Désormais, les grands blessés au combat peuvent vivre avec leur famille sur le site de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Percy pendant leur prise en charge déambulatoire (6 mois à 1 an). Cette « Maison des blessés et des familles » (MBF), inaugurée officiellement le 7 avril 2015, a été présentée à la presse, le 2 avril à Paris, par le médecin général inspecteur Christian Plotton, directeur de l’HIA Percy. Dans un petit film vidéo, un blessé (photo) témoigne : « On ne peut se reconstruire seul pendant un an » ! La MBF répond à l’objectif de parcours global de soins : présence des proches du blessé pendant la phase aigüe, au-delà des droits réglementaires, et meilleures conditions d’hébergement lors des réhospitalisations. Seul le praticien ou le chirurgien juge de la pertinence d’une prise en charge déambulatoire. Lors d’un engagement armé, il s’écoule en moyenne 35 heures entre le moment où un soldat est gravement blessé, son rapatriement par avion médicalisé et son arrivée à l’HIA Percy. Après la phase de réanimation et de chirurgie, le blessé entreprend une rééducation de 2 à 6 mois, puis une réadaptation (prise en charge déambulatoire) de 6 mois à 1 an et enfin une réinsertion de 2 ans environ par le travail et le sport. Le besoin d‘une MBF s’est fait sentir en 2011 avec le grand nombre de grands blessés de l’armée de Terre rapatriés d’Afghanistan, la saturation des capacités d’accueil des familles à proximité de l’HIA, la dispersion des origines géographiques des militaires hospitalisés (métropole et départements d’outre-mer) et les longues durées d’hospitalisation. Centre de polytraumatologie et structure d’accueil des grands blessés des théâtres d’opérations, l’HIA Percy a été retenu pour la future MBF en raison de sa capacité de prise en charge globale et permanente, grâce à la présence de l’ensemble des disciplines médico-chirurgicales et de réanimation. Également centre de rééducation et de réhabilitation, il peut soigner les blessures physiques et psychiques. Disposant d’une réserve foncière de 2.700 m2, il a consacré 1.000 m2 à l’aménagement de 11 logements au standard « handicap », pour le déplacement du blessé en fauteuil roulant, et d’une crèche pour les enfants en bas âge : 6 studios de 23 m2 ; 4 logements de 75 m2 ; 1 appartement de 87 m2. Ces logements, bâtis en rez-de-chaussée, sont contigus pour permettre les échanges entre les familles. Le séjour, est pris en charge par le ministère de la Défense. La MBF a coûté 4 M€, dont 80.000€ payés par des associations. En effet, elle a vu le jour grâce à l’appui de divers services du ministère de la Défense et à la réactivité et l’action déterminante de la communauté associative, estime le médecin général. La réussite de la MBF explique-t-il, est due au personnel hospitalier (soignants, ergothérapeutes et kinésithérapeutes), aux cellules d’aide aux blessés et aux associations Terre Fraternité, Solidarité Défense, ANFEM (Association nationale des femmes de militaires) et Bleuet de France. De son côté, le général de division Bernard Barrera, porte-parole adjoint du ministère de la Défense et ancien commandant de la brigade « Serval » au Mali (2013), rappelle que les blessés au combat connaissent la réactivité du Service de santé sur le terrain et savent que ni eux, ni leur famille, ne seront abandonnés à leur sort après. Enfin, indique le médecin général Plotton, les blessés des récentes opérations extérieures dans la bande sahélo-saharienne le sont moins gravement que pendant l’engagement en Afghanistan.
Loïc Salmon
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