leurs besoins et s’occuper des champs ou de la boutique. Deux choix s’offrent aux prisonniers, dont certains le resteront quatre ans loin de leur pays. Le premier consiste à ne rien faire dans l’attente déprimante des jours qui se suivent indéfiniment. Le second choix porte sur l’organisation d’une nouvelle société entre les baraquements, où l’arrivée des colis pallie, en partie, les besoins en nourriture. Les prisonniers se réapproprient leur pays par l’écriture de chansons et la rédaction de journaux intimes mais aussi collectifs multilingues et par la création d’orchestres et l’élaboration de pièces de théâtre. Sous couvert d’humour, il s’agit de prendre l’ascendant sur les geôliers allemands. Anglais, Belges, Français et Italiens participent à ces activités. Une fois bien ancré le sentiment d’appartenance à une même société, les prisonniers passent à l’action. La mise en œuvre de plans d’évasion, pour ceux affectés à des camps de travail proches de la frontière néerlandaise, nécessite un travail d’équipe (fournitures de cartes et de boussoles) et la participation active d’autres détenus. Une autre participation concerne le recueil de renseignement sur les usines d’armement allemandes, où travaillent des prisonniers alliés, transmises au Commandement français, via les Pays-Bas puis la Grande-Bretagne. S’y ajoute le sabotage par des matières inflammables dissimulées dans des colis destinés aux prisonniers. Le contre-espionnage allemand a « acheté » des fonctionnaires civils ou accordé un traitement de faveur à certains prisonniers. Toutefois le recrutement est resté limité. Ainsi parmi les 13.342 Français internés au camp de Friedrichsfeld, 11 « mouchards » (0, 08 %) ont été repérés. Démasqués, les « traîtres à la petite patrie » sont mis au ban de leur « société », dénoncés aux autorités françaises après l’armistice puis jugés par un tribunal militaire.

L’armée française en 1940-1944. Après la première guerre mondiale et durant les années 1930, la « formation morale » et « l’éducation morale » l’emportent sur la « force morale », explique la capitaine Barey. Le règlement d’infanterie de 1940, encore en vigueur en 1944, insiste sur le développement de la force d’âme du soldat. Elle doit exalter le patriotisme et l’esprit de sacrifice, inspirer la confiance, faire comprendre la nécessité de la discipline et développer le sentiment du devoir et de la camaraderie. Après la défaite de 1940 face à l’Allemagne, le régime de Vichy conclut qu’elle ne résulte pas de fautes tactiques ni techniques mais d’une cause d’ordre moral. Pour redresser l’armée et la nation, il décide de porter l’instruction sur la formation du chef, la psychologie du combattant, l’exaltation du fait d’armes ou le culte du héros. Le régime accorde une large place à la discussion pour évoquer l’honneur, l’honnêteté, le patriotisme, l’amour de la famille, l’idéal du foyer, la fraternité ou le sacrifice. De son côté, le général de Lattre de Tassigny, commandant l’armée d’Afrique, considère les forces morales comme un facteur de succès primordial et entend faciliter la mutation d’une armée marquée par la défaite en forgeant un outil et des hommes orientés vers la volonté de vaincre. Le débarquement des forces alliées en Afrique du Nord en 1942, marque la dissolution de l’armée de l’armistice, l’invasion de la zone Sud de la France par la Wehrmacht et le retour de l’armée française dans les combats. Il s’ensuit, le 31 juillet 1943, une difficile fusion en une seule armée de deux entités opposées, à savoir les Forces françaises libre du général de Gaulle et l’ancienne armée d’armistice fidèle au maréchal Pétain. A cette armée régulière basée en Afrique Nord, vont s’amalgamer les mouvements de résistance intérieure répartis sur le territoire métropolitain et faiblement coordonnés. La refonte de l’armée française, amorcée par la reprise des combats sur le territoire national, s’accompagne de la nécessité de refaire corps. Mais les réductions de son format et de ses moyens financiers à partir de 1945 vont l’affecter dès le début de la guerre d’Indochine, où sera mis en avant l’importance du moral des troupes.

Loïc Salmon

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Ukraine : les enseignements de deux ans de guerre

Depuis l’offensive de la Russie contre l’Ukraine le 24 février 2022, la guerre s’enlise. Elle rappelle l’importance des forces morales, de l’accès aux ressources et du champ électromagnétique ainsi que le risque nucléaire. En outre, les deux belligérants s’adaptent en permanence.

Un retour d’expérience du conflit a été présenté à la presse, le 22 février 2024 à Paris, par le général de division aérienne Vincent Breton, directeur du Centre interarmées de concepts, doctrines et expérimentations.

Haute intensité et attrition. La Russie occupe encore une partie de Ukraine pour agrandir son propre territoire (en rouge sur la carte de situation du 21 au 23 février 2024, établie par l’État-major des armées). Cette guerre entraîne une attrition des matériels et des hommes. Les pertes seraient de l’ordre de 100.000 morts de chaque côté avec un ratio de 2 à 4 blessés pour 1 décès. Dans le milieu terrestre, les combats de tranchées, les champs de mines et les échanges d’artillerie réapparaissent. Aucun des belligérants ne dispose de la supériorité aérienne, qui lui permettrait la liberté de manœuvre aux abords du front et des frappes dans la profondeur. Presque chaque nuit, la Russie tire des missiles de croisière, des missiles balistiques et des drones Shahid 131 et 136, munitions préprogrammées bon marché de conception iranienne. L’Ukraine a développé ses propres missiles de croisière capables de frapper des raffineries et des dépôts pétroliers au cœur du territoire russe. Elle tire des missiles de croisière français Scalp et britanniques Storm Shadow contre des centres de commandement russes en Crimée. Par une manœuvre très habile, sa défense sol-air a détruit un avion radar Iliouchine A50, spécialisé dans la surveillance aérienne et basé en Biélorussie. L’Ukraine compense son manque de munitions d’artillerie par l’emploi massif (1 million/an) de drones FPV britanniques utilisés pour l’observation, les relais radio et comme munitions téléopérées. Toutefois, la Russie a rattrapé et même dépassé l’Ukraine en la matière et l’emporte dans la guerre électromagnétique, employée pour le renseignement et le brouillage de drones, du GPS, d’émissions radio et de radars. Dans le domaine maritime, les deux belligérants se neutralisent. L’Ukraine ne possède pas assez de navires pour contrôler la mer Noire, mais sa défense côtière oblige la flotte russe à se replier plus à l’Ouest. En outre au cours des trois derniers mois, la destruction de cinq bâtiments amphibies entrave la capacité russe d’opérations de la mer vers la terre.

