La femme a occupé une place importante dans le combat d’homme à homme, qui se transformera en un sport spectaculaire au cours de l’Histoire jusqu’à aujourd’hui.
En effet, la femme constitue souvent l’élément déclencheur des duels masculins, qui trouvent ainsi une légitimité. Dès l’Antiquité, le duel se justifie par une rivalité amoureuse. Ainsi, dans l’Illiade, l’enlèvement d’Hélène, épouse du roi de Sparte Ménélas, par la prince troyen Pâris provoque la guerre de Troie. Par la suite, l’amour contrarié se révèle un prétexte récurrent. Au Moyen-Âge en France, l’interdiction pour une femme offensée de se battre elle-même l’oblige à choisir un « champion », qui combattra à sa place. Entre 1560 et 1679, dans vingt cas répertoriés, le duel consiste, pour celui qui le demande, à défendre, venger ou exalter l’honneur de sa fille, pupille ou maîtresse. Les modalités du combat singulier règlementent progressivement les statuts d’offenseurs et d’offensés. Au XXème siècle, selon l’ouvrage « Le Point d’honneur du duel », le « frôleur », qui se serait livré à un attouchement sur une femme et qui aurait été giflé par l’homme qui l’accompagne, reste l’offenseur. Par ailleurs, le duel ne vise pas à conquérir l’amour d’une femme, mais à se venger de celui qui l’a obtenu. Parfois, il permet d’assurer la survie économique de la famille par un mariage avantageux, face à un prétendant sans fortune, et ainsi maintenir l’ordre social établi. Toutefois, en France au XVIIème siècle, le duel peut entraîner la perte de la fortune et du statut social des combattants, dont les femmes sont les premières victimes. Sur le plan judiciaire, il peut entraîner l’exil et la confiscation des biens du vainqueur, laissant son épouse sans ressources pour subvenir aux besoins des enfants. Devant la fréquence des duels, l’édit royal de 1651 ordonne de lui adjuger ce qu’il faut pour les entretenir toute leur vie. Au XIXème siècle, la pratique de l’escrime féminine se répand dans les pays germanophones et anglo-saxons, car elle est vue comme un sport noble permettant de développer les compétences physiques et morales des femmes au même titre que celles des hommes. L’intérêt du public pour le spectacle d’escrime féminine conduit à inclure cette discipline dans l’enseignement de l’art dramatique. Les aspects sportif et spectaculaire du duel apparaissent dès l’Antiquité. En Égypte, le pharaon Ramsès III (1180 avant J.-C.) fait graver dans la pierre des combats avec des bâtons ferrés sous le contrôle d’un arbitre. A Rome, les combats de gladiateurs durent de 264 avant J.-C. à 410 après J.-C. avec des variantes, à savoir duels mixtes, à deux ou par équipes, à armes différentes ou avec handicap, sur terre ou sur l’eau. Jusqu’au XVIème siècle, les tournois sont utilisés pour le spectacle, le loisir l’entraînement à la guerre ou la pratique honorifique et lucrative. En outre, ils permettent au jouteur de parader et de prouver sa vaillance au combat. Quoique les armes soient émoussées ou épointées, la violence des affrontements fait de nombreux blessés. Malgré le port de cuirasses, tous les coups ne sont pas permis et certains sont fortement sanctionnés. Dans les salles d’armes, l’escrime atteint son sommet au XVIème siècle avec l’invention du « fleuret », qui permet d’apprendre et de s’entraîner sans trop de risque. Le masque protecteur du visage n’apparaît qu’au XVIIIème siècle. Mais il n’est vraiment accepté que lorsque le chevalier de Saint-George, escrimeur réputé, en lance la mode. Dès lors, le fleuret connaît des progrès extraordinaires, car plus rien n’entrave la dextérité, la vitesse et la précision. Sport artistique, l’escrime devient discipline olympique dès la résurrection des Jeux olympiques en 1896. Le duel à poings nus, pratiqué dans le monde méditerranéen dès 2000 avant J.-C. jusqu’à la chute de l’Empire romain en 476, réapparaît en Europe à la fin du XVIème siècle sous le nom de…« boxe anglaise » !
Loïc Salmon
« Duels, l’art du combat », ouvrage collectif. Éditions In Fine et Musée de l’Armée, 336 pages, 275 illustrations, 35 €