Défense : « Revue nationale stratégique 2022 »

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Crise sanitaire et climatique et retour d’une guerre de haute intensité en Europe rappellent l’interdépendance internationale dans les domaines alimentaire, économique et énergétique. Quand la compétition et la confrontation stratégiques se confondent, souveraineté et résistance prennent un tour nouveau.

Cela ressort de la « Revue nationale stratégique 2022 » présentée, le 9 novembre 2022 à Toulon, par le président de la République Emmanuel Macron, à bord du porte-hélicoptères amphibie Dixmude, et détaillée par le Secrétariat de la défense et de la sécurité nationale.

Environnement stratégique. Postures d’intimidation ou stratégies agressives se manifestent, mêlant modes d’action militaires et non militaires, manipulation de l’information et menace nucléaire à des fins d’intimidation. La désinhibition des puissances globales et régionales, poursuivant des révisions de l’Histoire et des politiques militaires opportunistes, va de pair avec le renforcement de la tendance aux replis isolationnistes ou identitaires. Prolifération technologique et menace terroriste restent d’actualité. En outre, des déséquilibres risquent d’émerger, notamment sur l’accès à l’eau, l’insécurité alimentaire, les migrations, la démographie et les pandémies. Une réponse globale vise à favoriser l’émergence d’une conception commune et partagée de la défense de l’Europe et de son autonomie stratégique. Les menaces s’inscrivent dans un cadre marqué par la haute intensité de l’affrontement potentiel entre forces conventionnelles. Elles se concrétisent par les stratégies « hybrides » (attaques cyber, numériques et dans l’espace) ou de déni d’accès à une zone pour peser sur les intérêts de la France (exploitation des vulnérabilités des flux ou infrastructures logistiques et des espaces aéromaritimes).

Défense et action. Pour lutter contre les menaces hybrides, la France s’appuie sur l’OTAN et l’Union européenne afin de bénéficier d’effets de levier. Sa stratégie d’influence mobilise une diplomatie publique dans une approche globale et sur le temps long, pour valoriser ses engagements et riposter efficacement à des manœuvres ou à des attaques informationnelles, notamment en Afrique. La communication stratégique de la France, éventuellement coordonnée avec celles de ses alliés, vise à porter un message cohérent, crédible et efficace vers les compétiteurs, partenaires ou alliés et vers les opinions publiques nationale et internationale. La France lutte contre l’utilisation du droit et de la norme, comme outil stratégique (« lawfare »), par ses compétiteurs et appuie l’adoption d’outils européens concourant à la lutte contre l’extraterritorialité. Elle développe de outils de riposte contre les sociétés militaires privées, groupes armés ou milices utilisées comme intermédiaires (« proxies ») par des puissances hostiles, pour démultiplier leurs actions de contestation ou de compétition, tout en maintenant un déni plausible. Diffusion d’informations, sanctions françaises ou européennes, poursuites judiciaires ou même actions militaires pourront cibler ces groupes, s’ils mènent des activités préjudiciables aux intérêts de la France, portent atteinte aux droits humains ou commettent des crimes de guerre.

Ambition pour 2030. Afin de devenir une puissance d’équilibres dans le monde en 2030, la France entend contribuer à la stabilité en Méditerranée, grâce à des capacités d’engagement dans un conflit de haute intensité. Elle peut déjà assumer le rôle de nation-cadre au sein d’une coalition de l’OTAN, de l’Union européenne ou de circonstance. Dans le cadre de partenariats équilibrés, elle agit de l’Afrique subsaharienne au golfe Arabo-Persique, à partir de points d’appui adaptés, et contribue à la stabilité de la zone indopacifique. Avec ses partenaires, elle assure sa liberté d’action dans les espaces communs (cyber, spatial, fonds marins et espace aéromaritime) et la sûreté de ses voies d’approvisionnements.

Loïc Salmon

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