Armée de Terre : imaginer les combats de demain

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Pour garantir sa cohérence entre les menaces, ses missions et ses moyens, l’armée de Terre a lancé une réflexion, que le général de division Bernard Barrera, sous-chef d’état-major Plans-Programmes, a présentée à la presse le 8 décembre 2016 à Paris.

L’horizon 2035. Ce travail prospectif d’orientation, intitulé « Action terrestre future », fait suite à ceux d’organisation (« Au Contact ») et d’outillage (programme « Scorpion »). Réalisé par des « opérationnels » (État-major des armées, Direction générale de l’armement et industriels) et des « think tanks » (IFRI, IRIS, IRSEM, FRS etc), il repose sur des scénarios de conflit, du désert à la zone urbaine et de la basse à la haute intensité. Leur croisement vise à comprendre la transformation de tout le spectre de la guerre (classique, technologique et asymétrique), définir le rôle de l’armée de Terre et les domaines à privilégier. Tout en adaptant ce qui existe et en profitant des opportunités en matière d’équipements, le schéma directeur s’appuie sur les études amont pour renouveler les plates-formes, afin de garder la supériorité technique. L’État a perdu le monopole de recherche et de développement. Ainsi, le budget des groupes américains Google et Amazon dans ces domaines, de l’ordre de 35 Md$/an, dépasse celui du ministère de la Défense des États-Unis. La réalisation des équipements futurs nécessitera un long délai que, malgré l’espionnage industriel, les puissances émergentes parviendront difficilement à réduire.

Guerre froide paix chaude. Dans un contexte de hausse mondiale des dépenses militaires, un consensus se dégage en France sur un objectif de 2 % du produit intérieur brut pour un effort de défense actuel de 1,8%, rappelle le général Barrera. En 2000, le contexte stratégique voit l’avènement de la supériorité occidentale, grâce aux nouvelles technologies de l’information. Les crises se multiplient avec des interventions à distance de sécurité. Les conditions d’engagement des forces exigent seulement une supériorité militaire tactique. L’outil militaire se caractérise par un modèle d’armée « ramassée » où le rendement satisfaisant des moyens engagés l’emporte sur le volume des forces déployées. Quinze ans plus tard, l’époque change. L’accélération, la privatisation et la dissémination de l’innovation entraînent une vive contestation de la domination militaire occidentale et une transformation technologique. Le retour de la guerre se manifeste par un rapprochement géographique des foyers de crise de grande ampleur et une continuité entre théâtres d’opérations extérieurs et territoire national. La contestation de la supériorité militaire, par des adversaires réguliers et irréguliers, nécessite de l’emporter sur les plans tactique et opératif (théâtre). Le modèle d’armée « puissante » prime.

Appréhension globale. Les forces terrestres disposeront d’un système de renseignement couvrant la surveillance des flux de communications militaires et duaux (signaux électromagnétiques, cyberconnaissance et réseaux sociaux) et la diffusion discrète de capteurs à longue endurance (réseaux de capteurs miniaturisés). La puissance croissante de calcul du traitement des données permettra de les mettre en œuvre au plus près des forces, en vue de réagir immédiatement et avec précision. L’exploitation du renseignement inclut : « mémoire » des théâtres ; modes d’actions adverses ; matrices sociales et culturelles des crises ; gestion des besoins d’en connaître ; adaptabilité du niveau de classification des informations.

Loïc Salmon

 

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