La France dispose des capacités de déni d’accès jusqu’à 500 km au large de ses côtes, estime l’amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major de la Marine.
Il a en présenté la situation et les perspectives, au cours d’une rencontre avec l’Association des journalistes de défense le 5 décembre 2016 à Paris.
Une présence mondiale. Les bâtiments français sont déployés sur cinq théâtres d’opérations : en océan Indien jusqu’au golfe Arabo-Persique ; en Méditerranée orientale au large de la Syrie, où s’est rendu le groupe aéronaval juste après les attentats de novembre 2015 à Paris ; en Méditerranée centrale pour l’opération européenne « Sophia » de lutte contre le trafic de migrants ; en Atlantique Nord, où l’activité sous-marine s’intensifie ; dans le golfe de Guinée, où l’opération de surveillance « Corymbe », effective depuis 1990, est renforcée par l’opération « Nemo » de formation des Marines des pays riverains à la lutte contre la piraterie et les trafics illicites. Une intervention en mer de Chine méridionale ou dans le détroit de Bab el-Mandeb n’est pas pour autant exclue. La surveillance des zones maritimes exclusives est soutenue, notamment au large de la Tanzanie et du Mozambique où la présence de navires de recherches pétrolières et de gaz a été détectée. S’y ajoutent la dissuasion nucléaire et, pour la lutte contre le terrorisme, la posture permanente de sauvegarde maritime et la coordination du recueil de l’information maritime. Par ailleurs, le missile de croisière naval prend une dimension stratégique qui va changer l’emploi des bâtiments qui en seront doté, indique l’amiral. La commande de 150 exemplaires se répartit entre 100 pour les futurs sous-marins nucléaires d’attaque Barracuda et 50 pour les frégates multi-missions (FREMM). La Russie réaffirme sa puissance navale : tirs de missiles de croisière à partir de sous-marins en mer Caspienne et présence accrue en Atlantique Nord de sous-marins estimés très performants.
La dimension aéronavale. De Mourmansk, la Russie a envoyé un groupe aéronaval au large de la Syrie avec une escorte conséquente, souligne l’amiral Prazuck. La Grande-Bretagne a décidé de se doter de 2 porte-aéronefs à tremplin, l’Inde 3 et la Chine 4 et qui construit actuellement 1 frégate par trimestre et 1 sous-marin tous les 4 mois. Le porte-avions français Charles-De-Gaulle, équipé de catapultes, est notamment protégé par une FREMM, qui détecte tout intrus (navire de surface ou sous-marin) dans un rayon de 100 km. Outil politique et militaire de premier rang, il a effectué 450 sorties d’avions au cours de 232 jours de mer, dont 200 en opérations, jusqu’à son retour à Toulon mi-décembre 2016. Il devrait reprendre la mer dans les derniers mois de 2018, à l’issue d’un arrêt technique majeur pour l’extraction de son réacteur nucléaire, pour en changer le cœur, puis d’une mise en indisponibilité permanente pour entretien et réparations, incluant l’installation d’un nouveau système de combat et la mise en condition « tout Rafale ». En 2016, le Charles-De-Gaulle a démontré son interopérabilité avec un groupe aéronaval américain dans le golfe Arabo-Persique, dont il a même assuré le commandement temporaire.
Les marins. La Marine compte 40.000 personnels (13 % de femmes), dont 6.000 dans les états-majors interarmées et 2.500 marins-pompiers. S’y ajoutent 4.600 réservistes et 6.000 volontaires. Elle ne connaît pas de difficulté de recrutement, grâce à un maillage de 30 bureaux dans toute la France et 60 partenariats avec des lycées professionnels. La préparation militaire Marine accueille 2.500 jeunes/an.
Loïc Salmon
Marine nationale : mission « Arromanches 3 » du GAN en Méditerranée orientale
Territoire national : protection permanente contre intrusions aériennes et maritimes
Marines : l’approche globale, indispensable à la sécurisation future du milieu maritime