Défense : priorité opérationnelle dans la restructuration territoriale

image_print

En vue du modèle d’armée des années 2020, le ministère de la Défense poursuit les transferts et dissolutions d’unités selon des critères opérationnels, budgétaires et d’aménagement du territoire. En 2015, 7.500 postes seront supprimés.

Le 15 octobre 2014, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé les restructurations décidées pour 2015. Elles sont, précise-t-il, conformes à la Loi de programmation militaire 2014-2019, qui prévoit la suppression de 23.500 postes dont les deux tiers dans le soutien, les structures organiques, l’environnement et l’administration.

Les impacts dans les armées. Dans l’armée de Terre, le 1er Régiment d’artillerie de marine de Châlons-en-Champagne est dissous. Il en est de même pour l’état-major de la 1ère Brigade mécanisée et sa compagnie de commandement et des transmissions de Châlons-en-Champagne. Le Régiment médical de Brétigneux est réorganisé avec notamment la suppression de 2 compagnies de décontamination nucléaire, radiologique, biologique et chimique et de la compagnie de ravitaillement sanitaire de Chanteau. L’infanterie est réorganisée avec la suppression des sections de reconnaissance dans tous ses régiments et la transformation interne du 1er Régiment de tirailleurs d’Épinal et du 8ème Régiment de parachutistes d’infanterie de marine de Castres. Les escadrons d’éclairage et d’investigation sont supprimés au 12ème Régiment de cuirassiers d’Olivet, au Régiment d’infanterie et de chars de marine de Poitiers et au 1er Régiment  de chasseurs de Thierville-sur-Meuse. Pour la logistique, le 121ème Régiment du train de Montlhéry et le 515ème Régiment du train de Brie perdent chacun un escadron de transport. Certaines formations du génie, de l’artillerie et des transmissions, équipées de matériel en fin de vie, perdent des effectifs. L’une des musiques militaires implantées en Ile-de-France est supprimée. La Marine nationale va désarmer 5 bâtiments de combat : le transport de chalands de débarquement Siroco et le pétrolier-ravitailleur Meuse à Toulon ; le patrouilleur Albatros à La Réunion ; les patrouilleurs de surveillance de site Athos et Aramis à Anglet. La base navale de l’Adour à Anglet est fermée. Le Commandement de la marine à Strasbourg est supprimé. Au sein de l’armée de l’Air, la Base aérienne 901 de Drachenbronn est transformée en élément « Air » rattaché à la Base aérienne 133 de Nancy. Toutefois, son site continuera d’accueillir les moyens de détection et leur personnel de maintenance. Dans le cadre de la mutualisation et de l’externalisation du soutien du site de Balard (Paris), la Base aérienne 117 est dissoute. En vue de fermer la Base aérienne 102 de Dijon, le Commandement des forces aériennes est transféré à Bordeaux-Mérignac et fusionné avec le Commandement du soutien des forces aériennes. En préparation de la fermeture de la Base aérienne 110 de Creil en 2016, les escadrons d’avions Casa, qui y sont stationnés, seront transférés vers la Base aérienne 105 d’Évreux. Au niveau interarmées, la Direction du renseignement militaire va transférer une partie de son personnel de Creil vers Balard. Les services de la Direction générale de l’armement sont transférés de Bagneux à Balard. Pour garantir le soutien pétrolier dans les domaines prioritaires, le Service des essences des armées redistribue ses moyens en 2015 : fermeture du Centre de ravitaillement des essences de Castelsarrasin ; réorganisation des dépôts de Mérignac et de Lanvéoc ; montée en puissance des 5 échelons de proximité des Établissements des essences. Entre 2016 et 2019, seront fermés : les Centres de ravitaillement des essences de Sarrebourg (2016), de Monnaie (2018) et de Bouy (2019) ; les Dépôts des essences « air » de Creil (2016), de Salon-de-Provence (2017), de Hyères (2017), de Tours (2018) et de Dax (2018). Le Service interarmées de munitions va fermer ses dépôts de Billard (2015), Connantray (2016), Salbris (2017-2018) ; Neubourg (2018) et Fontvieille (2019).

Le Service de santé et l’Assistance publique. Le Service de santé des armées (SSA) se transforme, tout en préservant sa disponibilité pour le soutien des forces. Le 16 octobre 2014, le médecin général Jean-Marc Debonne, directeur général du SSA, a présenté à la presse le nouveau modèle hospitalier des années 2020. La plateforme militaire hospitalière d’Ile-de-France (IdF) reposera sur les hôpitaux d’instruction des armées (HIA) Percy à Clamart et Bégin à Saint-Mandé. L’HIA Percy recevra les grands blessés, brûlés ou irradiés et assurera leur réhabilitation, en raison de son service de rééducation réputé. L’HIA Bégin apportera les autres expertises. L’HIA du Val-de-Grâce sera recentré sur la recherche avec l’ensemble des compétences, la formation et la mémoire. Une partie de son personnel renforcera les HIA des régions IdF et Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Des passerelles seront aussi constituées entre le SSA et les hôpitaux civils publics. En outre, le médecin général Debonne a signé, le 16 octobre, un accord cadre entre le SSA et l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) pour garantir la pérennité et l’intégration de l’offre des soins hospitaliers en IdF. Les équipes médicales du SSA et de l’AP-HP auront accès aux installations de haute technicité des deux structures. Des équipes mixtes civilo-militaires seront constituées dans les disciplines à caractère opérationnel. En outre, l’AP-HP apportera son soutien à la recherche clinique et à la formation effectuée au sein des HIA. Enfin, des personnels médicaux de l’AP-HP, réservistes opérationnels du SSA, pourront être projetés en opération extérieure ou en soutien des HIA. Par ailleurs, le médecin général a expliqué l’action du SSA face au virus Ébola. Une « unité médicale opérationnelle » de quelques dizaines de personnes, capable d’intervenir immédiatement si nécessaire, sera en mesure de fonctionner en autonomie complète dans deux à trois semaines. L’HIA Bégin peut déjà accueillir des patients rapatriés. Enfin, en coordination avec le ministère des Affaires étrangères, le SSA contribuera à toute action de soutien dans les pays contaminés par Ébola.

Loïc Salmon

Opex : chaîne opérationnelle de santé au plus près des forces

OPEX : prise en charge et suivi des grands blessés

Sauvetage de combat : l’apprentissage des médecins

En 2014, les mesures d’accompagnement social des restructurations territoriales de la défense se montent à 113,8 M€ pour le personnel militaire et 81,4 M€ pour le personnel civil. En 2015, elles atteindront respectivement 119,5 M€ et 85,1 M€. En 2013, la Défense a enregistré  20.932 départs. Le dispositif « Défense mobilité » a reclassé 9.227 personnes dans le secteur privé et 1.931 dans la fonction publique (État, collectivités territoriales et hôpitaux). Le bilan du plan d’accompagnement des restructurations 2012 et 2013 s’établit à 240 M€ pour le personnel militaire au titre du pécule (2.427 pécules attribués) et des aides à la mobilité. En outre, 174 M€ ont été engagés pour le personnel civil : 58 M€ d’indemnités de départ volontaire au profit de 883 fonctionnaires, agents sous contrat et ouvriers d’État ; 53,66 M€ d’indemnisation de la mobilité pour 1.900 personnes ; 62,34 M€ de mesures diverses.

image_print
Article précédentMoyen-Orient : défi du terrorisme islamiste de l’EIIL
Article suivantDéfense : budget 2015 maintenu à 31,4 Md€