Cyber et propagande. Au début de la guerre, la Russie a lancé de nombreuses cyberattaques, mais guère décisives car l’Ukraine avait préparé sa protection en amont. Toutefois, la menace cyber reste permanente. Ainsi en décembre 2023, une attaque russe contre le principal opérateur ukrainien de téléphonie mobile a privé une partie de la population des sirènes d’alerte aérienne. En matière de propagande, internet et les réseaux sociaux offrent une caisse de résonance extraordinaire dans une société hypermédiatisée. La stratégie de communication de l’Ukraine lui permis d’obtenir un soutien massif de l’Occident. La machine de guerre informationnelle de la Russie, héritée du KGB soviétique, joue sur la lassitude de la guerre pour créer un doute et lézarder la cohésion occidentale, mais sans y parvenir. Vis-à-vis des pays émergents, elle tente de faire passer l’invasion de l’Ukraine comme une guerre défensive contre une pseudo-agression de l’Occident, en jouant sur le ressentiment global des pays du Sud à son égard.

Profondeur stratégique. L’Ukraine parvient à résister grâce à la résilience de sa population et l’aide de l’Occident. La Russie, qui dispose d’un quasi-continent riche en matières premières, a conservé des stocks considérables de matériels, d’équipements, de munitions et d’armements accumulés pendant la guerre froide (1947-1991). Enfin, ses intentions restent difficiles à déterminer.

Loïc Salmon

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352 | Dossier : « L’Ukraine, un an de guerre




Stratégie : l’importance pérenne du groupe aéronaval

Gigantesque réservoir de ressources et espace majeur de communications, la mer est devenue un espace d’actions diplomatiques et militaires avec la guerre informationnelle. Grâce à son allonge, le groupe aéronaval (GAN) y produit des effets cinétiques et immatériels.

Le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’État-major des armées (CEMA), s’est exprimé sur ce sujet à l’occasion de la conférence navale organisée, le 25 janvier 2024 à Paris, par l’Institut français de relations internationales.

Selon l’Institut du Pacifique, le parc des porte-avions, en service dans le monde en 2022 et en construction, s’établit ainsi : États-Unis, 11 en service et 3 en construction ; Chine, 2 en service et 1 en construction ; Inde, 2 en service et 1 en construction ; Italie, 2 en service et 1 en construction ; Grande-Bretagne, 2 en service et aucun en construction ; France, 1 en service et 1 en construction ; Espagne, 1 en service et aucun en construction ; Russie, 1 en service et aucun en construction ; Japon aucun en service mais 2 en construction.

La conflictualité aujourd’hui. Le modèle opérationnel a changé, explique le CEMA. L’ordre international, fondé sur le droit, se trouve remis en cause par la désinhibition dans l’emploi de la force dans tous les milieux, y compris l’espace maritime. Les attaques des rebelles houthis au Yémen contre les navires marchands ont entraîné un déroutement d’une partie du trafic du canal de Suez et de la mer Rouge. La dynamique de la force provoque une escalade dans les moyens et la recherche d’une létalité importante, notamment par les drones navals suicides. En mer Noire, des dizaines de navires russes ont été touchés par des attaques asymétriques. La liberté de navigation, autrefois respectée bon gré, mal gré, se trouve remise en cause. Par ailleurs, la compétition, état normal des relations internationales aujourd’hui, se manifeste en permanence en matière de sécurité et dans les domaines politique, diplomatique, culturel, sportif et informationnel. Elle s’exacerbe dans les espaces communs que sont le champ informationnel et la mer où le GAN envoie des signaux très forts. Dans les actions hybrides, peu régulées et difficilement observables, les flottilles de surveillance chinoises dans la zone Indopacifique, qui n’existent pas officiellement, constituent un important système de maillage. La compétition apparaît aussi dans l’utilisation du droit pour territorialiser la mer. Cet espace commun, auparavant appartenant à tous et donc répondant à des règles, est vu aujourd’hui comme n’appartenant à personne. En conséquence, le premier compétiteur qui se l’approprie en jouira finalement. L’emploi de la force permettra, éventuellement, d’obtenir des ressources, conquérir des zones et imposer sa présence par sa puissance technologique. En outre, le changement climatique se manifeste surtout sur les océans avec la montée des eaux et le nombre croissant de cyclones. Ainsi dans la zone Indopacifique, les exercices navals avec les Marines partenaires présentes sont moins militarisés dans le contexte de la rivalité Chine-États-Unis, mais davantage tournés vers les conséquences du changement climatique (actions humanitaires). Ensuite, les champs de bataille, y compris maritimes, se trouvent bouleversés. Pendant une trentaine d’années, les guerres, choisies, résultaient de décisions politiques, qui en maîtrisaient assez bien le tempo et l’intensité. La supériorité opérationnelle existait ponctuellement dans l’espace terrestre en raison de l’absence de moyens aériens des adversaires, à part des systèmes de défense sol-air très basiques. Le GAN a participé à la projection de puissance de feu pendant les guerres en Afghanistan et dans le Nord-Est de la Syrie. Aujourd’hui, la guerre s’est imposée à l’Ukraine qui, si elle la perd, disparaît en tant que nation. En mars 2022, déployé en Méditerranée orientale, le GAN se préparait à porter le feu chez l’adversaire. En janvier 2024, il se trouve à quelques milles marins d’un navire russe, désormais adversaire et encore plus impliqué dans ses missions qu’auparavant.

Menaces futures et moyens. Chercher à conserver une supériorité permanente dans un espace ou un ensemble d’espaces est devenu un objectif hors de portée, estime le CEMA. En revanche, il faut être capable d’imposer sa volonté dans un espace donné et pour une durée donnée…que permet le GAN ! La transparence du champ de bataille, y compris dans les airs, constitue un défi permanent. La guerre en Ukraine souligne la nécessité de la disponibilité des moyens, à savoir la logistique et les munitions. Le spectre des nouvelles menaces inclut les missiles hypervéloces, les essaims de drones, les attaques cyber et les systèmes de déni d’accès, qui peuvent aller très loin et impacter la zone d’opérations. Il s’agit d’imaginer des contre-mesures et des modes d’action pour s’en protéger, mais aussi utiliser ces moyens pour peser sur les dispositifs et les volontés adverses. Au cours des dernières décennies, les armées françaises ont misé sur la haute technologie, qui leur a évité le déclassement. Une guerre imposée nécessite une soutenabilité dans le temps qui ne dépend pas uniquement des armes de haute technologie, très coûteuses et difficiles à maintenir en condition opérationnelle. Il faudra aussi conserver des armes pour user l’adversaire sans avoir à utiliser des armes de décision, probablement de plus haute technologie et onéreuses. Par ailleurs, l’intelligence artificielle générative va influencer le champ informationnel et la capacité à planifier et conduire des opérations. Mais, elle permettra de lever beaucoup plus d’incertitudes grâce à la simulation, d’imaginer et de tester des possibilités plus rapidement en laissant le cerveau de l’homme décider. Ce dernier disposera de davantage de données et risquera moins de se tromper dans la décision qu’il prendra. S’y ajoutent la révolution quantique (l‘infiniment petit), les systèmes capables d’évoluer et la connectivité résiliente. En effet, il sera difficile de maintenir une supériorité forte et permanente dans le domaine de la connectivité. Il va falloir travailler en mode très dégradé et mettre en place un système avec des moyens très hauts dans le ciel et en surface, afin d’acquérir l’hyper-connectivité qui constitue l’un des facteurs permettant de conquérir la supériorité dans un espace donné à un moment donné. La soutenabilité sur le long terme inclut la loi de programmation militaire de cinq ans et le GAN, objet du temps long dans sa conception et son emploi.

