La recherche biomédicale de défense porte sur les pathologies liées au combat et aux environnements opérationnels ou extrêmes et les atteintes nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques (NRBC). Elle contribue à la résilience nationale en cas de crise sanitaire.
Telles sont les missions de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA). Sa directrice, Anne Sailliol, médecin général inspecteur, l’a présenté à la presse, le 21 juin 2018, à l’occasion de la 8ème Biennale de la recherche biomédicale consacrée aux opérations extérieures (26-27 juin).
Soins et prévention. Les programmes de recherche de l’IRBA à des fins militaires entraînent des retombées possibles sur la santé publique. Ils portent notamment sur : l’optimisation des réponses à l’entraînement physique et la tolérance au port des charges lourdes ; l’étude des réponses aux milieux d’emploi subaquatique et aéronautique et les climats contraignants (photo) ; la prévention des conséquences de la fatigue et la gestion du rythme veille-sommeil ; la neurobiologie des états de stress et la prévention de leurs conséquences ; le développement de contre-mesures médicales pour les pathologies traumatiques de terrain et l’amélioration des protections balistiques ; la thérapie cellulaire et la réparation tissulaire. En outre, l’IRBA travaille avec les hôpitaux militaires et civils et participe aux plans gouvernementaux Biotox, Piratox et Piratome, face aux menaces et actes terroristes de type NRBC. Pour les aspects nucléaire et radiologique, il étudie les effets biologiques des rayonnements ionisants et des technologies émergentes, comme les rayonnements électromagnétiques et des micro et nano particules. Le risque biologique concerne les menaces virales, bactériennes et parasitaires. Outre le développement de nouveaux vaccins contre les virus émergeants, il faut réagir dans le temps court quand une épidémie se déclare. Ainsi, l’IRBA avait déjà mis en place des procédures lors de l’apparition du virus Ebola en Afrique de l’Ouest en 2016. Il coopère avec les forces armées des Etats-Unis, pour les maladies tropicales, et avec celles de l’Allemagne pour les risques chimiques et radiologiques liés aux agents vésicaux et neurotoxiques organophosphorés.
Concentration des moyens. Installé sur un site de 9,4 ha à Brétigny-sur-Orge (banlieue parisienne), l’IRBA emploie 380 personnes (49 % de militaires et 51 % de civils), dont 64 % de chercheurs, ingénieurs et techniciens. Intégré au grand pôle scientifique et technologique du Grand Paris avec le Génopôle d’Ivry et le Commissariat à l’énergie atomique de Saclay, il a conclu des partenariats avec le Centre national de la recherche scientifique, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, l’Institut national de la recherche agronomique et l’Institut Pasteur. Cela lui permet d’optimiser l’emploi de ses équipements de haute technologie : microscope électronique Titan Krios à transmission en L-NSB3 ; unité de calcul pour traiter les « mégadonnées » ; centrifugeuse humaine pour la formation des pilotes de Rafale ; plateforme d’irradiation ; laboratoires de sécurité biologique de niveaux 2,3 et 4. L’IRBA est financé à 74 % par le ministère des Armées, le Service de santé des armées, la Direction générale de l’armement, les états-majors de la Marine nationale et des armées de l’Air et de Terre. Pour les 26 % restants, il compte sur l’Agence nationale de la recherche, le Fonds unique interministériel et les industries pharmaceutiques et de biotechnologie.
Loïc Salmon
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