Quand le lys terrassait la rose

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Pendant sept siècles d’hostilités (1066-1815), la France a gagné plus des deux tiers des quelque 200 batailles livrées au cours de 20 guerres contre l’Angleterre, mais elle a souvent perdu…la paix !

Tout commence à la bataille d’Hasting (1066), seule invasion réussie de l’Angleterre, qui entraîne l’usage du français à la cour et le remplacement des élites locales. Vingt ans plus tard, le sentiment national britannique naîtra d’une cérémonie de réconciliation. Pour la France, il faudra la victoire de Bouvines (1214) contre la première coalition européenne de son histoire. La guerre de Cent Ans, querelle dynastique, débute par une victoire navale française à Arnemuiden (1338), qui fera prendre conscience à l’Angleterre de la nécessité d’une Marine puissante et permanente. Deux ans plus tard, son souverain se proclame roi de France et arbore sur ses armoiries les léopards anglais et les lys français. La disparition de ces derniers et l’abandon du titre ne se produiront qu’en…1802 ! La durée de la guerre de Cent Ans s’explique notamment par le traité de Brétigny (1360), où une partie de la souveraineté de la France a été aliénée à l’Angleterre et que les plus capables de ses rois voudront récupérer par la force. Sur le plan militaire, la compétence du chef l’emportera sur la haute naissance nobiliaire et l’infanterie mobile, aidée par l’artillerie, sur la cavalerie surexposée. Entretemps, la guerre civile en France, entre Armagnacs et Bourguignons, va inciter l’Angleterre à tenter de reconquérir ses territoires perdus sur le continent. A Azincourt (1415), la chevalerie française est décimée par les flèches anglaises, qui deviendront obsolètes face à la puissante et précise artillerie française à Castillon (1453), victoire qui met fin au conflit. Le Traité de Troyes (1420) avait offert, à terme, la couronne de France au souverain anglais. Celui qui l’a effectivement portée affronte à son tour une guerre civile (1455-1486), dite des « Deux Roses », l’une blanche pour la maison d’York et l’autre rouge pour celle de Lancastre et qui, une fois réunies, deviendront l’emblème de la monarchie anglaise. Calais, l’unique place anglaise en France, tombe en 1558, mettant un point final aux ambitions territoriales de l’Angleterre sur le sol français. Dorénavant, pour se protéger, celle-ci cherche à diviser ses ennemis potentiels sur le continent et à agir diplomatiquement pour obtenir ou préserver la paix. Après la capitulation de La Rochelle (1628), place protestante soutenue par l’Angleterre, aucune ville de France ne sollicitera un concours étranger. Par contre, la révocation de l’édit de Nantes (1685) provoque l’émigration de nombreux protestants français vers l’Angleterre. Désormais et jusqu’en 1815, se déroule une « seconde guerre de Cent Ans » entre les deux nations, d’à peu près la même durée, en Europe, en Amérique et aux Indes orientales (Asie du Sud et du Sud-Est), alternant affrontements intenses et collectifs, conflits larvés, longues trêves et paix armées. A partir de 1760, à Londres, le pouvoir passe du roi au gouvernement impliquant un regard froid, rationnel et comptable des intérêts des milieux d’affaires. A Versailles, la politique étrangère et la guerre sont considérées comme occupations de gentilshommes pour la réputation, l’honneur et les titres avec…une certaine indifférence pour le résultat final ! Pourtant, après la défaite de la France à Waterloo (1815), le Traité de Paris lui restitue la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion, soit aujourd’hui le 2ème domaine maritime du monde derrière celui des Etats-Unis.

Loïc Salmon

« Quand le lys terrassait la rose », par Daniel de Montplaisir. Mareuil Éditions, 350 pages. 19,90 €

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