L‘armée romaine, première armée moderne

Après la désastreuse défaite de la bataille de Cannes (216 avant J.-C.) face à l’armée carthaginoise, l’armée romaine a su modifier régulièrement ses méthodes et maintenir l’Empire d’Occident jusqu’à son effondrement interne (476). Les principes qui s’en dégagent ont perduré et seront finalement théorisés au XXème siècle.

Directeur de l’École de guerre en 1908 et vainqueur décisif en 1918, le maréchal Foch les a énoncés en une formule simple, toujours d’actualité : concentration des efforts, économie des moyens et liberté d’action. Instrument d’Alexandre le Grand pour la conquête de l’Empire perse (333-331 avant J.C.), la phalange macédonienne, jamais vaincue, devient le modèle de la légion romaine, composée de fantassins lourdement armés. A Cannes, l’armée d’Hannibal, quoique fatiguée par son périple depuis l’Espagne et la traversée des Alpes, parvient à encercler les troupes romaines, pourtant supérieures en nombre. Rome analyse son échec, réorganise son armée, modifie sa doctrine et conquiert la Grèce et l’Asie Mineure (Turquie actuelle) par les trois victoires de Cynocéphales (- 197), Magnésie (-189) et Pydna (- 168), face aux phalanges, efficaces sur un vaste champ de bataille plat mais incapables de manœuvrer sur un terrain étroit et accidenté. Disposant de ressources considérables, les grands empires hellénistiques recourent à des mercenaires, entraînés et très rapidement mobilisables. Jusqu’au IIème siècle avant J.-C., l’armée romaine se compose de citoyens en armes, où chacun participe selon ses moyens. Le consul Marius la professionnalise par le recrutement, sur une longue durée, de soldats formés et entraînés uniquement pour la guerre. L’équipement se standardise ainsi : cuirasse lamellée, compromis entre protection, légèreté relative et liberté de mouvement ; bouclier rectangulaire semi-cylindrique ; casque ; glaive ; poignard ; javelot lourd ; lance. Le fantassin romain devient aussi sapeur pour construire des routes, ponts et canaux ainsi qu’un camp retranché pour se reposer à l’abri la nuit. Cette forteresse, qui se déplace à la vitesse du soldat, entretient le savoir-faire au bon niveau, même en temps de paix en territoire ami. Bien sûr, l’armée romaine a connu des désertions, séditions et fuites devant l’ennemi. Toutefois, une discipline de fer et un entraînement rigoureux, par répétition de gestes jusqu’à l’obtention des réflexes pour exécuter rapidement les ordres à la voix durant le combat, lui ont permis d’acquérir une solide capacité de résilience. La légion, forte de 6.000 hommes, comme une brigade actuelle, est complétée par des unités de cavalerie auxiliaires, recrutées surtout parmi les peuples conquis (Gaulois, Germains, Numides et Syriens). Elle fonctionne comme un « système d’armes » actuel et pratique ce qui se nommera le « combat interarmes » au XXème siècle. Son artillerie se compose d’archers, de frondeurs et surtout de lourdes machines pour la guerre de siège. La capitale ennemie constitue une cible prioritaire, car centre du pouvoir politique, de l’administration, de la justice, des échanges commerciaux et surtout résidence des dieux avec ses temples et ses richesses. La longue guerre contre la Judée, commencée en 66 sous Vespasien, bascule en 70 lors de la prise de Jérusalem par Titus après un siège de 139 jours, mobilisant 60.000 hommes, et la destruction du Temple ; Elle se termine en 73 après la prise de la forteresse de Massada. L’assaut, par surprise, d’une ville récalcitrante présente l’avantage d’éviter la mobilisation d’une armée en territoire hostile, avec le risque d’épidémie, et la nécessité de besoins logistiques considérables. Au cours des Ier et IIème siècles, les légions romaines ont conquis 34 capitales, sous les ordres des empereurs Trajan, Marc Aurèle et Septime Sévère. En outre, 20 % des villes menacées ont ouvert leurs portes sans combat.

Loïc Salmon

« L’armée romaine, première armée moderne », général Nicolas Richoux. Éditions Pierre de Taillac, 160 pages, illustrations, 16,90 €.

L’Antiquité en six batailles

L’âge d’or de la cavalerie

Triangle tactique, décrypter la bataille terrestre

 




Défense : l’ACADEM, rayonnement de la pensée stratégique française

L’Académie de défense de l’École militaire (ACADEM) regroupe, sur le même site, 21 organismes d’études et de recherche, rattachés au ministère des Armées, au ministère de l’Intérieur ou à vocation interministérielle, afin de nourrir le débat européen et atlantique et accroître la capacité d’influence de la France vers les pays partenaires et alliés.

