L’Armée Française en Guerre en 100 objets et 100 mots

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Une petite encyclopédie d’objets et de récits disparates reconstitue le puzzle de la première guerre mondiale, accélératrice de l’histoire militaire.

L’année 1914 voit l’échec de tous les plans, dont celui de la « guerre courte » par « l’offensive à outrance », très meurtrière. Les années 1915 et 1916, où prime la survie sur le champ de bataille, déçoivent tous les espoirs. En 1917, année de tous les doutes, succède celle de la victoire inespérée en 1918. Mais la paix de 1919 porte en elle les prémices du prochain conflit mondial. L’infanterie, « reine des batailles », confrontée à la crise des effectifs, s’adapte. Ainsi, une compagnie de 1917 compte 50 hommes de moins qu’en 1914, mais avec une puissance de feu quatre fois supérieure. En outre, le commandement au combat se délègue progressivement aux sous-officiers chefs de groupe. Le fantassin de base se spécialise par arme ou système d’arme, à savoir tirailleur, grenadier ou mitrailleur, grâce à effort intense de formation. La mitrailleuse sonne le glas des cuirasses et des pantalons rouges français, mais aussi des casques à pointe allemands. Dès 1915, les cuirassiers combattent à pied. Le terme « limogé » apparaît en 1914 avec les premières difficultés de la guerre, quand le général Joffre, chef d’état-major général des armées, relève de leur commandement plus de 160 généraux et colonels, pour des raisons d’âge, de santé ou de compétences, et les assigne à résidence à Limoges, pour leur éviter tout contact direct avec les responsables politiques et les journalistes. La fixation des lignes de front et la guerre de position rend essentiel le rôle du génie. Les sapeurs creusent discrètement une galerie jusque sous les tranchées adverses et font exploser des mines pour détruire la première ligne. Les fantassins se précipitent alors dans l’entonnoir ainsi creusé pour y installer une mitrailleuse avant que les Allemands réagissent. Dès 1915, les autorités militaires instituent une section cinématographique (70 opérateurs jusqu’en 1919) et aussi une section photographique engagée sur tous les fronts (130 opérateurs). La défense contre avions et dirigeables, bricolée en 1914 à partir de mitrailleuses ou de canons de 37 mm ou de 75 mm, se standardise l’année suivante, avec autocanons mobiles sur véhicules et plates-formes tous azimuts, complétés par un réseau d’observation et d’alerte, pour protéger les points sensibles et la place de Paris. Les industriels spécialisent les avions pour l’observation, la reconnaissance, le réglage d’artillerie, le bombardement et la chasse. Le char léger Renault FT (7 t), équipé d’une tourelle pivotante, est engagé en masse en appui de l’artillerie et en soutien de l’aéronautique. Le 8 août 1918, 1.200 avions et 500 chars contribuent à l’avance des forces alliées. En novembre, la France dispose de 3.500 avions, la Grande-Bretagne de 1.800 et l’Allemagne de 2.600. Le train des équipages, destiné au transport du ravitaillement et des charges lourdes pour le génie et l’artillerie, combine unités hippomobiles (incluant ânes, mulets et chiens de traîneaux) et unités automobiles à l’efficacité reconnue par le général allemand Luderndorff, qualifiant la victoire de 1918 de celle « du camion français sur le rail allemand ». En 1917, une loi instaure le statut de « pupille de la Nation » pour les enfants des « morts pour la France ». Le droit à réparation aux anciens combattants et victimes civiles de guerre, voté en 1919, se concrétise par la carte du combattant en 1926.

Loïc Salmon

« L’Armée Française en 100 objets et 100 mots », ouvrage collectif. Editions Pierre de Taillac, 240 pages, nombreuses illustrations, 30€. 

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