L’espace maritime. Le GAN concentre toute la puissance de feu sur une très petite surface, rappelle le CEMA. Il affiche la détermination de la France à s’engager dans un conflit de haute intensité. Il constitue aussi une arme du champ informationnel, où se gagne la guerre avant la guerre. L’embarquement de la force d’action navale nucléaire sur le porte-avions Charles-de-Gaulle lui donne une dimension supplémentaire. Sur le plan opérationnel, le porte-avions permet une projection de puissance de feu vers la terre depuis la mer, espace à maîtriser car la menace se trouve à la surface et sous la surface. Il a donc été déployé pour influer sur les opérations terrestres au Kosovo, en Libye, en Afghanistan et en Irak, sans pour autant qu’une composante militaire puisse gagner la guerre à elle toute seule. En outre, l’action de la mer vers la mer, volet de la haute intensité qui redevient d’actualité, implique une confrontation avec un adversaire du même niveau. Le porte-avions doit créer ou contribuer à créer une bulle d’hyper-supériorité, locale et temporaire, pour produire des effets. Par exemple, là où divers pays affirment exagérément leur souveraineté, il peut trouver des chemins d’accès pour la contourner. Indispensable pour mener une action amphibie, il contribue à une opération vers la terre. Enfin, le GAN devient un facteur d’intimité stratégique avec l’intégration d’unités alliées dans son escorte, car la simultanéité des crises nécessite de combattre ensemble.

Loïc Salmon

Marines : le porte-avions, outil militaire et diplomatique pour agir loin

Marines : outils politiques et de projection de puissance

Stratégie : les menaces sans frontières d’aujourd’hui




Armée de Terre : l’IA dans la conduite des opérations

Les algorithmes d’intelligence artificielle (IA) portant sur des analyses multi-sources vont aider le chef militaire à prendre des décisions. Mais celui-ci devra conserver sa capacité de discernement, malgré les contraintes d’immédiateté et de pression.

L’impact de l’IA sur le commandement militaire a fait l’objet d’une journée d’études organisée, le 28 septembre 2023 à Paris, par la chaire IA du Centre de recherche Saint-Cyr Coëtquidan (CReC) et le groupe Nexter (architecte et systémier intégrateur pour les forces terrestres) avec la participation de Naval Group (construction navale de défense). Y sont notamment intervenus : Olivier Rocci, directeur du département des forces terrestres au groupe ATOS (services informatiques) ; le général Hervé Pierre, commandant la 9ème Brigade d’infanterie de marine ; Béatrice Cointot, chef de projet MASD2, Centre d’analyse technico-opérationnelle de défense.

Décision rapide. Dans la boucle « observer, orienter, décider et agir », l’IA apporte une plus-value dans l’orientation et la décision, estime Olivier Rocci. Le chef militaire doit pouvoir décider vite, car les mises en œuvre des moyens et de l’action de ses subordonnés découlent de sa décision. La supériorité opérationnelle repose sur la synergie de principes et de moyens : concentration des efforts grâce à la masse, la compréhension, la performance du commandement et la crédibilité ; économie des moyens par l’endurance, la force morale et l’influence ; liberté d’action par l’agilité et la fulgurance. Au cours de l’approche vers l’adversaire, les contraintes du terrain vont réduire l’autonomie du chef, qui se mesure en ses capacités cognitives. Sa liberté d’action dépend de sa surcharge intellectuelle et de la fulgurance de son action au niveau considéré. Son autonomie d’action dépend des contraintes de l’espace, de l’adversaire et du temps. Le chef dispose d’aides à la décision et d’IA de confiance pour apprécier la situation. Les outils doivent attirer son attention par le biais d’une visualisation adaptée à son besoin. La collaboration ente l’homme et la machine repose sur la confiance. La machine traite les données pour expliquer et interpréter. Pendant le combat, le chef prend en compte sa responsabilité et les enjeux de souveraineté de son pays.

Combat de haute intensité. Une brigade légère blindée compte 10.000 personnels, dont 2.000 réservistes, avec trois régiments d’infanterie, un régiment du génie et un régiment d’artillerie à combiner pour produire des effets, rappelle le général Pierre. Mais pour l’opération « Scorpion XII », expérimentation du combat collaboratif Scorpion, seulement 6.000 miliaires de la 9ème Brigade d’infanterie de marine se sont entraînés pendant six semaines avec le système Soult (simulation pour les opérations des unités interarmes et de la logistique terrestre) et un état-major, qui réfléchissait et émettait des ordres. Le programme Scorpion monte en puissance de façon « incrémentale », c’est-à-dire par paliers, afin d’être certain que chaque valeur ajoutée apporte une amélioration sans créer de dysfonctionnement. Il fait avancer simultanément des aspects techniques pour la réception de matériels, notamment l’engin blindé de reconnaissance et de combat Jaguar. « Scorpion XII » a inspiré deux notions au général Pierre : l’horizontalité ou la capacité à déléguer ; la verticalité qui se limite à la décision. « Scorpion XII » a simulé un combat face à un ennemi symétrique. Un premier enseignement porte sur l’agilité, combinaison de la mobilité et des capacités de réaction, à savoir le renseignement, la décision, la diffusion des ordres et leur exécution. La mobilité consiste à concentrer des forces et des effets ou à les déconcentrer très vite, car les véhicules se transmettent des données pour savoir où se trouve l’ennemi. Le deuxième enseignement porte sur la résilience. Si un PC a été détruit par l’ennemi, un second doit continuer à fonctionner. En effet, les systèmes d’information, décalés par rapport à la position physique du PC, permettent de continuer à se parler, échanger des données plus rapidement et ainsi raisonner plus vite. Le général Pierre propose trois critères de succès. D’abord, il faut la compétence pour savoir utiliser les systèmes de plus en plus complexes, car les connaissances se perdent après quelques années. Ensuite, la cohésion dans le combat permet de surmonter la peur des combattants fatigués, qui n’ont peut-être pas mangé ni dormi mais qui connaissent leurs chefs et leurs réactions, différentes selon leurs responsabilités. Enfin, la cohérence dans les choix pour remplir la mission, même si les personnels ou les systèmes ne sont pas les meilleurs. Une manœuvre-type se décompose en trois phases. La première consiste à prendre l’ascendant. L’échelon de découverte de la brigade se déploie dans la profondeur en s’infiltrant avec ses éléments terrestres et aériens (drones). Puis il contourne l’ennemi et cerne les points de résistance périphériques à neutraliser le plus tôt possible par les effecteurs (armements divers). Il recherche et désigne les points décisifs de l’ennemi. La deuxième phase produit l’effort. Guidé par les capteurs de l’échelon de découverte, les sous-groupements tactiques interarmes de l’échelon d’assaut dépassent les points de résistance résiduels et attaquent directement les points d’articulation de l’ennemi pour provoquer sa désorganisation. La troisième phase porte sur l’exploitation. Une fois le système nerveux de l’ennemi neutralisé, l’échelon d’assaut achève la réduction des résistances résiduelles appuyé par l’ensemble des capacités des groupements tactiques interarmes. Toutefois, si un système ne convient pas pendant l’opération, le chef l’abandonne, coupe les communications électroniques, utilise des estafettes à vélo ou moto et va mixer ce qu’il y a de plus performant dans un champ particulier et ce qu’il y a de plus déroutant et rustique dans un autre domaine pour surprendre l’ennemi. La victoire résultera de l’action la plus aberrante parmi tous les calculs, hypothèses et probabilités possibles, estime le général Pierre.