L’ACADEM a été inaugurée le 26 octobre 2023 à Paris par le ministre de Armées, Sébastien Lecornu, qui a annoncé une subvention de 77 M€ pour le rayonnement de la pensée stratégique dans le cadre de la loi de programmations militaire 2024-2030, soit une augmentation de 40 % par rapport à la période précédente. Le président de l’ACADEM, le général de corps d’armée Benoît Durieux, l’avait présentée à la presse le 19 octobre à Paris.

Bouleversements stratégiques. Le contexte géopolitique est aujourd’hui déstabilisé : conflits en Afghanistan, en Libye, au Sahel et au Levant ; attaque de la Russie contre l’Ukraine ; reprise de la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le Haut Karabagh ; agression de l’organisation terroriste Hamas de la bande de Gaza contre Israël, suivie de la riposte israélienne à Gaza. De nouveaux concepts émergent : guerre hybride ; conflit de haute intensité ; débats sur la frontière entre guerre militaire, terrorisme, cyberdéfense, cybersécurité et guerre économique. S’y ajoute la fragilisation des cadres internationaux du multilatéralisme. La conception de stratégies et la réflexion sur la défense nationale deviennent vitales, souligne le général Durieux. Elles concernent la défense militaire, mais aussi toutes les menaces contre les libertés et les intérêts de la France, comme la souveraineté industrielle, la défense des zones (maritimes) économiques exclusives et les luttes contre la désinformation, les cyberattaques et les ingérences.

Forum et interface. L’ACADEM rassemble des chercheurs de diverses disciplines, notamment en droit, sciences politiques, histoire, sociologie et économie. Elle inclut des experts dans leurs domaines, des décideurs, des acteurs opérationnels et des ingénieurs qui travaillent à la mise au point de l’avion de chasse futur, mais aussi des militaires ayant combattu en Afghanistan, au Sahel et au Levant, d’autres qui ont pisté les sous-marins russes en Méditerranée orientale ou qui ont survolé des territoires hostiles au Levant et enfin des commissaires qui adaptent l’administration à chaque opération militaire. Au sein de la « confédération » ACADEM, chacun de ses 21 organismes (voir encadré ci-dessous) conserve sa pleine indépendance ou, au moins, reste au service de son autorité d’emploi. Tous ont validé une charte sur le travail en commun. Enfin, l’ACADEM souhaite constituer une interface avec des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, français et étrangers.

Loïc Salmon

L’ACADEM regroupe déjà vingt et un organismes à l’École militaire à Paris : Académie du renseignement ; Bibliothèque de l’École militaire ; Centre de doctrine et d’enseignement du commandement ; Centre d’enseignement militaire supérieur air ; Centre d’enseignement supérieur terre ; Centre d’études stratégiques de la marine ; Centre de formation des dirigeants de la gendarmerie ; Centre de formation au management de la défense ; Centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie nationale ; Centre des hautes études militaires ; Centre interarmées de concepts, de doctrine et d’expérimentation ; Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) ; Chaire de cyberdéfense et souveraineté numérique de l’IHEDN ; Chaire d’économie de défense de l’IHEDN ; Chaire « Défense et sécurité du territoire national » de l’État-major interarmées du territoire national métropolitain ; Centre d’études stratégiques aérospatiales (CESA) ; Chaire « stratégies aérienne et spatiale » appliquées intégrée au CESA ; Conseil général de l’armement ; École de guerre ; Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur ; Institut de recherche stratégique de l’École militaire.

Enseignement militaire supérieur : former les chefs d’aujourd’hui et de demain

Défense : se réapproprier la question militaire

Histoire de l’IHEDN




L’Antiquité en six batailles

Jusqu’à la chute de Rome en 476, les combats entre États se composent du choc et du mouvement, en combinant les capacités physiques de l’homme et du cheval. L’issue d’une bataille résulte surtout de l’organisation supérieure d’une armée et du génie militaire de son chef.

