GMP : rôles opérationnel, civilo-militaire et de rayonnement

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Le gouverneur militaire de Paris (GMP) participe à l’organisation territoriale interarmées, à la sécurité en Ile-de-France et au rayonnement des armées, dont il doit valoriser aussi le patrimoine.

Titulaire de la fonction, le général de corps d’armée Hervé Charpentier a reçu l’Association des journalistes de défense le 17 octobre 2012 à l’Hôtel national des Invalides.

Responsabilité opérationnelle. L’Ile-de-France accueille la Brigade des sapeurs pompiers de Paris et le 121ème Régiment du train de Montlhéry. En outre, le plan « Vigipirate » contre la menace terroriste mobilise en permanence 1.000 hommes sur le territoire, dont 600 à Paris. Chaque détachement effectue une préparation de 10 jours avant d’être déployé pendant 10 à 15 jours pour effectuer des patrouilles (20 km dans la journée) dans le métro, les gares et les sites touristiques majeurs (Tour Eiffel, Louvre, Beaubourg et château de Versailles). Les soldats observent des règles d’engagement très précises, doivent garder l’initiative et sont accompagnés de policiers pendant les heures de pointe (7h-9h et 18h-20h). Déjà, 13.000 hommes sont passés à Paris dans ce cadre. En complément, le GMP envisage de créer un bataillon de réserve pour l’Ile-de-France, dont l’état-major sera installé au fort de Vincennes. Les unités élémentaires, qui monteront en puissance, constitueront un renfort opérationnel pour relever les troupes d’active et guider, dans Paris, quelque 10.000 soldats appelés en cas de crise. En tant qu’officier général de la zone de défense et de sécurité, le GMP doit assurer, en coordination avec les services de police, de la sécurité civile et de la Ville de Paris, le plan de résilience de l’Etat dans la durée en cas de catastrophe naturelle, dont notamment une crue majeure de la Seine (voir rubrique « Archives » : « Crises : prévention et gestion en Ile-de-France » 6-6-2012).

Hommage et solidarité. La nation rend un hommage national à ses armées le 14 juillet, avec la mise en valeur des blessés, et le 11 novembre, pour les tués en opérations. A Paris, le défilé mobilise 5.000 militaires, 500 véhicules et 50 aéronefs, auxquels s’ajoutent 1.000 personnels de soutien. En fonction de l’actualité, le GMP préside des prises d’armes aux Invalides avec remise de décorations. En outre, les morts en opérations ont désormais droit à un hommage civil sur le pont Alexandre III, où passe le convoi mortuaire, puis à un hommage plus intime pour les familles dans la cour d’honneur des Invalides. A cette occasion, le chef d’Etat-major, en général de l’armée de Terre en raison du conflit en Afghanistan, épingle la croix de la Valeur militaire et éventuellement la Médaille militaire sur le catafalque. Cette cérémonie est poignante. « L’horreur devient réalité », souligne le GMP, qui reçoit longuement les familles. La fermeture du cercueil de chaque tué se fait devant sa famille proche : « C’est indispensable pour écrire cette première page de deuil ». Enfin, le président de la République peut décider un hommage national dans la garnison d’origine ou aux Invalides. Par ailleurs, une « Maison des blessés » sera établie à Bercy pour accueillir 70 membres de leur famille dans 5 appartements et 6 studios. Parallèlement, l’organisation d’événements privés dans l’enceinte des Invalides permet de récolter des fonds pour l’association d’entraide « Terre Fraternité » et la « Cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre », directement rattachée au GMP.

Retour d’expérience. Le général Charpentier, qui a dirigé les Forces terrestres pendant deux ans avant sa présente affectation, a répondu à diverses questions sur le conflit en Afghanistan. Environ 60.000 militaires de l’armée de Terre, dont tous les personnels des régiments d’artillerie et 95 % de ceux d’infanterie, ont participé à cet engagement « exceptionnel » et « emblématique », après trente ans de paix ou de violence limitée. Toutefois, précise le général, « il ne doit pas être le théâtre de référence pour préparer l’avenir ». En Afghanistan, les militaires français ont vécu à des milliers de km de la France avec des moyens très développés, pour ne pas se trouver démunis en cas de surprise. Ils y ont connu le retour aux fondamentaux, à savoir l’école du combattant. L’accrochage commence à la sortie de la base et les patrouilles durent six mois sur les mêmes lieux. Beaucoup d’officiers ont servi de 6 à 17 mois dans des états-majors américains et les meilleurs sous-officiers et soldats dans les « équipes de liaison et de tutorat opérationnel » (OMLT en anglais) pour l’instruction et l’entraînement de l’armée nationale afghane. Il s’agit de capitaliser cette expérience riche en réactivité, urgence opérationnelle et nécessité d’avoir un temps d’avance. « Pour nous, soldats, l’Afghanistan est loin d’être un échec », insiste Hervé Charpentier. En dix ans, les effectifs déployés sont passés progressivement à 4.000 personnels. La planification a été la plus compliquée à faire prendre en compte. Mais, les Alliés ont reconnu « la qualité du soldat français et la crédibilité de la chaîne de commandement », souligne le général, « pour les soldats, c’est le sentiment de la mission accomplie ».

Loïc Salmon

Le général de corps d’armée Hervé Charpentier, entré à Saint Cyr en 1975, choisit l’infanterie de marine à l’issue de sa scolarité. Titulaire du brevet d’études militaires supérieures (1993), il est auditeur du Centre des hautes études militaires et de l’Institut des hautes études de défense nationale (2002). Au cours de sa carrière au sein de régiments parachutistes, il participe à diverses opérations : « Barracuda » en République centrafricaine (1979) et « Saintonge » au Nouvelles-Hébrides (1980) comme chef de la section des chuteurs opérationnels ; « Diodon 4 » au Liban (1983) comme officier des renseignement ; « Manta Echo 3 » au Tchad (1984) ; « Turquoise » au Rwanda (1994) ; « Balbuzard Noir» en ex-Yougoslavie (1995). Il a notamment commandé le 6ème Bataillon d’Infanterie de marine au Gabon (1997), la 9ème Brigade légère blindée de marine (2005), l’Ecole d’application de l’infanterie (2007) et les Forces terrestres (2010). Membre du cabinet militaire du ministre de la Défense de 2002 à 2004, il est nommé gouverneur militaire de Paris, officier général de zone de soutien de Paris et officier général de la zone de défense et de sécurité de Paris le 1er août 2012. Titulaire de la croix de la Valeur militaire avec trois citations, le général Charpentier est commandeur de la Légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite.

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