Opération « Atalante » : bilan du commandement français

image_print

Outre ses principales missions, l’opération européenne « Atalante » en océan Indien a réalisé environ 30 missions d’assistance médicale et 10 sauvetages en mer, lors de son 3ème mandat sous commandement français (6 décembre 2013-6 avril 2014). Son chef sur le théâtre, le contre-amiral Hervé Bléjean, en a dressé le bilan devant la presse le 10 avril 2014 à Paris. La France, à l’origine de l’opération « Atalante » avec l’Espagne, en est le premier pays contributeur, grâce à ses forces stationnées à Djibouti. Pendant la période considérée, la force multinationale TF465 EUNAVFOR comptait 5 bâtiments, dont le transport de chalands de débarquement français Siroco, 4 avions de patrouille maritime (2 à Djibouti et 2 aux Seychelles), 7 hélicoptères embarqués et 1 équipe de protection (commandos Marine). Chaque nation finance les moyens qu’elle engage sous la direction de l’état-major basé à Northwood (Grande-Bretagne). Depuis décembre 2008, l’EUNAVFOR assume trois missions : protection des navires du programme alimentaire mondial (PAM) et de la mission de l’Union africaine pour la Somalie ; participation à la sécurité du trafic maritime dans le golfe d’Aden et des navires de pêche dans le Sud-Est de la Somalie ; participation à la dissuasion, à la prévention et à la répression des actes de piraterie. Selon l’amiral Bléjean, aucune attaque n’a réussi, malgré quelques tentatives, contre les navires du PAM qui ont acheminé 1,9 Mt de nourriture dans la région. L’EUNAVFOR n’exerce pas de contrôle de pêche, mais les contacts amicaux avec des bateaux de pêche somaliens, iraniens et yéménites permettent de récolter des renseignements. Ceux-ci alimentent la base de données de Northwood, qui les répercute vers les autorités légales de Somalie. Depuis le début de 2014, aucun acte de piraterie n’a réussi. D’après l’amiral, cela montre que la piraterie a perdu son attrait économique. Ainsi, le 18 janvier 2014, le Siroco a intercepté le boutre indien Shane-Hind et appréhendé des pirates « présumés » (dénomination juridique jusqu’à leur jugement), qui ont été transférés au Seychelles… où ils risquent 30 ans de prison ! Les accords de transferts entre l’Union européenne et les pays riverains permettent d’accélérer la procédure judiciaire. La Tanzanie vient d’en signer un et les Seychelles ont déjà jugé 50 % des cas de piraterie avérée. En outre, les navires marchands prennent mieux en charge leur propre protection par des moyens passifs et aussi par l’embarquement d’une équipe armée, étatique ou privée, particulièrement dissuasive. Enfin, l’EUNAVFOR coopère avec les bâtiments de l’OTAN engagés dans la lutte contre le terrorisme et aussi avec des unités russes, sud-coréennes, japonaises et chinoises. A la suite de ces succès, le mandat de l’opération « Atalante » devrait s’achever en décembre 2016, à condition notamment, précise l’amiral Bléjean, que les navires de commerce maintiennent leurs mesures d’autoprotection.

Par ailleurs, la Chine affirme sa présence maritime en Afrique. Un exercice s’est déroulé dans le golfe d’Aden entre le Siroco, la frégate allemande Hessen, 1 frégate chinoise et 1 pétrolier ravitailleur chinois, afin d’acquérir une expérience maritime commune. Des bâtiments chinois devraient rester dans la région après « Atalante ». D’autres se rendront dans le golfe de Guinée pour coopérer avec les marines occidentales sur zone. La Chine est en effet devenue le premier pays importateur de pétrole de la région, où résident environ 2 millions de ses ressortissants.

Loïc Salmon

Opération européenne « Atalante » : piraterie contenue en océan Indien

L’océan Indien : espace sous tension

 

image_print
Article précédentLes généraux français de la Grande Guerre
Article suivantExposition « Mousquetaires » au musée de l’Armée