Les expéditions coloniales en Afrique du Nord au XIXème siècle ont conduit l’armée française à constituer des haras militaires, fournisseurs de chevaux de guerre très résistants et destinés à une cavalerie adaptée : les « spahis ».
Deux documentaires de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD) retracent l’histoire et les traditions de ces « hommes libres à cheval ». Le premier, intitulé « Spahis, une vie à part », raconte, avec de nombreuses, illustrations, images et films d’archives, la saga de ces cavaliers, d’abord au service de l’Empire Ottoman jusqu’à la prise d’Alger (1830), puis de la France jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie (1962). La première unité de cavalerie légère prend corps en 1834 sous l’impulsion du futur général Yusuf (1808-1864), né Joseph Valentini, enlevé tout enfant par des corsaires et vendu au Bey de Tunis. Les spahis sont reconnaissables à leur « burnous », rouge pour les tribus nomades d’Algérie, puis bleu (signe de notabilité) pour celles du Maroc avec l’intérieur blanc. Le burnous tient chaud la nuit et conserve, pendant la journée, la fraîcheur emmagasinée la nuit. Le fanion de l’unité, symbole de commandement, est orné d’une queue de cheval pour permettre de voir partout le chef. Rapidement intégrés à l’armée régulière, les régiments de spahis sont formés à la guerre de surprise et aux coups de mains. Le futur maréchal Lyautey (1854-1934) les emploie pour pacifier la frontière algéro-marocaine, théâtre de razzias de tribus pillardes. La pacification du Maroc (1903-1912) se réalise selon ses trois principes : montrer sa force militaire, mais ne l’utiliser qu’en cas de nécessité ; inspirer confiance aux grands chefs arabes ; restaurer la puissance temporaire et spirituelle du sultan… qui abandonnera ses pouvoirs exécutifs au résident français. Dans les territoires français d’Afrique du Nord (colonie d’Algérie et protectorats de Tunisie et du Maroc), les spahis jouent un rôle militaire et politique par l’enracinement local et le maintien du contact avec les populations. En 1914, les conscrits algériens sont mobilisés, mais les Tunisiens et Marocains ne s’engagent que sur la base du volontariat. Tous s’illustrent, notamment à Verdun et sur le front d’Orient (Bulgarie, Serbie et Roumanie). En 1943, les combattants musulmans intègrent l’Armée d’Afrique. L’année suivante, un spahi de la 2ème Division blindée réalise le serment de Koufrah (Libye) et accroche le drapeau français à la flèche de la cathédrale de Strasbourg. Aujourd’hui, il ne reste plus que le 1er Régiment de spahis, installé à Valence et fier de son passé africain dont il conserve le burnous et la large ceinture rouge, par dessus la tenue camouflée. Le second documentaire présente les chevaux « barbes », mot dérivé de « berbère », nom des ethnies d’Afrique du Nord. Leur rusticité, docilité et endurance ont permis à la cavalerie du général carthaginois Hannibal (247-181 avant JC) d’arriver jusqu’aux portes de Rome… après avoir franchi les Pyrénées et les Alpes ! Après la conquête de l’Algérie, l’armée française les déploie en Crimée (1853-1856) et au Mexique (1861-1867). Pendant la guerre d’Algérie, elle les réutilise dans le Sud pour la surveillance et la protection de caravanes de chameaux qui traversent le Sahara.
Loïc Salmon
« Les cavaleries de l’Histoire », deux documentaires de l’ ECPAD, agence d’images de la défense : « Spahis, une vie à part », 52 mn ; « Le cheval barbe, une indéfectible alliance », 26 mn.
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