Parachutistes, fusiliers-marins commandos, aviateurs et marins, soit plus de 3.000 militaires français participent au débarquement du 6 juin 1944 (15 tués) en Normandie et plus de 20.000 dans la bataille éponyme qui suit (plusieurs centaines de morts).
L’opération « Overlord » a mobilisé des milliers d’aviateurs (227 Français à bord de 135 appareils) pour assurer la maîtrise du ciel, 196.000 marins (environ 2.600) qui arment les navires, 24.000 parachutistes (38) largués derrière les lignes allemandes et 132.715 hommes (177) pour le débarquement proprement dit. La modicité des effectifs français, issus surtout des anciennes Forces françaises libres, s’explique par la nécessité de conserver le gros des troupes françaises stationnées en Afrique du Nord et en Italie pour le débarquement de Provence, qui aura lieu le 15 août suivant. La participation française doit beaucoup à la compréhension des chefs militaires britanniques, qui parviennent à convaincre leurs homologues américains, réticents au début, d’engager la 2ème Division blindée dans la bataille de Normandie et la libération de Paris le 25 août. Le général de Gaulle, chef de la France libre, avait pourtant demandé, à la fin de 1943, un engagement terrestre d’au moins une ou deux divisions le jour J. Prévenu la veille, il a été profondément déçu de la faiblesse de la participation française, reflet selon lui d’un manque de considération des Alliés et d’une représentativité de la force reconstituée de la France insuffisante pour asseoir sa légitimité dans le monde. En fait, sur le plan opérationnel, les Alliés n’informent pas les Français par crainte que le renseignement parvienne aux oreilles des Allemands. Sur le plan politique, le président américain Roosevelt et le Premier ministre britannique Churchill tiennent de Gaulle à l’écart, car ils ne lui reconnaissent pas encore la légitimité de gouverner les territoires français qui seront libérés. Pourtant, les premiers soldats alliés à fouler le sol de France seront les 177 Français du 1er Bataillon de fusiliers marins au béret vert avec l’insigne orné de la croix de Lorraine. Le jour J, la participation française inclut : plus de 1.500 marins des croiseurs Georges-Leygues et Montcalm, venus d’Afrique du Nord ; 500 parachutistes intégrés au 4ème Régiment de la Brigade SAS (Special Air Service) britannique ; des navires d’escorte, à savoir les corvettes Aconit, Renoncule, Roselys et Commandant-d’Estienne-d’Orves et les frégates Aventure, Découverte, Escarmouche et Surprise ; les groupes de chasse « Alsace » et « Ile-de-France » des Forces aériennes françaises libres (FAFL) et les groupes de chasse « Cigognes » et « Berry », venus d’Afrique du Nord ; le groupe de bombardement « Lorraine » (FAFL) ; les combattants de l’ombre de la Résistance, qui entreront en action sur les arrières des troupes allemandes. Pendant les années de pouvoir du général de Gaulle (1944-1946 et 1958-1969), le jour J sera exclu de la mémoire française de la Libération. Cela s’explique par l’effectif français, trop petit pour coller au grand récit de « la France libérée par elle-même », à savoir à peine 3.000 hommes par rapport aux 150.000 Résistants et 250.000 hommes des forces françaises du débarquement de Provence. Abondamment documenté, l’ouvrage relate, à partir de nombreux témoignages, les péripéties diplomatiques, la préparation et la conduite des opérations du jour J concernant la participation française.
Loïc Salmon
« Les Français du jour J » par Benjamin Massieu. Editions Pierre de Taillac, 418 pages, nombreuses illustrations, 24,90 €.