Introduit en Égypte au XVIIIème siècle avant J.-C., le char, qui emporte jusqu’à quatre combattants, constitue un redoutable engin de guerre pour le choc. A partir du VIIème siècle avant J.-C., les cités grecques remplacent la lourde cuirasse de bronze du soldat, héritée des héros de la guerre de Troie, par le linothorax, tunique faite de couches de lin superposées et renforcée d’écailles de bronze. Le gain en ergonomie et en manœuvrabilité leur permet de vaincre les armées perses, pourtant plus nombreuses, au cours des guerres médiques (- 490 puis – 480/479). En outre, leur efficacité repose sur la phalange, organisation tactique des fantassins armés de lances de 5,5 m de long et de petits boucliers ronds, une discipline rigoureuse et une forte cohésion sociale entre citoyens d’une même cité. Puis la légion romaine l’emporte sur la phalange, grâce une organisation plus souple, un armement permettant de se battre dans toutes les configurations et un bouclier offrant une protection individuelle complète. Par la suite, les légions, composées surtout de fantassins, ne parviennent plus à protéger les 10.000 km de frontière de l’Empire des incursions des cavaleries des peuples barbares. Par ailleurs, jusqu’au Vème siècle avant J.-C., la défense d’une ville dépend de la qualité de ses fortifications, de la durée du siège, du nombre et de la patience des assiégeants. Au siècle suivant, les moyens techniques, hérités des Assyriens (IIème millénaire – 609 avant J.-C.), réapparaissent chez les Grecs, qui en inventent de nouveaux : tour, catapulte, arbalète géante à grande cadence de tir, bélier protégé d’une structure et foreuse contre les murailles. Enfin, les Romains montent la catapulte sur des roues pour la rendre plus mobile. A Leuctres (- 371), l’armée thébaine, quoique inférieure en nombre à celle de Sparte considérée comme invincible, transforme une défaite annoncée en une brillante victoire. Son chef, Épaminondas, a créé la surprise par une attaque frontale au centre du long dispositif spartiate, dont elle ébranle la cohérence. A Gaugamèles (- 331), l’armée macédonienne (40.000 fantassins et 7.000 cavaliers) l’emporte sur les troupes perses (250.000 fantassins 20.000 cavaliers et 200 chars), grâce à l’audace tactique d’Alexandre qui compte sur l’effet de choc de ses phalanges et le manque de réactivité des troupes perses. Cette victoire permet la conquête de l’Empire perse. A Cannes (- 216), l’armée carthaginoise (50.000 hommes) fait face aux légions romaines (82.000 hommes). Par une manœuvre enveloppante de sa cavalerie, Hannibal parvient à disloquer les formations d’infanterie romaines. A Carrhes (- 53), l’armée romaine (34.000 fantassins et 4.000 cavaliers), épuisée par des marches forcées dans le désert sous une chaleur accablante, est massacrée par la cavalerie parthe (10.000 cavaliers), qui a choisi le lieu de la bataille. Le triumvir Crassus comptait égaler César et Pompée sur le plan militaire par une expédition facile. Mais il a sous-estimé son adversaire, très mobile, bien renseigné et supérieur par la portée de ses armes. A Teutoburg (9 après J.-C.), des tribus germaniques anéantissent trois légions romaines dans une embuscade en forêt. Leur chef, Hermann, avait auparavant servi dans l’armée romaine et en connaissait les faiblesses. Le Rhin marque ensuite la limite de l’Empire. A Massada (79), l’armée romaine construit des machines de siège et une rampe artificielle pour accéder à une forteresse juive, surplombant la mer Morte de 450 m. Après sept mois d’un siège éprouvant, elle donne l’assaut…pour ne trouver que des cadavres.

Loïc Salmon

« L’Antiquité en six batailles », Gilles Haberey & Hughes Pérot. Éditions Pierre de Taillac, 84 pages, nombreuses illustrations, 29,90 €. 

Le Moyen-Age en sept batailles

Conduite de la bataille, planification et initiative

Défaites militaires, ce qu’il faut éviter

 




Histoire de l’IHEDN

Liberté de ton, originalité de la pensée et brassage civilo-militaire ont conduit à un consensus national sur la défense de la France et à la diffusion de l’esprit de défense parmi sa population.

Ces caractéristiques de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) résultent d’expérimentations, d’études et de réflexions depuis…1936 ! Après l’effondrement du Second Empire en 1870, le « gouvernement de la Défense nationale » inspire un nouveau concept appelé à se développer. La crise de Fachoda (Afrique de l’Est,1898), entre la France et la Grande-Bretagne, souligne l’absence d’un organe de coordination politico-stratégique, mais il faut attendre 1932 pour la constitution d’un ministère de la Défense nationale remplaçant, temporairement, les ministères dédiés à chaque armée. En 1911, pour préparer le recrutement du haut commandement, le Centre des hautes études militaires (CHEM) vient compléter l’Ecole de Guerre (1880) et l’Ecole supérieure de Marine (1893). Le décret de 1921 transforme celle-ci en Ecole de guerre navale et lui adjoint le Centre des hautes études navales (CHEN), dont le directeur, en 1928, n’est autre que le contre-amiral Raoul Castex, futur fondateur de l’IHEDN. Tirant l’expérience de la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne innove en 1926 avec l’instauration de « l’Imperial Defence College » pour former un corps d’officiers et de fonctionnaires civils à la stratégie impériale sous son aspect le plus large. Dix ans plus tard, la France s’en inspire avec le Collège des hautes études de défense nationale (CHEDN) pour les officiers du grade de lieutenant-colonel ou équivalent, admis sans concours mais ayant suivi le CHEM ou le CHEN, et de hauts fonctionnaires civils. Son directeur, l’amiral Castex conçoit un programme sur la défense nationale avec ses aspects politique, financier, militaire (terre, mer et air), économique, colonial et diplomatique, incluant visites, discussions et restitutions de travaux collectifs. Lors de la première session, le lieutenant-colonel Charles de Gaulle, écrivain militaire reconnu, y prononce une conférence sur l’organisation politico-militaire de la défense de la nation en temps de guerre, traduite en acte à l’été 1940 et annonciatrice de sa future ordonnance de…1959 ! Une logique de réseaux des anciens auditeurs se met en place jusqu’à la fermeture du CHEDN en septembre 1939. Il est rouvert en 1948 sous le nom d’Institut des hautes études de défense nationale, d’une durée d’une année universitaire et dont la méthodologie de travail, empruntée à « l’Imperial Defence College » et au « National War College » américain, se pérennise pendant une dizaine d’années. Progressivement, le caractère civilo-militaire s’accentue avec la règle, encore en vigueur, des trois tiers : militaires, fonctionnaires civils et membres du secteur privé. Dès 1948, se crée l’Association des anciens auditeurs et cadres de l’IHEDN, dénommée AA-IHEDN. Dès 1959, les officiers du CHEM suivent la session nationale. Les femmes y accèdent en 1956 et les étrangers en 1999. Présidents de la République et Premiers ministres s’y expriment. Par la suite, l’IHEDN évolue avec l’ouverture de sessions beaucoup plus courtes en province, à l’international (auditeurs d’Afrique, d’Europe, du Moyen-Orient, d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine) et aux « jeunes » et instaure des sessions thématiques. L’Union-IHEDN, fondée en 1975, fédère les associations des anciens. Entre 1948 et 2020, l’IHEDN a formé 25.000 auditeurs, dont plus d’un tiers au sein des sessions nationales.