Collaboration homme/machine. Une étude technico-opérationnelle, entreprise entre 2019 et 2021, porte sur les perspectives d’automatisation d’un groupe de plateformes terrestres à l’horizon 2035, indique Béatrice Cointot. Pour les membres de l’équipage, elle évalue la charge de l’opérateur, propose des répartitions de tâches entre l’homme et les plateformes automatisées et présente des modèles d’équipages compatibles avec l’emploi opérationnel du système et des niveaux d’autonomie atteignables en 2035. Elle concerne 1 plateforme de commandement avec 6 opérateurs, 2 plateformes automatisées et des drones d’accompagnement. Au cours de séances de mises en situation, les fonctions sont réparties : 1 chef ; 1 responsable de la mobilité ; 1 responsable du feu ; 3 observateurs de plateforme. Deux logiques se présentent : l’une par plateforme, quand un ou plusieurs opérateurs remplissent plusieurs fonctions (observation, feu et suivi des drones) sur la même plateforme ; l’autre par fonction, quand un ou plusieurs opérateurs remplissent la même fonction sur plusieurs plateformes. Les séances se sont déroulées en zone ouverte et en zone urbaine, dans les conditions d’autonomisation sans incident et de survenue d’aléas. L’approche par plateforme semble plus robuste pour la gestion des imprévus, permet d’optimiser les actions en se préparant à l’étape suivante et garantit la cohérence des actions d’une même plateforme. L’approche par fonction présente un risque de saturation, due à la multiplicité des plateformes confiée à chaque opérateur, et de déséquilibre de répartition de l’effort au sein de l’équipage entre les différentes phases d’une mission, mais aussi une grande polyvalence des opérateurs et un niveau élevé de communication au sein de l’équipage. Finalement, le compromis porte sur le partage des tâches en vue de tenter une convergence homme/machine.

Loïc Salmon

Armée de Terre : l’IA dans la préparation de la mission

Armement : l’IA dans l’emploi des drones aériens et sous-marins

Armée de Terre : « Scorpion », le combat collaboratif infovalorisé

 




Renseignement et espionnage pendant la première guerre mondiale

Les moyens techniques du renseignement connaissent des progrès considérables. La cryptologie et les interceptions des communications donnent naissance au renseignement électromagnétique. Les opérations clandestines portent surtout sur le sabotage et la subversion.

La reconnaissance aérienne renseigne le commandement en temps réel, grâce aux avions d’observations équipés de postes de radio. S’y ajoutent les prises de vues réalisées entre 50 m et 300 m d’altitude, pour les photos obliques, et entre 50 m et 4.200 m pour celles verticales. Pour les agents secrets, la microphotographie permet d’envoyer 21 pellicules contenant 38.000 dépêches, glissées dans un tube d’aluminium de 5 cm de long attaché à la patte d’un pigeon voyageur, moyen rustique mais considéré comme sûr. Le largage de pigeons derrière les lignes ennemies par voie aérienne reste d’actualité jusqu’à la fin de la guerre. Les écoutes et la radiogoniométrie permettent de situer les PC ennemis et reconstituer leur ordre de bataille, localiser les groupes d’artillerie et suivre les raids nocturnes des dirigeables allemands Zeppelin, lancés contre l’Angleterre et la France en 1916 et 1917. Dans le domaine naval, outre les informations des services de renseignement agissant en territoire neutre ou ennemi et celle des bureaux de renseignements maritimes dans les ports, la Marine française s’appuie sur le déchiffrement des interceptions radio et sur l’assistance britannique, qui va s’avérer déterminante pour la lutte contre les sous-marins ennemis, la protection du commerce maritime de la France avec ses colonies et le contrôle du blocus économique contre la coalition des Empires allemand, austro-hongrois et ottoman et du Royaume de Bulgarie. L‘Amirauté britannique crée un service de cryptologie dénommé « Room 40 », dont les experts parviennent à décrypter plus de 15.000 messages allemands et à détecter les actions navales planifiées, conduisant à la perte de la moitié de la flotte de surface impériale. Les stations d’écoute, installées le long des côtes britanniques, permettent, dès la fin de 1914, de pister un sous-marin allemand dès son appareillage jusqu’à sa plongée. En outre, depuis le début du XXème siècle, la Grande-Bretagne dispose d’un réseau de câbles sous-marins connectés jusqu’à l’Australie, la Nouvelle-Zélande et ses possessions du Pacifique. En 1917, les câbles sous-marins allemands ayant été coupés, un message secret du ministre allemand des Affaires étrangères destiné au gouvernement mexicain dut transiter par le réseau des États-Unis…que les Britanniques interceptaient à leur insu ! Le fameux télégramme Zimmerman, décrypté par Room 40 et rendu public par le gouvernement britannique, provoque l’entrée en guerre des États-Unis le 5 avril 1917. Pour protéger le canal de Suez face à l’Empire ottoman, les services de renseignements britanniques suscitent la révolte des tribus arabes en 1917. De son côté, l’Empire allemand utilise les mêmes moyens techniques de renseignement et recourt aussi aux opérations secrètes. Dès juillet 1914, l’ambassade d’Allemagne à Washington reçoit pour mission de porter la « guerre clandestine » sur le territoire des États-Unis désignés comme « l’ennemi invisible ». Entre janvier et juillet 1915, 17 navires ont été sabotés dans des ports américains. En 1916 et 1917, des attentats sont perpétrés dans un dépôt de munitions à Jersey-City (7 morts), dans un chantier naval près de San Francisco (8 morts) et dans le port canadien de Halifax (2.000 morts). Mais le plus grand succès des opérations clandestines allemandes reste le soutien logistique et financier au Parti bolchevique pour instaurer une république en Russie, alliée de la France et de la Grande-Bretagne. Cela entraînera la paix séparée de Brest-Litovsk (3 mars 1918).

