Armement : modernisation des armées françaises sur un an

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Le salon des armements terrestres Eurosatory 2016 (13-17 juin) donne l’occasion de présenter les récentes commandes et livraisons aux armées françaises. Avec 16 Md€ de prises de commandes en 2015, l’industrie française d’armement (165.000 personnes) s’est maintenue parmi les cinq principaux exportateurs mondiaux.

Armée de l’Air. Le 8 juin 2016, la Direction générale de l’armement (DGA) a pris livraison du 9ème exemplaire de série de l’avion de transport militaire A400M Atlas portant le numéro MSN33. C’est le premier à disposer de capacités tactiques, en sus de celles de soutien logistique et de ravitaillement en vol. Fin 2016, le ministère de la Défense devrait disposer de 5 autres A400M ainsi équipés : 2 neufs en attente de livraison ; 3 actuellement en service et qui seront « retrofités » (remplacement d’éléments anciens ou obsolètes par des composants plus récents) pour disposer des mêmes capacités que le MSN33. L’A400M assure : le transport de 37 t de matériel ; des liaisons au sein d’un même théâtre d’opérations ou entre divers théâtres ; les poser d’assaut sur terrains sommaires ; l’aérolargage de personnel et de matériel à très grande altitude ; le ravitaillement en vol ; les évacuations sanitaires. Le 29 janvier 2016, la DGA a commandé, à l’armée de l’Air américaine, 4 avions de transport tactique Hercules C-130J neufs, dont 2 disposant d’une capacité de ravitaillement d’hélicoptères en vol. Les 2 premiers seront livrés fin 2017-début 2018 et les 2 ravitailleurs en 2019. Ils viendront renforcer le segment médian de la flotte de transport tactique, actuellement composé de Transall C-160 et d’Hercules C-130H, très sollicités et éprouvés par les différentes opérations extérieures dans des conditions d’environnement difficiles. L’achat des 4 Hercules C-130J inclut le système de soutien, la formation du personnel et le maintien en condition opérationnelle. Le 7 décembre 2015, la DGA a commandé un 3ème système de drones MALE (moyenne altitude, longue endurance) de type Reaper à l’armée de l’Air américaine. Le premier, livré en décembre 2013, est utilisé de façon intensive dans le cadre de l’opération « Barkhane » en cours dans la bande sahélo-saharienne (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina-Faso). La livraison du 2ème est prévue en 2016 et celle du 3ème en 2019. La loi de programmation militaire 2014-2019  (LPM) prévoit 4 systèmes complets comprenant chacun 3 drones. Le drone MALE offre une capacité majeure en termes de connaissance et d’anticipation par leurs missions de renseignement, de surveillance, de reconnaissance et de désignation d’objectifs sur de larges zones, à grandes distances et sur de longues durées. Les drones Reaper et les Hercules C-130J ont été acquis dans le cadre de la procédure américaine « FMS ». Celle-ci facilite les ventes d’armement d’État à État, diminue les coûts de production et accroît l’interopérabilité entre forces américaines et alliées.

Marine nationale. Le 25 mars 2016, la DGA a pris livraison du premier bâtiment multi-missions (B2M). Dénommé D’Entrecastreaux, celui-ci est affecté à la Nouvelle-Calédonie. Déplaçant 2.300 t à pleine charge avec un équipage de 20 marins, il peut effectuer des missions de 30 jours sans ravitaillement et naviguer 200 jours par an. Ses missions portent sur la souveraineté outre-mer : présence ; surveillance et protection des intérêts français dans les zones économiques exclusives ; projection de forces ; soutien logistique ; sauvegarde ; assistance au profit des populations. La commande, notifiée le 30 décembre 2013, inclut un 2ème BSM pour la Polynésie française et un 3ème pour La Réunion. L’actualisation de la LPM 2014-2019 prévoit la commande d’un 4ème B2M. Le 16 décembre 2015, la DGA a commandé 6 chalands multi-missions (CMM) à propulsion hybride avec batteries. Leur système de propulsion électrique est alimenté par des groupes électrogènes fonctionnant au gasoil (mode « classique ») ou par batteries rechargeables à quai ou en mer (mode « zéro émission »). Déplaçant 53 t et pourvu d’une coque en aluminium et de superstructures en composite, le CMM embarque jusqu’à 36 marins et/ou plongeurs. Il navigue dans les rades ou à proximité des côtes des bases navales pour des missions variées : travaux sous-marins ; transport de matériel ; lutte anti-sous-marine ; formation de plongeurs. Le mode « classique » à vitesse maximale de 10 nœuds (18,52 km/h) pendant la phase de transit est remplacé par le mode « zéro émission » à petites vitesses lors de la phase d’exploitation pour : réduire les émissions de gaz à effet de serre ; améliorer le confort des marins pendant les longues périodes de travail en réduisant les nuisances sonores et en supprimant les gaz d’échappement. La livraison du premier CMM est prévue en 2017. Après une utilisation opérationnelle pendant 3 mois, la série sera confirmée, en vue de livraisons en 2019 et 2020 : 2 unités pour le port de Brest ; 2 unités pour celui de Toulon ; 1 pour celui de Cherbourg ; 1 pour le Pôle écoles Méditerranée de Saint-Mandrier. Une option est prévue pour 1 unité aux Antilles et 1 en Nouvelle-Calédonie.

Armée de Terre. Le 30 décembre 2015, la DGA a commandé 6 hélicoptères de transport tactique NH90-TTH Caïman de 11 t, qui portent à 74 le nombre d’appareils commandés dont 44 livrés d’ici à 2019. Premier hélicoptère militaire à commandes de vol électriques, le NH90 se décline en deux versions : TTH pour les missions d’appui aux forces terrestres ; NFH pour la lutte anti-sous-marine et antinavire de surface et pour le secours en mer. Début 2016,  15 NFH ont été déjà livrés à la Marine nationale et 17 TTH à l’armée de Terre. Progressivement, les NH90-TTH remplacent les hélicoptères Puma au sein de l’Aviation légère de l’armée de terre pour : le transport tactique de troupes, jusqu’à 20 personnels, et de matériels, jusqu’à 20 t ; l’évacuation sanitaire ; l’installation d’un poste de commandement héliporté. Leurs équipements incluent : casques de vision nocturne ; systèmes de contre-mesures et de blindage ; dispositifs pour la descente en rappel et l’emport de charges sous élingue ; entrées d’air pour les opérations en environnement désertique. Avec le complément des Cougar rénovés et des Caracal, les forces françaises disposeront de 115 hélicoptères de manœuvre en 2025, dont une majorité de NH90-TTH.

Loïc Salmon

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Le programme « Scorpion » de modernisation des groupements tactiques interarmes (GTIA) vise à accroître leur efficacité et leur protection, en utilisant les nouvelles capacités d’échanges d’informations. Le char Leclerc rénové (57 t et 615 km  d’autonomie) a été présenté à Eurosatory 2016 (photo). Capable d’entrer en premier dans un combat de haute intensité et dans tout type d’environnement, il est équipé de la « vétronique » commune Scorpion. Celle-ci permet de contrôler la navigation, les communications, les systèmes d’observation, l’énergie, la motorisation et les systèmes d’armes des véhicules militaires. Au cours du combat, le fonctionnement en réseau du GTIA limite les temps de communication et de décision. Mais cette dernière sera toujours prise par l’homme, pour éviter les dommages collatéraux.

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