Loïc Salmon

« Histoire de l’IHEDN », Philippe Vial et Guillaume Denglos. Editions Tallandier, 208 pages, 29 €.

IHEDN : vision présidentielle de la défense et de ses moyens

Défense : se réapproprier la question militaire

Enseignement militaire supérieur : former les chefs d’aujourd’hui et de demain




Les 200 meilleures ruses et tactiques de guerre

Le combat sur terre et sur mer repose sur la tactique et la ruse. Cette dernière peut renverser la situation pour celui qui risquait, au début, d’être vaincu par un adversaire plus nombreux.

Souvent, la victoire résulte de l’effet de surprise, planifié ou improvisé. De l’Antiquité, avec le cheval de Troie, à la seconde guerre mondiale, avec le faux projet de débarquement des troupes alliées dans le Pas de Calais en 1944, les exemples abondent. Face à l’armée thrace, le stratège athénien Iphicrate (419-353 avant JC) abandonne son camp avec tous ses bagages et bêtes de somme et attire l’ennemi dans une embuscade. A Salamine (480 avant JC), le stratège athénien Thémistocle dispose de 380 trirèmes qui risquent l’encerclement par une flotte perse de plus de 600 navires. Il parvient à la désorganiser en l’obligeant à franchir un chenal étroit où les trirèmes grecques, plus rapides, la déciment. En 332 avant JC, Alexandre le Grand assiège la ville phénicienne de Tyr, située sur une île. Après sept mois de travaux et d’échecs, il envisage de lever le siège quand un énorme monstre marin s’échoue sur la jetée macédonienne. Les deux belligérants y voient un signe favorable. Mais alors que les Tyriens festoient toute la nuit, Alexandre déplace la plus grande partie de sa flotte sur un autre point et donne l’assaut final des murailles. Lors de la bataille des Champs Raudiens (30 juillet 101 avant JC), une armée romaine de 52.300 hommes affronte 160.000 Cimbres, venus du Danemark et guère habitués à l’été italien. Ces derniers, obligés de progresser face à l’Est avec leurs boucliers devant les yeux, portent des casques et cuirasses métalliques qui décuplent la chaleur. Les Romains remportent une victoire écrasante. Grâce à la chaleur, le roi de France Philippe IV le Bel remporte la victoire de Mont-en-Pévèle, le 18 août 1304, contre les troupes flamandes. A l’issue d’une journée caniculaire, sa cavalerie contourne l’armée adverse et s’empare de son camp, la privant de nourriture et de boisson. Le 5 novembre 1757, le roi de Prusse Frédéric II établit son camp à Rossbach sur une colline escarpée face à une armée française deux fois plus nombreuse. Feignant la retraite, il la prend à revers et la désorganise complètement. Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Paris assiégé survit grâce à deux ruses : les ballons pour acheminer le courrier (3 millions de lettres), évacuer des personnalités et relever les positions de l’ennemi ; les pigeons voyageurs transportés par ballons, pour ne pas être interceptés, et porteurs de microphotographies (2.000 messages par pigeon). Durant la première guerre mondiale, quand ils font surface dans les eaux territoriales, les sous-marins britanniques rejettent de grandes quantités de pain pour attirer les mouettes, qui repèrent vite ce type de navire. Les guetteurs surveillent les attroupements de mouettes et, si aucun submersible britannique n’est censé se trouver à cet endroit, il s’agit d’un sous-marin allemand. Pendant la guerre du désert (juin 1940-février 1943), le célèbre illusionniste britannique Jasper Maskelyne, mobilisé dans l’unité spéciale de dissimulation « A Force », trompe l’Afrikakorps allemand par le déploiement de chars camouflés en faux camions. Il fait construire un faux port d’Alexandrie et l’allumage d’incendies pour leurrer la Luftwaffe, qui attaque de nuit. Le faux port est reconstruit avant l’aube, afin de berner les avions de reconnaissance allemands.