Loïc Salmon

« Renseignement et espionnage pendant la première guerre mondiale », ouvrage collectif. Éditions Cf2R Ellipses, 576 p., 29,50 €.

Renseignement et espionnage pendant l’Antiquité et le Moyen-Âge

Renseignement et espionnage de la Renaissance à la Révolution (XVe-XVIIIe siècles)

Renseignement et espionnage du Premier Empire à l’affaire Dreyfus (XIXe siècle)

La nouvelle guerre secrète




Guerres : bilan 2022 et transferts mondiaux d’armements

Le nombre de conflits armés a progressé en 2022, alors que les transferts internationaux d’armes ont diminué. Toutefois, le nombre d’ogives nucléaires en alerte opérationnelle est resté stable.

C’est ce qui ressort du rapport annuel du Sipri (Institut international de Stockholm sur la paix), dont un résumé en français a été publié, début décembre 2023 à Bruxelles, par le Grip (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité).

Conflits armés. La guerre en Ukraine a été le seul conflit interétatique majeur impliquant des armées permanentes. Hors d’Europe, les conflits ont continué entre États aux frontières poreuses avec la participation de groupes armés non-étatiques, à savoir réseaux djihadistes, organisations criminelles, forces séparatistes et groupes rebelles. En tout, 56 pays se sont trouvés en état de guerre, soit 5 de plus qu’en 2021, avec plus de 147.600 morts, soit un peu moins qu’en 2021. Les combats ont causé plus de 10.000 morts en Ukraine, au Myanmar (Birmanie) et au Nigeria. Outre des conflits armés causant moins de 1.000 morts, l’Afrique a connu deux coups d’État réussis et trois tentatives infructueuses. Encore considéré comme un canal valable de coopération, le Conseil de sécurité de l’ONU a continué de mandater, au même rythme qu’en 2021, des opérations de paix, des régimes de sanctions et des initiatives de médiation, notamment en Afghanistan, en Haïti et au Myanmar. En Afrique, les forces armées nationales et multinationales sont parvenues à repousser les groupes djihadistes en Somalie et au Mozambique.

Privatisation croissante des conflits. Aucune définition universellement acceptée et juridiquement contraignante ne caractérise les sociétés militaires et de sécurité privées (SMSP), apparues lors des guerres en Irak (2003-2011) et d’Afghanistan (2001-2021). Actives dans le monde entier pour des clients très divers, les SMSP assument des responsabilités de sécurité mais aussi dans des fonctions essentielles de l’État et d’entreprises clés des pays d’accueil. Ceux-ci se procurent ainsi des compétences et des services à moindre coût. Selon le Sipri, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine et l’Afrique du Sud abriteraient 70 % des SMSP. Chine et Russie déploient les leurs en Afrique, en vue du contrôle et de l’extraction des ressources naturelles. Toutefois, la Russie, a utilisé ses SMSP au combat en Libye, Syrie, Ukraine et Afrique subsaharienne. L’une d’elles, le groupe Wagner, est connue pour ses violations des droits de l’homme et du droit humanitaire, contrats abusifs et ingérences dans les élections locales.

Transferts d’armements. Les États soumis à des conflits armés ou des tensions politiques internes ont tendance à acquérir de l’armement à l’étranger. Selon le Sipri, le volume de transferts internationaux d’armes majeures de la période 2018-2022 a diminué de 5,1 % par rapport à 2013-2017. Parmi les 63 États exportateurs, les États-Unis, la Russie, la France, la Chine et l’Allemagne contrôlent 76 % du marché mondial. En 2018-2022, la part des États-Unis est passée à 40 % du total mondial (+ 14 % par rapport à 2013-2017) et celle de la Russie à 16 % (- 31 %). Pendant la même période, les exportations d’armes de la France ont augmenté de 44 %, tandis que celles de la Chine ont diminué de 23 % et celles de l’Allemagne de 35 %. Parmi les 167 États acheteurs d’armes, l’Inde, l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Australie et la Chine ont acquis 36 % du total. Par zones d’importation, l’Asie-Pacifique arrive en tête avec 41 % du total, suivie du Moyen-Orient (31 %), de l’Europe (16 %), des Amériques (5,8 %) et de l’Afrique (5 %). Le Sipri évalue le commerce des armes à 127 milliards de dollars en 2021, soit…0,5 % du commerce international mondial !

Forces nucléaires. Début 2023, États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël totalisent 12.512 armes nucléaires, dont 9.576 potentiellement disponibles sur le plan opérationnel. Les forces armées en déploient 3.844, dont 2.000 en état d’alerte.

Loïc Salmon

La nouvelle guerre secrète

Russie : partenariats en Afrique, son principal marché d’exportation d’armement

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Exposition « Victoire ! La fabrique des héros » aux Invalides

Au cours de l’Histoire et partout dans le monde, la victoire militaire, à la chasse ou sportive, se vit, se proclame et se perpétue par des souvenirs de natures diverses. Ses conséquences portent sur des enjeux stratégiques, politiques ou commerciaux.

L’entourage de la victoire. Plusieurs notions s’associent à celle de la victoire, considérée comme un succès sur l’adversaire après un affrontement, une bataille ou une compétition. Ainsi, le triomphe peut signifier une victoire éclatante ou l’honneur décerné à un général romain qui défile à Rome après avoi remporté une grande victoire. Armes, emblèmes, casques ou coupes constituent autant de trophées attestant d’une victoire. Celle-ci se célèbre par des manifestations festives ou l’accomplissement d’une cérémonie rituelle, notamment religieuse. En compensation des efforts consentis, les vainqueurs reçoivent une récompense sous forme d’un bien matériel ou financier. Ils connaissent alors la gloire, cette grande notoriété dont ils jouissent dans l’esprit d’un grand nombre de personnes. En revanche, les vaincus connaissent la défaite, déroute subie par une armée ou l’échec dans le cadre de l’opposition de deux ennemis ou concurrents.

