Outil d’agilité stratégique de projection de puissance, le Groupe aéronaval (GAN) constitue un instrument essentiel de la défense nationale et contribue à la sécurité et la coopération internationale. L’édition 2025 de sa mission « Clemenceau », qui durera plus de quatre mois, le conduira dans l’océan Pacifique, via la mer Rouge.
« Clemenceau 2025 » a été présentée à la presse, le 8 novembre 2024 à Paris, par le contre-amiral Jacques Mallard, commandant la Force aéromaritime française de réaction rapide, constituée du GAN et des forces de surface, amphibie et de guerre des mines. Après une période d’entretien, le porte-avions Charles-de-Gaulle a repris la mer en septembre pour requalifier son équipage et qualifier les jeunes pilotes du groupe aérien embarqué, à savoir une vingtaine de chasseurs Rafale et deux avions de guet aérien Hawkeye.
Missions. Transporteur de l’arme nucléaire, le GAN contribue à la dissuasion, comme les Forces aériennes stratégiques et les sous-marins lanceurs d’engins de la Force océanique stratégique. Capable de durer sur un théâtre d’opérations et parcourir 1.000 km par jour, il permet de délivrer un message de pression ou de réassurance pendant de longues périodes, afin d’appuyer une manœuvre diplomatique. Il peut s’intégrer dans des forces interalliées comme lors de la mission « Aquila » (avril 2024), où ses avions ont été placés sous commandement de l’OTAN. « Clemenceau 2025 » contribue également aux opérations nationales et européennes de renforcement de la sécurité maritime en mer Rouge et en océan Indien. Elle permet de développer l’interopérabilité avec les Marines des pays partenaires et alliés dans les océans Indien et Pacifique. Ce déploiement promeut un espace de navigation libre et ouvert dans le cadre du droit international et contribue à la protection des populations et des intérêts français dans la zone. Présidente du Symposium naval de l’océan Indien en 2021-2022, destiné à améliorer la coopération entre les Marines des pays riverains, la France reprendra cette fonction en 2026-2027.
Moyens. Outil offensif, le GAN voit et comprend la situation dans les airs, sur et sous la mer, le champ électromagnétique, celui des perceptions et le cyber. Outre ses Rafale et Hawkeye, le Charles-de-Gaulle embarque cinq hélicoptères et un état-major. Son escorte compte : un bâtiment ravitailleur pour le soutien logistique ; un sous-marin nucléaire d’attaque pour l’usage de la force ou la protection rapprochée ; un avion de patrouille maritime, stationné sur des points d’appui tout au long de son parcours et destiné à apporter un certain préavis pour les luttes antinavires et anti-sous-marine ; trois frégates françaises pour les défenses anti-aérienne et anti-sous-marine. Afin de maintenir l’interopérabilité avec les Marines alliées, effective depuis une dizaine d’années, cette escorte sera renforcée par des bâtiments de combat grec, portugais, italien, marocain, britannique, australien, canadien, japonais et américain. Après le transit en Méditerranée et en mer Rouge, le GAN participera à divers exercices : « Varuna » avec la Marine indienne ; « La Pérouse » pour la sécurité maritime avec les Marines des pays riverains de l’archipel indonésien ; « Pacific Steller » avec la VIIème Flotte américaine.
Laboratoire d’innovations. « Clemenceau 2025 » va utiliser massivement la donnée. Plusieurs « datacenters », mis en œuvre par des réservistes spécialisés, vont collecter, exploiter et partager les données des senseurs pour augmenter la capacité d’analyse, au sein de la force et via des échanges avec les Marines alliées. Ces données seront mises en commun avec celles de l’historique du théâtre pour une analyse plus pertinente. L’ascendant informationnel libèrera du temps pour des prises de décision plus rapides et plus efficaces par l’état-major embarqué et les commandants des bâtiments de combat.
Loïc Salmon
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