Loïc Salmon

« Les 200 meilleures ruses et tactiques de guerre », Anne Pouget. Editions Pierre de Taillac, 192 pages, illustrations, 9,90 €.

L’Armée Française en Guerre en 100 objets et 100 mots

Le fusil à tirer dans les coins

Le livre qui va faire de vous un chef




Liberté du commandement

Liberté du commandement

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Défense : détecter les cyberattaques et réagir vite

La doctrine militaire française inclut le cyber comme arme d’emploi sur les théâtres d’opérations. Au-delà de son aspect technique, le cyber prend des dimensions juridique et politique.

A l’occasion de la 8ème édition de l’exercice interarmées « Defnet » (15-26 mars), l’état de la cyberdéfense militaire a été présenté à la presse, le 18 mars 2021 à Paris, notamment par Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées, et le général de division aérienne Didier Tisseyre (photo), commandant la cyberdéfense.

« Cyberconflictualité ». Le commandement de la cyberdéfense (Comcyber) dispose d’un état-major, installé à Paris, pour les orientations stratégiques, la conception et la conduite des opérations, via le centre opérationnel cyber. Le Groupement de la cyberdéfense des armées a été créé le 1er septembre 2020 à Saint-Jacques de la Lande (Bretagne), à proximité de l‘incubateur civilo-militaire « Cyberdéfense Factory ». Ce dernier permet aux petites et moyennes entreprises et aux universitaires de travailler au contact des opérateurs des armées et des experts de la Direction générale de l’armement. Outre la cybercriminalité, le terrorisme ou les actions hybrides de la part de groupes mercenaires rattachés à des Etats, l‘hypothèse d’un engagement majeur dans le cyberespace est prise en compte, indique le général Tisseyre. Des exercices au sein de l’OTAN permettent de s’y préparer. Sur le plan national, il s’agit d’attribuer l’origine des cyberattaques, sans en divulguer la méthode pour éviter une vulnérabilité ultérieure. Leur gravité détermine la proportionnalité de la riposte, au niveau diplomatique, économique ou militaire. Le Comcyber travaille avec les services de renseignement dans la lutte informatique, défensive ou offensive, sur un théâtre d’opérations. Ainsi, l’exercice Defnet 2021 inclut des simulations de vrais incidents sur des systèmes d’armes en service, dans un contexte international au plus près de la réalité.

Defnet 2021. Cet exercice permet de tester la planification, la coordination et la mise en œuvre des mesures défensives face aux cyberattaques. Près de 260 « cybercombattants » sont mobilisés à Brest, Istres, Paris, Rennes et Toulon. Pour la première fois, les réservistes opérationnels sont intégrés aux équipes, afin de s’entraîner aux procédures militaires de gestion de crise cyber. L’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et huit maîtres d’œuvre industriels, signataires de la convention sur la cybersécurité des systèmes d’armes en service, participent à Defnet. En outre, le Comcyber organise la compétition « Capture the Flag » entre 14 écoles d’enseignement supérieur à Paris, Laval, Rennes, Vannes, Saint-Malo et Lannion.

« Cybercombattants ». En 2020, l’ANSSI a détecté quatre fois plus de cyberattaques qu’en 2019 ainsi que 2.700 « événements de sécurité » au ministère es Armées, indique Hervé Grandjean. Pour contrer cette menace, la loi de programmation militaire 2019-2025 consacre 1,6 Md€ au cyber. Le nombre de cybercombattants, de 3.400 en 2020, doit atteindre 4.500 en 2025. Les armées assurent déjà des formations spécialisées : brevet de technicien supérieur « Système numérique informatique et réseau » au lycée militaire de Saint-Cyr l’Ecole ; mastère « Cybersécurité des systèmes complexes pour l’industrie et la défense » à l’Ecole de l’air et à l’Ecole centrale de Marseille ; mastère « Cybersécurité des systèmes maritimes et portuaires », mis en place par l’Ecole navale et trois autres écoles d’ingénieurs en Bretagne.