Du trophée au symbole. Le mot « trophée » dérive du grec « tropaion » et du latin « tropæum » qui signifient…déroute ! Il s’agissait à l’origine d’un arbre taillé en forme de croix, auquel étaient suspendues les armes des vaincus. Élevé sur le champ de bataille et dédié à la divinité ayant donné la victoire, il rappelait le succès du camp vainqueur. Ensuite, il a été remplacé par un monument de pierre. Dans la mythologie grecque, Persée, fils de Zeus, décapite Méduse, monstre féminin aux cheveux de serpents changeant en pierre quiconque croisait son regard. Aujourd’hui encore, la tête de Méduse figure sur le bouclier de statues représentant Athéna, déesse guerrière. Autre fils de Zeus, Héraclès, portant la dépouille du lion de Némée, est conduit par la déesse de la victoire sur l’Olympe, où les dieux l’admettront comme l’un des leurs au terme de sa vie d’épreuves. Dans l’Illiade, le Grec Achille exhibe le corps du Troyen Hector comme trophée aux yeux de tous en le traînant, attaché à son char, autour de la ville de Troie. Selon la tradition, le coureur Philippidès s’effondra au sol après une course de 40 km pour annoncer aux Athéniens la victoire de l’armée grecque sur celle de l’Empire perse à Marathon (490 avant J.-C.). Le roi macédonien Alexandre le Grand, pharaon d’Égypte, conquiert l’Empire perse et pénètre en Inde jusqu’à la rive de l’Indus (326 avant J.-C.). N’ayant jamais perdu une bataille, il incarne le modèle du vainqueur pour de nombreux empereurs, rois (notamment Louis XIV) et généraux au cours de l’Histoire. Pendant la période hellénistique (IIème siècle avant J.-C.), la victoire est représentée par la déesse Niké, messagère des dieux qui apporte la gloire aux vainqueurs. L’exposition présente une réplique de la « Victoire de Samothrace » (photo), mondialement connue et dont l’original se trouve au musée du Louvre à Paris. Grand admirateur d’Alexandre, le Romain Jules César (100-44 avant J.-C.), honoré par quatre triomphes à Rome, était « imperator », titre décerné par la République romaine aux généraux victorieux, sans la connotation politique que lui donneront ses successeurs et divers souverains étrangers. Auguste, héritier de César et premier « empereur » romain, attribue au dieu Apollon sa victoire navale sur son rival Marc-Antoine et Cléopâtre, dernière reine d’Égypte, à Actium (31 avant J.C.). En remerciement et pour en perpétuer le souvenir, il fonde la ville de Nicopolis (Grèce) près du lieu de la bataille, dédie un temple à Apollon sur le mont Palatin à Rome, lui consacre des jeux sportifs et fait frapper à son effigie des monnaies diffusées dans tout l’Empire. Dans l’Égypte ancienne, le pharaon est souvent représenté piétinant des prisonniers couchés pour traduire la victoire de l’ordre du monde établi par les dieux. L’exposition présente une sculpture en grès (IIIème-IVème siècle avant J.-C.) figurant le dieu Horus en cavalier victorieux terrassant un crocodile, animal du dieu Seth meurtrier de son père Osiris. Cette iconographie se retrouve dans l‘empereur cavalier triomphant du monde barbare. Cette victoire du Bien sur le Mal perdure avec les images de saint-Georges et de saint-Michel terrassant le dragon. Ce thème apparaît aussi dans la mythologie hindouiste. Durga, déesse de la guerre, remporte la victoire contre le démon Mahîshâsura et ramène la paix sur terre. Les Aztèques associent le dieu Huitzilopochtli, leur principale divinité, à leurs victoires mais aussi à leurs défaites. Enfin dans la Chine antique, contrairement à d’autres divinités guerrières, Guandi, dieu taoïste de la guerre, accorde également sa bénédiction…à ceux faisant preuve de fraternité et de droiture !

Des célébrations aux monuments. En 217 avant J.-C., le roi d’Égypte Ptolémée IV fait distribuer à ses troupes 300.000 pièces d’or spécifiques pour célébrer sa victoire à Raphia sur les armées du roi séleucide Antiochos III. Vers 319-320, l’empereur romain Constantin Ier le Grand met en circulation une monnaie le représentant à l’avers et, au revers, deux captifs entravés au pied d’un trophée composé d’armes et d’éléments d’armures pour diffuser son image de vainqueur. Au XVème siècle, le roi Charles VII fait frapper des médailles pour commémorer l’expulsion définitive des Anglais hors de France. Durant l’Ancien Régime, l’Antiquité inspire une médaille célébrant la bataille d’Ivry (1590), où la victoire du roi protestant Henri IV sur les Ligueurs catholiques mettra fin aux guerres de religion. De même, une allégorie de la victoire illustre la médaille rappelant la bataille de Rocroi (1643), victoire du Grand Condé sur l’armée espagnole. Pour commémorer le passage du Rhin pendant la guerre de Hollande (1672-1678), Louis XIV fait frapper une médaille le montrant vêtu comme en général romain, qu’une victoire ailée couronne de lauriers. Dès les années 1540, les armuriers milanais s’inspirent des héros de l’Antiquité pour réaliser des armures d’apparat (photo). Le triomphe à la romaine devient un modèle de la glorification du prince au cours de fêtes dans toutes les cours d’Europe. Plus tard, il se transformera en défilé militaire, phénomène universel. Celui de la victoire de 1918 est conduit sous l’Arc de Triomphe à Paris par les maréchaux Joffre et Foch le 14 juillet 1919. En outre, les souverains puis les gouvernements ont édifié des monuments rappelant une victoire pour l’inscrire durablement dans la mémoire collective. En voici une rétrospective non exhaustive : Trophée d’Auguste (7-6 avant J.-C.), soumission des derniers peuples alpins par les Romains ; Arc d’Orange (10-25), victoires des Romains sur les Germains ; Colonne Trajane (107-113), victoire des Romains sur les Daces ; Basilique Notre-Dame des Victoires (1629), victoires de Louis XIII sur les ennemis du royaume de France ; Yorktown Victory Monument (1881-1884), victoire des Américains et de leurs alliés français sur les Britanniques en 1781 ; Arc de Triomphe du Carrousel (1806-1808), campagne d’Allemagne de l’armée napoléonienne sur la coalition austro-russe ; Colonne Vendôme (1806-1810), victoire de Napoléon à Austerlitz sur la coalition austro-russe ; Arc de Triomphe de l’Étoile (1806-1836), victoires des armées de la Révolution et de l’Empire ; Colonne Siegssaüle (1873), victoires prussiennes contre le Danemark (1864), l’Autriche (1866) et la France (1871) ; Monument commémoratif de la première bataille de la Marne (1938), victoire franco-britannique sur l’Allemagne en 1914. La crypte du tombeau de Napoléon aux Invalides rappelle ses hauts faits militaires et civils.

