L’organisation du soutien médical, véritable savoir-faire français reconnu par les armées alliées, constitue une partie importante de l’opération « Serval » au Mali. Le médecin en chef Emmanuel Angot, chef de « l’état-major opérationnel santé » de la Direction centrale du service de santé, l’a présentée à la presse, le 18 avril 2013 à Paris. A cette date, environ 150 évacuations sanitaires sur la France, dont 15 urgentes par avion Falcon, avaient été lancées depuis le début de l’engagement (11 janvier). Les pathologies se répartissent en 50 % de blessures au combat, 25 % de déshydratations et maladies liées à l’environnement du théâtre et 25 % de troubles psychologiques aigus consécutifs à l’engagement opérationnel. La fonction santé porte d’abord sur les soins au quotidien, en vue de maintenir la capacité opérationnelle à durer dans des conditions difficiles et, en amont, sur l’hygiène et la prévention. Ses effectifs se montent à 170 personnes en missions de courte durée et 500 personnels déployés sur huit opérations extérieures (Opex) : « Serval », « Licorne », « Epervier » et « Boali » en Afrique ainsi que « Tamour » en Jordanie dans un cadre français, « Pamir » en Afghanistan (OTAN), « Daman » au Liban (ONU) et « Atalante » en océan Indien (Union européenne). Le concept médical français des opérations repose sur le sauvetage au combat, la médicalisation sur place ou l’évacuation par hélicoptère pour une prise en charge chirurgicale et, après décision de l’état-major opérationnel santé, sur une évacuation médicale précoce en métropole. Ainsi, un blessé au combat est secouru dans les dix minutes par un camarade, transporté au poste de secours avancé dans l’heure qui suit, admis au bloc opératoire une heure plus tard, éventuellement rapatrié par avion médicalisé 24 heures après le combat s’il est grièvement atteint. Tous les blessés sérieux sont traités à l’hôpital d’instruction des armées Percy dans les sept jours. En Opex, l’environnement médical se décompose en trois phases : préparation opérationnelle et expertise sanitaire avant ; ravitaillement sanitaire, intégration au dispositif tactique et conduite du soutien médical pendant ; suivi des blessés physiques et psychiques ainsi que retour d’expériences après. « Cette chaîne opérationnelle santé contribue au moral des combattants », souligne le médecin en chef Angot.
Loïc Salmon
Blessés psychiques : agir vite, au plus près et de façon continue