Recherche stratégique : lancement du « Club Phœnix »

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Le ministère des Armées a ouvert, le 14 février 2019 à Paris, le « Club Phœnix » pour soutenir et renouveler la recherche stratégique, en associant des acteurs nationaux publics et privés.

Le club, placé sous la tutelle de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie, (DGRIS), vise à favoriser l’insertion professionnelle de jeunes chercheurs en sciences humaines et sociales à haut potentiel. Il facilite l’échange avec leurs homologues des sciences dites « dures », à savoir les mathématiques, physique, chimie et biologie. Enfin, il sensibilise les décideurs publics à leurs sujets d’intérêt. En contrepartie, plus de 80 partenaires privés, en février 2019, bénéficient des résultats de leurs recherches.

Ecosystème. Le vice-amiral d’escadre Hervé de Bonnaventure, directeur général adjoint de la DGRIS, a présenté le fonctionnement du Club Phœnix. Universités, « think tanks », industriels de défense, entreprises civiles, cabinets conseils, startups et le ministère des Armées y participent. Les passerelles entre sciences sociales et « dures » devraient faire émerger de nouveaux champs de réflexion, afin d’améliorer les capacités d’anticipation pour affronter les enjeux stratégiques futurs. Cela nécessite de dépasser les « réflexes culturels ». Il s’agit : pour les universitaires, d’accepter la légitimité et la qualité des travaux des think tanks et des entreprises ; pour les entreprises, de reconnaître la capacité d’un doctorant à s’adapter aux critères d’efficacité du secteur privé ; pour le ministère des Armées, d’admettre que l’expérience acquise dans un think tank ou une entreprise constitue un enrichissement supplémentaire et non pas une difficulté de gestion de ressource humaine. Certains chercheurs pourront intégrer, notamment, les ministères des Armées, des Affaires étrangères et de l’Intérieur.

Retours d’expérience.  Plusieurs membres du club ont témoigné de l’intérêt des sciences humaines dans leurs domaines respectifs (photo). Pour Céline Jurgensen du Commissariat à l’énergie atomique (partenaire du ministère des Armées), elles permettent de comprendre plus finement l’environnement stratégique et les nouveaux acteurs nucléaires, dont la Corée du Nord à partir de textes coréens, et d’investir dans un vivier de jeunes chercheurs. Pour Paul Hérault de Naval Group (industriel de défense), les thématiques transverses de droit des marchés publics, contrats et prises de risques constituent des outils à partager avec les partenaires scientifiques et techniques, tout en protégeant les informations sensibles. Pour Alexandra de Hoop Scheffe du German Marshall Fund (think tank), les sciences humaines facilitent la compréhension des sujets de désaccords entre les pays européens et les Etats-Unis, des priorités des uns et des autres et de leurs engagements et désengagements sur les théâtres d’opérations. Elles contribuent ainsi à éviter le déclassement technologique européen. Pour Arnaud Guérin de la société civile d’analyse automatique d’informations géospatiales par l’intelligence artificielle Earth Cube, elles permettent de faire du « renseignement intelligent », par exemple la prévision à 6 mois de la situation en mer Baltique et dans l’océan Arctique. Nicolas Bronard, chef du pôle prospective, recherche et innovation de la DGRIS, précise que le Club Phœnix finance les recherches, mais n’accepte pas l’envoi d’un doctorant dans un pays à risques. Le ministère des Armées finance la publication des études à raison de 10 M€/an : 2,5 M€ pour les universités et 7,5 M€ pour les think tanks.

Loïc Salmon

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