Loïc Salmon

Défense : l’essor du numérique sur le champ de bataille

Cyber : capacité interarmées, niveaux stratégique et tactique

Cyber : nouvelle doctrine pour la lutte informatique




Marine : missions « Clemenceau 2021 » pour le GAN et « Jeanne d’Arc 2021 » pour le GEAOM

Le groupe aéronaval (GAN) a quitté Toulon le 21 février 2021 pour la mission « Clemenceau » (quatre mois) jusqu’en océan Indien. La mission « Jeanne d’Arc » (146 jours), qui emmène le Groupe école d’application des officiers de marine (GEAOM) jusqu’en mer de Chine et au Japon, est partie de Toulon le 18 février.

Ces deux missions présentent un volet opérationnel avec des spécificités : lutte contre le terrorisme islamiste et renforcement des partenariats pour le GAN ; formation, coopération et assistance humanitaire pour le GEAOM.

Clemenceau 2021. En Méditerranée orientale, le GAN participe à l’opération américaine « Inherent Resolve » contre le djihadisme au Levant, via son intégration au dispositif français « Chammal » de soutien des forces irakiennes, engagées au sol pour détruire les capacités militaires de Daech. Dans le cadre des opérations « Inherent Resolve » et « Agénor » (Union européenne) en mer Rouge, dans le golfe Arabo-Persique et en océan Indien (mer d’Arabie), il approfondit les connaissances des zones traversées et assure une présence opérationnelle, réactive et adaptable pour garantir la sécurité régionale. Le GAN se compose du porte-avions Charles-de-Gaulle, qui embarque : 20 avions de chasse Rafale marine (F3R) ; 2 avions de guet aérien E-2C Hawkeye ; 2 hélicoptères Dauphin pour la sécurité des équipages et les missions de recherche et de secours ; 1 hélicoptère Caïman pour les luttes anti-sous-marine et antinavire et le transport logistique. Il est escorté par : la frégate de défense aérienne et de commandement des opérations aériennes Chevalier-Paul ; la frégate multi-missions Provence, renforcée temporairement par sa jumelle Auvergne, pour les luttes anti-sous-marine et antinavire, l’appui aux opérations terrestres et la projection de puissance, chacune embarquant un hélicoptère Caïman ; un sous-marin nucléaire d’attaque pour le recueil de renseignement, l’intervention contre des enaces navales ou sous-marines et la mise en œuvre de forces spéciales ; le bâtiment de commandement et de ravitaillement Var. En outre, un avion de patrouille maritime Atlantique-2, basé à terre, assure, pour le GAN, des missions de renseignement en haute mer, de lutte anti-sous-marine et, éventuellement, de puissance de feu sur des objectifs terrestres par des bombes guidées laser. « Clemenceau 2021 » prévoit la participation partielle de la frégate belge Leopold-1er, d’une frégate grecque et du destroyer américain Porter.

Jeanne d’Arc 2021. Dans le cadre de la présence française ans la zone indopacifique, le GEAOM intègre la « Combined Task Force 150 » de la coalition internationale en océan Indien, pour lutter contre les trafics et activités illicites liées au terrorisme et sécuriser les espaces maritimes. Il contribue au maintien de la connaissance des zones et de l’étude de leurs évolutions, afin d’anticiper l’apparition des crises tout en conservant une liberté autonome d’appréciation de la situation. Le GEAOM se compose du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre et de la frégate Surcouf. Outre un groupement tactique et des hélicoptères de l’armée de Terre, les deux navires embarquent 148 officiers de Marine en formation, dont 14 femmes, 8 enseignes de vaisseau étrangers (Allemagne, Cameroun, Côte d’Ivoire, Madagascar, Togo et Viêt Nam) et 5 officiers invités (Egypte, Ethiopie, Indonésie, Malaisie et Maroc). « Jeanne d’Arc 2021 » inclut des exercices majeurs avec les Marines d’Inde, d’Australie, du Japon et des Etats-Unis.

Loïc Salmon

L’océan Indien : enjeux stratégiques et militaires

Marine nationale : l’aéronavale, tournée vers les opérations

Marine nationale : opération « Agénor » et missions « Foch » et « Jeanne d’Arc »

 




Recherche stratégique : connaître et comprendre chaque région du monde

L’évaluation, par les chercheurs, des transitions et des inflexions de l’environnement géopolitique dans le temps long, permet d’imaginer les menaces et les opportunités futures.

La ministre des Armées, Florence Parly, s’est exprimée à ce sujet lors d’un colloque organisé, le 11 septembre 2019 à Paris, par l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (IRSEM) à l’occasion de son dixième anniversaire. Y sont aussi intervenus : Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, directeur de l’IRSEM ; général (2S) Jérôme Pellistrandi, Revue Défense Nationale ; Etienne de Durand, Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées ; colonel (er) Michel Goya, historien militaire ; Hervé Drévillon, Service historique de la défense (SHD).

