Le constructeur français de véhicules militaires terrestres Arquus a amélioré son chiffre d’affaires en 2021, malgré la pandémie du Covid-19. Toutefois, celle-ci rend encore difficile la prospection de clients à l’international en 2022.
Son président, Emmanuel Levacher, a présenté la situation à la presse le 16 février 2022 à Paris.
Résultats. Propriété du groupe suédois Volvo, Arquus est issu de la fusion de Renault Trucks Defense, ACMAT (Ateliers de constructions mécanique de l’Atlantique) et Panhard en 2018. Il ne publie pas de données financières, mais plutôt des pourcentages. La fusion avait entraîné une hausse du chiffre d’affaires de 38 % en 2019. Mais l’année suivante, le ralentissement de l’activité, consécutif à la pandémie, avait provoqué une baisse de 10 %, puis la reprise s’est traduite par une hausse de 6 % en 2021. Le chiffre d’affaires a été réalisé à 75 % sur le marché français et à 25 % à l’international. Le carnet des commandes cumulées totalise 5 Mds€ de prises de commandes, dont 1,20 Md€ de commandes fermes. Pour l’année 2021, les prises de commandes se montent à 275 M€ pour la France et 60 M€ à l’export en Afrique et au Moyen-Orient. La réalisation des engagements de la loi de programmation militaire 2019-2025 a permis la production de : 1.200 VT4 (véhicules tactiques polyvalents non protégés) en 2021 avec une prévision de 1.134 en 2022 ; 119 véhicules blindés multi-rôles Griffon (116 en 2022), dont certains sont déjà déployés en opération ; 20 engins blindés de reconnaissance et de combat Jaguar (18 en 2022), destinés au 1er Régiment étranger de cavalerie ; 186 tourelleaux télé-opérés Hornet pour armer les Griffon (243 en 2022) ; 22 véhicules blindés légers (120 en 2022). Pour la première fois, Arquus a assuré le soutien des Griffon du programme de combat collaboratif Scorpion. Un conflit de haute intensité nécessiterait de la masse, à savoir des chars et de l’artillerie lourde sur une longue période, indique le président. Cela signifierait plus de blindage pour faire face à des engagements dans la durée. Arquus dispose de la capacité pour augmenter sa production si nécessaire.
Projets. Le groupe dispose de cinq sites répartis dans toute la France, dont quatre dédiés à la production : Marolles pour la militarisation des moteurs ; Limoges, chargé des véhicules neufs, reçoit 8 M€ sur la période 2020-2023 pour la construction d’un nouveau centre logistique et de nouveaux bureaux ; Garchizy, chargé des cabines blindées et de la distribution des pièces de rechange, reçoit 2,5 M€ d’investissement ; Saint-Nazaire, chargé de la maintenance opérationnelle terrestre, reçoit également 2,5 M€. Le site de Versailles-Satory abrite les bureaux d’études et la fonction support. L’armée de Terre devant renouveler ses capacités tactiques et logistiques, Arquus va développer : des « briques technologiques » innovantes ; la protection des véhicules ; l’hybridation du Griffon par stockage de l’énergie électrique ; des robots terrestres de 3 t ; la lutte anti-drones. Il anticipe le programme VBAE (véhicule blindé d’aide à l’engagement), conçu en coopération européenne. D’ici à 2030, Arquus compte faire passer son taux de féminisation à 35 % (20 % en 2021) et réaliser un chiffre d’affaires de 1 Md€. Outre la vente de VLRA (véhicules légers de reconnaissance et d’appui) et de camions tactiques Sherpa, il compte s’implanter en Europe (Grèce, Roumanie, Estonie, République tchèque, Suède et Belgique), mais aussi en Afrique et au Moyen-Orient. Il vend déjà ses matériels dans 60 pays.
Loïc Salmon
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