Défense : l’IA, facteur décisif de supériorité opérationnelle

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Outre les possibilités offertes par les grands groupes numériques privés, les armées développent elles-mêmes des applications de l’intelligence artificielle (IA), relatives aux tâches à réaliser, à la nature des données et à l’exigence de performance et de robustesse.

Un document en ce sens, intitulé « L’intelligence artificielle au service de la défense », a été publié par le ministère des Armées en septembre 2019.

Spécificités militaires. Il s’agit d’investir dans la conception et le paramétrage des systèmes opérationnels capteurs de données (images infrarouge et signaux radar ou sonar), souvent embarqués ou déployés en milieu ouvert et inconnu et disposant de faibles ressources en énergie et de liaisons à débit limité. L’IA va décupler les performances des systèmes opérationnels : réseau de communication ; avion de chasse, de transport et hélicoptère ; drone de combat ; drone, avion et satellite de surveillance ; renseignement ; cyberespace ; entraînement ; robotique terrestre ; véhicules blindés ; guerre des mines ; bâtiment de surface et sous-marin ; combat collaboratif. Grâce à l’IA et dans le respect des lois de la guerre, le chef militaire va décider et agir plus vite, avec plus de précision et une marge de manœuvre accrue par de meilleures reconnaissances et détections des cibles et des dangers du terrain. Par sa vitesse d’exploitation et d’analyse croisée et massive des données, l’IA lui apporte une compréhension complète et rapide des situations, dans des espaces opérationnels complexes et interdépendants. L’IA renforce la protection du combattant par l’élargissement de la veille sanitaire, afin d’identifier les facteurs de risques liés à l’environnement et aux conditions d’emploi des forces et proposer des mesures adaptées. En outre, l’IA améliore la discrimination entre combattants et non-combattants. Elle renforce la proportionnalité de l’action par la maîtrise des effets des armes en fonction de la menace. Elle garantit une action déterminée par la stricte nécessité. Par ailleurs, l’IA effectuera les tâches ancillaires et répétitives, sources de 80 % des erreurs humaines. Ainsi, les états-majors se concentreront davantage sur la réflexion et la prise de décision. Dans l’observation spatiale, les interprètes d’images exploiteront plus efficacement les flux d’informations des satellites CSO, très supérieurs à ceux émis par les systèmes satellitaires Hélios 1 et 2. Des « drones équipiers » accompagneront les avions pilotés pour les appuyer dans leurs missions.

Atout stratégique. Un plan pluriannuel facilite la montée en puissance de la maîtrise des données, à savoir leurs stockage, collecte, exploitation et circulation sécurisée. La phase 1 (2018-2019) construit des capacités technique et méthodologique à partir de POCEAD (plateforme d’ouverture de centralisation, d’exposition et d’analyse des données). La phase 2 (2020) consolide ces capacités, en s’appuyant sur les retours d’expérience de POCEAD et des cas d’usage expérimentés sur ARTEMIS (architecture de traitement et d’exploitation massive de l’information multi-sources), plateforme sécurisée de « big data » et d’IA. La phase 3 (2021) porte sur la mise en production d’ARTEMIS pour répondre aux enjeux stratégiques du ministère des Armées. Certaines applications nécessitent en effet l’accès rapide à d’énormes capacités de stockage et de calcul, notamment par le « cloud » (informatique en nuage). Ainsi, un Rafale produit 40 tétra-octets/heure de données. Enfin, le cloud augmente le niveau de résilience des infrastructures.

Loïc Salmon

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