A force d’ambition et de talent militaire, George Patton (1885-1945) est devenu, parce qu’il croit en sa destinée, l’un des plus célèbres généraux américains de la seconde guerre mondiale… mais aussi le plus controversé pour ses outrances !
William Huon raconte l’homme dans son intimité et le soldat d’exception, après avoir puisé directement dans le fonds (documents, lettres et journaux personnels, photos et objets) du musée « General George Patton Museum of Leadership », situé à Fort Knox dans l’État du Kentucky. Le grand-père et le grand-oncle de Patton, tous deux colonels sudistes, furent tués au combat pendant la guerre de Sécession. A l’école, George privilégie l’histoire et fait de deux grands personnages ses héros, choix qu’il justifiera plus tard : César pour « l’excellence de son système de renseignements qui l’informe sur les mouvements de l’ennemi » ; Alexandre le Grand, « l’un des hommes les plus ambitieux qui ait jamais vécu ». Toute sa vie, il fera référence à Napoléon en distinguant, parmi ses maréchaux, Berthier, son chef d’état-major, et Murat, décrit comme « flamboyant, fou, impétueux et irréfléchi », qualificatifs attribués ultérieurement à Patton lui-même. George entre à 17 ans à l’Institut militaire de Virginie, puis à l’Académie militaire de West Point l’année suivante. Malgré sa dyslexie, il se montre excellent dans les disciplines militaires, moyen dans les matières académiques (il a redoublé une année) et sort 46ème sur 103 en 1909. Un an plus tard, il épouse une riche héritière, Beatrice Ayer, à qui il devra beaucoup au cours de sa carrière. Officier de cavalerie, Patton sait aussi cultiver ses relations, grâce à son entregent, sa haute taille et son charme. Il se trouve aussi à l’aise dans un salon du grand monde, pour cultiver ses relations, que pour parler de façon virile à ses troupes ou manier le sabre et le pistolet. En 1916, il participe à une expédition punitive au Mexique contre Pancho Villa, en tant qu’aide de camp du général Pershing. Celui-ci devient commandant en chef des troupes américaines en Europe l’année suivante. Intégré à son état-major, Patton se voit confier la création du « Tank Corps » pour l’emploi du char d’assaut, mis au point par les Britanniques et les Français. Le 26 septembre 1918, il reçoit le baptême du feu avec ses chars, lors de l’offensive de Saint-Mihiel (département de la Meuse). Blessé au combat, maniaque de la discipline et du détail, il termine la guerre avec la Distinguished Service Cross américaine et la croix de Guerre française. Sorti 25ème sur 248 du Command and General Staff College (l’équivalent de l’École de guerre française) en 1924 et de l’US Army War College (l’équivalent du Centre des hautes études militaires) en 1932, puis promu lieutenant-colonel en 1934, tous les espoirs de hautes responsabilités militaires lui sont permis. Elles se feront attendre…jusqu’en 1940, où il est enfin promu général de brigade ! En 1942, il prend le commandement du 1er Corps blindé, qui deviendra la 7ème Armée. La suite est connue : débarquement au Maroc la même année puis en Sicile en 1943. A partir d’août 1944, à la tête de la 3ème Armée, il participe à la libération de la Bretagne, de la Normandie et de la Lorraine. En avril 1945, promu général 4 étoiles (le maximum), il fait la jonction avec les troupes soviétiques en Autriche. Le 5 juin, il reçoit un accueil triomphal à Los Angeles. Fait citoyen d’honneur de 9 villes de France, il est élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur. Il meurt le 21 décembre, en Allemagne, des suites d’un accident de voiture.
Loïc Salmon
Les généraux français de la Grande Guerre
« Patton, le chasseur de gloire » par William Huon. Éditions E-T-A-I, 224 pages. 46 €