Loïc Salmon

L’exposition « Victoire ! La fabrique des héros » (11 octobre 2023–28 janvier 2024), organisée par le musée de l’Armée, se tient aux Invalides à Paris. Elle présente des sculptures, tableaux, documents, photographies, armes, armures, objets, trophées, médailles et tenues diverses. Des visites guidées sont prévues. Renseignements : www.musee-armee.fr

Victoire ! La fabrique des héros

Exposition « Dans la peau d’un soldat » aux Invalides

Exposition « Les canons de l’élégance » aux Invalides

 




Victoire ! La fabrique des héros

Outre sa dimension guerrière, la notion de victoire s’applique aussi à la littérature et à la politique, mais surtout au sport de compétition. Elle y acquiert la même aura, après une longue préparation et des efforts intenses pour se dépasser et l’emporter.

Décidée selon des modalités diverses, la victoire sportive s’intègre dans une hiérarchie des valeurs et fait l’objet de réjouissances, allant des stades aux palais présidentiels, et renouvelle les expressions du sentiment national. La célébration de la victoire prend une place particulière dans le cadre des Jeux Olympiques, où les médailles acquises donnent une renommée plus durable que celles des championnats du monde. Dans l’Antiquité, les cités grecques organisaient des jeux sportifs dans à Olympie en l’honneur de Zeus olympien, du VIIIème siècle avant J.-C au IVème siècle après J.-C. Elles récompensaient uniquement les vainqueurs par un rameau d’olivier sauvage, symbole de la sagesse, de la gloire et de la paix. Lors de ses propres jeux, Athènes offrait aussi des amphores spécifiques remplies de l’huile des oliviers sacrés, produit très précieux et donc cher. Le vainqueur revendait alors l’huile et gagnait une importante somme d’argent. En 1894, le baron français Pierre de Coubertin fonde le Comité international olympique qui structure les Jeux dans le cadre de la Charte olympique. Le premiers Jeux olympique modernes commencent en 1896 à Athènes avec un sacre sommaire. Le vainqueur est couronné d’olivier et reçoit une médaille d’argent. Le second obtient une couronne de laurier et une médaille de bronze. Ce n’est qu’en 1904, lors des Jeux de Saint Louis (États-Unis), que l’or, l’argent et le bronze sont remis aux athlètes. Le podium apparaît en1932, durant les Jeux d’hiver à Lake Placid (États-Unis), Désormais, la remise des médailles s’effectue sur une estrade selon un protocole strict. Le premier athlète, au centre, reçoit une médaille d’or et le titre de champion olympique. Le deuxième, placé à sa droite, obtient une médaille d’argent et le troisième, à sa gauche, une médaille de bronze. Les drapeaux des pays des trois vainqueurs sont hissés, mais seul l’hymne national du médaillé d’or retentit. Dans certains cas, les vaincus sont honorés presqu’à l’égal des vainqueurs : glorification des Spartiates défaits aux Thermopyles par l’armée perse (480 avant J.-C.) ; siège de Fort Alamo (Texas, 1836) ; résistance d’une compagnie de la Légion étrangère française à Camerone (Mexique, 1863). Ce goût des perdants magnifiques se retrouve dans le sport. Ainsi, lors de la Coupe de football des clubs de champions européens à Glasgow (Écosse) en 1975-1976, l’équipe française des Verts de Saint-Étienne, battue par l’équipe allemande du Bayern de Munich, est ovationnée le lendemain sur les Champs-Élysées à Paris. Quoique souvent associé aujourd’hui au monde du sport, le trophée témoigne d’abord d’une victoire militaire par l’exposition d’armes ou d’objets symboliques du vaincu, comme l’épée du roi François 1er, fait prisonnier à Pavie en 1525 par le général Juan de Aldana. Échangée par son fils contre une pension du roi d’Espagne Philippe II en 1585, elle sera récupérée par la France…en 1808, pendant la guerre de l’armée napoléonienne contre l’Espagne. Le trophée se perpétue dans le domaine de la chasse par la tête, naturalisée et montée sur un écusson, d’un animal d’une exceptionnelle splendeur, puissance ou rareté. Récompense de portée internationale, le prix Nobel, créé par le Suédois Alfred Nobel inventeur de la dynamite, honore une personnalité ou une organisation pour son action en faveur du bien-être de l’humanité. Il concerne six domaines : physique ; chimie ; littérature (Annie Ernaux, première Française en 2022) ; médecine ; économie ; paix (l e Sud-Africain Nelson Mandela en 1993, entré dans l’Histoire par la défaite).

Loïc Salmon

« Victoire ! La fabrique des héros », ouvrage collectif. Éditions In Fine et Musée de l’Armée, 344 pages, 275 illustrations, 35 €

Exposition « Victoire ! La fabrique des héros » aux Invalides

Dans la peau d’un soldat

Les canons de l’élégance




L’Antiquité en six batailles

Jusqu’à la chute de Rome en 476, les combats entre États se composent du choc et du mouvement, en combinant les capacités physiques de l’homme et du cheval. L’issue d’une bataille résulte surtout de l’organisation supérieure d’une armée et du génie militaire de son chef.