Réflexion et action. En agrégeant tous les savoirs, études et recherches du ministère des Armées depuis dix ans, l’IRSEM agit comme la vigie de la défense de la France par l’observation, l’information et l’orientation, souligne Florence Parly. Il stimule la recherche stratégique « à la française », à la confluence de l’histoire, de la géographie, de l’économie et des sciences politiques. La vitalité de la recherche stratégique contribue aux capacités de connaissance, d’anticipation et d’analyse des crises pour éclairer les décisions et enrichir les échanges avec les partenaires étrangers. La DGRIS, à laquelle l’INSERM est rattaché, propose, aux « think tanks » et instituts de recherche, des contrats d’études sur plusieurs années et concentrés sur les enjeux majeurs, comme la dissuasion nucléaire, le cyber ou les arcs de crise. En outre, la DGRIS finance directement des projets de recherche et une quarantaine de thèses par an pour promouvoir l’émergence d’une relève parmi les jeunes. En 2018, ont été créés des labels « centres d’excellence », destinés à faire émerger des pôles académiques pour étudier la guerre. Ils ont déjà présélectionné des projets de recherche à Paris, Lyon, Bordeaux et Grenoble. En outre, la loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit un investissement de 10 M€ par an dans la recherche stratégique. En février 2019, la DGRIS a lancé le « Club Phœnix » pour créer un espace d’échanges et de dialogue entre l’administration, la recherche et le secteur privé. En janvier 2020, l’IRSEM et la DGRIS vont ouvrir la première édition du projet « Fabrique Défense » destiné aux jeunes de18-30ans, en vue de l’émergence d’une culture stratégique européenne. A ce propos, la nouvelle Commission européenne inclut, pour la première fois, un poste de commissaire à la défense. Enfin, deux jours avant le colloque de l’IRSEM, les ministres des Armées et des Affaires étrangères français et russes se sont rencontrés à Moscou pour reprendre le dialogue, interrompu depuis six ans, sur la coordination en matière de sécurité.

Perspective historique. Les nations font la guerre avec davantage de civils que de militaires, rappelle le colonel Goya. Pendant la première guerre mondiale, la transformation des armées a été réalisée grâce aux universitaires incorporés et aux militaires disposant d’un bagage universitaire. La recherche stratégique implique une argumentation scientifique avec un discours réfutable. Par exemple, comment une innovation technique et la démographie prennent autant d’importance dans les armées et la société. De son côté, Hervé Drévillon estime que la recherche stratégique nécessite une dimension internationale, car la guerre est une interaction entre nations. Il conviendrait aussi de développer des programmes de recherches pluriannuels. Pour mutualiser les moyens et élargir les réseaux, le SHD coopère déjà avec son homologue allemand et négocie avec son homologue canadien.

Défis à relever. Le monde redevient multipolaire, estime le général Pellistrandi, par le retour des empires, géographiques ou virtuels, avec un impact direct sur la démocratie. Face aux rapports de force imposés par les Etats-Unis, la Chine et la Russie, se pose la question de la capacité technologique européenne. Du fait de la vision mondiale de la France, la réalité opérationnelle de ses forces armées, qui paient le prix du sang, conditionne la réflexion stratégique. Celle-ci souffre du cloisonnement des approches et du manque de reconnaissance académique, car ses recherches ne correspondent pas aux critères universitaires. Le monde de la recherche stratégique n’inclut qu’une dizaine de militaires susceptibles de présenter le point de vue des praticiens. La réflexion sur le temps long nécessite la mise en perspective de leur expérience avec le dynamisme des jeunes chercheurs. Les travaux de la DGRIS et de l’Institut des hautes études de défense nationale méritent d’être diffusés, notamment auprès des élites administratives pour améliorer leur niveau sur les questions de défense et de sécurité. En matière de recherche stratégique, la DGRIS se trouve plus en position d’utilisateur que de demandeur, indique Etienne de Durand. Elle s’intéresse aux nouveaux domaines, à savoir l’espace, le cyber, l’intelligence artificielle et les drones, et le renouvellement des plus anciens, comme les programmes nucléaires et la compétition entre grandes puissances. Toutefois, l’insuffisance de la circulation des informations entre l’administration et le milieu de la recherche s’avère particulièrement dommageable. La capacité des chercheurs à comprendre les besoins du ministère des Armées va de pair avec la capacité de ce dernier à « absorber » les résultats des recherches. En effet, de nombreux articles, peu lisibles pour les non spécialistes, semblent déconnectés des enjeux du ministère des Armées. Par ailleurs, le nombre d’étudiants augmente plus rapidement que celui des débouchés. Il faudrait pouvoir aller au-delà des contrats de 3 ans, pour assurer une pérennité sur 10 ou 20 ans.

