Histoire du drapeau de France et d’ailleurs

Emblèmes les plus importants d’une nation, les drapeaux sont disposés par ordre alphabétique dans la langue du pays d’accueil ou en anglais au siège des organisations et des conférences internationales ou d’événements sportifs.
Dans l’Antiquité, Gaulois et Germains se regroupent autour ou derrière d’une hampe surmontée d’un sanglier ou d’un taureau. Les Romains choisissent l’aigle jusqu’en 312, date de la conversion de l’empereur Constantin au christianisme. Pendant six siècles sur les champs de bataille, les rois de France adoptent comme emblème la chape rouge de Saint-Martin, devenue « oriflamme » de l’abbaye de Saint-Denis en 1124 jusqu’à la défaite d’Azincourt en 1415 face à l’Angleterre. Pendant les croisades des XIème et XIIème siècles, l’Ordre religieux et militaire des Hospitaliers arbore une oriflamme rouge à croix blanche sur terre et sur mer, constituant ainsi le premier des pavillons nationaux. Les cercueils des membres de l’ordre sont recouverts d’un drap rouge à croix blanche. L’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, devenu par la suite Ordre de Malte, adopte le même emblème mais avec une croix à huit pointes. Celui des Chevaliers Teutoniques porte la croix latine noire sur fond banc. Pendant la féodalité, l’héraldique différencie les figures peintes sur le bouclier, emblème individuel ou familial, de celles figurant sur la « bannière », signe de ralliement collectif appartenant non pas au seigneur qui en fait usage mais au territoire qu’il possède. La bannière, ancêtre du drapeau, est le signe de ralliement du « ban », ensemble des vassaux convoqués par leur suzerain pour la guerre. Celle du roi, suzerain de tous les suzerains du même pays, prend alors une importance considérable. A l’époque, la distinction est bien perçue entre la bannière du roi et l’oriflamme de Saint-Denis, qui conservait sa valeur sacrée. Les croisades ont provoqué la réunion de la totalité de l’islam sous l’emblème du croissant en opposition à la croix. Il ne sera repris que plus tardivement par les royaumes et empires musulmans et figure aujourd’hui sur les drapeaux de nombreuses nations musulmanes. Pour leur bannière, les rois d’Angleterre choisissent les léopards d’or sur fond rouge et ceux de France les fleurs de lys sur fond bleu, qui devient blanc sous Charles VII après 1422. La victoire de ce dernier à Castillon en 1453, grâce à l’artillerie, met fin à la guerre de Cent Ans. Les « bans » ont été remplacés dès 1445 par une armée royale permanente et soldée. Les bannières disparaissent alors au profit de l’unique « étendard » du roi (dénommé aussi « cornette » et en usage jusqu’en 1789), indiquant sa présence à la guerre. L’appellation d’étendard perdure dans les régiments de cavalerie, d’artillerie et du train. Le terme de « drapeau », dérivé de l’italien « drapello » (bannière) rapporté des guerres d’Italie (1494-1559), apparaît dans une ordonnance royale de 1684 pour désigner les emblèmes de l’infanterie. Dans son œuvre « Mes Rêveries » (1757), le maréchal Maurice de Saxe, artisan de la victoire de Fontenoy sur l’Angleterre en 1745, s’inspire de l’antique aigle romaine : « Les soldats (…) doivent se faire une religion de ne jamais abandonner leur drapeau ; il doit leur être sacré (…) et l’on ne saurait trop y attacher de cérémonies pour le rendre respectable et précieux ». La prise d’un drapeau à l’ennemi lui enlève un de ses moyens de communication sur le champ de bataille et affirme la victoire. En 1794, la Convention décrète que le pavillon des navires de guerre sera formé des trois couleurs nationales bleu, blanc et rouge, disposées verticalement. L’armée l’adopte pour ses drapeaux avec des dispositions en damier, rosace ou losange jusqu’en 1812. Il devient emblème national en 1880. Le drapeau britannique regroupe les croix rouges sur fond blanc de Saint George (Angleterre) et de Saint Patrick (Irlande du Nord) sur fond bleu (couleur de l’Écosse).
Loïc Salmon
« Histoire du drapeau de France et d’ailleurs » Bertrand Galimard Flavigny. Éditions Perrin, 294 pages 23 €.
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