Introduit en Égypte au XVIIIème siècle avant J.-C., le char, qui emporte jusqu’à quatre combattants, constitue un redoutable engin de guerre pour le choc. A partir du VIIème siècle avant J.-C., les cités grecques remplacent la lourde cuirasse de bronze du soldat, héritée des héros de la guerre de Troie, par le linothorax, tunique faite de couches de lin superposées et renforcée d’écailles de bronze. Le gain en ergonomie et en manœuvrabilité leur permet de vaincre les armées perses, pourtant plus nombreuses, au cours des guerres médiques (- 490 puis – 480/479). En outre, leur efficacité repose sur la phalange, organisation tactique des fantassins armés de lances de 5,5 m de long et de petits boucliers ronds, une discipline rigoureuse et une forte cohésion sociale entre citoyens d’une même cité. Puis la légion romaine l’emporte sur la phalange, grâce une organisation plus souple, un armement permettant de se battre dans toutes les configurations et un bouclier offrant une protection individuelle complète. Par la suite, les légions, composées surtout de fantassins, ne parviennent plus à protéger les 10.000 km de frontière de l’Empire des incursions des cavaleries des peuples barbares. Par ailleurs, jusqu’au Vème siècle avant J.-C., la défense d’une ville dépend de la qualité de ses fortifications, de la durée du siège, du nombre et de la patience des assiégeants. Au siècle suivant, les moyens techniques, hérités des Assyriens (IIème millénaire – 609 avant J.-C.), réapparaissent chez les Grecs, qui en inventent de nouveaux : tour, catapulte, arbalète géante à grande cadence de tir, bélier protégé d’une structure et foreuse contre les murailles. Enfin, les Romains montent la catapulte sur des roues pour la rendre plus mobile. A Leuctres (- 371), l’armée thébaine, quoique inférieure en nombre à celle de Sparte considérée comme invincible, transforme une défaite annoncée en une brillante victoire. Son chef, Épaminondas, a créé la surprise par une attaque frontale au centre du long dispositif spartiate, dont elle ébranle la cohérence. A Gaugamèles (- 331), l’armée macédonienne (40.000 fantassins et 7.000 cavaliers) l’emporte sur les troupes perses (250.000 fantassins 20.000 cavaliers et 200 chars), grâce à l’audace tactique d’Alexandre qui compte sur l’effet de choc de ses phalanges et le manque de réactivité des troupes perses. Cette victoire permet la conquête de l’Empire perse. A Cannes (- 216), l’armée carthaginoise (50.000 hommes) fait face aux légions romaines (82.000 hommes). Par une manœuvre enveloppante de sa cavalerie, Hannibal parvient à disloquer les formations d’infanterie romaines. A Carrhes (- 53), l’armée romaine (34.000 fantassins et 4.000 cavaliers), épuisée par des marches forcées dans le désert sous une chaleur accablante, est massacrée par la cavalerie parthe (10.000 cavaliers), qui a choisi le lieu de la bataille. Le triumvir Crassus comptait égaler César et Pompée sur le plan militaire par une expédition facile. Mais il a sous-estimé son adversaire, très mobile, bien renseigné et supérieur par la portée de ses armes. A Teutoburg (9 après J.-C.), des tribus germaniques anéantissent trois légions romaines dans une embuscade en forêt. Leur chef, Hermann, avait auparavant servi dans l’armée romaine et en connaissait les faiblesses. Le Rhin marque ensuite la limite de l’Empire. A Massada (79), l’armée romaine construit des machines de siège et une rampe artificielle pour accéder à une forteresse juive, surplombant la mer Morte de 450 m. Après sept mois d’un siège éprouvant, elle donne l’assaut…pour ne trouver que des cadavres.

Loïc Salmon

« L’Antiquité en six batailles », Gilles Haberey & Hughes Pérot. Éditions Pierre de Taillac, 84 pages, nombreuses illustrations, 29,90 €. 

Le Moyen-Age en sept batailles

Conduite de la bataille, planification et initiative

Défaites militaires, ce qu’il faut éviter

 




Histoire mondiale des porte-avions

Symbole de compétences techniques, le porte-avions est devenu un outil de projection de puissance, conventionnelle ou nucléaire, depuis la mer vers la terre, grâce à sa capacité de frappe sur les franges littorales où se concentre l’essentiel de l’activité humaine.

La dimension aérienne commence à jouer un rôle dans un affrontement naval pendant la guerre de Sécession américaine (1860-1865), quand les deux belligérants mettent en œuvre des ballons captifs depuis un navire à vapeur ou une barge pour observer les positions adverses. Pendant la guerre russo-japonaise (1904-1905), l’armée de Terre japonaise déploie des ballons pour diriger les tirs des batteries, débarquées par la Marine, contre des navires russes bloqués dans la rade de Port-Arthur. Durant la première guerre mondiale, l’hydravion puis l’avion remplacent l’aérostation pour éclairer une flotte et améliorer la précision des tirs des croiseurs et cuirassés. Plus puissant, plus rapide, l’avion repousse l’horizon, chasse les moyens aériens ennemis et bombarde les infrastructures côtières. Pour l’employer en mer, un bâtiment dédié est mis au point avec une plateforme pour l’appontage et le décollage. Destiné au début à accompagner une flotte, ce « porte-avions » devient, en 1919, un bâtiment d’escadre qui peut l’emporter sur un cuirassé dans une bataille décisive. Son groupe aérien découvre l’ennemi, règle le tir de l’artillerie navale, endommage la flotte adverse et repère les sous-marins. La Grande-Bretagne partage alors l’expérience acquise avec ses alliés de l’époque, les États-Unis, la France et le Japon. Ce dernier construit la première flotte de petits porte-avions rapides de moins de 10.000 t. Les États-Unis optent pour des unités de 15.000-20.000 t. Pour la France, l’Italie, l’Espagne et l’Australie, les porte-avions ou transports d’hydravions constituent des auxiliaires d’escadre, dont les performances des appareils restent insuffisantes face aux chasseurs ennemis. En novembre 1940 à Tarente, des bombardiers britanniques embarqués coulent deux cuirassés italiens à la torpille et en endommagent un troisième. La Marine japonaise s’en inspire ainsi que des grands exercices navals américains à Hawaï pour lancer, en décembre 1941, des vagues aériennes d’assaut qui réalisent le même score à Pearl Harbor et anéantit l’aviation américaine à terre. Grâce à ses porte-avions, au radar, au renseignement et à la chance, les États-Unis passent à l’offensive en 1942. Dans le Pacifique, les groupes de porte-avions soutiennent les opérations amphibies, frappent des objectifs navals ou terrestres et soumettent le Japon à des raids dévastateurs. En Atlantique, ils défendent les convois contre les sous-marins et les bombardiers terrestres allemands. Après 1945, les inventions de la piste oblique, de la catapulte à vapeur et du miroir d’appontage permettent le déploiement d’appareils à réaction, pour augmenter l’allonge, et d’avions de guet aérien pour accroître la visibilité au large. Entre 2005 et 2022, douze Marines lancent ou mettent en service 29 plateformes : 2 porte-avions à catapultes et brins d’arrêt (États-Unis et Chine) ; 3 porte-aéronefs à tremplin et brins d’arrêt (Inde et Chine) ; 9 porte-aéronefs pour décollage et atterrissage court et vertical (États-Unis, Grande-Bretagne, Italie et Espagne) ; 15 porte-hélicoptères (France, Japon, Corée du Sud, Égypte, Australie, Chine et Brésil). Depuis, la Chine a annoncé la construction de deux porte-avions à catapultes électromagnétiques, la Russie celle de deux porte-hélicoptères amphibies et d’un porte-avions à catapultes électromagnétiques et la France l’étude d’un porte-avions de 75.000 t à catapultes électromagnétiques et doté du système combat aérien futur avec drones. La Turquie va aligner deux plateformes d’emport d’hélicoptères et de drones.

Loïc Salmon

« Histoire mondiale des porte-avions » par Alexandre Sheldon-Duplaix. Éditions E-T-A-I, 240 p., nombreuses photos, 49 €.

Marines : le porte-avions, outil militaire et diplomatique pour agir loin

Défense : démonstrateur SCAF, missile ANL et futur site du Commandement de l’espace

Marine nationale : le porte-avions et la mer dans les relations internationales