Loïc Salmon

Selon Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, la recherche stratégique française a longtemps souffert de marginalisation, en raison du peu d’échanges entre les universitaires et les milieux politique et militaire, par crainte d’une atteinte à son indépendance. Elle se trouve fragmentée au nom de la défense du « pré carré » sur l’étude de la guerre. « Think tanks » et grandes entreprises y réfléchissent…mais pas ensemble ! Les chercheurs français, formés à l’étranger, importent la culture anglo-saxonne en France. En outre, la question de l’employabilité professionnelle des jeunes chercheurs se pose. Toutefois, une fécondation croisée entre monde de la recherche et forces armés s’instaure par l’engagement de chercheurs dans la réserve opérationnelle et par le nombre croissant de militaires poursuivant des études universitaires. L’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (IRSEM) parvient à concilier indépendance éditoriale et relations privilégiées avec l’Etat-major des armées et la Direction générale des relations internationales et de la stratégie. En dix ans, il a réalisé une centaine de missions à l’étranger. Il organise 90 événements par an et publie en anglais la moitié de sa production écrite. Actuellement, les chercheurs de l’IRSEM viennent à 80 % de l’université. Finalement, la complémentarité avec le milieu militaire constitue la bonne formule, estime son directeur.

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Armée de l’Air et Marine : une seconde chance pour les jeunes en difficultés scolaires

L’Ecole d’enseignement technique de l’armée de l’air et l’Ecole des mousses offrent des perspectives d’avenir professionnel à des jeunes de 16 à 18 ans sans diplôme, en vue d’acquérir un savoir-faire, technique, et un « savoir-être », grâce à une formation militaire.

Le colonel Thierry Fluxa et le capitaine de frégate Emmanuel Rouve, sortis de ces écoles qu’ils dirigent aujourd’hui, l’ont expliqué à la presse, le 5 septembre 2019 à Paris. Une élève technicienne, qui souhaite devenir mécanicien d’avion, et un matelot diplômé, qui va rejoindre le corps des fusiliers-marins, ont également présenté leur témoignage.

Les « arpètes ». Créée en 1949, l’Ecole d’enseignement technique de l’armée de l’air, dite des « arpètes » et féminisée depuis 1999, a accueilli 46.000 élèves, dont 244 en 2019, indique le colonel Fluxa. L’outil numérique et la « réalité augmentée » facilitent l’évolution des formations pour s’adapter aux besoins de plus en plus sophistiqués de l’armée de l’Air et aux attentes des élèves, qui veulent apprendre « autrement » et entrer rapidement dans des unités opérationnelles. L’encadrement est assuré par une trentaine d’enseignants du ministère de l’Education nationale et des instructeurs militaires, issus des unités opérationnelles et qui parlent de leur métier. L’école transmet aussi des valeurs, à savoir respect, intégrité, sens du service, excellence, honneur, travail et discipline. Outre le certificat d’aptitude professionnelle « aéro systèmes », l’école propose aux arpètes, depuis 2016, une scolarité de deux ans débouchant sur le baccalauréat, options scientifique (« bac S ») et technologique (« bac pro »). Tous les élèves qui se sont présentés en 2019 l’ont obtenu : 57,8 % de mentions pour le « bacs S » ; 77,5 % pour le « bac ST2D » (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) ; 88,4 % pour le « bac pro aéro systèmes » ; 100 % pour le « bac pro aéro avionique ». La filière des « bacs pros » devient de plus en plus demandée par les familles.

Les « mousses ». Créé en 1856 et fermée en 1988, l’Ecole des mousses rouvre ses portes en 2009 dans le cadre du plan « Egalité des chances ». Seul établissement à incorporer des mineurs (niveau 3ème demandé) sous statut militaire, elle constitue un socle fort pour les équipages de la Marine, souligne le capitaine de frégate Rouve. En effet, le mousse, nourri et logé, signe un contrat d’un an à 350 €/mois. Montée régulièrement en puissance, l’école accueille aujourd’hui 240 élèves/an (27 % de filles), répartis par sections de 30 dirigées par un cadre militaire, sur les sites de Brest et Cherbourg. En 2021, elle va ouvrir un second internat, outil pédagogique de « réalité augmentée ». L’école donne une formation maritime par la pratique de la voile pour acquérir le sens de la discipline et de la hiérarchie. La scolarité, assurée par des cadres de l’Education nationale, dure 10 mois, dont 7 de tronc commun et 3 de formation métier avant les écoles de spécialité (5 semaines à 4 mois) vers 9 métiers différents. Son brevet permet au mousse de s’engager 4 ans comme matelot ou quartier-maître. Ensuite, il pourra présenter un dossier à l’Ecole de maistrance et devenir officier marinier. En dix ans, l’école a formé 1.828 mousses, dont 80 % sont restés dans la Marine. La majorité des autres a repris goût aux études et continué jusqu’au baccalauréat. « Un ancien mousse se reconnaît à son sens du devoir, sa conscience professionnelle et son adaptation à la vie » (Amiral Bernard Louzeau, chef d’état-major de la Marine de 1987 à 1990).

Loïc Salmon

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