Libye : bilan des opérations aériennes OTAN

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Depuis le 31 mars, début de l’opération « Unified Protector » en Libye, l’OTAN déploie 230 avions de combat contre les forces pro-Kadhafi, dont il reste encore 15 % d’équipements opérationnels considérés comme « crédibles ». La situation au 15 septembre 2011 a été présentée à la presse, lors d’une visioconférence entre la base de Poggio Renatico (Italie) et le ministère de la Défense Paris, par le général de corps aérien Vincent Tesnière, adjoint au général commandant l’état-major multinational Air.

Au 31 mars, le colonel Kadhafi dispose de centaines de chars et de véhicules blindés, de lance-roquettes multiples, de 100.000 hommes, de forces spéciales et de mercenaires. L’Etat-major OTAN dédié se monte à 300 personnes. Il doit tenir compte de diverses contraintes : zéro mort de la coalition; pas de destruction d’infrastructures importantes réutilisables après le conflit ; pas de troupes au sol ; emploi sélectif des avions et de leurs missions selon les nations (10-15 appareils par pays membre) ; protection des populations sans désigner l’ennemi. Les deux états-majors OTAN de Turquie et d’Italie sont restructurés à Poggio Renatico, afin de faciliter l’échange d’informations, gage d’efficacité de l’arme aérienne. Les moyens sont concentrés au nord-ouest du pays à forte densité de population et de forces prépositionnées. La chaîne d’identification des objectifs (dépôts de munitions et centres logistiques et de commandement), de leur vérification et de la programmation de leur destruction est passée, en 5,5 mois, de plus de 3 jours à 2 à 3 heures. Au sol, les éléments pro-Kadhafi et les insurgés étant mélangés, il fallait en effet plusieurs heures pour savoir ce qu’il se passait avant d’entamer un débat au sein de l’état-major. Ensuite, la boucle renseignement/destruction d’un objectif précis a été réduite d’environ 1 heure à quelques minutes. Faute de collecte de renseignements d’origine humaine en coordination avec les insurgés (contrainte résolution 1973 ONU), précise le général Tesnière, « on a raté des objectifs et détruit deux ou trois fois des forces anti-Kadhafi ». Le ravitaillement en vol permet aux avions de combat d’effectuer des missions de 5 heures. Sur les 30 avions ravitailleurs déployés, 24 sont américains. L’utilisation des aéroports libyens reconquis par les insurgés est réservée à l’action humanitaire et aux vols commerciaux. L’opération « Unified Protector » a couvert l’ensemble du spectre du renseignement stratégique (satellites) à celui à caractère opérationnel et tactique (pods de reconnaissance sur avions de combat et drones). Grâce au pod, le pilote peut identifier dans son cockpit tous les objectifs, afin de réduire les dommages collatéraux. Le nombre de drones (deux au départ) a été accru avec l’arrivée d’unités italiennes et américaines. Le soutien des autres pays membres de l’OTAN à la France s’est aussi manifesté par la fourniture de munitions complémentaires. Enfin, les opérations d’information et psychologiques se sont déroulées parallèlement  (tracts et réseaux sociaux internet). Au 15 septembre, le dispositif français engagé (opération « Harmattan ») compte : un avion de reconnaissance AWACS ; un ravitailleur C-135 ; 5 Rafale ; un drone Harfang ; 12 Mirage 2000 ; 4 Mirage F1CR ; un avion de patrouille maritime Atlantique 2 ; un bâtiment de projection et de commandement avec une vingtaine d’hélicoptères (le Tonnerre a relevé le Mistral) ; un pétrolier ravitailleur, 3 frégates ; un sous-marin nucléaire d’attaque.

Loïc Salmon

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